Une étude de cas sur la persécution (leçons tirées de 1 Pierre)

La première épître de Pierre a été écrite vers l’an 63 apr. J.-C. à un groupe de chrétiens qui vivait dans le Pont et la Bithynie, une région de la Turquie moderne, juste au sud de la mer Noire. Ces gens commençaient à expérimenter une marginalisation sociale et culturelle importante en raison de leur foi en Christ.

Mais ce n’était pas encore une persécution formelle ou fatale.

Thomas Schreiner dit à ce sujet:

« Les seules souffrances spécifiques notées sont la discrimination, la maltraitance et l’abus verbal de la part d’anciens collègues et amis »1.

Paul voulait les stabiliser. Il voulait qu’ils aient une évaluation réaliste de leurs difficultés, et qu’ils maintiennent une attitude et un témoignage chrétien, peu importe leurs circonstances. Il a dit au chapitre 3 versets 13 à 17 :

« Et qui vous maltraitera, si vous êtes zélés pour le bien? D’ailleurs, même si vous souffriez pour la justice, vous seriez heureux. N’ayez d’eux aucune crainte, et ne soyez pas troublés; Mais sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur, étant toujours prêts à vous défendre avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous, et ayant une bonne conscience, afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ceux qui décrient votre bonne conduite en Christ soient couverts de confusion. Car il vaut mieux souffrir, si telle est la volonté de Dieu, en faisant le bien qu’en faisant le mal. » (1 Pierre 3.13-17)

Cela s’est avéré remarquablement sage et prémonitoire. Comme mentionné plus haut, Pierre a écrit cette lettre en l’an 63 apr. J.-C. et il n’y a eu aucune persécution formelle des chrétiens de la part de l’État dans cette région avant l’an 112 apr. J.-C.

C’est presque 50 ans!

S’ils avaient exagéré, s’ils avaient paniqué, s’ils avaient adopté un comportement de fuite ou de lutte, une multitude d’opportunités pour partager l’évangile auraient été manquées.

Mais heureusement, il semble que la lettre de Pierre les ait calmés, et qu’ils se soient remis au travail. Et ils ont fait tout un travail! Le mouvement chrétien du Pont et de la Bithynie a fait d’importantes percées dans les 4 décennies qui ont suivi. En fait, ce sont cette croissance et cette expansion qui ont éventuellement attiré l’attention de l’empereur de Rome.

En l’an 112 apr. J.-C., l’empereur Trajan a envoyé Pline le jeune comme gouverneur de la province de Bithynie. Pline était un bureaucrate classique; il ne faisait rien sans avoir demandé l’avis et l’approbation de son patron, et l’une des choses sur lesquelles il demandait conseil était comment gérer tous ces foutus chrétiens! À cette époque, les Romains considéraient le christianisme comme distinct du judaïsme, il n’était donc pas sujet à ses permissions et à ses exemptions spéciales – alors comment devait-on le traiter?

Trajan a donc donné à Pline le pouvoir d’enquêter sur le mouvement. Et c’est ce qu’il a fait. Il était brutal et minutieux, et il envoyait fréquemment des rapports à l’empereur pour résumer ses observations. Les lettres de Pline sont devenues l’une des meilleures sources d’information sur l’histoire de l’Église chrétienne de cette époque.

Il vaut la peine de consulter cette correspondance en détail. Pline écrit à Trajan et rapporte:

« … Voici toutefois la règle que j’ai suivie à l’égard de ceux que l’on a déférés à mon tribunal comme chrétiens. Je leur ai demandé s’ils étaient chrétiens. Quand ils l’ont avoué, j’ai réitéré ma question une seconde et une troisième fois, et les ai menacés du supplice. Quand ils ont persisté, je les y ai envoyés : car, de quelque nature que fut l’aveu qu’ils faisaient, j’ai pensé qu’on devait punir au moins leur opiniâtreté et leur inflexible obstination. J’en ai réservé d’autres, entêtés de la même folie, pour les envoyer à Rome, car ils sont citoyens romains.

Bientôt après, les accusations se multipliant, selon l’usage, par la publicité même, le délit se présenta sous un plus grand nombre de formes. On publia un écrit anonyme, où l’on dénonçait beaucoup de personnes qui niaient être chrétiennes ou avoir été attachées au christianisme. Elles ont, en ma présence, invoqué les dieux, et offert de l’encens et du vin à votre image que j’avais fait apporter exprès avec les statues de nos divinités; elles ont, en outre, maudit le Christ (c’est à quoi, dit-on, l’on ne peut jamais forcer ceux qui sont véritablement chrétiens). J’ai donc cru qu’il les fallait absoudre. D’autres, déférés par un dénonciateur, ont d’abord reconnu qu’ils étaient chrétiens, et se sont rétractés aussitôt, déclarant que véritablement ils l’avaient été, mais qu’ils ont cessé de l’être, les uns depuis plus de trois ans, les autres depuis un plus grand nombre d’années, quelques-uns depuis plus de vingt ans. Tous ont adoré votre image et les statues des dieux; tous ont maudit le Christ.

Au reste ils assuraient que leur faute ou leur erreur n’avait jamais consisté qu’en ceci, ils s’assemblaient, à jour marqué, avant le lever du soleil, ils chantaient tour à tour des hymnes à la louange du Christ, comme en l’honneur d’un dieu; ils s’engageaient par serment, non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol, de brigandage, d’adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt; après cela, ils avaient coutume de se séparer, et se rassemblaient de nouveau pour manger des mets communs et innocents. Depuis mon édit, ajoutaient-ils, par lequel, suivant vos ordres, j’avais défendu les associations, ils avaient renoncé à toutes ces pratiques. J’ai jugé nécessaire, pour découvrir la vérité, de soumettre à la torture deux femmes esclaves qu’on disait initiées à leur culte. Mais je n’ai rien trouvé qu’une superstition extraordinaire et bizarre.

J’ai donc suspendu l’information pour recourir à vos lumières. L’affaire m’a paru digne de réflexion, surtout à cause du nombre que menace le même danger. Une multitude de gens de tout âge, de tout ordre, de tout sexe, sont et seront chaque jour impliqués dans cette accusation. Ce mal contagieux n’a pas seulement infecté les villes, il a gagné les villages et les campagnes. Je crois pourtant que l’on y peut remédier, et qu’il peut être arrêté. Ce qu’il y a de certain, c’est que les temples, qui étaient presque déserts, sont fréquentés, et que les sacrifices, longtemps négligés, recommencent. On vend partout des victimes qui trouvaient auparavant peu d’acheteurs. De là on peut aisément juger combien de gens peuvent être ramenés de leur égarement, si l’on fait grâce au repentir. »2

L’Empereur Trajan lui répond:

« Vous avez fait ce que vous deviez faire, mon cher Pline, dans l’examen des poursuites dirigées contre les chrétiens. Il n’est pas possible d’établir une forme certaine et générale dans cette sorte d’affaires. Il ne faut pas faire de recherches contre eux. S’ils sont accusés et convaincus, il faut les punir; si pourtant l’accusé nie qu’il soit chrétien, et qu’il le prouve par sa conduite, je veux dire en invoquant les dieux, il faut pardonner à son repentir, de quelque soupçon qu’il ait été auparavant chargé. Au reste, dans nul genre d’accusation, il ne faut recevoir de dénonciation sans signature. Cela serait d’un pernicieux exemple et contraire aux maximes de notre règne. »3

Essentiellement, Trajan a adopté l’équivalent antique de « ne demandez pas, n’en parlez pas ».

Ne les traquez pas – mais ne leur rendez pas la vie trop facile non plus.

Trajan voulait décourager la croissance du christianisme, il voulait privilégier le système de paganisme, mais il ne voulait pas s’engager dans une inquisition coûteuse et perturbatrice.

Conformément à ce conseil, Pline a reculé, aucune autre arrestation n’a été effectuée, et la vie dans la région est revenue à la normale. « Normal » dans le sens où le christianisme était découragé, mais non détruit; les chrétiens étaient marginalisés, mais non martyrisés; et les convertis hors du paganisme comprenaient que de devenir chrétiens leur serait coûteux, mais généralement pas fatal.

Il y avait quelques exceptions ici et là – mais dans l’ensemble – l’église avait l’espace nécessaire pour fonctionner dans cette région pendant près de 200 ans.

La prochaine flambée de persécution formelle et fatale a eu lieu en 323 apr. J.-C. À cette époque, l’Empire romain était divisé en deux, un Royaume occidental et un Royaume oriental. L’empereur Licinius a subitement développé une méfiance profonde envers les chrétiens dans son administration, pas tant à cause de leurs convictions religieuses, mais plutôt à cause de leur prétendue loyauté politique à l’empereur d’Occident, Constantin, qui s’était récemment converti au christianisme. Licinius commençait à avoir peur d’être entouré d’agents ennemis, et il a donc purgé son administration des chrétiens. Évidemment, le fait qu’il y ait des chrétiens à éliminer nous indique que le christianisme n’existait pas entièrement en marge de la Bithynie depuis deux siècles. Néanmoins, en 323 apr. J.-C. Licinius a jugé qu’il était approprié de sévir. Et c’est ce qu’il a fait. Simon Baker nous raconte l’histoire ainsi :

« Les gouverneurs romains étaient libres de punir les chrétiens dissidents, de fermer certaines églises, d’en détruire d’autres, et dans le cas des évêques de la province de la Bithynie et du pont au sud de la mer Noire, d’assassiner des figures de proue du clergé chrétien. Selon Eusèbe, leurs corps étaient découpés et jetés à la mer pour nourrir les poisons. »4

Heureusement, cette flambée intense a duré moins d’une année civile. En 324 apr. J.-C. , Licinius a perdu une guerre civile contre Constantin, qui a subséquemment unifié l’empire et légalisé le christianisme à travers le territoire.

La menace de persécution de l’État a ainsi pris fin, et les problèmes du pouvoir et du privilège culturel étaient sur le point de débuter – mais c’est une tout autre histoire.

Ce que l’on peut dire avec certitude, c’est que les conseils donnés par Pierre aux chrétiens vivant dans le pont et la Bithynie les ont bien servis durant 261 ans. Ils peuvent également servir de modèle aux chrétiens contemporains qui, tout à coup, se retrouvent à vivre et à servir en marge d’une culture hostile. Les principales leçons tirées de cette étude de cas sont :

Nous devons faire attention de ne pas exagérer nos difficultés

Les gens à qui Pierre a écrit en 63 apr. J.-C. n’étaient pas brûlés sur le bûcher ni donnés en pâture aux lions. Comme l’indique Thomas Schneiger :

« Les seules souffrances spécifiques notées sont la discrimination, la maltraitance et l’abus verbal de la part d’anciens collègues et amis. »5

Ce n’est pas rien, mais ces personnes n’étaient pas non plus utilisées comme lanternes dans le jardin de Néron. Il y avait un prix à payer pour être chrétien dans la province de Bithynie, mais celui-ci n’était pas aussi élevé qu’il ne l’était pour d’autres, et ne méritait pas nécessairement d’être classé dans la catégorie de « persécution ».

Nous devons faire attention quand nous utilisons ce mot.

Ross Douthat a écrit un excellent article dans le NY Times il y a quelques années, qui met en garde les chrétiens américains contre le fait de qualifier la perte de leur pouvoir culturel de « persécution ». Il a dit :

« Être marginalisé, être actionné, perdre les exemptions fiscales — ce sera inconfortable, mais nous devons mettre les choses en perspective, et nous souvenir de nos péchés, et personne ne devrait appeler cela de la persécution… Utiliser l’étiquette de « persécution » trop à la légère… ne fait pas assez pour reconnaître le vaste fossé séparant la situation des chrétiens occidentaux et l’incroyable héroïsme de nos frères et sœurs à l’étranger, qui sont confrontés à une aggravation dramatique de la violence qui vise à les éliminer. (Et)… cela ne prépare pas réellement les croyants conservateurs à un avenir en tant que minorité religieuse (et, espérons-le, créative), parce que cela les/nous conditionne à constamment nous attendre à une sorte de grande tribulation qui n’émergera probablement pas. »

Quelle que soit votre compréhension de l’eschatologie, historiquement parlant, Douthat a absolument raison. Si les chrétiens du Pont et de la Bithynie avaient développé un complexe de tribulation, ils n’auraient pas étés bien préparés pour l’avenir réel qui les attendaient. La grande tribulation, qui se trouvait perpétuellement juste au coin de la rue, est généralement restée juste au coin de la rue. Et lorsqu’elle est finalement arrivée, elle avait tendance à être de nature très brève et très localisée. Comme mentionné plus haut, elle a eu lieu en 112 apr. J.-C., mais a durée moins d’un an avant de prendre fin. Elle a encore eu lieu 200 ans plus tard, et encore là, a duré moins d’un an avant de prendre fin. Si l’on fait le calcul, ce peuple a fait face à 2 ans de persécutions formelles et fatales de la part de l’état au cours des 261 années qui séparent l’an 63 et l’an 324 de notre ère.

C’est moins d’un pour cent.

S’ils s’étaient permis de vivre dans la peur et la colère perpétuelle, ils auraient perdu de nombreuses opportunités missionnaires au sein de leur culture. Cette leçon devrait souligner l’importance d’être réalistes face aux défis et aux difficultés auxquelles nous sommes confrontés.

Alors que j’écris ceci, de nombreuses églises au Canada luttent avec la question de comment interpréter les défis auxquels nous sommes confrontés en ce qui concerne les protocoles de santé et de sécurité décrétés par le gouvernement afin de combattre la COVID-19. Est-ce que cela se qualifie comme de la persécution? Lorsque le gouvernement dit que nous ne pouvons accueillir que 100 personnes dans notre sanctuaire, qui peut normalement en accueillir 650 – cela peut certainement nous faire ressentir la persécution. Ce sera sans aucun doute difficile. C’est la réalité à laquelle je serai confronté pendant les 2-3 prochains mois. Cela impliquera de me lever à 4h du matin pour célébrer plusieurs services, à l’intérieur et à l’extérieur, en matinée et en soirée, afin de servir tous nos fidèles.

Ce sera difficile. Ça nous mènera au bord de l’épuisement – mais j’ai du mal à le considérer comme de la persécution. Les frères et sœurs nord-coréens qui se réunissent par groupes de 4 ou 5 dans les sous-sols et les caves à légumes, murmurant des hymnes dans le noir, tout en sachant que s’ils se font attraper, ils seront exécutés ou envoyés dans des camps d’internement, ça c’est de la persécution.

Ce que nous vivons ici en Ontario, et dans la plupart des provinces canadiennes, est contraignant et épuisant – mais cela ne me semble pas être de la persécution, et je ne pense pas que ça aiderait notre congrégation si je l’identifiais comme tel. Je pense que cette lettre de l’apôtre Pierre m’avertit de ne pas faire un trop grand cas des difficultés auxquelles je suis confronté.

Nous devons nous rappeler que les exceptions sont différentes de la règle

Tel que mentionné plus haut, la politique « ne demandez pas, n’en parlez pas » en vigueur dans cette région de l’an 112 à 324 de notre ère ne menait généralement pas à ce que les chrétiens soient traqués et persécutés. Cependant, il y a une exception assez notable. En l’an 115 apr. J.-C., l’évêque Ignace d’Antioche en Syrie a été arrêté et envoyé à Rome où il s’est fait exécuter par bêtes féroces dans le Colisée.

Évidemment, Antioche en Syrie n’était pas dans la province de Bithynie – mais c’était assez proche pour rendre beaucoup de gens nerveux. Ils se disaient que si c’était arrivé là-bas, alors ça allait sans doute arriver ici aussi.

Sauf que ce n’est pas arrivé.

Ce n’est même pas arrivé à nouveau là-bas.

Le martyre d’Ignace était exceptionnel. Il était exceptionnel, et les Romains le trouvaient exceptionnellement agaçant. Son arrestation n’a pas conduit à l’arrestation massive du clergé chrétien ni à la suppression soutenue du christianisme dans cette province.

C’était une exception inquiétante et menaçante qui n’est jamais devenue la règle dans la région.

Il est important que nous réalisions cela.

De manière générale, les exceptions ne deviennent pas la règle. Habituellement, les exceptions restent des exceptions – un peu comme si le diable essayait de nous intimider pour que nous adoptions un comportement qui manque de conviction ou qui reflète mal le caractère de Dieu.

Que ce soit l’un ou l’autre, il gagne.

« Ceci » ne mène pas toujours à « cela », et ce qui se passe « là-bas » ne se passe pas toujours « ici ». L’histoire de la persécution n’est pas très linéaire. Elle se caractérise par des flambées, des soubresauts et des irrégularités.

Nous devons nous attendre à une persécution intermittente

Ce qui implique évidemment qu’il faut s’attendre à des soubresauts intermittents de persécution. Que ce soit tous les 50 ans ou 200 ans, si l’histoire nous sert un peu de guide, nous devrions nous attendre à une flambée intense de persécution formelle et fatale.

Faites votre réservation.

Ça va arriver.

Le dire à haute voix peut même vous aider à être moins surpris quand cela va se produire.

Les chrétiens ne devraient jamais être étonnés par la persécution. Comment pourrions-nous l’être? Nous suivons un Sauveur qui a été crucifié nu sur une croix romaine; selon moi, cela ne crie pas au privilège social. Une telle réalité est de mauvais augure pour notre statut futur dans une société qui chérit la supériorité sociale.

Méditer convenablement sur la croix devrait nous pousser à anticiper une persécution occasionnelle.

Non pas à chaque année, ou même à chaque décennie, mais nous devrions compter sur le fait qu’elle va venir, de temps à autre, dans toute sa fureur sinistre. L’Apôtre dit dans 1 Pierre 4.12-13 :

« Mes bien-aimés, ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire. Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra. » (1 Pierre 4.12-13)

Ne soyons pas surpris lorsque nous vivons de la persécution. Ne crions pas au scandale. Elle va arriver. Elle fait partie du parcours, et d’ailleurs, si nous persévérons, si nous démontrons notre foi dans les épreuves, elles vont se transformer en bénédictions nombreuses et en récompenses au jour du jugement.

Alors, réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous (Matt 5.12).

Nous ne devons pas laisser la menace de la persécution nous définir

Nous ne devrions jamais permettre à la persécution de changer qui nous sommes. Ce n’est pas comme s’il y avait une personnalité chrétienne pour les temps de paix, et ensuite une personnalité chrétienne pour les temps de troubles – ce n’est pas ce que nous voyons dans la Bible, et ce n’est pas ce que nous voyons dans 1 Pierre.

Pierre ne voulait pas que les croyants deviennent en colère. Il ne voulait pas qu’ils disent des injures. Il ne voulait pas qu’ils perdent leur sang-froid. Il a dit :

« Ne rendez point mal pour mal, ou injure pour injure; bénissez, au contraire, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction. » (1 Pierre 3.9).

Jésus n’a jamais permis à ses persécuteurs de le changer. Il était lui-même, peu importe ce que les gens lui faisaient. Lorsqu’ils le clouaient à la croix, Jésus a dit :

« Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » (Luc 23.34)

Ça, c’est Jésus – dans les bons moments comme dans les mauvais moments.

Ne laissez pas la persécution vous changer, et ne permettez pas à la menace de la persécution de vous changer. Ici au Canada, je dirais que ce n’est pas l’expérience de la persécution qui change les gens, c’est la menace de la persécution. C’est l’ombre de la persécution. C’est cette chose que nous ressentons, que nous percevons juste au coin de la rue, et la manière dont les gens y répondent affectera leur attitude et leur comportement.

Si vous imaginez que la persécution sera insoutenable, vous répondrez par la peur.

Si vous croyez que la persécution est injuste, vous répondrez par la colère.

Aucune de ces attitudes n’est vraiment utile.

Ce dont nous avons besoin, ce sont des personnes qui gardent le cap. Des gens qui peuvent détourner leurs regards de l’ombre, et les garder fermement fixés sur le travail à accomplir.

Nous ne devons pas devenir si obsédés par les menaces externes que nous échouons à regarder à l’interne.

Il est intéressant de noter que dans la seconde lettre de Pierre à ce groupe de personnes, l’accent est complètement différent. Dans la première lettre, il parlait des menaces externes; à quel point elles étaient grandes, et à quel point elles ne l’étaient pas; mais dans la seconde lettre, il parle des menaces internes. Le problème dans 2 Pierre est qu’un certain nombre de faux enseignants ont émergé au sein des églises. Ils enseignaient une version fausse et déficiente du christianisme. En nous basant sur ce que Pierre dit dans sa lettre, il semble qu’ils niaient le retour du Seigneur, et la perspective du jugement final, et ils encourageaient une attitude que les érudits appellent l’antinomisme.

Le point est qu’ils étaient si préoccupés à chercher des menaces venant de l’extérieur qu’ils ont complètement passé à côté des menaces qui croissaient au milieu d’eux à l’interne.

Cela peut facilement arriver.

Lorsque nous devenons obsédés par les dangers et les menaces externes, nous devenons bien disposés à tolérer ou à faire la paix avec un grand nombre de choses néfastes à l’interne.

Je crains qu’un grand nombre de dirigeants de l’Église en Amérique du Nord ne soient devenus obsédés par la menace externe au détriment de la discipline et de la réforme interne. Croyons-nous vraiment que les restrictions gouvernementales représentent une plus grande menace à long terme pour la santé de l’église que nos propres défaillances catastrophiques internes?

Que retrouve-t-on dans la Bible ou dans l’histoire qui pourrait nous conduire à une conclusion si lacunaire?

La plus grande menace est toujours celle qui croît à l’interne – et le diable essaie toujours de nous distraire en faisant du bruit et en chuchotant des menaces à l’externe.

Ne jouez pas à ce jeu. Ne tombez pas dans cette absurdité ridicule.

Nous ne devons pas ignorer les menaces externes, mais nous devons travailler avec ardeur pour bien les mesurer. Elles sont là, juste au coin de la rue, et y resteront généralement, accomplissant la mission pour laquelle le diable les a conçues. De temps en temps, dans la Providence de Dieu, la laisse s’allongera, et le jappement deviendra morsure, et l’Église sera châtiée et douloureusement raffinée, jusqu’au point où la laisse sera raccourcie, la menace s’estompera, et le travail continuera.

« Ainsi, que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu remettent leur âme au fidèle Créateur, en faisant ce qui est bien. » (1 Pierre 4.19)

C’est l’idée principale du conseil de Pierre aux croyants vivant et servant en marge d’une culture hostile:

Ayez confiance que Dieu sait ce qu’il fait. Laissez la longueur de la laisse et la durée des épreuves entre Ses mains.

Quant à nous – accomplissons notre travail. Faisons-le bien. Faisons briller notre lumière, vivons nos vies, élevons nos familles et prêchons l’Évangile de Jésus-Christ en paroles et en actions!

Et si la persécution vient, continuons, en utilisant tout l’espace que nous pouvons trouver, en payant le prix déterminé, quoi qu’il en soit, en n’injuriant personne, en aimant nos ennemis tout en veillant et en attendant le retour du Seigneur.

C’est la méthode ancienne. C’est la voie chrétienne, grâce à Dieu!

SDG,

Pasteur Paul Carter


Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.


  1. Thomas Schreiner, 1,2 Peter, Jude, The New American Commentary (Nashville: B&H, 2003), 30. 
  2. Lettre XCVII, Pline à l’empereur Trajan, . 
  3. Letre XCVII, Trajan à Pline, . 
  4. Simon Baker, Ancient Rome (UK: Random Books, 2006), 356. 
  5. Thomas Schreiner, 1,2 Peter, Jude, The New American Commentary (Nashville: B&H, 2003), 30. 
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Paul est l'heureux mari de Shauna Lee et le fier papa de 5 beaux enfants, Madison, Max, Mikayla, Peyton et Noa. Il a fréquenté le Moody Bible Institute et est diplômé de l'Université York (B.A.) et du McMaster Divinity College (MDiv). Il est dans le ministère pastoral depuis 1994, servant à la fois dans les églises Fellowship et Canadian Baptist à Oakville, Mississauga et Orillia, Ontario Canada. Il est actuellement le pasteur principal de la Cornerstone Baptist Church, Orillia, une grande église à plusieurs membres du personnel passionnée par la prédication biblique et la mission locale. Il est l'hôte et le professeur de Bible du podcast « Into The Word ». Twitter: @pastrpaulcarter.

Published By: Paul Carter

Paul est l'heureux mari de Shauna Lee et le fier papa de 5 beaux enfants, Madison, Max, Mikayla, Peyton et Noa. Il a fréquenté le Moody Bible Institute et est diplômé de l'Université York (B.A.) et du McMaster Divinity College (MDiv). Il est dans le ministère pastoral depuis 1994, servant à la fois dans les églises Fellowship et Canadian Baptist à Oakville, Mississauga et Orillia, Ontario Canada. Il est actuellement le pasteur principal de la Cornerstone Baptist Church, Orillia, une grande église à plusieurs membres du personnel passionnée par la prédication biblique et la mission locale. Il est l'hôte et le professeur de Bible du podcast « Into The Word ». Twitter: @pastrpaulcarter.