Le gouvernement : allié ou antagoniste?

Au cours des dernières années, les chrétiens représentaient une puissance ascendante dans la culture. Récemment, ils sont devenus une relique oubliée. Qu’il s’agisse d’une puissance culturelle ou d’une relique, les autorités gouvernantes ont rarement rendu les chrétiens inconfortables. Cependant, la pandémie du coronavirus a mené à des quarantaines régionales pour les commerces, les églises et les événements publics. À la lumière de cette pression unique et gouvernementale, les chrétiens ont dû réévaluer leur relation avec le gouvernement.

Les réponses surgissent d’un spectre, mais peuvent être imparfaitement organisées autour de quatre types de points de vue. Certains croient que les dirigeants gouvernementaux sont incompétents et occasionnellement ignobles. D’autres accusent le magistrat de défier la loi divine. D’autres perçoivent encore l’église et le magistrat en tant qu’associés (inconfortables et tendus). Finalement, certains ont soutenu les injonctions du gouvernement sans objection. Dans cet article, je n’ai pas l’intention d’analyser notre moment politique actuel ou ces réponses. D’autres l’ont fait et continueront de le faire.

Ici, je veux adresser une question plus vaste et généralisée : le gouvernement est-il un allié ou un antagoniste pour les chrétiens – ou soit quelque chose entre les deux? Trouver une réponse appropriée à cette question portera ses fruits plus tard. Les chrétiens en Amérique du Nord se retrouveront souvent en désaccord avec la situation actuelle et la volonté du magistrat.

Commençons par Romains 13

Les instructions de Paul dans Romains 13 ont la capacité de nous rendre inquiets. Origène d’Alexandrie (c. 184-c. 253 apr. J.-C.) a écrit un jour, « Je suis perturbé par l’énoncé de Paul qui dit que l’autorité de cette ère et les juges de ce monde sont des ministres de Dieu. Par ailleurs, il le répète, pas qu’une deuxième fois, mais même une troisième fois. »1 Malgré cela, Paul a écrit ces mots aux croyants romains qui vivaient sous le pouvoir de l’Empereur Néron, dont le règne a non seulement utilisé la violence comme moyen de conquérir ses territoires, mais dont un de ses magistrats (Pilate) a également condamné le Christ à mort. De ces manières (mais pas de toutes les manières), Paul a écrit à propos d’un gouvernement injuste.

Un commentateur a expliqué « que les Romains faisaient partie des ‘chefs de ce siècle’ qui ont ‘crucifié le Seigneur de gloire’ (1 Cor 2.8), qui ont emprisonné des croyants (Rom 16.7; 2 Cor 11.23), et qui ont exilé certains d’entre eux de Rome (Actes 18.2) » 2.

Pourtant, Paul écrit :

Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. (Romains 13.1-2)

Dieu établit l’autorité; toute autorité a été instituée par Dieu. Par conséquent, comme « il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu », alors quiconque « s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi ». L’Empire Romain (et tout gouvernement) est composé de gens pécheurs et injustes. Cela ne devrait pas nous perturber étant donné ce que Paul dit ici.

En outre, Paul dit aux chrétiens de payer des taxes à Rome qui se servait de ce revenu non seulement pour financer leurs travaux publics, mais aussi leurs guerres (Rom 13.7). Michael Birds ajoute, « Les politiques de taxation de Néron étaient très impopulaires, et Paul est en train de dire que les chrétiens ne devraient pas prendre part à l’opinion négative et violente qui existe contre elles. »3 Malgré ces implications, Paul dit que « Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien » et qu’il est le « serviteur de Dieu » (Rom 13.4). Ensuite, Paul s’adresse aux autorités en tant que « ministres de Dieu » (Rom 13.6), un mot qui décrit un service au nom de Dieu. Les chrétiens devraient se soumettre, Paul l’affirme, pas pour échapper à la colère de Dieu, mais « par motif de conscience » (Rom 13.5).

Comment est-ce possible que les autorités romaines injustes puissent être décrites de cette façon? Et comment pourrions-nous dire qu’une autorité est « serviteur de Dieu pour ton bien »? Une réponse se trouve au milieu de cette tension : d’un côté, il y a Dieu qui institue toutes les autorités et de l’autre côté, il y a les dirigeants qui abusent de leur pouvoir pour la misère.

Les autorités et les dirigeants

Jean Chrysostome (mort en 407) distingue l’autorité que Dieu donne et celle que les dirigeants exercent dans Romains 134. Le réformateur Peter Vermigli (1499-1562) côtoie la perspective de Chrysostome en distinguant le rôle de la personne qui exerce le rôle (Rom 13.1-2 et v.3) 5. L’autorité est toujours accordée au dirigeant, qu’il soit prudent ou non. Nous devons des impôts, des revenus, du respect, et de l’honneur aux autorités – sans exception (Rom 13.6-7). Nous les devons aux autorités, car Dieu les a ordonnées6.

Les dirigeants qui exercent cette autorité ont droit à ce que l’autorité leur donne en retour. Chrysostome explique, « nous ne faisons pas une faveur aux dirigeants par notre obéissance : nous leur devons cette obéissance »7. Chaque loi générale, cependant, semble comprendre une exception. Et, dans le contexte de Romains 13, nous pouvons discerner quelques indices de ce que cela pourrait être. Cette exception implique des modèles bibliques plus larges, ainsi que l’utilisation du nom pluriel « autorités » (p. ex., Romains 13.1).

Nous respectons toutes les autorités gouvernantes : que ce soit le maire, le premier ministre de notre province, ou le premier ministre du Canada. L’important, par contre, est que nous puissions travailler avec chaque personne au pouvoir. L’Empereur avait des gouvernements et une variété de magistrats. Paul fait appel au César (Actes 25.11) après avoir fait appel aux autorités inférieures dans Actes. Pour des raisons similaires, Vermigli a conclu que « il est permis de recourir à un magistrat inférieur pour la protection et la miséricorde du supérieur par les moyens d’un recours. »

Lorsqu’une autorité fait le mal, il semble raisonnable de permettre à un autre dirigeant valide de rendre la justice : « Mais si tu fais le mal, crains; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal » (Rom 13.4). Une autorité (un juge par exemple) a le pouvoir et le devoir de porter accusation contre un conseiller municipal injuste.

Les chrétiens peuvent devenir des magistrats pour apporter un changement et/ou faire appel aux dirigeants locaux, ou même aux dirigeants supérieurs pour réaliser un changement. La balance du pouvoir ici, permise par le texte par l’utilisation du nom « autorités » au pluriel, pourvoit une façon de penser sur comment Dieu peut instituer des autorités qui sont bonnes, mais que les mauvais dirigeants peuvent abuser.

Dieu n’a pas obligé les Romains à faire la guerre à leurs voisins, ou à faire en sorte que Néron blâme les chrétiens pour le grand incendie de Rome. Il leur a donné l’autorité temporelle de faire le bien – ils sont ici « pour notre bien ». Ils ont abusé cette autorité. En tant que serviteurs de Dieu, leur Maître les tiendra pour responsables. Et d’autres serviteurs de Dieu portent l’épée de la justice contre le péché temporel. Cela est l’administration de la justice et du jugement de Dieu. En tant que citoyens de double nationalité, du ciel et de la terre, nous pouvons participer dans cette résistance – quelque chose dont nous discuterons ci-dessous.

Il est toujours bien que les autorités existent. Les dirigeants peuvent se servir de cette autorité pour le bien ou pour le mal. L’autorité vient de Dieu; leur péché vient d’eux-mêmes.

Alliés ou antagonistes?

Même dans le monde romain, Dieu règne à travers ses autorités. Aucun chrétien ne peut être un « anti-gouvernement » en terme général. C’est une contradiction, car « celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi » (Rom 13.2). Un chrétien pourrait être contre un parti politique ou une décision politique. Un chrétien pourrait être contre un chef et voter contre lui pour le démontrer. Ils ne peuvent pas être contre les autorités en tant que telles.

Comme Bird le souligne, « Le gouvernement est une forme de grâce commune instituée par Dieu, où Dieu se sert de dirigeants humains pour pourvoir la justice, l’ordre, et la civilité pour les peuples gouvernés. »8 Douglas Moo affirme aussi le gouvernement en tant que forme de grâce commune : « En tant que manifestation de Sa grâce commune, Dieu a établi dans ce monde certaines institutions, comme le mariage et le gouvernement, qui ont un rôle positif à jouer, même après l’inauguration d’une nouvelle ère. »9 Parce que Dieu le fait, l’autorité humaine, le gouvernement, constitue une bonne et gracieuse providence pour tous les peuples, incluant les chrétiens.

Les chrétiens et le gouvernement sont (idéalement) des collègues de travail vu que le gouvernement a pour but d’appliquer la justice « pour ton bien » (Rom 13.4). D’une façon très réaliste, un bon gouvernement utilise l’autorité donnée par Dieu pour pourvoir les conditions matérielles pour la mission de l’église, de s’épanouir pleinement : stabilité, paix, et ordre.

L’anarchie, et les meurtres persistants, puis le vol rendraient l’adoration de Dieu presque impossible. Dieu pourrait la rendre possible, bien sûr. Mais, c’est le but. Il l’a fait en instituant des gouvernements humains. Cela est la façon principale dont Il a créé les conditions matérielles pour l’adoration. Les gouvernements, qu’ils en soient conscients ou non, servent le bien commun de manières qui bénéficient l’église, même si leurs missions sont distinctes.

Ils sont donc des alliés naturels dans ce sens limité. Ils devraient aussi être honorés et perçus en tant que bien qui travaille en harmonie avec l’église du Christ. Jean Calvin parle du gouvernement civil comme ayant plus d’honneur que « le pain, l’eau, le soleil et l’air. »10 De plus, le gouvernement civil, Calvin écrit, « permet qu’une manifestation publique de la religion puisse exister parmi les chrétiens, et que l’humanité soit maintenue entre les hommes » (Inst. 4.20.3). De tels points de vue ont également existé parmi d’autres réformateurs contemporains comme Martin Luther, Philip Melanchthon, et plusieurs autres.

Il est bénéfique de prendre un moment pour comprendre comment les penseurs réformés, après les premiers réformateurs, ont développé une théologie politique réformée. Un endroit où regarder est le Synopsis de Leyde. Après le synode de Dordrecht (1618-1619), les Pays-Bas ont institué une réforme et une réaffirmation de l’orthodoxie réformée. Dans le cadre du processus, des professeurs de l’université de Leyde ont passé des années à débattre l’orthodoxie réformée pour créer un synopsis qui a défini une norme pour l’orthodoxie réformée. Elle fut publiée en 1625.

Et, dans le débat sur l’autorité civile, Johannes Polyander (1568-1646) distingue le point de vue réformé commun de ce temps de deux autres : anabaptistes et sociniens. En particulier, Polyander émet une objection à leur position qui explique que les chrétiens ne peuvent pas servir dans le gouvernement. Polyander avait probablement en tête les enseignements de Menno Simons (1496-1561) et l’Union fraternelle (1527).

Polyander rejette également la position de l’Église romaine, telle qu’exprimée dans le Concile de Trente et ailleurs, que « les clercs sont entièrement et inconditionnellement exempts du joug du magistrat politique » (§50.21).11 Dans sa 25e session, le Concile de Trente a maintenu « l’immunité de l’église et des personnes ecclésiastiques qui sont établies par l’autorité de Dieu et des ordonnances des canons » (25.20).12

Pourtant, Polyander niera une telle déclaration, car même les clercs sont affectés par Romains 13.1. Il n’y a pas de distinction absolue entre les deux, mais plutôt une harmonie :

La plus grande harmonie possible devrait être favorisée parmi les deux administrations, c.-à-d., l’administration politique et l’administration ecclésiastique, pour que chacune soit soutenue par l’assistance de l’autre, et afin que les fondations tou housiou, ou de la religion sacrée, et de la loi divine dans l’église puissent être soutenues de la même façon par l’autorité du magistrat, que les principes tou dikaiou, ou de justice, ou de droit commun dans la société civile, par le ministère des anciens de l’église. (§50.49)

Autrement dit, il y a une harmonie intentionnelle au sein des deux administrations de Dieu, en ce qui a trait à Sa loi unique sur l’ordre de la Création. L’expérience montre que cette harmonie devient souvent discordante. Polyander représente un consensus réformé qui affirme la loi unique de Dieu à travers ces deux administrations (le magistrat civil et les églises). Dieu règne. Le Christ est assis sur le trône.

Les chrétiens sont censés vivre en harmonie avec les autorités civiles. Cela n’est pas toujours le cas. Parfois la Providence est amère. Mais, cela apporte aussi le fruit béni de la sainteté pour les enfants de Dieu.

L’utilisation et l’abus de pouvoir

Les dirigeants abusent souvent de leur autorité en faisant le mal et en persécutant des personnes justes. Ils détruisent les conditions matérielles nécessaires pour le bien commun, et ensuite l’adoration chrétienne, ce qui est en fait l’objectif de leur utilisation de cette autorité. Chaque dirigeant terrestre fait cela, puisque tous les gouvernements terrestres sont composés de pécheurs.

Alors dans plusieurs cas, les gouverneurs deviennent nos antagonistes.

La résolution à ce dilemme est à la fois eschatologique et naturelle. Après tout, Dieu tiendra l’Empereur responsable – nous pouvons annoncer le retour de Jésus tout comme Justin Martyr (de Naplouse) l’a fait au 2e siècle. Nous pouvons également faire appel à d’autres magistrats – à d’autres qui détiennent l’autorité donnée par Dieu pour l’exercer pour le bien commun.

Quelquefois, les chrétiens vivent régulièrement sous une loi injuste. Dans ces cas, les chrétiens ne peuvent pas compromettre leur conscience en niant le Christ ou en performant un acte impie. « Mais, » Polyander explique, « si ces choses concernent seulement les questions du corps, ou les choses bénéfiques pour cette vie, et l’état externe et l’ordre correct de la république et la société humaine, alors nous devrions l’obéir dans ces choses pour le bien de la paix et du calme parmi les citoyens » (§50.28).

Nous ne devons pas, cependant, tomber dans des tendances anarchistes lorsque les dirigeants sont injustes. « De plus, » Polyander écrit, « ils se trompent aussi ceux qui pensent que le peuple de Dieu ne devrait pas tolérer un magistrat incroyant et méchant » (§50.18). La raison en est que les chrétiens peuvent affirmer que le magistrat a l’autorité de Dieu tout en ayant un « cœur mauvais ». Lorsque cela arrive, les croyants devraient « prendre repos en la providence de Dieu » et se souvenir de 1 Pierre 2.13 et Romains 13.5.

Au-delà de cela, Polyander constate que les magistrats inférieurs pourraient tenir les magistrats supérieurs responsables, et même se rebeller vu qu’eux aussi possèdent le pouvoir de l’autorité (§50.19). En d’autres termes, un bon prince devrait tenir un mauvais prince responsable, un membre du Parlement provincial devrait tenir un premier ministre provincial responsable, et ainsi de suite. La rébellion ou la résistance à l’autorité devrait avoir lieu dans la bonne administration du monde par Dieu. Par conséquent, quelqu’un qui a une autorité valide (un magistrat inférieur) peut provoquer une révolte contre un magistrat supérieur. Polyander, par exemple, pourrait prêcher librement la pensée réformée parce que les Provinces-Unies s’étaient rebellées contre leurs souverains espagnols.

Dans le contexte nord-américain, les gouvernements civils autorisent plusieurs formes de résistance : les manifestations, le vote, les lobbyistes, la loi, et probablement bien plus encore. Nous pouvons résister légalement à travers le litige, en faisant appel aux décisionnaires de la santé publique, et même en écrivant à nos représentants législatifs. C’est ce que la doctrine du magistrat inférieur devrait nous apprendre.

Conclusion

Finalement, nous vivons entre les venues du Christ. Chaque gouvernement amalgame la justice avec l’injustice. Ils sont tous injustes comme l’était le gouvernement à l’époque de Paul. Après tout, Pilate a envoyé Jésus à la croix. Mais la grâce commune et le civisme servent les objectifs providentiels de Dieu pour gouverner, à travers les pouvoirs temporels « pour ton bien ».

De façon générale, nous pouvons tous affirmer que même un mauvais gouvernement est meilleur qu’une anarchie. Cela ne signifie pas que nous espérons avoir un mauvais gouvernement. Mais, cela veut dire que nous pouvons voir la bonté même dans l’ordre fourni par un gouvernement relativement injuste.

Tout cela explique pourquoi « celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. » (Rom 13.2). Une telle résistance antiétatique, dans le sens que je l’ai abordé précédemment, entre directement en conflit avec le plan de Dieu pour le cosmos. Nous ne devons pas « mépriser l’autorité » (Jude 8) ou injurier un dirigeant du peuple (Actes 23.5).

Cela comprend même les autorités injustes : « Serviteurs, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont d’un caractère difficile » (1 Pierre 2.18).

Rien de cela n’implique d’être un paillasson. Nous proclamons le Christ et Son jugement. L’église déclare, avec une autorité eschatologique, le jugement à venir sur chaque dirigeant qui fait le mal. Nous faisons tout notre possible pour travailler avec les dirigeants à qui Dieu a donné de l’autorité, afin que ceux qui font de l’injustice soient tenus responsables. Soyez vigilants et forts; soyez courageux et faites le bien partout où vous êtes.

Mais, souvenez-vous de la distinction clé : Dieu ordonne toutes les autorités, même si les dirigeants individuels abusent cette autorité. N’injuriez pas cette autorité sinon vous injuriez ce que Dieu a ordonné. Utilisez plutôt ce que Dieu a ordonné pour tenir nos chefs responsables. Surtout, pour les chrétiens qui ne sont pas des magistrats, cela signifie une proclamation eschatologique – l’Évangile et le jugement de Dieu. Pour les chrétiens qui sont des magistrats, cela signifie une proclamation eschatologique ainsi que de la justice relative à la Création.

En somme, Dieu institut les gouvernements qui agissent comme des alliés limités de l’Église, par la création de conditions matérielles de paix et d’ordre qui permettent à l’Évangile de prospérer. Les dirigeants individuels, toutefois, abusent de cette autorité, et entrent souvent dans une relation antagoniste avec l’église. Paul n’était pas ignorant face à de tels sujets. Thomas Schreiner explique, « Paul était parfaitement conscient que les autorités gouvernantes avaient condamné Jésus à mort, et en tant qu’étudiant de l’Ancien Testament et de la tradition juive, il était bien instruit dans le mal que les gouvernements avaient infligé au peuple de Dieu. »13

L’ordre déchu du monde signifie qu’aucun gouvernement ne sera rempli d’hommes et de femmes parfaits. Le monde sera plutôt plein de pécheurs. La grâce commune, le civisme, ou, ce que Jean Calvin appelle « les vestiges de la vertu », permettent aux sociétés civiles de fonctionner : des routes sont construites, l’eau est puisée, la police protège, et ainsi de suite. Des erreurs seront commises. Nous serons frustrés. Malgré tout, Doug Moo souligne correctement que, « La soumission au gouvernement est un autre aspect de ce ‘bien’ que les chrétiens, en cherchant à ‘approuver’ la volonté de Dieu, vont illustrer (cf. 12:2). »14

Finalement, les dirigeants ont souvent traité les chrétiens de manière injuste. Ils les ont même persécutés. Lorsque cela nous arrive, nous devons nous engager dans la providence de Dieu, faire appel aux magistrats inférieurs, et nous tenir fermes dans l’Évangile et sa proclamation.

Ces tendances de résistance continueront à être des guides bibliques et théologiques utiles sur la façon dont les chrétiens devraient résister à un gouvernement de plus en plus antagoniste.


Cet article a été initialement publié sur Mere Orthodoxy. La traduction est publiée ici avec permission.


  1. Cité dans J. Patout Burns Jr., Constantine Newman, et Robert Louis Wilken (éditeurs), Romans: Interpreted by Early Christian Commentators, traduit par J. Patout Burns Jr. et Constantine Newman, The Church’s Bible (Grands Rapids: Eedermans, 2012), p. 315. 
  2. Michael F. Bird, Romans, dir. Scot McKnight. The Story of God Bible Commentary (Grand Rapids: Zondervan, 2016), p. 442. 
  3. Romans, p. 446. 
  4. Romans: Interpreted by Early Christian Commentators, p. 322. 
  5. The Peter Martyr Reader, édité par John Patrick Donnelly, Frank A. James III, Joseph C. McLelland (Kirksville: Truman State University Press, 1999), p. 226. 
  6. Douglas Moo n’est pas d’accord avec Chrysostome. Il pense que l’instruction de Paul de se soumettre aux autorités (Rom 13.1a), joint à sa dépendance de Daniel 4.17, veut dire que « autorité » est simplement un synonyme de « magistrat » dans ce contexte (Romans, p. 798 et n. 30). Toutefois, le mot « autorité » fait souvent appel à une puissance, céleste ou non. Et ici, cela semble se conformer facilement à cette norme d’utilisation. Paul assume que les magistrats ont de l’autorité, alors il parle de se soumettre aux autorités dans Romains 13.1a. 
  7. Romans: Interpreted by Early Christian Commentators, p. 322. 
  8. Romans, p. 444. 
  9. Romans, p. 791. 
  10. Jean Calvin, Les Instituts de la religion chrétienne, 4.20.3. 
  11. Andreas J. Beck, William den Boer, et Riemer A. Faber, Synopsis of a Purer Theology, traduit par Riemer A. Faber (Leyde: Brill, 2020). 
  12. Cité dans le Synopsis, p. 473, n. 21. 
  13. Romans, p. 687–88. 
  14. Romans, p. 792. 
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Wyatt Graham (PhD., Southern Baptist Theology Seminary) est le directeur général de TGC Canada. Vous pouvez le suivre sur Twitter à @wagraham.