Psaume 63.4 « Car ton amour vaut mieux que la vie. Mes lèvres célèbrent tes louanges. »
Il y a quelques semaines, alors que je préparais un sermon sur le psaume 63, je suis tombé sur le quatrième verset et il m’a laissé perplexe. L’amour peut-il valoir plus que la vie?
Un exode
De nombreux commentateurs pensent que ce psaume a été écrit alors que le roi David fuyait le coup d’État mené par son fils Absalom. L’ensemble du psaume évoque la soif de David dans le désert et les difficultés et dangers de son exil dans le désert aride de Juda. Cependant, lorsqu’il réfléchit sous la chaleur rayonnante du jour ou lorsqu’il médite pendant les nuits glaciales, tout ce qui est nécessaire à la survie et tout ce qui pourrait atténuer l’inconfort est déprécié par rapport à sa contrepartie spirituelle dont la pénurie afflige David plus lourdement.
Des besoins essentiels
L’eau est essentielle mais la soif du psalmiste pour le Seigneur est plus grande. Bien que sa langue soit desséchée, son âme a encore plus soif. Sa soif du sanctuaire est plus grande que la soif physique qui pourrait tarir un puits. Il se souvient des moments de réjouissances religieuses avec le peuple de Dieu célébrant les délivrances passées. Quelles que soient les maigres rations que son entourage a apportées, David est rassasié « comme de la nourriture succulente et abondante » de la personne et de la présence de Dieu dans les moments de détresse. Tout ce que Dieu donne est digne de louange. Il appréciera même les plus petites faveurs du Seigneur avec de fortes délectation en guise de bruits de délice. Ceux qui le prennent en chasse seront pris en chasse car le Seigneur le défendra et sa confiance dans le Seigneur ne sera pas vaine. Aucun chacal ou combattant ennemi n’est à craindre pour ceux qui sont soutenus par la droite de Dieu. En effet, ceux qui cherchent à dévorer seront dévorés et ceux qui cherchent à frapper seront frappés.
Une figure de style?
Dans son ardeur, on pourrait penser que David va trop loin quand, au verset 4, il dit que l’amour du Seigneur « vaut mieux que la vie ». Ici, on pourrait rationaliser le témoignage et comprendre que les richesses royales de David, au sens figuré, sa vie (le palais, les serviteurs, les repas, etc.), sont de moindre valeur que l’amour de Dieu qui s’exprime envers nous dans cette vie… Je ne pense pas que le psaume permette cela. Le risque de mort et de trépas est très littéral. Sans tenir compte de l’épée de ses ennemis, la déshydratation, la famine, l’exposition et même la mutilation sont tout autant des dangers bien réels. La façon dont Dieu traitera les adversaires de David consiste à les tuer littéralement. Donc comment l’amour peut-il valoir mieux que la vie?
Les choses à venir
La révélation dans le récit biblique est progressive. C’est-à-dire qu’elle s’écoule lentement et devient un courant plus fort vers l’aboutissement complet de son dessein. Comme la mélodie d’un camion de glaces ou la sirène d’un camion de pompiers au loin, qui s’amplifie lorsque le véhicule passe à proximité. Petit à petit, le Seigneur montre qui il est à ceux à qui il a choisi de se révéler. Les révélations antérieures servent de fondement à mesure que le peuple de Dieu apprend à lui faire davantage confiance et qu’il comprend que la fidélité antérieure promet la fidélité future.
Les bénédictions de Dieu du psaume 63 sont partielles. Ce sont les petites bouchées servies dans les magasins entrepôts qui vous incitent à acheter le repas complet. Nous sommes appelés à goûter et à boire Dieu. La bonté maintenant savourée n’est que le début. Toute l’humanité est desséchée et sans eau spirituellement. Si cela n’est pas corrigé, nous finirons comme une branche desséchée sans vie ni croissance. La vie ne s’arrête pas à l’heure de notre mort.
Je ne t’abandonnerai jamais
David dit donc : « Ton amour vaut mieux que la vie ». En parlant de l’amour de Dieu, le roi David fait référence à un terme hébreux signifiant « l’amour inébranlable » de Dieu. D’autres versions traduisent le mot hébreu « hesed » par « sa bonté ». C’est un amour sans fin. Un amour d’allégeance. C’est un amour qui tient ses promesses. Son amour toujours « persévérant et sans cesse poursuivant ». Ainsi, son amour » qui promet d’aimer » vaut mieux que la vie. Maintenant, quel que soit le type d’amour… comment peut-il être mieux que la vie? Comment peut-il valoir quelque chose pour les morts? À moins que son amour ne puisse vaincre la tombe, à moins qu’il n’aime plus fort que la mort… à moins que son amour ne donne la vie.
Car qui peut profiter de l’amour une fois qu’il est mort? Qui peut profiter de la tendre caresse de ceux qui vivent une fois qu’il est au séjour des morts? Je peux dire que j’aime les grands auteurs ou les membres de la famille maintenant décédés, mais cela ne leur sert pas à grand-chose. Ils ne connaissent ni mes soins ni mes sentiments et je ne peux leur transmettre.
Quand quelqu’un s’éteint ou meurt… On voit dans les films la personne défunte prise dans les bras des survivants comme si le fait de la tenir conservait son essence. Comme si cela pouvait rappeler l’être aimé d’outre-tombe. C’est comme si on voulait retenir l’âme dans le corps, mais elle glisse entre nos doigts et se perd pour nous. Il ne reste que la coquille vide, l’enveloppe externe.
Mais la poigne de Dieu, et l’amour qui l’imprègne complètement, est totalement imperméable et scellée à l’âme, il peut la garder dans le creux de ses mains plus grandes que la création même. En outre, cet amour est si grand et si puissant que, lorsqu’il nous saisit pleinement et nous étreint, il ramène l’âme à son état d’origine! Il la réintègre dans son enveloppe charnelle. Et comme le charbon, sous l’immense pression des profondeurs et du temps, se transforme en diamant, ainsi pour ceux qui sont unis à Christ : nos corps brisés seront restaurés impérissables!
Un nouvel espoir
David ne possédait pas une connaissance complète de la situation, bien qu’il s’en doutât fortement. Il savait que son espoir dépendait de la miséricorde de Dieu : que ce n’était pas par ses propres efforts qu’il serait sauvé. Il parlait ailleurs, dans le psaume 51.3, en demandant : « O Dieu, fais-moi grâce conformément à ta bonté! » (“bonté” = “amour inébranlable”). Dans le psaume 32, il déclare que ce qu’il faut pour obtenir le pardon, c’est simplement se repentir et se tourner à nouveau vers le Seigneur. Il avait connaissance d’un descendant à venir qui régnerait pour toujours et espérait le voir au-delà de la tombe (mais à quel titre, il n’était pas sûr).
Ce descendant promis de David, les apôtres ont vu sa gloire et l’accomplissement des prophéties faites à son égard. L’apôtre Pierre parle des propres prophéties de David concernant son descendant dans Actes 2.29-31 :
« Mes frères, qu’il me soit permis de vous parler en toute franchise au sujet du patriarche David: il est mort, il a été enseveli et son tombeau existe encore aujourd’hui parmi nous! Or il était prophète et il savait que Dieu lui avait juré par serment de faire surgir [le Messie,] un de ses descendants, pour le faire asseoir sur son trône. C’est donc la résurrection du Christ qu’il a prévue et annoncée en disant qu’il ne serait pas abandonné au séjour des morts et que son corps ne connaîtrait pas la décomposition.
Il continue en disant (Actes 2.32-36):
C’est ce Jésus que Dieu a ressuscité, nous en sommes tous témoins. Élevé à la droite de Dieu, il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis et il l’a déversé, comme vous le voyez et l’entendez [maintenant]. David en effet n’est pas monté au ciel, mais il dit lui-même: Le Seigneur a dit à mon Seigneur : ‘Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis ton marchepied.’ Que toute la communauté d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus que vous avez crucifié.«
Et ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps…
Le Christ est celui qui a marché triomphalement vers la mort. Il a donné sa vie pour que ceux qui se confient en lui et se repentent aient la vie éternelle! Pour lui, l’amour inébranlable de Dieu, sa bonté, valait mieux que la vie. Mieux que tous ceux qui ont vécu auparavant, il savait que ce n’est qu’à travers sa propre mort que les hommes trouveraient la vie et seulement s’ils n’aimaient pas leur vie jusqu’à la mort (Apocalypse 12.11).
Pour ceux qui sont en Christ, il n’y a pas d’épée finale, de chacals ou de profondeurs de la terre. Il y aura la vie, la paix, et un héritage éternel. La pire calamité ou épreuve qui s’abat actuellement sur ceux qui refusent le Christ est la moindre des afflictions qu’ils subiront. Les plus grands cadeaux ou les plus grandes faveurs qui sont maintenant offerts ici-bas à ceux qui sont unis au Christ sont les moindres des plaisirs qu’ils goûteront.
Des calories vides ou vraie satisfaction
À quoi j’aspire? Qu’est-ce qui nourrit mon âme, qu’est-ce qui la désaltère?
Pour ceux qui se gavent de ce que le monde leur offre… richesse injustement acquise, gloire humaine, consommation d’autrui par le commerce, consommation d’autrui par le mépris des engagements du mariage ou par l’utilisation de la pornographie, recherche de la satisfaction de désirs malsains au mépris de la personne de Dieu, au mépris de l’homme créé à son image ou de la création qui reflète ses perfections invisibles, il n’y aura pas de fin heureuse, seulement des maux d’estomac et un jugement spirituels.
Si nous sommes loin du corps du Christ et de son Église, loin des moyens de grâce qu’il donne à son peuple, ne nous en privons plus, ne marchons plus volontairement dans ce désert spirituel!
Si vous êtes à bout de souffle, si les tribulations et les angoisses de ce monde aride vous ont desséché, accrochez-vous à Dieu, rappelez-vous sa fidélité passée et ses promesses futures. Encore quelques heures et le matin viendra! La rosée de sa venue rafraîchira nos langues assoiffées. Les noces du Christ avec son épouse, l’Église, nous feront vite oublier nos estomacs qui gargouillaient autrefois.
Pour ceux qui souffrent sous les coups des méchants, le psaume 63 et d’autres psaumes comme le psaume 73 nous rappellent que la fin de ceux qui se rebellent contre Dieu viendra soudainement, et qu’ils seront jugés avec justice.
Pour ceux qui observent ou prennent soin de ceux qui sont actuellement en difficulté : ne donnez pas de faux espoirs pour le présent. N’assurez pas inconditionnellement un bonheur temporel que Dieu n’a pas promis. Ce serait faire de Dieu un menteur, ce qui est un blasphème. Cependant, le Seigneur promet à répétition qu’aucun de ceux qui espèrent en lui ne sera déçu (Psaume 25.3 ; Romains 10.11 et Ésaïe 49.23 par exemple).
Un festin éternel
Jésus a dit à la foule de Capharnaüm : « C’est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » (Jean 6.35). En Jean 8.52, il est dit que Jésus a promis : « Si quelqu’un garde ma parole, il ne goûtera jamais la mort. » Son amour inébranlable est vraiment mieux que la vie.
Dédié à la mémoire de Lanea Schroeder
Aaron Schroeder-Tabah est pasteur à l’Église La Bible parle, au Saguenay. Il travaille de concert avec le pasteur principal dans la prédication et l’accompagnement spirituel. Sa femme Cynthia et lui ont cinq enfants.