Ces deux dernières années, j’en ai appris plus sur les cimetières que je n’aurais jamais voulu en savoir. J’ai appris à acheter des concessions et à commander des monuments. J’ai appris l’étiquette à respecter et la manière dont les différentes cultures se comportent avec leurs chers disparus, ces dernières étant très différentes. J’ai appris qu’une tombe offre un endroit où l’on peut faire son deuil et, ce qui est tout aussi important, un endroit où l’on peut laisser le deuil derrière soi pendant un certain temps.
Nous avons rapidement appris que si un cimetière prend grand soin de nous permettre d’enterrer un être cher, d’ériger un monument et de recouvrir la terre nue et austère d’un gazon, il prend très peu soin de nous permettre d’arroser ce gazon ou de nous assurer qu’il pousse et prospère. Une fois la tombe refermée et l’herbe repoussée, ils n’offriront que le strict minimum d’entretien. C’est le cas, du moins, du cimetière que nous avons choisi pour notre fils.
Nous ne pouvons tolérer l’idée que la tombe de Nick soit recouverte d’herbe sèche et brune. Nous ne pouvons tolérer l’idée qu’elle soit envahie par les mauvaises herbes. Nous ne pouvons tolérer l’idée qu’elle ait l’air négligée et abandonnée. C’est pourquoi nous l’entretenons avec grand soin. Nous lui rendons visite régulièrement. Nous l’arrosons assidûment. Nous entretenons un petit jardin qui se trouve contre la pierre tombale, en l’adaptant aux saisons.
J’aurais pu être tenté de croire que l’herbe pousserait mieux si elle n’était jamais ensoleillée et que les fleurs s’épanouiraient mieux sous l’éclat constant du soleil. J’aurais pu être tenté de croire que les jours de grisaille et de nuages ralentiraient le progrès et inhiberaient la croissance. Mais j’ai pu constater que ce n’était pas le cas, car les nuages apportent la pluie et la pluie apporte la vie. En revanche, un soleil ininterrompu assèche rapidement le sol et le laisse desséché. Nous en sommes venus à nous réjouir des cieux sombres et des nuages qui nous couvrent, car nous savons que l’herbe sera bientôt plus verte, les fleurs plus brillantes et plus droites, tout cela plus coloré et plus beau.
Vous et moi ne sommes pas très différents de l’herbe et des fleurs, car comme Dieu juge bon de les faire croître sous le soleil et la pluie, il juge bon de nous faire croître dans la joie et le chagrin. Comme il veut qu’elles montrent leur beauté par beau temps et par mauvais temps, il veut que nous montrions notre beauté dans les moments faciles comme dans les moments difficiles. La beauté qu’il souhaite que nous affichions est la beauté d’un caractère céleste plutôt que mondain, divin plutôt que naturellement humain.
Un tel caractère ne nous vient pas facilement, car nous entrons dans la vie chrétienne avec des schémas bien établis de péché et d’égoïsme, de souci de nous-mêmes et de peu de choses pour les autres. Pour que nos vies affichent une beauté pieuse, nous devons changer, nous devons être transformés. Et ce genre de transformation nécessite plus que de la facilité, plus que de simples bons moments.
Si nous voulons être les chrétiens que Dieu souhaite que nous soyons, nous devons avoir du soleil et de la pluie, des jours clairs et des nuages.
C’est pourquoi Dieu nous conduit dans des moments de chagrin et de douleur, de maladie et de deuil, de souffrance et de persécution. Il sait que pour que nous nous épanouissions vraiment dans ce monde et pour que nous soyons vraiment aptes à affronter l’au-delà, il nous faut à la fois du soleil et de la pluie, de la joie et de la tristesse. Sous le soleil éclatant des meilleurs jours, nous pouvons grandir dans l’amour, la joie, la paix et la patience, car ces vertus sont généralement celles qui poussent en premier et fleurissent le plus vite. Mais ce n’est souvent que dans la pénombre des pires moments que nous grandissons en bonté, en douceur et en maîtrise de soi, car ces vertus ont tendance à se développer lentement et uniquement dans des conditions spécifiques. Si nous voulons être les chrétiens que Dieu souhaite que nous soyons, nous devons avoir du soleil et de la pluie, des jours clairs et des nuages.
Ainsi, à l’approche des moments de tristesse et de souffrance, lorsqu’ils nous envahissent avec toute leur douleur et toutes leurs larmes, toute leur agonie et toute leur incertitude, nous n’avons jamais à craindre que Dieu nous ait oubliés ou abandonnés. Nous ne devons jamais craindre d’en sortir plus mal que nous n’y sommes entrés. Car Dieu a ordonné que ces temps soient nécessaires à notre croissance, nécessaires pour que nous prenions la beauté d’un caractère pieux. Dieu a ordonné que nous soyons comme des fleurs, des fleurs qui poussent sous la pluie.
Cet article a été initialement publié sur Challies.com. La traduction est publiée ici avec permission.
Tim Challies
Tim Challies - Le père de Tim est originaire de Montréal et sa mère des Cantons-de-l'Est. Tim est un écrivain incontournable de la blogosphère anglophone sur son blog Challies.com. Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs ont été traduits en français : La foi d’hier pour l’ère d’aujourd’hui (Excelsis, 2011), Faire plus. Mieux. (BLF Edtions, 2017), Théologie visuelle (BLF Edtions, 2017). Il est ancien à Grace Fellowship Church. Lui et sa famille habitent à Toronto.