Nous ne sommes pas des collègues. Nous ne sommes pas des camarades. Nous ne sommes pas des voisins. Nous sommes famille. Si nous allons comprendre la relation entre croyants, nous n’avons pas besoin de comprendre le travail, ou la politique, ou la géographie. Nous avons besoin de comprendre la famille.
La Bible présente cette vérité de plusieurs manières. Ensemble, nous appelons Dieu « Père, » et s’il est Père, alors nous sommes des fils et des filles. Nous appelons Christ notre frère ainé, ce qui fait de nous ses frères et sœurs aussi bien que les frères et sœurs les uns des autres. Les jeunes hommes sont commandés de respecter leurs ainés comme des fils à leurs pères, et d’aimer leurs ainées comme des fils à leurs mères. Ils doivent traiter des jeunes femmes avec toute la pureté des sœurs et de traiter les veuves comme si elles étaient leurs propres mères. Nous devons nous aimer les uns les autres avec une affection fraternelle et devons comprendre que quiconque fait la volonté du Père est un frère, une sœur, une mère.
Nous le voyons d’une autre manière aussi – dans la manière dont les pasteurs doivent être évalués pour savoir s’ils sont aptes pour leur office. Si l’Église est comme une famille plutôt qu’une entreprise ou une nation, alors les pères sont plus comme des pères que des patrons ou des gérants. La relation entre Église et famille est plus proche que la relation entre Église et entreprise, ou Église et pays. C’est pour cela qu’un pasteur doit être évalué sur la base de sa vie familiale plutôt que de sa vie de travail ou de sa vie politique. Un homme peut être un grand patron ou un politicien électrisant, mais s’il est un mauvais père, il n’a pas d’affaire à conduire une Église locale, car « si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu? »
Ce qui est généralement vrai à travers tous les temps et toute l’espace, est encore plus particulièrement vraie dans le contexte de l’Église locale – spécialement si cette Église locale fait que le fait d’être membre soit vraiment significatif. Quoique les chrétiens qui ont vécu il y a des siècles, et des chrétiens à l’autre bout du monde, sont tous frères et sœurs, il y a une manière spéciale dans laquelle la relation de famille est manifestée et présentée dans l’Église locale. C’est là, dans le contexte de vivre et adorer ensemble que nous voyons plus clairement comment les chrétiens ont une relation ensemble comme membres d’une même famille.
C’est là, dans le contexte de vivre et adorer ensemble que nous voyons plus clairement comment les chrétiens ont une relation ensemble comme membres d’une même famille.
Si tout ça c’est vrai, il y a une implication intéressante qui est spécialement applicable dans ces jours de turbulence. Nous lisons souvent dans les nouvelles au sujet de “La Grande Démission ». À partir du début de 2021, de grands nombres de personnes ont commencé à démissionner de leurs emplois, quelques-uns à la recherche d’un nouvel emploi, et d’autres contents de cesser complètement de travailler pour un temps. Les économistes sont partagés concernant les raisons de cette tendance, mais quelque soit la raison, cela semble découler d’une insatisfaction qui est assez profonde pour avoir aussi impacté les Églises. Les Églises voient leur propre « Grande Démission » dans laquelle un nombre peu commun de gens ont démissionné en tant que membre de leur Église pour aller à une autre Église locale (ou quelquefois pour se joindre aux réunions en ligne d’une Église lointaine). Presque toutes les Églises ont des places vides, et les membres qui restent ressentent beaucoup le manque de ceux qui sont partis – des personnes qu’ils ont aimées, à côté de qui ils ont servi, des personnes avec lesquelles ils se sont réjouis et avec lesquelles ils ont pleuré. Presque chaque pasteur a des blessures fraîches, des tristesses fraîches, en apprenant qu’encore une autre personne, une autre famille, a décidé de partir – des gens précieux qu’il a conseillé, à qui il a prêché, pour qui il a prié, et qu’il a essayé de servir avec amour.
Dans ces situations quand nous réfléchissons si nous devions nous déraciner et nous joindre à une nouvelle congrégation, il y a quelque chose que nous devrions considérer sérieusement : Laisser une Église, c’est plus comme abandonner une famille que de démissionner d’un emploi. C’est plus comme quitter un chez soi que d’émigrer d’un pays. Ce n’est pas comme le fait de monter l’échelle corporative en changeant d’entreprise; c’est plus comme le fait de révoquer ta participation dans une famille pour t’établir dans une autre.
Il y a peu de situations où nous voyons mieux décrit notre individualisme que dans la facilité et l’insouciance avec laquelle nous rebondissons d’une Église à l’autre. Il y a peu de situations où nous voyons mieux notre prédilection pour prendre des décisions égoïstes, que quand nous songeons à changer d’une famille en préférence pour une autre. Tout en reconnaissant qu’il y a de bonnes raisons légitimes pour quitter une Église, je gagerais qu’il y en a bien plus qui ne sont pas nécessaires, pas sages, ou pas gentilles. Et je gagerais que les raisons les plus communes sont celles qui sont les moins légitimes.
Étant donné tout ceci, il semble que quand nous avons quelque doute que ce soit, nous devrions demeurer où nous sommes. Quand nous sommes incertains, nous devrions rester en place. Quand ce n’est pas absolument clair que nous devons partir ou quand nous n’avons pas reçu une affirmation de la part de plusieurs que ce serait sage de partir, nous devrions oublier la pensée de trouver une nouvelle famille, et plutôt nous engager joyeusement à aimer la famille dont nous faisons déjà parti.
Cet article a été initialement publié sur Challies.com. La traduction est publiée ici avec permission.
Tim Challies
Tim Challies - Le père de Tim est originaire de Montréal et sa mère des Cantons-de-l'Est. Tim est un écrivain incontournable de la blogosphère anglophone sur son blog Challies.com. Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs ont été traduits en français : La foi d’hier pour l’ère d’aujourd’hui (Excelsis, 2011), Faire plus. Mieux. (BLF Edtions, 2017), Théologie visuelle (BLF Edtions, 2017). Il est ancien à Grace Fellowship Church. Lui et sa famille habitent à Toronto.