7 marques qui devraient unir les Églises

Lorsque Paul a écrit aux Éphésiens, il les a exhortés « à marcher d’une manière digne » de leur appel (Ép 4.1). En expliquant brièvement ce qu’il voulait dire, Paul les a encouragés à « conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix (Ép 4.3). »

Paul ne nous laisse pas sur notre faim sans nous expliquer comment cette unité de l’Esprit se manifeste. Il détermine sept marques de l’unité spirituelle (Ép 4.4-6). Chacune des marques définit une croyance qui devrait unir toutes les églises.

Comme Paul l’explique : « Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous. »

Remarquez les sept répétitions du mot seul. Chacune définit l’unité de l’Esprit que tous les croyants doivent confesser. Comme le chiffre sept est souvent utilisé pour illustrer l’accomplissement dans l’Écriture, Paul l’utilise pour souligner la perfection ou la réalisation de l’unité spirituelle.

À la lumière de cette information, l’explication de ces sept marques d’unité est pertinente, les sept marques de la vraie Église.

1. Un seul corps

En affirmant qu’il n’y a qu’un seul corps, Paul parle du corps spirituel de Christ. L’Église est le corps et cette métaphore comporte une réelle signification. Nous sommes véritablement le corps de Christ parce que l’Esprit nous a unis à la chair de Christ et aux autres de manière spirituelle, c’est-à-dire par le Saint-Esprit qui habite en nous.

Paul adresse déjà le sujet plus tôt dans Éphésiens. Par exemple, il définit le mystère de l’Évangile par l’union des non-Juifs et des Juifs dans un seul corps : « Ce mystère, c’est que les païens sont cohéritiers, forment un même corps, et participent à la même promesse en Jésus-Christ par l’Evangile (Ép 3.6). »

Encore plus tôt dans sa lettre, il définit le corps de Christ comme un corps spirituel où l’Esprit habite et où Christ est assis comme la pierre angulaire :

Car par lui les uns et les autres nous avons accès auprès du Père, dans un même Esprit. Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit. (Ép 2.18-22)

Notre unité en Christ par laquelle « nous avons accès au Père dans un même Esprit » décrit notre union trinitaire avec Dieu qui marque le sommet de l’œuvre rédemptrice de Dieu. Dieu avait prévu « de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre (Ép 1.10) » afin que, entre autres choses, « l’Église, qui est son corps (Ép 1.22-23). »

L’Église comme « un seul corps » reçoit alors la dignité remarquable d’être « la plénitude de celui qui remplit tout en tous (Ép 1.23). »

En résumé, lorsque Paul parle d’un seul corps, il fait allusion à l’Église qui est le corps de Christ par le Saint-Esprit qui nous habite et nous unit à Christ et aux autres afin que nous puissions venir vers le Père.

Dit simplement, un seul corps signifie que nous avons l’Esprit, que nous sommes en Christ et que nous montons vers le Père. De plus, la métaphore du corps dépasse la figure de rhétorique puisqu’elle est une réalité basée sur l’œuvre d’unité du Saint-Esprit.

2. Un seul Esprit

Il est évident qu’un seul Esprit fait référence au Saint-Esprit, le médiateur aimant, qui fait la médiation entre Christ et nous, nous unit aux autres et par Jésus nous amène au Père. Puisque l’Esprit nous unit à Christ, il nous donne la vie.

Paul explique cette connexion à la vie dans Colossiens, un livre fortement aligné à Éphésiens : « Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quand Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire (Col 3.3-4). Notre vie est entrelacée avec celle de Christ en vertu de notre union physique et spirituelle avec lui qu’il a appelée notre “vie”. Comme Paul le dit ailleurs : “ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi (Ga 2.20).”

Ces passages démontrent pourquoi Paul considère qu’être rempli de l’Esprit est la clé de notre sanctification : “remplis de l’Esprit (Ép 5.18).” Autrement, comment pourrions-nous être “une habitation de Dieu en Esprit (Ép 2.22) sans être remplis de l’Esprit? Mais, il vit en nous et il doit nous remplir.

Lorsque ce n’est pas le cas, nous ‘[attristons] le Saint-Esprit de Dieu (Ép 4.30)’ puisqu’il fait maintenant partie de notre corps (‘son Esprit [est] dans l’homme intérieur Ép 3.16) et que le péché l’attriste!

3. Une seule espérance

Nous étions tous morts dans nos péchés ‘sans espérance et sans Dieu dans le monde (Ép 2.12; 2.1).’ Mais, l’Esprit nous fait réaliser notre espérance (Ép 2.17-18). Cet espoir, dans le contexte d’Éphésiens, est de connaître le Père en Christ par l’Esprit en devenant de plus en plus saint en tant que corps de Christ (Ép 2.18-22).

Ailleurs, Paul explique comment nous pouvons connaître Dieu de cette manière. Notre espérance n’inclut pas seulement notre justification à la résurrection, mais aussi la résurrection des morts elle-même. Nous gémirons avec la création jusqu’au jour où nous verrons Dieu face à face, non plus comme dans un miroir flou, mais avec la clarté que la sainteté nous accordera.

4. Un seul Seigneur

La création n’a qu’un but : l’unité de tous dans le corps de Jésus (Le plan A). Comme Paul l’explique, Dieu nous ‘a fait connaître le mystère de sa volonté, selon le bienveillant dessein qu’il avait formé en lui-même, pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre (Ép 1.9-10).’ Le mot mystère est la clé.

Paul poursuit son explication :

C’est par révélation que j’ai eu connaissance du mystère sur lequel je viens d’écrire en peu de mots. En les lisant, vous pouvez vous représenter l’intelligence que j’ai du mystère de Christ. Il n’a pas été manifesté aux fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l’Esprit aux saints apôtres et prophètes de Christ. Ce mystère, c’est que les païens sont cohéritiers, forment un même corps, et participent à la même promesse en Jésus-Christ par l’Évangile (Ép 3.3-6).’

En bref, le mystère maintenant révélé est que Dieu a toujours eu l’intention de sauver tous les peuples par le don gratuit de l’Évangile en Christ par l’Esprit. Ce salut réunit les Juifs et les non-Juifs dans ‘le même corps’ et produit ‘le dessein éternel qu’il a mis à exécution par Jésus-Christ notre Seigneur (Ép 3.11).’

Pour appuyer le même argument, Paul explique dans un autre passage que Christ ‘a voulu créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau (Ép 2.15).’ Cette union nous apporte la paix avec Dieu et les autres par l’entremise de la croix de Christ (Ép 2.15-16) et elle installe Christ à notre tête, le Seigneur de l’Église.

La portée de son œuvre rédemptrice va au-delà de l’Église puisqu’elle fait aussi de lui le Seigneur de toute la création (Ép 1.15-23). Dans Actes, Pierre avance le même argument : ‘Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié (Actes 2.36).’

Notre union avec le Seigneur, en fait, explique comment la croix nous offre le pardon puisque nous participons à la justification de Christ par notre union avec lui. En lui, nous sommes justifiés, sanctifiés et (seront) glorifiés.

Comme Paul l’explique : ‘c’est par lui que vous êtes en Jésus-Christ qui, par la volonté de Dieu, a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption (1 Co 1.30).’ Il l’écrit même d’une manière encore plus claire : ‘Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu (2 Co 5.21).’

5. Une seule foi

La foi ici ne réfère pas exactement à notre croyance subjective en Christ, bien qu’elle en fasse partie. Mais, comme ailleurs (Jude 3), elle inclut un aspect de ‘confessions’ ou de ‘système de croyances.’ En ce sens, les fonctions spirituelles que l’Esprit confère au corps de Christ nous aident à ‘l’unité de la foi (Ép 4.13).

Par notre confession de foi (que nous sommes un seul corps spirituel en Christ), nous recevrons l’unité de la foi. Cette foi devient notre bouclier et notre protection (Ép 6.16). Si nous le portons, le diable ne pourra pas nous atteindre. Note : cette défense implique tout le corps de Christ comme contexte pour le livre d’Éphésiens et les verbes pluriels d’Éphésiens 6 le confirme. 

6. Un seul baptême

Le baptême chrétien signifie le baptême au ‘nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Mt 28.19). Le mot nom dans ce passage est singulier. Donc, le nom singulier du Père, du Fils et de l’Esprit seul constitue le baptême chrétien.

Nous n’avons aucune raison de croire que Paul était d’un autre avis. Et par l’étendue des thèmes trinitaires d’Éphésiens (tel que discuté plus tôt) et la progression d’Éphésiens 1.1-14, nous pouvons déduire qu’il partageait la vision de l’évangéliste. Paul était un chrétien entièrement trinitaire.

Le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit était le début et la fin de l’adoration pour l’Église primitive. Le début puisque l’entrée dans l’Église nécessitait la confession du nom trinitaire. La fin parce que notre adoration nous amène au Père par l’Esprit en Christ.

7. Un seul Dieu et Père de tous

Les implications de la trinité dans le baptême et toute l’adoration subséquente culminent dans la septième marque d’unité. Paul a déjà énoncé notre confession en un Seigneur et un Esprit. Maintenant, nous confessons un seul ‘Dieu et Père de tous.’

À ce moment, Paul préserve l’unité de Dieu en écrivant ‘un seul Dieu’ ainsi que sa pluralité en écrivant ‘Père.’ Le fait que Dieu soit trois et un communément évoqué comme l’unité de Dieu et la divinité de Christ soutiennent la majorité du Nouveau Testament.

Dans 1 Corinthiens, par exemple, Paul cite le Shéma de Deutéronome 6, le texte emblématique d’Israël pour affirmer l’unité de Dieu, en y insérant le Père et le Fils dans sa confession d’unité : ‘néanmoins pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes (1 Co 8.6).’ Il n’y a qu’un Dieu, le Père, et un Seigneur (un titre constant pour Dieu dans l’Ancien Testament), Jésus Christ. Les deux personnes sont impliquées dans la création.

La création vient du Père par le Seigneur Jésus Christ. Alors, le Père et le Fils jouent un rôle dans la création et malgré tout cela, il n’y a qu’un seul Dieu (Jean 1.1-3). Paul affirme, sans s’excuser, l’unité de Dieu tout en distinguant le Père et le Fils.

En d’autres mots, dans Éphésiens, Paul perçoit notre unité spirituelle comme centrée sur la foi trinitaire qui fait de nous un seul corps par l’esprit qui forge une union entre nous et Christ afin que nous puissions accéder au Père.

Conclusion

Après notre réflexion, nous pourrions ne plus vouloir dire que les mots de Paul évoquent sept marques de l’unité de l’Église. Nous pourrions plutôt dire qu’ils donnent sept visions d’une seule unité. Chaque affirmation de ces versets utilise le mot seul et Paul comprend chaque énoncé comme ‘l’unité de l’Esprit par le lien de la paix (Ép 4.3).’

Nous pouvons maintenant voir plus clairement pourquoi il s’agit de l’unité de l’Esprit puisque chacun des sept seul se chevauche étroitement : chacun touche à notre habitation spirituelle, notre union avec Christ et avec les autres par l’Esprit et notre mouvement vers le Père.

Notre unité est réelle parce que Christ nous unit réellement et spirituellement à Christ et aux autres, pourtant nous devons tout de même grandir dans cet aspect parce que le ‘lien de paix’ requiert que l’Esprit nous remplisse afin que nous atteignions la plénitude de notre unité dans l’Esprit.

Cette unité puisqu’elle est une union spirituelle par nécessité signifie que nous ne sommes pas seulement unis comme une église locale, mais à toutes les églises qui participent à la même unité spirituelle, car l’Esprit n’est pas seulement à un endroit! Les cieux ne peuvent pas le contenir et il nous unit à Christ et aux autres indépendamment du temps et de la distance.

Il existe une universalité à la foi chrétienne que nous ne pouvons pas ignorer. Nous sommes tous baptisés dans un Esprit (1 Cor 12.13) afin que nous confessions que Jésus Christ est Seigneur (1 Cor 12.3). Le pain que nous partageons est ‘une communion au corps de Christ (1 Co 10.16).’ L’unité signifie que les églises de Jérusalem, de Macédoine et de Corinthe ont les mêmes difficultés en commun (2 Cor 8-9). En fait, elles sont unies spirituellement et physiquement (Rm 15.26).

Nous devons rechercher cette belle unité chrétienne ensemble. Nous devons nous efforcer ‘à marcher d’une manière digne de la vocation qui [nous] a été adressée (Ép 4.1)’ et ‘de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix (Ép 4.3).’Nous pouvons y arriver par notre confession mutuelle ‘un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous.’

Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.

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Wyatt Graham (PhD., Southern Baptist Theology Seminary) est le directeur général de TGC Canada. Vous pouvez le suivre sur Twitter à @wagraham.