La patience dans l’écoute

Tout arrive rapidement. Besoin de nouvelles? Poussez un bouton. Besoin de céréales? Commandez-les sur Amazon. Besoin de communication, regardez votre téléphone – il pourra sûrement reconnaître votre visage, se débloquer automatiquement, et vous montrer toutes vos notifications. Les messages, les réseaux sociaux et les appels téléphoniques – tout cela nous envahit comme une inondation. Mais la différence est que l’inondation a une fin alors que la communication de nos jours ne finit jamais.

Nous nous sentons pressés de créer et de communiquer. Dans des moments de tranquillité, nous pensons « ne pourrais-tu pas faire quelque chose de plus productif? ». Vos amis veulent savoir, « qu’as-tu fait pour moi ces derniers temps? »Nous avons la liberté de faire ce que nous voulons, mais la société nous attire à vouloir fabriquer, faire, produire et agir. L’action représente tout. 

C’est alors que nous nous demandons pourquoi des versets bibliques tels que « Arrêtez et sachez que je suis Dieu » (Ps 46.10) n’ont pas beaucoup de sens pour nous. Nous nous asseyions calmement et nous attendons. Ensuite, nous nous demandons, oui, mais pour combien de temps? Je me suis tenue ici pour une minute, dix maintenant! Qu’est-ce qu’il y a après? Un service du dimanche qui dure plus longtemps que 75 minutes paraît comme une éternité – ne savez-vous pas que j’ai des choses à faire?

La vertu de la patience tombe sur le bord du chemin. Paul nous mentionne que le fruit de l’Esprit est la patience (Gal 5.22). Nous, en tant que société, ne l’avons pas. Voici un exemple simple pour prouver ce point. Vous êtes-vous déjà senti comme si vous ne pouviez pas trouver un ami qui vous écouterait réellement? Vous en avez peut-être quelques-uns, mais vous savez combien ils sont durs à trouver. 

Cependant, l’écoute, telle que Byung-Chul Han la décrit, s’exprime dans la patience. C’est dans le simple fait de s’asseoir avec quelqu’un sans téléphone ni inquiétude et tout simplement écouter; de s’asseoir avec quelqu’un et de se vider de soi-même et de recevoir ce que quelqu’un répond – cela semble virtuellement impossible. 

Toutefois, l’écoute patiente semble être une des plus importantes façons d’aider quelqu’un à guérir. Une oreille attentive peut porter leur fardeau. Mais cela requiert de la patience. Cela requiert de faire taire le bruit de l’hyper communication. Cela requiert de donner de soi aux autres. Comme Han le note, « l’écoute est un don, un cadeau ».

L’écoute est une forme de patience. Du moins, nous pouvons dire que l’écoute ressemble à la patience mise en pratique. Nous avons ce grand cadeau à offrir. Mais il requerra peut-être un don de soi et un amour pour les autres qui élimine toutes les pensées rattachées à soi-même. Lorsque nous écoutons, nous ne produisons pas et nous ne partageons pas nos pensées; nous écoutons les autres. 

C’est une forme de sacrifice parce que nous mettons de côté nos inquiétudes, nos soucis et nos intérêts pour un moment, et on se concentre sur les inquiétudes, les soucis et les intérêts des autres. Nous portons leur fardeau. Nous portons leurs difficultés. 

Nous entrons dans un repos qui ne semble plus possible dans un monde où la communication vient constamment, et ce, sans barrières. Nous mettons cela de côté pour l’amour des autres. Nous écoutons parce que nous sommes patients. Nous sommes patients parce que la patience est un fruit de l’Esprit. Alors, nous ne nous conformons pas au train de vie de ce monde, mais nous renouvelons nos pensées quotidiennement pour savoir ce qui est bon et vrai (Rom 12.2). 

Dans ce cas-ci, cela veut dire la patience dans l’écoute.


Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.

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Wyatt Graham (PhD., Southern Baptist Theology Seminary) est le directeur général de TGC Canada. Vous pouvez le suivre sur Twitter à @wagraham.