Introduction à l’éthique christocentrique (partie 2)

Dans l’article précédent, nous avons vu ensemble, notamment et brièvement, les fondements de l’éthique christocentrique. Nous avons parlé de l’importance de l’imitation du Christ, de l’interprétation juste qu’a faite Jésus de la loi, et de la conscience. Ces fondements doivent demeurer constamment en arrière-plan lors de l’étude de l’éthique dans les Écritures.

Petit rappel important :

  • La gloire de Dieu est le but ultime de tout principe éthique.
  • L’imitation de Jésus est le moyen optimal par lequel nous pouvons glorifier Dieu.

Les attributs de Jésus

Dans cet article, nous porterons un regard sur ce qui est dit à propos de Jésus, ou encore ce que Jésus dit de lui-même et comment différencier ses différents attributs. Pour ce faire, je vous présente un petit tableau qui synthétise l’étude et ce tableau sera expliqué ensuite.

Attributs appropriables Attributs guides
Éthique messianique Nature messianique1
Notre rôle : imiter Christ Notre rôle : suivre Christ
Doux et humble (Matt 11.29) Le chemin (Jean 14.6)
Obéissant (Jean 4.34) La vérité (Jean 14.6)
Compatissant (Matt 20.34) Le pain de la vie (Jean 6.35)

Pour cette étude, j’ai cru bon de définir deux attributs que l’on peut apercevoir lorsque Jésus est décrit ou encore lorsqu’il se décrit lui-même.

Le premier comporte les attributs appropriables, c’est-à-dire les attributs relatifs (qui sont en lien) à l’éthique parfaite de Jésus par rapport à son rôle en tant que messie. Pour faire plus clair, ce sont les qualités de Jésus que nous pouvons prétendre partager. Notre rôle, en tant que chrétiens, est d’imiter Christ dans ces qualités. Par exemple, nous pouvons être doux, nous pouvons être humbles et nous pouvons être obéissants. Évidemment, nous ne pouvons l’être au même niveau que Jésus, qui est parfait, mais ce sont des qualités que nous pouvons posséder.

Le second comporte les attributs guides, c’est-à-dire les attributs relatifs à la nature messianique de Jésus. Ce sont des titres uniques, que l’on ne peut pas s’attribuer, mais qui demeure néanmoins très utile pour l’étude de l’éthique en tant que guide. Par exemple, nous ne pouvons pas être le chemin, il n’y a que Jésus qui puisse être le chemin en tant que messie et médiateur. Par contre, nous pouvons suivre le chemin et inviter d’autres personnes à suivre ce chemin.

La première chose qu’il faut noter, c’est que tout ce que Jésus est, il l’est parfaitement. Ensuite, il est inclus ici tout ce qui fut dit sur Jésus, c’est-à-dire par les prophètes, par lui-même et ensuite par les apôtres. Il faut noter aussi qu’il n’y a pas de séparation d’attributs en Christ. Nous faisons simplement une distinction pour notre usage. Si cette étude peut sembler anodin, il est néanmoins parfois plus difficile de distinguer comment ces différents attributs peuvent avoir un impact sur notre éthique.

Étude d’un cas difficile : la lumière du monde

Prenons un petit exemple qui peut être plus difficile. Jésus nous dit en Jean 8.12 qu’il est la lumière du monde. Est-ce que ma condition me permet d’être la lumière du monde ? On pourrait croire que non, mais en fait, nous sommes appelés à être la lumière du monde en Matt 5.14. De quelle façon Jésus est-il la lumière du monde? Qu’est-ce que ça signifie pour nous d’être une lumière du monde?

Débutons avec le passage de Jean 8.12 : « Jésus leur dit encore : c’est moi qui suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera jamais dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »

Le théologien D. A. Carson dénote que le thème de la lumière ici est une allusion à Yahwhé dans plusieurs passages de l’Ancien-Testament2 (cf. Exode 13.21-22; 14.19-25; Ps 27.1; 119.105; Ézekiel 1.4; Ésaïe 60.19-22, et autres). C’est également un renvoi au premier chapitre de l’Évangile selon Jean, lorsque la Parole est appelée « la lumière des hommes » au verset 43. Il est clair que dans le contexte de ce passage, être la lumière du monde chez Jésus réfère à sa nature messianique. Carson poursuit : « L’intérêt se porte désormais sur l’autorité dont Jésus fait preuve par cette déclaration4. »

En Matthieu 5.14 Jésus nous dit : « C’est vous qui êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. »

La métaphore provient du texte d’Ésaïe 60.1-3, « où la lumière symbolisait la nouvelle espérance née de la prédication par Jésus à propos de l’avènement du règne de Dieu5. » R. T. France ajoute ensuite : « Ici, la lumière que Jésus apporte est également dispensée par ses disciples, qui seront bientôt chargés de partager son ministère de proclamation et de délivrance, cf. la mission du serviteur de Dieu d’être ‘une lumière pour les nations’ (Ésaïe 42.6; 49.6).6 »

Qu’est-ce qu’être une lumière? Être une lumière, c’est être visible. Mais encore, qu’est-ce que ça veut dire d’être visible? Ça veut dire de témoigner par nos bonnes actions7. Christ fut donc à la fois une lumière par nature – c’est-à-dire qu’il détenait toute autorité – mais aussi dans son éthique – c’est-à-dire qu’il était visible par ses œuvres. Ici, nous pouvons suivre Christ, en partageant son ministère d’apporter la bonne nouvelle de la grâce de Dieu, et nous pouvons l’imiter, en étant visible par nos bonnes œuvres, notre compassion et notre amour.


  1. Par nature messianique, j’inclus apriori l’entièreté de la personne du Christ incarné dans ses deux natures distinctes mais non séparés, ses trois offices, etc. 
  2. D. A. Carson, L’Évangile selon Jean, Édition Impact, Trois-Rivières, p.434. 
  3. D. A. Carson, L’Évangile selon Jean, Édition Impact, Trois-Rivières, p.434. 
  4. D. A. Carson, L’Évangile selon Jean, Édition Impact, Trois-Rivières, p.435. 
  5. R. T. France, Commentary on the Gospel of Matthew, Eerdmans, Michigan, p.173. 
  6. R. T. France, Commentary on the Gospel of Matthew, Eerdmans, Michigan, p.173. 
  7. Douglas Sean O’Donnell, Matthew: All Authority in Heaven and On Earth, Crossway, Illinois, p.117. 
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Michaël est père de Timothé, de Talia et époux de Catherine Lavallée. Il est présentement étudiant en théologie.