Introduction à l’éthique christocentrique

Qu’est-ce que l’éthique ?

Qu’est-ce que l’éthique exactement? Le mot éthique vient tout d’abord du mot grec ethos qui signifie « façon de vivre ». Nous pouvons le décrire aujourd’hui comme étant « la science qui étudie la morale ». Le site web du gouvernement du Canada le décrit comme suit : « l’éthique est une branche de la philosophie qui s’intéresse aux comportements humains et, plus précisément, à la conduite des individus en société »1.

En somme, l’éthique traite de notre comportement, de nos actions, de nos réactions, mais également de ce qui se trouve dans notre cœur; c’est ce que Jésus nous a enseigné. L’éthique, ce n’est pas simplement la bonne façon de se conduire, mais c’est également la bonne pensée derrière la bonne pratique. L’éthique est une question de cœur avant d’être une question de geste.

Pourquoi étudier l’éthique?

Mais à quoi donc sert l’étude de l’éthique pour un chrétien2? C’est simple! Puisque vous avez été appelés au salut en Jésus-Christ, vous êtes également appelés à porter du fruit (Mt 7.17) et à manifester votre foi par des œuvres (Jq 2.17). Oui, tout chrétien est justifié par sa foi seule (Rm 3.21-30), mais la vraie foi salvatrice n’est jamais seule.

Je vous écris tout cela pour m’assurer que vous comprenez que l’éthique n’est jamais appliquée en vue du salut, mais en réponse au salut. La vie chrétienne débute avec une repentance sincère. Le mot que l’on traduit par repentance, du grec metanoia, signifie « changement de pensée, changement de vision ». La repentance est un tournant à 180 dégrée sur notre façon de percevoir les choses, il s’agit d’un changement radical de comportement qui débute avec un esprit renouvelé par le Saint-Esprit. Alors, comment débuter une étude sur l’éthique chrétienne?

L’éthique christocentrique : suivre et imiter Jésus

Nous sommes appelés à imiter Dieu (Éph 5.1), et ceci se manifeste dans l’amour, tout comme Christ nous a aimés (Éph 5.2). L’idée de suivre Dieu se trouve déjà dans l’Ancien Testament (Nb 14.24, Dt 13.4, 1Ro 18.21, etc.). Le théologien Herman Bavinck dit à ce sujet : « Dans L’Ancien Testament, imiter Dieu, c’est principalement de l’écouter et de marcher dans ces pas. Dans le Nouveau Testament, Jésus nous présente Dieu comme un exemple personnel en Matthieu 5.48 : ‘Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.’ »3.

Si les saints de l’Ancienne Alliance pouvaient imiter Dieu analogiquement4, nous pouvons aujourd’hui imiter Jésus littéralement.

Christ a commandé à de nombreuses reprises, à différentes personnes, de le suivre (Mt 9.9, Mt 19.21, Jn 1.37-42, 44) et le déclare de façon plus large à tous ceux qui souhaitent être ces disciples (Mt 10.38, Mt 16.24, Mc 8.34, Lc 9.23, Jn 8.12, Jn 12.26, etc.)5. Christ, étant le parfait exemple, nous pouvons conclure qu’imiter Christ, c’est également imiter Dieu (Jn 5.19).

Maintenant, par imiter Jésus littéralement, je ne dis pas qu’il faut prendre un vol pour Jérusalem, marcher le chemin de la croix jusqu’au mont Golgotha. Mais l’imitation n’est pas qu’un concept spirituel tel qu’observer ses commandements et lui obéir. Il y a une signification mystique6 telle que porter sa croix et l’abnégation de soi7. Notre devoir de chrétiens face à la façon dont nous devons vivre est donc non seulement d’imiter Christ dans sa personne, mais aussi dans ses œuvres.

L’éthique christocentrique : son fondement, son centre et son objectif

L’éthique christocentrique porte son nom, car, comme il l’indique, c’est une éthique centrée sur la personne et l’œuvre de Jésus-Christ. Jésus est le fondement de l’éthique, son centre et sa consommation. Voici ce que Mark D. Liederbach et Evan Lenow en disent :

Christ est le commencement et le fondement de l’éthique parce qu’il est le principal agent de la création qui, en accord avec le Père et le Saint-Esprit, a désigné et orienté toutes choses pour la gloire de Dieu (Gn 1.1; Col 1.16).

Christ est le moyen de l’éthique parce qu’après que les humains ont péché et ont été privés de la gloire de Dieu (Rom 3.23), il a rendu possible la vie abondante pour laquelle nous avons été créés par sa mort et sa résurrection, tout comme ses enseignements qui guident notre restauration (5.8).

Christ est le but et la consommation de l’éthique, car il est l’objet de notre amour, obéissance, émulation et louange tout comme il est Celui selon qui nous serons faits conformes à son image quand nous le rencontrerons enfin face à face (1Jn 3.2)8.

L’objectif ultime de l’éthique christocentrique est la gloire de Dieu en Jésus-Christ. Puisque Dieu a fait et continue de faire toutes choses pour Sa gloire (Rm 11.36), nous devons également aspirer à faire toutes choses pour Sa gloire (1Co 10.31). Nous sommes appelés à être saints comme Il est saint (1Pi 1.16, Lév 20.26), à être la lumière du monde (Mt 5.14) comme Christ est la lumière dans ce monde (Jn 1.9) et à être le sel de la terre (Mt 5.13), un sel savoureux et efficace.

L’éthique christocentrique et les 10 commandements

Il est d’usage que les dix commandements soient mentionnés lors de l’étude de l’éthique chrétienne. Je ne les exposerai pas en profondeur ici. J’aimerais plutôt vous convaincre qu’ils sont, eux aussi, christocentriques.

Les 10 commandements de Dieu représentent la loi objective pour les hommes, car il s’agit du standard auquel nous devons aspirer, Dieu les ayant déterminés comme objet de notre conscience, c’est-à-dire de la loi selon laquelle nous devons juger de ce qui est bien ou de ce qui est mal (Rom 2.13-15).

Notre conscience nous trouble lorsque nous désobéissons à cette loi. La raison est simple, notre conscience fonctionne selon trois principes : loi (objectif), témoin (subjectif) et juge (subjectif)9.

Lorsque nous ne sommes pas nées de nouveau, nous avons naturellement une certaine connaissance de la loi morale, mais celle-ci est polluée par notre péché. Autrement dit, nous préférons être autonomes quant à la loi et régir nous-mêmes des lois qui sont parfois, sinon trop souvent, contraires à la volonté de Dieu pour la moralité humaine (Rom 1.21). Les fonctions de témoin et de juge sont donc biaisées, car étant relatives à la loi que nous laissons tomber, nous jugeons selon nos propres standards moraux. Les pharisiens, de leur côté, en avaient une interprétation très superficielle. Il s’agissait chez eux du bien paraître et non d’une dévotion du cœur (Mt 5.20, Luc 11.39). Ils n’avaient, de leur côté, pas à proprement parler, abandonné la loi de Dieu, mais en avaient fait un instrument d’injustice.

Lorsque nous sommes nés de nouveau, nous ne sommes pas parfaits, bien sûr (1Jn 1.8). Mais nous avons toutefois une volonté renouvelée (Rom 12.2), si l’on considère que la volonté est soumise à notre nature, et que nous sommes désormais une nouvelle créature en Jésus-Christ (2Co 5.17). Puisque nous demeurons pécheurs, il nous est encore difficile d’avoir une interprétation adéquate de la loi. Heureusement, nous devons à Jésus-Christ des enseignements sans défauts de la loi, sur lesquelles nous pouvons fidèlement compter.

Christ est venu nous apporter l’interprétation exacte de la loi (Mt 5.21 et suivants). S’il n’est pas impossible que certains, sinon plusieurs, eussent auparavant compris le sens plus profond de la loi, il est maintenant clair que la loi n’était pas prévue comme une série de préceptes à observer superficiellement. De plus, s’il est vrai que la loi avait pu être interprétée comme une loi du cœur (Ps 37.31), il est peu probable qu’elle a été interprétée aussi profondément avant Jésus, jusqu’à dire qu’il faut aimer son ennemi et bénir celui qui nous maudit (Mt 5.44). Par exemple, l’apôtre Jean, inspiré par l’Esprit et partageant les enseignements du Christ, dit : « Quiconque déteste son frère est un meurtrier, et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. » (1Jn 3.15). Notre rapport face à la loi de Dieu est donc fortement, lui aussi, christocentrique.

En Conclusion

Nous avons vu plusieurs points dans cet article et nous aurions pu détailler chacun de ceux-ci suffisamment pour en faire un livre. L’objet de l’étude en reste néanmoins le même, Christ doit être le centre de notre façon de vivre et de penser. Dans le doute, il est toujours bon de consulter les Saintes Écritures inspirées et de nous laisser guider par elles, car la parole écrite rend témoignage de la Parole incarnée. Soyons donc reconnaissant d’avoir accès à cette source d’information et d’inspiration, et pour les nombreux enseignements de celui qui est notre Sauveur et notre Seigneur, Jésus-Christ. À la gloire de Dieu seul. Amen.


  1. Voir https://www.canada.ca/fr/secretariat-conseil-tresor/services/valeurs-ethique/code/quest-ce-que-ethique.html
  2. Nous n’étudierons pas la méta-éthique puisque le format de l’article ne nous le permet pas. 
  3. Herman Bavinck, Reformed Ethics vol. 1, Baker Publishing Group, Grand Rapids, 2019, p. 318. Traduction libre
  4. Dictionnaire Robert sur l’analogie : « Ressemblance établie par l’esprit (association d’idées) entre deux ou plusieurs objets de pensée essentiellement différents. » 
  5. Herman Bavinck, Reformed Ethics vol. 1, Baker Publishing Group, Grand Rapids, 2019, p. 320. 
  6. Dictionnaire Robert sur le mysticisme : « Qui concerne les pratiques, les croyances visant à une union entre l’homme et la divinité. » 
  7. Herman Bavinck, Reformed Ethics vol. 1, Baker Publishing Group, Grand Rapids, 2019, p. 323. 
  8. Mark D. Liederbach et Evan Lenow, Ethics As Worship, P&R Publishing Company, Phillipsburg, 2021, p.17. Traduction libre. 
  9. Fortement inspiré de Herman Bavinck, Reformed Ethics vol. 1, Baker Publishing Group, Grand Rapids, 2019; voir le chapitre sur la conscience. 
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Michaël est père de Timothé, de Talia et époux de Catherine Lavallée. Il est présentement étudiant en théologie.