Comment l’Évangile selon Luc peut-il aider notre foi ? 

L’Évangile selon Luc est un livre absolument fascinant. Parmi les nombreux trésors que l’on peut y trouver, j’aimerais que l’on regarde l’introduction de Luc, particulièrement les versets 1 à 4 qui se lisent comme suit :

Plusieurs personnes ont entrepris de composer un récit des évènements qui se sont passés parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui en ont été les témoins oculaires depuis le début et qui sont devenus des serviteurs de la Parole de Dieu. J’ai donc décidé à mon tour de m’informer soigneusement sur tout ce qui est arrivé depuis le commencement, et de te l’exposer par écrit de manière suivie, très honorable Théophile ; ainsi, tu pourras reconnaitre l’entière véracité des enseignements que tu as reçus. (BDS)

Le premier point que j’aimerais porter à votre attention, c’est la transmission dont parle Luc. Il parle de témoins oculaires, c’est-à-dire ceux qui ont vu (et pour la plupart vécus) les évènements qu’il relate dans son livre. Autrement dit, Luc s’est renseigné pour effectuer la composition de son livre sur des témoins fiables qui étaient présents lors des dits évènements. On connait tous ce qu’on appelle amicalement le microphone arabe. On dit une chose à un autre, qui le dit à son tour à un autre et ainsi de suite. Au final, un fort pourcentage de l’information de base est disparu, et beaucoup de faussetés sont ajoutées. Le résultat est simple, le récit de base ne ressemble plus du tout à celui que l’on obtient après être passé par maintes bouches et oreilles. Eh bien, ce n’est pas le cas ici. Luc, qui avait entrepris de reconstituer l’histoire de la bonne nouvelle de Jésus, est allé aux sources. Lui qui cherchait la vérité est allé la soutirer à ceux qui pouvait le lui a livré, et non pas des ouï-dire ici et là. C’est la raison pour laquelle il se permet de dire qu’il s’est informé soigneusement. 

Le deuxième point intéressant est la personne à qui Luc s’adresse. Le fameux Théophile dont on ne sait que très peu de choses. Étudions la question ensemble. Luc est un médecin au premier siècle, pas au 21e siècle, au premier siècle. Il ne fait pas dans les 6 chiffres et ne se promène pas en Tesla. Il n’est pas riche. Les médecins, même s’ils ont longtemps été respectés, n’ont pas toujours été au sommet de l’échelle sociale. Maintenant, Luc dit qu’il a visité des témoins oculaires, très probablement des apôtres et disciples proches du Christ. Mais où étaient donc tous ces gens alors que Luc cherchait des réponses ? C’est simple, ils étaient dispersés partout. Le plus loin possible. Pourquoi ? Parce que c’est ce que Jésus leur avait demandé (Mt 28.18-20). On peut donc conclure que Luc a dû voyager énormément pour rassembler ces informations, probablement en Grèce, à Rome, à Jérusalem, en Asie-Mineur, etc. Mais combien peuvent coûter ces voyages ? Au moins un homme, probablement une monture quel qu’onc, des vivres, un habit, des passages en bateau, etc. La réponse ne peut-être que la suivante : très cher. On parle d’années de voyage dans le monde ancien. 

Revenons à notre question, qui peut donc être ce Théophile ? La pensée populaire, c’est que Théophile est le responsable monétaire de l’entreprise de Luc. Autrement dit, c’est Théophile qui paie pour les dépenses très coûteuses de Luc, parce que c’est lui qui veut des réponses. On peut rapidement déduire qu’il était soit un jeune chrétien [1] à la recherche de vérité sur sa foi, ou encore un craignant Dieu [2]. D’accord, mais comment peut-on savoir que Théophile avait les moyens de payer pour toutes ses dépenses si on en sait que très peu sur lui ? Premièrement, parce que Luc lui adresse ce livre, qui d’ailleurs est d’un format très volumineux pour l’époque, donc très couteux. Mais, nous le savons également grâce à la façon dont Luc s’adresse à lui. Remarquez comment Luc l’appelle : « très honorable Théophile ». Je vous rappelle que nous sommes au premier siècle. Selon vous, qui appelait-on « très honorable » à l’époque ? Oui, les hauts fonctionnaires, les dirigeants, les personnes de hautes statures sociales. Autrement dit, les personnes fortunées, les personnes haut placés. 

Faisons un topo rapide, nous avons un homme, Luc, qui dit à un homme riche et important, soucieux d’avoir la vérité, prêt à payer cher pour l’obtenir, qu’il a voyagé longuement pour rendre visite aux témoins oculaires des évènements, des sources très fiables, afin d’avoir l’heure juste sur ce qui s’est passé.

Mais Luc s’arrête-t-il ici afin de convaincre son endosseur ? Non, il ajoute : « tu pourras reconnaitre l’entière véracité des enseignements que tu as reçus. » La traduction peut également se lire : « afin que tu saches sans avoir aucun doute que les enseignements que tu as reçus sont entièrement sécuritaires et certains » [3]. Luc ne laisse donc aucun doute, pas le moindre partiel d’incertitude ou d’hésitation possible, ces choses sont certaines et sécuritaires, elles ont été longuement vérifiées, elles sont vraies.

Mes frères et sœurs dans la foi, vous qui doutez peut-être parfois, vous qui, même convaincus, cherchez encore à approfondir votre foi, ou vous qui n’êtes pas convaincus encore de ce qu’on vous enseigne, sachez ceci : Les évènements décrits dans les quatre Évangiles sont vrais. Jésus est mort sur le bois, il est ressuscité et il règne aujourd’hui à la droite du Père. Luc a fait un voyage très couteux pour offrir à son riche endosseur un récit de ce qui s’est vraiment passé, offert par des témoins qui étaient présents. Si nous demeurons dans le cadre de l’interprétation évangélique sur la datation, il est fort possible que Luc ait écrit au début des années 60, voir peut-être à la moitié de cette décennie. C’est-à-dire, environs 30 ans seulement après la mort et la résurrection du Christ. 30 ans seulement. Si nous sortons du cadre évangélique pour aller vers un modèle libéral ou agnostique, plusieurs spécialistes datent Luc autour des années 70, voir 80 au plus tard. Un autre texte religieux, le Coran, exprime que Jésus n’est pas mort sur la croix [4]. Cet autre texte a été écrit environs 600 ans après la mort du Christ. Historiquement parlant, il est difficile d’admettre que ces deux textes puissent d’une façon ou d’un autre rivaliser. 

Autrement dit, votre foi n’est pas seulement réelle spirituellement, elle l’est, bien sûr, mais elle est aussi réelle historiquement. Ce à quoi vous croyez s’est réellement produit. Jésus est historiquement mort sur la croix, Jésus est historiquement ressuscité, Jésus est historiquement monté au ciel, et aujourd’hui, Jésus règne et il intercède pour vous, c’est-à-dire qu’il prie continuellement en votre faveur auprès du Père, et c’est aussi une réalité. Le doute est humain, nous doutons tous, mais fort heureusement, les Écritures nous donnent un très large éventail de données pour apaiser nos doutes. Soyons donc comme ce chef de synagogue à qui Jésus a dit autrefois : « Ne crains pas. Crois seulement ! » (Mc 5.36, BDS). Nous marchons par la foi, une foi ébranlée par le monde et par son chef (satan), le lion rugissant essayant sans relâche de nous faire perdre notre espérance et notre confiance en Christ, et la seule arme de riposte que nous avons, non pas défensive comme notre armure, mais offensive, c’est l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu (Ep 6.17), à nous de nous en servir !

[1]  Jeune ici est utilisé dans le sens de la maturité chrétienne. C’est-à-dire que Théophile était peut-être un nouveau converti au christianisme.

[2] Un craignant Dieu était un homme d’origine païenne qui s’intéressait à la foi juive/chrétienne. Un curieux, si on veut.

[3] Ma traduction, fait de façon dynamique ici. 

[4] Pour les nuances, voir la Sourate IV.

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Michaël est père de Timothé, de Talia et époux de Catherine Lavallée. Il est présentement étudiant en théologie.