La loi mosaïque s’applique-t-elle toujours aux chrétiens? 

Puisqu’il « y a un changement dans le sacerdoce, il y a nécessairement un changement dans la loi aussi », et donc la loi mosaïque n’est plus d’actualité (Hé 7.12). Moïse n’a rien dit à propos d’un prêtre de la lignée de Juda, mais a seulement parlé du « sacerdoce lévitique » (car sous celui-ci le peuple a reçu la loi) » (Hé 7.14, 11). Pour cette raison, Jésus de la lignée de Juda (et non de Lévi) institue un nouveau sacerdoce Melchizedékien (et donc une nouvelle loi aussi) par la puissance de sa résurrection (Hé 7.16).

Comme Thomas Schreiner l’écrit, « la prédiction et l’arrivée du sacerdoce Melchizedékien veulent dire que le sacerdoce Aaronien et la loi mosaïque ne sont plus en vigueur. Les chrétiens ne vivent plus sous l’ancienne alliance » (Schreiner, Hebrews, 2020, p. 217).

L’apôtre réitère le point où il dit : « La circoncision n’est rien, l’incirconcision n’est rien, mais l’observation des commandements de Dieu est tout » (1 Co 7.19) ou bien « car ce n’est rien que d’être circoncis ou incirconcis ; ce qui est quelque chose, c’est d’être une nouvelle créature » (Ga 6.15). Alors que la circoncision est une ordonnance dans la loi mosaïque (Lv 12.3), il est clair que Paul se voit comme « n’étant pas lui-même sous la loi » de Moïse (1 Co 9.9) « mais sous la loi de Christ » (1 Co 9.21). 

Comment alors devrions-nous lire et appliquer la loi de l’Ancien Testament? 

L’Ancien Testament est autoritaire 

Rien de cela ne veut dire que l’Ancien Testament perd quelconque autorité ou manque la qualité d’être directement applicable à nos vies. Paul et Hébreux font grand usage de l’Ancien Testament. Le point est que sous la nouvelle alliance, la loi mosaïque ne porte plus la force qu’elle portait sous l’ancienne alliance. Elle porte l’autorité des Écritures; elle prophétise de Christ; elle nous enseigne comment vivre; elle pourvoit des principes et des facettes de la sagesse; elle ne porte pas le poids d’une force d’alliance sur vous. 

La loi morale est le témoignage de la loi naturelle 

L’Ancien Testament contient néanmoins les commandements moraux qui demeurent complètement autoritaires parce que, comme Calvin le note, la loi morale est « le témoignage de la loi naturelle » (Institutions, 4.20.16). La loi qui exprime l’ordre des choses partout présente et accessible au monde. Comme Paul l’explique, « Quand les païens, qui n’ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi, une loi pour eux-mêmes » (Rm 2.14).

Mais même ici, nous avons besoin de nous souvenir que Dieu nous a créées avec des facultés de vision, d’odeur, et plus encore. Je peux voir la lune et croire qu’elle existe – Dieu m’a créé de cette façon. Je peux étudier le cerveau et saisir ses éléments constitutifs. Je fais confiance à un chirurgien pour ses aptitudes. Je fais confiance à un biologiste pour me dire ce qu’est une cellule parce que je sais qu’ils peuvent l’étudier et le connaître. Et alors la loi naturelle existe aussi comme une réalité qui est publiquement accessible, une partie de la création, ce que n’importe qui peut observer et connaître. 

Le péché, bien sûr, veut dire que même si les gens peuvent savoir ce qui est bon, ils font tout de même le mal. Toute faculté humaine a été gâchée par le péché, et alors nous n’accomplissons pas ce que nous savons être juste. Notre conscience nous juge. Ceci est pourquoi les dix commandements, par exemple, exposent souvent la conscience de ce que nous savons être vrai, notamment, qu’on a failli dû à une loi naturelle; et que de telles chutes morales ont des conséquences. 

Les lois cérémoniales et civiles sont liées à des arrangements temporaires 

L’Écriture a promis un nouveau sacerdoce (Ps 110.4), ce qui rend le sacerdoce lévitique et aaronique une structure temporaire. Le sacerdoce lévitique a aussi été conçu pour pourvoir les concepts pour comprendre le sacerdoce de Jésus. Comme la lettre aux Hébreux le dit : 

« Si donc la perfection avait été possible par le sacerdoce Lévitique, – car c’est sur ce sacerdoce que repose la loi donnée au peuple, – qu’était-il encore besoin qu’il parût un autre sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek, et non selon l’ordre d’Aaron? Car, le sacerdoce étant changé, nécessairement aussi il y a un changement de loi.» (Hé 7.11-12)

Une différence clé est que les Lévites deviennent des prêtres par généalogie (et meurent aussi) mais Jésus est « institué, non d’après la loi d’une ordonnance charnelle, mais selon la puissance d’une vie impérissable » (Hé 7.16). C’est pourquoi Psaume 110.4 avance que le sacerdoce de Jésus est « pour toujours » (Hé 7.17). D’un point de vue contraire, le sacerdoce lévitique est temporaire et ineffectif (en termes d’en faire un parfait):

« Il y a ainsi abolition d’une ordonnance antérieure, à cause de son impuissance et de son inutilité, car la loi n’a rien amené à la perfection, et introduction d’une meilleure espérance, par laquelle nous nous approchons de Dieu. » (Hé 7.18-19)

Tout le système de loi est attaché au sacerdoce lévitique. Comme Hébreux le note, la perfection ne vient pas à travers « la prêtrise lévitique (car sous celle-ci le peuple a reçu la loi) » (Hé 7.11) et « lorsqu’il y a un changement dans la prêtrise, il y a nécessairement un changement dans la loi aussi » (Hé 7.12). Cette loi n’est plus en effet alors que la prêtrise n’existe plus. Jésus est devenu le prêtre d’un meilleur et d’un nouvel ordre et a amené une nouvelle et une meilleure loi. Donc, les cérémonies qui entourent la prêtrise lévitique n’ont plus de force. 

Ni non plus les législations civiles particulières qui sont à Israël en tant que nation à qui les lois entourent leur relation avec Dieu à travers la prêtrise. La nouvelle alliance change le caractère national de l’action de Dieu avec la terre en un corps transnational.

Michael Horton explique sommairement, « Que devons-nous dire sur le statut de Moïse dans l’Église aujourd’hui? La théologie réformée a traditionnellement insisté que la loi morale (ce qui veut dire, les dix commandements) demeure en force tandis que les lois cérémoniales et civiles de l’ancienne alliance sont maintenant désuètes avec l’ancienne alliance elle-même. 

Conclusion

L’évangile de Jésus Christ nous libère du jugement et du poids de la loi. Le fait d’avancer l’opposé est de reverser la conclusion du concile de Jérusalem: « mais c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, de la même manière qu’eux » (Ac 15.11).

Les païens sont sauvés et se placent sous la loi de Christ, ce qui peut être résumé en disant ceci: 

« Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci: Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Ga 5.14).

C’est la raison pour laquelle l’Ancien Testament nous parle toujours directement aujourd’hui. Jésus a complété ces étapes dans sa propre personne (Mt 5.17; voir aussi 2.15, 17, 23; 3.15; 4.4). L’Ancien Testament nous donne la sagesse chrétienne pour nous guider dans notre marche chrétienne. Il republie la loi naturelle pour confronter nos consciences avec nos péchés. Cela promet l’Évangile du Salut. 

Chaque iota et chaque trait de lettre est pour nous et pour notre salut. Nous avons simplement à le lire en tant que chrétiens sous le nouveau sacerdoce, la nouvelle loi, et la nouvelle alliance. 


Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.

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Wyatt Graham (PhD., Southern Baptist Theology Seminary) est le directeur général de TGC Canada. Vous pouvez le suivre sur Twitter à @wagraham.