La foi, c’est quoi ?

La foi est un concept difficile à définir. Il est plus facile de l’illustrer que de l’expliquer, c’est pourquoi la plupart des versets classiques qui la concernent sont placés à la fin d’une longue histoire. Sous une vue d’ensemble, nous pourrions définir la foi comme suit :

La foi c’est de suffisamment croire en Dieu pour aller

Abraham est souvent appelé le « père de la foi », puisque son histoire est l’illustration de la foi par excellence dans la Bible. Comme le dit l’apôtre Paul : 

« Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice (Romains 4.3). »

L’histoire d’Abraham est donc notre ressource de prédilection pour expliquer ce concept complexe. Nous trouvons la première pièce du puzzle dans Genèse 12. La Bible dit :

L’Éternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Abram partit, comme l’Éternel le lui avait dit, et Lot partit avec lui. Abram était âgé de soixante-quinze ans, lorsqu’il sortit de Charan (Genèse 12.1-4). 

Vous devez croire fermement en quelque chose, ou en quelqu’un, pour déraciner toute votre vie comme Abraham l’a fait.

L’épître aux Hébreux commente cet aspect de la foi d’Abraham :

C’est par la foi qu’Abraham, lors de sa vocation, obéit et partit pour un lieu qu’il devait recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait. C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse. 10 Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur (Hébreux 11.8-10).

Une foi qui ne vous meut ni ne vous change n’est pas la foi véritable. Ce n’est pas la foi d’Abraham qui nous est imputée à justice.

La foi c’est d’avoir suffisamment confiance en Dieu pour attendre

Dans Genèse 12, Dieu avait promis qu’il ferait d’Abraham une grande nation. Seulement, Abraham était déjà avancé en âge. Il avait 75 ans pour être exact et sa femme était stérile. Néanmoins, Abraham a cru les promesses de Dieu et il a réorganisé sa vie en entier pour pouvoir les recevoir. Cependant, pendant une longue période, rien ne semblait se passer.

Au chapitre 15, dix années s’étaient écoulées, Abraham avait dix ans de plus et sa femme était toujours stérile. Abraham, bien entendu, commençait à avoir des doutes. Dieu, dans sa grâce, est venu l’encourager.

Après ces événements, la parole de l’Éternel fut adressée à Abram dans une vision, et il dit : Abram, ne crains point ; je suis ton bouclier, et ta récompense sera très grande. Abram répondit : Seigneur Éternel, que me donneras-tu ? Je m’en vais sans enfants ; et l’héritier de ma maison, c’est Eliézer de Damas. Et Abram dit : Voici, tu ne m’as pas donné de postérité, et celui qui est né dans ma maison sera mon héritier. Alors la parole de l’Éternel lui fut adressée ainsi : Ce n’est pas lui qui sera ton héritier, mais c’est celui qui sortira de tes entrailles qui sera ton héritier. Et après l’avoir conduit dehors, il dit : Regarde vers le ciel, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Et il lui dit : Telle sera ta postérité. Abram eut confiance en l’Éternel, qui le lui imputa à justice (Genèse 15.1-6).

Dans cette histoire, la foi signifie avoir confiance en une promesse qui semble avoir été oubliée. Abraham a cru Dieu, mais au chapitre 16, sa foi faiblit une fois de plus. Il a cherché à faire avancer le plan de Dieu par un geste inapproprié. Sa femme Sarah lui a suggéré d’aller vers sa servante, Agar, pour qu’ils puissent ensuite « adopter » l’enfant qui naîtrait de ce compromis charnel. Dieu a eu pitié de l’enfant et de sa mère, Agar, mais il a continué d’affirmer que la promesse ne s’accomplirait pas de cette manière. Dieu raconte une histoire de foi et la foi exige l’attente.

Puis, lorsqu’Abraham avait 99 ans et que sa femme avait depuis longtemps dépassé l’âge normal pour concevoir un enfant, Dieu est apparu et a prédit que Sarah donnerait naissance à un enfant dans l’année suivante comme il l’avait dit :

« L’un d’entre eux dit : Je reviendrai vers toi à cette même époque ; et voici, Sara, ta femme, aura un fils (Genèse 18.10). »

Assurément, c’est exactement ce qui est arrivé !

Lorsqu’Abraham avait 100 ans, sa femme, Sarah, a donné naissance à un fils !

L’épître aux Hébreux souligne la foi de Sarah et cite l’épisode dans le récit qui explique l’essence et la nature de la foi salvatrice :

C’est par la foi que Sara elle-même, malgré son âge avancé, fut rendue capable d’avoir une postérité, parce qu’elle crut à la fidélité de celui qui avait fait la promesse. 12 C’est pourquoi d’un seul homme, déjà usé de corps, naquit une postérité nombreuse comme les étoiles du ciel, comme le sable qui est sur le bord de la mer et qu’on ne peut compter. (Hébreux 11.11-12)

La foi c’est avoir suffisamment confiance en Dieu pour attendre son moment parfait. Ce n’est donc pas d’essayer de trouver des solutions ou de diverger du plan. La foi croit que Dieu peut accomplir l’impossible et qu’il fera l’impossible au moment où il le choisira et où sa gloire sera desservie.

La foi c’est de craindre suffisamment Dieu pour faire des sacrifices

L’apogée de la foi d’Abraham est raconté dans Genèse 22. Dans Genèse 12, Abraham a quitté tout ce qu’il connaissait avec foi et il a patienté de nombreuses années pour recevoir ce que Dieu lui avait promis. Lorsqu’il avait 100 ans, il a finalement été béni avec un fils. Mais, inexplicablement, Dieu lui a fait une demande incroyable :

« Dieu dit : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai (Genèse 22.2). »

La réponse d’Abraham est probablement l’illustration de foi la plus claire de toute la Bible :

« Abraham se leva de bon matin, sella son âne, et prit avec lui deux serviteurs et son fils Isaac. Il fendit du bois pour l’holocauste, et partit pour aller au lieu que Dieu lui avait dit (Genèse 22.3). »

Une telle réaction semble invraisemblable. Comment pouvait-il faire une telle chose ? Pourquoi Dieu demandait-il une telle chose ? Dieu avait promis un fils à Abraham et il lui demandait maintenant de le retourner, comment cela pouvait-il faire partie du plan ?

Abraham ne le savait pas, mais il avait la foi en Dieu.

Il a donc fait ce que Dieu lui avait demandé.

Il a amené son fils sur la montagne, il a construit un autel, il a préparé le bois et il a attaché son fils. Il a levé le couteau et s’est préparé à faire l’impensable. C’est à ce moment précis qu’il a entendu la voix de Dieu :

« Abraham ! Abraham ! Et il répondit : Me voici! L’ange dit : N’avance pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien ; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique (Genèse 22.11-12). »

Selon ce passage, Abraham a « craint » Dieu et donc, a agi avec fidélité.

De nos jours, nous n’entendons pas souvent parler de la crainte de Dieu, même s’il s’agit d’un concept courant dans les Saintes Écritures. Douglas Stuart dit :

Dans le pentateuque, « craindre Dieu » veut habituellement dire « être honnête, fidèle, digne de confiance, intègre et au-dessus de tout, religieux. » [1]

Une saine crainte de Dieu nous motive à faire ce qui est juste, ce qui doit être fait sans être paralysé par les conséquences possibles. Nous craignions Dieu davantage que la perte de ce qui nous est précieux.

C’est là exactement ce que nous voyons dans l’histoire et dans le point central du commentaire sur le Nouveau Testament de l’épître aux Hébreux pour ce passage :

C’est par la foi qu’Abraham offrit Isaac, lorsqu’il fut mis à l’épreuve, et qu’il offrit son fils unique, lui qui avait reçu les promesses, 18 et à qui il avait été dit : En Isaac, tu auras une postérité appelée de ton nom [a]. 19 Il pensait que Dieu est puissant, même pour ressusciter les morts ; aussi, il retrouva son fils, ce qui est une préfiguration (Hébreux 11.17-19).

Abraham a contemplé Dieu et il a fait ce qu’il lui demandait. Il a renoncé à ce qu’il considérait comme précieux et il l’a reçu à nouveau comme s’il revenait des morts.

C’est là la foi.

La foi c’est craindre suffisamment Dieu pour faire des sacrifices.

La foi c’est de désirer suffisamment Dieu pour continuer

La foi contemple Dieu pour recevoir ce que nul autre ne peut accorder. Elle doit chercher et aspirer. Nous le voyons dans plusieurs histoires de la Bible. L’une des plus mémorables se trouve dans Matthieu 15. Dans ma Bible, l’histoire est chapeautée par le sous-titre : « La foi d’une femme cananéenne. » 

À ce moment-là, Jésus était en retraite spirituelle avec ses disciples. Ils avaient besoin de se reposer et d’être préparés pour l’épreuve et le traumatisme qui les attendaient. Pendant qu’il travaillait avec eux, Jésus a été accosté par une femme importune. Matthieu le raconte ainsi :

« Et voici, une femme cananéenne, qui venait de ces contrées, lui cria : Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ! Ma fille est cruellement tourmentée par le démon (Matthieu 15.22). »

La femme avait besoin de quelque chose que seul Jésus pouvait lui donner. Jésus, cependant, ne semblait pas, à première vue, vouloir l’exaucer.

« Il ne lui répondit pas un mot. (Matthieu 15.23) »

Il était, après tout, dans une retraite très importante avec ses disciples. Il n’avait pas beaucoup de temps. Leur ignorance était grande, leur mission impossible, et donc, Jésus se consacrait à leur formation.

Mais, la femme persistait.

Elle s’est agenouillée devant lui en disant :

« Seigneur, secours-moi (Matthieu 15.25) ! »

La réponse de Jésus est peut-être l’une des plus étonnantes dans la Bible :

« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens. 27 Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. 28 Alors Jésus lui dit : Femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu veux. Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. (Matthieu 15.26-28)

Certains diront que le refus initial de Jésus était un coup de théâtre. Il savait déjà qu’elle ne se dissuaderait pas et il voulait qu’elle persiste parce que la persévérance est essentielle à la foi authentique. Les portes du royaume ne s’ouvrent pas à ceux qui cognent qu’une seule fois.

« Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s’en s’emparent (Matthieu 11.12). »

Matthew Henry a dit :

« Les violents s’en emparent. Ceux qui auront un intérêt pour le grand salut y sont attirés par un désir fort. Ils l’accepteront à n’importe quel prix, sans avoir à y réfléchir à deux fois et sans abandonner avant d’avoir été bénis » [2]

Jésus a parlé de cette manière à plusieurs reprises :

« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas (Luc 13.24). »

Il n’y a rien de faible dans la foi salvatrice.

Il ne s’agit pas de vouloir ou de demander, mais d’aspirer, de lutter, de chercher, de pourchasser, de s’accrocher à Dieu et de ne pas lâcher prise sans avoir reçu sa bénédiction.

C’est là la foi salvatrice de l’Ancien Testament et du Nouveau.

La foi c’est d’aimer suffisamment Dieu pour supporter les épreuves

La foi est ultimement d’aimer Dieu et de le choisir au-dessus de toutes nos autres allégeances terrestres. Un choix comme celui-là expose souvent une personne au ridicule et à la persécution. Dans Hébreux 11, le temple de la renommée de la foi, cet aspect de la foi de Moïse est mis en évidence.

C’est par la foi que Moïse, devenu grand, refusa d’être appelé fils de la fille de Pharaon ; 25 il préféra être maltraité avec le peuple de Dieu que d’avoir pour un temps la jouissance du péché ; 26 il regarda l’opprobre de Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte, car il avait les yeux fixés sur la rémunération. 27 C’est par la foi qu’il quitta l’Égypte, sans être effrayé de la colère du roi ; car il se montra ferme, comme voyant celui qui est invisible. (Hébreux 11.24-27)

Moïse a laissé sa mère adoptive et abandonné tous les privilèges ainsi que son statut social pour s’identifier au peuple et aux promesses de Dieu. Quelle foi !

Ce ne sont pas que les gens riches et célèbres, comme Moïse, qui doivent vivre de la sorte, mais selon Hébreux, beaucoup de gens fidèles ont la même expérience. Hébreux 11.35-38 l’explique comme suit :

Des femmes recouvrèrent leurs morts par la résurrection ; d’autres furent livrés aux tourments, et n’acceptèrent point de délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection ; 36 d’autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison ; 37 ils furent lapidés, sciés, torturés [a; ils moururent tués par l’épée ; ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités 38 – eux dont le monde n’était pas digne – errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre. (Hébreux 11.35-38)

La foi supporte tout afin de posséder ce qu’elle aime plus que tout.

Ce point est évoqué plus tôt dans l’épître aux Hébreux à la fin du chapitre 3 :

« Car nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement (Hébreux 3.14).

La foi s’accroche à ce qu’il y a de plus précieux et laisse aller, si nécessaire, de tout le reste.

Il n’y a aucune version de la foi dans la Bible, aucune version de la foi salvatrice, qui n’exige pas de persévérance. Jésus lui-même l’a exprimé clairement :

« Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé (Matthieu 10.22). »

L’endurance est un point déterminant de la foi salvatrice.

La foi est semblable à une marguerite

Comme ces histoires l’illustrent clairement, la foi est comme une marguerite. Elle est à la fois une chose et plusieurs choses. C’est une tige et un nombre de pétales qui se chevauchent. Toutes les composantes doivent être présentes et visibles pour que la marguerite soit vue et admirée pour ce qu’elle est.

Arrachez un pétale et la fleur commencera à mourir.

L’apôtre Jacques était enthousiaste à ce sujet :

Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même (Jacques 2.17).

La foi n’est pas une simple croyance. Ce n’est pas très évident pour nous en français parce que nous n’avons pas un mot parfaitement équivalent aux mots hébreu et grec qui sont utilisés pour parler de la foi dans la Bible. Le mot français foi ne peut pas fonctionner comme un verbe, donc chaque fois que la forme verbale est utilisée dans les histoires, elle doit être traduite par croire, même si la Bible démontre que la foi est plus qu’une croyance. Jacques va jusqu’à dire :

« Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi, et ils tremblent (Jacques 2.19). »

Une foi qui se manifeste comme une simple croyance dans une liste de faits à propos de Dieu et son œuvre de rédemption est le type de foi qu’ont les démons. Si votre foi ne vous pousse pas à aller, à attendre, à donner, à pourchasser et à supporter les épreuves alors il ne s’agit pas de la foi salvatrice.

Elle est morte.

Elle est fausse.

Elle est mensongère.

La foi véritable est complexe et glorieuse.

Elle est un cadeau.

Elle est une décision.

Elle est une façon de vivre.

Elle est le moyen par lequel nous nous accrochons, nous identifions, aux promesses, à la grâce et à la personne de Dieu.

Merci à Dieu !

Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.

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Paul est l'heureux mari de Shauna Lee et le fier papa de 5 beaux enfants, Madison, Max, Mikayla, Peyton et Noa. Il a fréquenté le Moody Bible Institute et est diplômé de l'Université York (B.A.) et du McMaster Divinity College (MDiv). Il est dans le ministère pastoral depuis 1994, servant à la fois dans les églises Fellowship et Canadian Baptist à Oakville, Mississauga et Orillia, Ontario Canada. Il est actuellement le pasteur principal de la Cornerstone Baptist Church, Orillia, une grande église à plusieurs membres du personnel passionnée par la prédication biblique et la mission locale. Il est l'hôte et le professeur de Bible du podcast « Into The Word ». Twitter: @pastrpaulcarter.

Published By: Paul Carter

Paul est l'heureux mari de Shauna Lee et le fier papa de 5 beaux enfants, Madison, Max, Mikayla, Peyton et Noa. Il a fréquenté le Moody Bible Institute et est diplômé de l'Université York (B.A.) et du McMaster Divinity College (MDiv). Il est dans le ministère pastoral depuis 1994, servant à la fois dans les églises Fellowship et Canadian Baptist à Oakville, Mississauga et Orillia, Ontario Canada. Il est actuellement le pasteur principal de la Cornerstone Baptist Church, Orillia, une grande église à plusieurs membres du personnel passionnée par la prédication biblique et la mission locale. Il est l'hôte et le professeur de Bible du podcast « Into The Word ». Twitter: @pastrpaulcarter.