Introduction
Dès l’ouverture de la Bible, lorsqu’on lit en Genèse 1.1 « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre… », le ton de la Bible est donné ; c’est sous la forme d’un récit narratif que la révélation divine sera majoritairement communiquée1. En effet, la grande majorité de la Bible se présente sous la forme d’un récit et les récits, comme nous le savons, enseignent plus souvent qu’autre chose de manière indirecte. Il est parfois difficile de faire la différence entre le prescriptif et le descriptif dans un récit, tout comme il est difficile de faire la différence entre le contingent et le permanent. Si nous voulons devenir de bons exégètes, nous nous devons d’être initiés aux subtilités de l’art narratif.
En narratologie on se demande ce que tel ou tel choix de mise en récit communique. De ce fait, donnez la même pièce de théâtre à divers metteurs en scène et chacun produira une œuvre différente et à part entière2. De la même manière, les récits bibliques peuvent faire référence à des événements anciens véritables et communs, mais ils sont toujours racontés par un auteur et à travers le prisme de sa théologie. Prenez par exemple le cas des quatre évangiles ou bien du livre des Rois et des Chroniques : ces livres font référence à des événements historiques communs, mais toujours racontés par des auteurs différents et adressés à des communautés différentes, avec des motifs et des intentions différents. La Bible ne relate jamais un événement pour le plaisir de l’histoire, mais pour enseigner et communiquer la révélation divine.
En questionnant chacun des choix de mise en récit, on arrive à comprendre ce que la manière de raconter de l’auteur entend enseigner. L’analyse narrative pose donc la question : « Que communique cette mise en récit (agencement particulier de l’histoire) au lecteur ? ». Et comment la narratologie arrive à répondre à cette question ? Eh bien, en faisant l’inventaire des éléments constitutifs de la narration d’un récit et en y exposant les différentes stratégies littéraires3. C’est un peu comme démonter un récit pièce par pièce et essayer de comprendre comment chaque pièce fonctionne. Cette méthode permet ainsi de mieux saisir l’effet initial que le texte avait pour but de produire chez son lectorat.
Fondements théoriques de la narratologie
1) L’axe de communication
Nous sommes déjà familiers avec le schéma de la communication proposé par Jacobson4. D’ailleurs, nous nous sommes inspirés de ce schéma afin d’articuler une méthode capable de rende compte de tous les aspects à prendre en compte lors de l’étude d’un texte. Ce schéma comprend un émetteur, qui transmet un message à un récepteur.
Émetteur —» Message —» Récepteur
Pour les besoins de notre méthode, nous avions pris soin d’adapter le schéma de Jacobson pour les productions littéraires. L’élément émetteur avait été remplacé par un auteur, ainsi que l’élément message par un texte et finalement l’élément récepteur par un lecteur. Ce qui nous donne maintenant un auteur, qui transmet un texte à un lecteur.
Auteur —» Texte —» Lecteur
Grâce à l’étude approfondie des récits, certains théoriciens ont réussi à complexifier le schéma de Jacobson afin qu’il puisse rendre compte de manière adéquate d’une narration. Certains auteurs, tels qu’Alan Culpepper, ont ensuite intégré ce modèle pour l’étude spécifique du texte biblique. Cette nouvelle mouture du schéma de Jacobson nous servira de canevas théorique pour l’exercice de la méthode narrative.
2) Distinguer Histoire et Récit
En analyse narrative, il est crucial de distinguer certains éléments qui peuvent se ressembler. C’est pourquoi posséder une bonne terminologie est important. Tout d’abord, lorsqu’on parle de « l’Histoire », on fait référence aux véritables événements auxquels renvoie le récit. Or, lorsqu’on parle de « Récit », on parle plutôt de la manière dont l’histoire est racontée. Si l’on veut être encore plus technique, on parle aussi de « Rhétorique » lorsqu’on traite des dispositifs littéraires par lesquels un narrateur met en scène l’histoire. Il est crucial en analyse narrative d’être en mesure de distinguer Histoire de Récit.
3) Distinguer l’auteur et le lecteur réels de l’auteur et du lecteur implicites
De même qu’il est capital de savoir faire la nuance entre l’histoire et le récit, il faut aussi apprendre à distinguer « l’auteur et le lecteur réels » de « l’auteur et du lecteur implicites ». L’auteur réel est l’auteur véritable et historique responsable de la composition du livre biblique. Le lecteur réel est la communauté pour laquelle le texte a été écrit et qui l’a reçu et lu en premier. Il en est tout autre pour l’auteur et le lecteur implicite. L’auteur implicite est l’image de l’auteur telle qu’elle se révèle dans l’œuvre par ses choix d’écriture5. Il s’agit d’une entité virtuelle. Par différents choix de mise en récit, un auteur oriente la lecture et l’interprétation de son œuvre. Cette présence régulatrice est appelée « auteur implicite ». Les approches historiques, telles que la critique rédactionnelle, désirent reconstituer le contexte historique du véritable auteur d’une œuvre afin de comprendre ses intentions. L’analyse narrative ne fait pas ça. L’analyse narrative scrute en profondeur l’œuvre seule et tente de comprendre comment, à travers divers choix de composition, l’auteur continue de parler et d’influencer l’interprétation de sa propre œuvre. En effet, l’auteur implicite est là pour induire l’interprétation du lecteur. Son travail littéraire encourage le lecteur à recevoir certaines interprétations et à en rejeter d’autres6.
Le « lecteur implicite », quant à lui, est le récepteur du récit construit par le texte et apte à en actualiser les significations dans la perspective induite par l’auteur7. Le lecteur implicite correspond au lectorat imaginé par l’auteur. En d’autres mots, l’auteur avait en tête un groupe de personnes lorsqu’il a composé son texte. Une lecture attentionnée du texte peut arriver à dessiner les contours de ce lecteur idéal. Vous pouvez imaginer une prédication comme exemple. Lorsque vous préparez votre sermon, bien souvent, il vous vient à l’esprit des gens et lorsque vous écrivez, c’est comme si vous écriviez pour eux. De la même façon, si on me donne un sermon enregistré et que je commence à l’analyser, je pourrais déduire l’origine ethnique (occidentaux, orientaux) de la communauté, la tranche d’âge à laquelle le sermon est adressé (grande assemblée, jeunesse, groupe d’hommes ou de femmes), je pourrais même deviner des besoins et des épreuves spécifiques à cette assemblée en étant attentif aux applications du message. Une bonne analyse narrative peut arriver à sortir un portrait assez défini du lectorat imaginé par l’auteur. Mais encore une fois, en analyse narrative, ces informations sont contenues dans le texte et non dans l’étude de l’histoire.
4) Distinguer l’auteur du narrateur
L’auteur réel est l’être historique derrière la composition du livre. L’auteur implicite est l’autorité virtuellement présente dans le texte qui oriente sa lecture de par ses choix de mise en scène. Le narrateur, cela dit, est la « voix » d’où émane le récit et qui le raconte8. Il faut toujours être attentif à la voix qui parle dans un récit et être en mesure d’identifier cette voix9. Il ne semble pas toujours pertinent de tenter d’identifier le narrateur à l’aide de données empiriques, car bien souvent le narrateur biblique apparaît sans visage ni nom et possède des privilèges exorbitants qui s’apparentent à ceux de Dieu lui-même10. Par exemple, il est témoin de la création, il connaît les pensées des hommes et parfois même celles de Dieu. Son jugement est bien souvent assimilé à celui même de Dieu.
Il est possible qu’un narrateur puisse être l’auteur historique, mais bien souvent il s’en dissocie tant ses caractéristiques sont absolues. En d’autres mots, le narrateur s’exprime avec la même autorité prophétique des prophètes qui déclare : « Ainsi parle l’Éternel »11. Parfois, le narrateur est un personnage du récit, voire même une construction fictive. Par exemple, l’auteur réel de « Sherlock Holmes » est Sir Conan Doyle, alors que le narrateur du livre est le personnage Dr. Watson. Le but de l’exercice est de se mettre dans les souliers d’une personnalité connue afin de lui permettre de s’exprimer tel qu’elle se serait exprimée dans tel ou tel contexte. Lorsque Paul fait des diatribes dans le Nouveau Testament, il n’est pas loin de ce procédé. Il parle parfois en se mettant dans les souliers de ses détracteurs. Il y a donc différents types de narrateurs possibles dans un récit et tout un lexique associé afin d’en rendre précisément compte12.
Tout d’abord, il y a ce que l’on appelle le « narrateur externe » (primaire), qui se trouve à être celui qui raconte l’histoire, mais hors de cette même histoire. En opposition à ce dernier, il y a le « narrateur interne » (second). On se retrouve en face d’un narrateur interne lorsqu’un personnage à l’intérieur du récit prend soudainement la parole pour raconter à son tour une histoire. Vous n’avez qu’à imaginer Jésus qui raconte la parabole du bon Samaritain. Jésus devient un narrateur second, car il raconte une histoire dans une histoire. Lorsqu’on parle d’un narrateur premier on parle de narrateur extradiégétique, c’est-à-dire, extérieur à la diégèse (récit). Lorsqu’on parle d’un narrateur interne, on parle de narrateur intradiégétique, c’est-à-dire interne à la diégèse. Ensuite, il y a une deuxième grande catégorie, celle du « narrateur présent » (homodiégétique, c’est-à-dire, mélangé à son récit) qui participe à sa propre histoire versus le « narrateur absent » (hétérodiégétique, c’est-à-dire, séparé de son récit) qui est absent de leur propre histoire. Pour reprendre notre exemple, Jésus est un narrateur interne, car il raconte une histoire dans une histoire, mais il est absent de l’histoire qu’il raconte.
Les éléments qui composent un récit
Il s’agit un peu des ingrédients, qui tous mis ensemble, forment la base de tout récit. On y retrouve :
- L’intrigue
- Les personnages
- Le cadre
- La temporalité
- Les voix narratives
Afin de comprendre les choix de narration de l’auteur implicite, il convient de faire l’inventaire le plus exhaustif possible de tous les éléments qui composent un récit. Pour chacun de ces éléments, nous exposerons sa particularité.
1) L’intrigue
i) Clôturer l’épisode
En analyse narrative, on utilise le terme « épisode » comme un équivalent du terme passage ou péricope. Un épisode constitue un récit indépendant d’une séquence. Les différents indicateurs qui annoncent le changement d’un épisode sont :1) le temps, 2) le lieu, 3) les personnages et 4) le thème. Il faut observer les changements à ce niveau. Généralement, on cherche à additionner deux ou trois éléments afin de justifier la transition vers un nouvel épisode13.
ii) Schématiser l’épisode (micro-récit)
Le « Macro-récit » ou « Macro-épisode » est synonyme de livre ou de grande section ; c’est grosso modo la plus grande unité littéraire dans laquelle se trouve inscrit l’épisode étudié.
Grâce aux indicateurs de clôture, on arrive ensuite à découper notre épisode en sous-sections. Une fois celui-ci bien établi, on peut commencer à le diviser en différentes « scènes ». Les scènes sont les divisions principales de notre épisode. On peut imaginer les différents actes d’une pièce de théâtre par exemple. Afin de déterminer les différentes scènes de notre micro-récit, on additionne le changement d’un ou deux indicateurs, tel qu’observé dans l’étape de découpage.
Il existe encore une plus petite unité que la scène. Le « tableau » est la sous-unité minimale du micro-récit. Un peu à la manière du plan fixe de caméra au cinéma, il s’agit d’une unité de lieu, de personnage et de thématique. Reprenons l’exemple de l’Évangile de Jean.
Par exemple, dans la rencontre entre Jésus et Nicodème (Jn 3), on peut aisément distinguer trois scènes principales. Il y a d’abord un sommaire (2,23-25), puis un dialogue ininterrompu (3,1-10), ainsi qu’un monologue (3,11-21). En plus d’exposer le déploiement de la narration dans le récit, il est important pour nous, durant cette étape, de bien subdiviser nos scènes en plus petites unités thématiques. C’est ce que nous appelons les « tableaux14 ».
iii) Schéma quinaire
Le schéma quinaire est un modèle permettant d’observer le déroulement logique de tout récit15. On y retrouve d’abord la « situation initiale » qui décrit, comme son nom l’indique, l’état des choses avant la problématique. Le « nouement », quant à lui, décrit l’arrivée du problème, ainsi que l’accumulation des péripéties et de différents éléments dramatiques menant tout droit au paroxysme de l’histoire. « L’action transformatrice » décrit l’action ultime qui vient sceller la conclusion du récit. On peut aussi identifier un « point culminant » qui constitue le sommet tensif du récit. Pour illustration, cette étape constitue, dans une série télévisée, un moment généralement où le récit se termine en suspense (« cliffhanger ») ; le héros pose une action et on doit attendre la semaine suivante pour savoir si le problème sera résolu ou non.
Si nous prenons l’exemple du récit de Daniel 3, le sommet de l’épisode constitue le moment où les amis de Daniel sont jetés dans la fournaise ardente. Le suspense est alors à son comble et nous force à vérifier comment va se résoudre la problématique. Le « dénouement » décrit la résolution des différentes problématiques introduites dans l’étape du « nouement ». À noter qu’il y a bien souvent un effet de miroir lors de cette étape. Et pour conclure le récit, « l’état final » décrit la situation des personnages suite à la résolution ou non de la problématique. Voici un exemple de ce à quoi pourrait ressembler un schéma quinaire sous la forme d’un tableau d’analyse.
Maintenant, voici un exemple de la manière dont le schéma quinaire se déploie dans différents récits bibliques. Il s’agit de l’épisode de la femme Samaritaine.
Ce schéma permet de bien pressentir le drame qui s’opère dans ce récit. Le cadre de la Samarie est d’abord installé, puis est mis en scène par une femme coupée de la société par une multitude de conventions théologiques, conjugales, spirituelles, etc. Jésus lui propose de ne plus venir puiser de cette manière. La question de l’eau vive mène directement la femme au problème conjugal, puis au problème spirituel, tout cela est résolu lorsqu’elle reçoit, par la foi, cette eau qui se manifeste dans la révélation messianique de Jésus, sur quoi elle laisse sa cruche, signe qu’elle est maintenant spirituellement abreuvée et va partager ce fait avec ceux dont cette cruche la séparait autrefois. Le village entier adhère à son témoignage et permet de conclure en plein jour une doxologie christologique plus forte que celle de Nicodème précédemment venu de nuit.
iv) Déterminer le type de contenu
Les différents types d’épisodes
Lorsqu’on parle de « type de contenu », on se demande en face de quelle sorte d’intrigue nous sommes. D’abord, on distingue l’intrigue « unifiante » qui constitue l’intrigue du macro-récit de l’intrigue « épisodique » qui rend compte du contenu du micro-récit16. Lorsqu’une même thématique macro que l’on identifie comme intrigue unifiante est reprise de différentes manières dans différents épisodes, on parle alors d’intrigue « cyclique ». Prenons le cas de l’évangile de Jean. L’intrigue unifiante de la première séquence (1.19-4.54) concerne le « croire problématisé ». Chaque micro-récit va mettre en scène le véritable croire contre le faux croire. L’intrigue épisodique de l’ensemble des récits contenus entre 1.19 et 4.54 est donc cyclique.
Les différents types d’intrigues
Fondamentalement, deux différents types d’intrigues peuvent se présenter à nous. Il y a, tout d’abord, l’intrigue de « révélation » ou de « résolution »17. Une intrigue de révélation s’opère lorsque l’action transformatrice consiste en un gain de connaissance. De la même manière, une intrigue de résolution arrive lorsque l’action transformatrice consiste en une performance. Bien souvent dans les évangiles, les deux sont entortillées dans une structure hélicoïdale indissociable. Il arrive souvent qu’un personnage vienne à Jésus avec un besoin à résoudre, mais Jésus utilise ce besoin pour le mener vers un plus grand besoin qui est d’ordre spirituel. En d’autres mots, Dieu utilise bien souvent notre besoin physique et superficiel pour pointer notre besoin spirituel profond et véritable. On n’a qu’à penser à la femme samaritaine qui vient puiser de l’eau pour boire, mais Jésus veut lui présenter l’eau de la vie éternelle. On peut aussi penser à Jésus qui nourrit de pain les foules pour leur enseigner que lui-même est le pain qui descend du ciel, et que bientôt, il donnera son corps pour leur donner la vie comme il donne le pain pour nourrir leur estomac.
Les différents types de séquences
Il existe aussi plusieurs façons pour un auteur de relier ensemble ses épisodes. Voici une liste de constructions types de séquences18 :
1) Les intrigues en chaîne : il s’agit de la répétition et/ou l’accumulation d’une des étapes du schéma quinaire. Le narrateur construit cet effet en vue de faire escalader la tension, ce qui peut aussi conduire à un coup de théâtre, comme dit Marguerat (ex. la prière d’Abraham pour Loth dans Gn. 18). Il s’agit exactement de la même méthode lorsqu’une série termine un épisode à l’étape du point culminant afin que le téléspectateur reste accroché à la série jusqu’au prochain épisode.
2) Le tuilage : arrive lorsque la dernière étape du schéma quinaire sert d’introduction pour la prochaine intrigue. C’est comme si les deux intrigues étaient soudées ensemble (ex. la séquence Jean 1.19-4.54). Il arrive que la finale d’un épisode semble à la fois une conclusion, une transition et une introduction pour la prochaine histoire. Lorsqu’il est difficile de trancher, c’est peut-être que l’auteur a voulu que ces récits défilent les uns après les autres sans interruption.
3) L’enchâssement : ce procédé porte parfois le nom d’intrigue en « sandwich ». Une intrigue connexe, plus petite, est insérée dans une plus grande intrigue. (ex. la fille de Jaïrus et la femme à la perte de sang dans Marc 5). Cette méthode nous force à étudier le lien entre les deux récits. Bien que parfois différents dans la forme, ils partagent bien souvent le même propos, l’un servant à illustrer ou appuyer l’autre.
4) Les intrigues entrelacées : une intrigue créée par plusieurs petites intrigues (ex. la révolte de Coré dans Nb. 16). C’est une sorte de mosaïque de petites histoires qui traitent toutes ensemble d’une seule et grande intrigue thématique.
2) Les personnages
Un récit se résume grosso modo à des personnes qui font des choses, dans un lieu et à un moment19. Donc, une fois l’intrigue analysée (ce qui se passe dans le récit), il convient d’étudier qui sont ces gens qui font ces choses. C’est pourquoi l’analyse des personnages est une étape cruciale dans l’analyse narrative. Quatre éléments concernant les personnages sont à observer : 1) de quels types de personnages on parle ; 2) que nous dit le mode descriptif et le mode démonstratif ; 3) quelle est la position du lecteur par rapport aux personnages; et 4) quel est le point de vue du lecteur par rapport aux personnages.
i) Types de personnages
Afin de bien définir nos personnages, il convient d’être attentif à leurs « traits »20. Un personnage se construit graduellement. Au fur et à mesure que le récit avance, l’auteur implicite distille de l’information concernant un personnage. La tâche de l’analyste est donc de récolter tous les qualificatifs du personnage et de les rassembler en catégories. De manière générale, les personnages bibliques ont peu de traits. En fait, plusieurs qualificatifs ne servent bien souvent qu’à présenter un ou deux grands traits21. Par exemple, s’il est dit dans un récit qu’un personnage n’aime pas avoir tort, qu’il passe son temps à se vanter et qu’il prend durement la critique, vous déduirez que son trait est l’orgueil. Dans la dramaturgie antique, les personnages d’un récit incarnent généralement soit une vertu, soit un vice. Les personnages bibliques sont parfois plus complexes, mais en rassemblant bien les différents adjectifs accordés à un personnage, on peut tranquillement voir se dessiner le ou les traits principaux de tel ou tel personnage. Puisqu’un personnage se construit de façon séquentielle, il convient de toujours prendre note des versets où un tel qualificatif fut ajouté au récit.
Une fois les qualificatifs d’un personnage rassemblés et ses traits principaux déterminés, on peut déduire le type de personnage auquel nous avons affaire22. Un personnage plus complexe comprenant plusieurs traits sera considéré comme étant « rond ». Alors qu’à l’opposé, un personnage ne présentant qu’un seul trait sera étiqueté de « plat ». Il existe des personnages qui demeurent invariables tout au long du récit, on leur attribue l’épithète de personnage « invariable ».
Une fois le type de personnage identifié, il devient facile de définir la classe à laquelle il appartient. Il existe trois classes de personnages : 1) Le « protagoniste » qui possède un rôle relativement important dans le déroulement de l’intrigue ; 2) le « figurant » qui est présent, mais qui assume un rôle passif du point de vue du déroulement du récit et puis 3) le personnage « ficelle » n’est ni très présent ni important, mais sa présence permet de faire avancer le récit, souvent par une seule action. Afin de mieux classer nos personnages, on peut utiliser un tableau d’analyse comme celui-ci.
ii) Mode descriptif et démonstratif
Pour présenter ses personnages, un narrateur a deux choix, soit les décrire, soit les laisser agir23. Le « mode descriptif » intervient lorsque le narrateur décrit ses personnages. Alors que dans le « mode démonstratif » c’est le narrateur qui décide de nous montrer simplement le faire de son personnage24. Lorsque le narrateur nous dit que Job est un homme juste dans l’introduction du livre du même nom, le lecteur ne doute pas de cette information. C’est pourquoi il sait que ses amis ont tort lorsqu’ils tentent de l’incriminer. Or, le narrateur aurait pu aussi ne pas mentionner la justice de Job et simplement présenter une situation où Job use de justice afin de montrer que son personnage est fidèle et juste. Dans certains cas, lorsqu’il y a un décalage entre ce qui est décrit et ce qui est montré par le narrateur, il y a une stratégie narrative. Prenons, par exemple, le cas de la parabole du bon Samaritain. Lorsque Jésus répond à la question : « qui est mon prochain ? », et qu’il poursuit en mettant en scène un lévite et un prêtre en chemin, tout bon juif aurait le réflexe de s’identifier aux hommes pieux. De même, lorsque le samaritain entre en jeu, le réflexe serait de le disqualifier du titre d’homme pieux. Or, Jésus ne va pas mentionner la piété du lévite, ni celle du prêtre, encore moins celle du samaritain. Toutefois, il va montrer clairement que les hommes religieux n’ont pas la justice qu’ils prétendent avoir et que celui qui ne semble pas l’avoir, le Samaritain, c’est lui au final qui la possède vraiment. L’analyste doit tâcher d’identifier qu’est-ce que le narrateur dit d’un personnage et qu’est-ce qu’il préfère montrer et tenter de chercher s’il y a des décalages.
iii) Position du lecteur
La « position du lecteur » tente de percevoir quel accès à l’information possède le personnage par rapport au lecteur25. L’étudiant doit se demander : 1) Est-ce que le personnage semble avoir une position « supérieure » en connaissance par rapport au lecteur ; 2) est-ce qu’il a une position « égale » ou bien 3) une position « inférieure » ? Dans le chapitre trois de l’évangile de Jean, par exemple, lorsque Nicodème dit à Jésus : « Nous savons que tu es un enseignant venu de la part de Dieu », le lecteur sait que Nicodème a confiance en Jésus, mais il sait aussi que Jésus se méfie de lui parce qu’il est dit aussi : « Que Jésus n’avait pas confiance en eux [groupe de croyants auquel appartient Nicodème] » (Jean 2.24). De même, il sait que Nicodème ne perçoit pas correctement la véritable valeur de Jésus, car le prologue (Jeann 1.1-18) annonce déjà au lecteur que Jésus n’est pas venu « de la part » de Dieu, mais qu’il est bel et bien « issu de Dieu lui-même ». Jésus n’est pas un prophète venu avec une parole de Dieu, Il est, mais la Parole de Dieu venue en chair. Le lecteur est largement au-dessus du personnage de Nicodème en termes de position de connaissance.
iv) Point de vue du lecteur
Le « point de vue du lecteur » observe le niveau d’affection et d’engagement du lecteur envers les personnages26. Il existe trois principaux niveaux d’attachement : 1) Le « niveau empathique » qui constitue le lien le plus fort entre le lecteur et le personnage ; 2) le « niveau sympathique » représente un lien affectif bon, neutre ou moyen, alors que 3) le « niveau antipathique » constitue le niveau le plus faible, voire négatif27. Le déplacement dans un récit d’un niveau à l’autre peut constituer une stratégie narrative de la part de l’auteur implicite. Encore une fois, reprenons notre exemple du bon samaritain, lorsque le personnage du samaritain entre en jeu, le réflexe du juif classique est de ne pas s’identifier à lui, car normalement, les juifs méprisent les samaritains, mais le revirement de situation dans le récit de Jésus crée une sympathie chez le lecteur pour ce personnage et développe à l’inverse une antipathie sévère envers les religieux hypocrites. Jésus utilise des personnages comme symboles affectifs forts et en inverse habilement les codes.
3) Les cadres
Une fois qu’on a étudié l’action d’un récit ainsi que les personnages qui le composent, on observe le décor, la scène, le contexte. Si une histoire est définie par des personnages, des actions, un lieu et un écoulement de temps, ici, on observe les lieux28. Posé sous la forme d’une question, on pourrait dire : Quels lieu, temps et contexte social servent-ils de « cadre » à notre récit ? Telle est la question que pose l’analyse du cadre narratif29. Trois types de cadres sont à observer : 1) Le cadre social ; 2) Le cadre spatial et 3) Le cadre temporel30.
i) Le cadre social
Il existe d’abord le cadre « social » qui rassemble les mœurs et les rituels spécifiques à l’époque décrite dans le récit. Un bon commentaire historique signale bien souvent les éléments du texte qui demandent une précision. L’étude de la sémantique lors de l’analyse textuelle permet aussi d’identifier les mots ou situations qui peuvent nous sembler obscurs à la première lecture. Une fois précisés à l’aide d’un dictionnaire théologique, ces mots font office du cadre dans lequel notre récit se déploie. Sans une bonne compréhension du contexte social du récit, plusieurs détails importants pour l’interprétation pourraient nous échapper. Prenons, encore une fois, le cas de la femme samaritaine en Jean 4. Si le lecteur n’est pas averti des coutumes de l’époque de Jésus et de la Palestine antique en général, il manquera forcément plusieurs éléments cruciaux pour une bonne compréhension du récit. Pour ne nommer que ceux-ci : 1) Les juifs et les samaritains n’ont pas de relation, et donc le fait que Jésus s’adresse à la femme samaritaine est contre-culture ; 2) Un rabbi homme s’adresserait encore moins à une femme ; 3) Les gens ne puisent pas d’eaux en plein midi au Moyen-Orient, alors le fait que cette femme sorte pour puiser à cette heure signale déjà quelque chose au lecteur ; cette femme semble douteuse. Un bon interprète comprend déjà que cette femme est probablement ostracisée. Jésus brise les barrières sociales de son époque afin de rétablir socialement celle qui est brisée. Il est important de saisir le contexte social d’un texte biblique, car de ce cadre peut dépendre toute l’interprétation qui est faite d’un texte. Par exemple, pourquoi en 1 Rois chapitre 1, Salomon accepte de faire grâce à la vie de son frère Adoniya qui a tenté plus tôt d’usurper le royaume, à condition que ce dernier se tienne à carreau, alors qu’au chapitre 2, Salomon décide subitement de l’exécuter lorsqu’il apprend qu’il a demandé la sunnamite au service du roi David en mariage ? Si le lecteur n’est pas au courant de certaines traditions de l’époque, il trouvera que Salomon manque de parole et de grâce envers son frère, alors qu’en réalité, c’est tout le contraire. Pour l’époque, prendre pour femme la concubine d’un ancien roi revient à se déclarer le nouveau roi. Par cette action, Adoniya révèle ses véritables intentions, il désire encore et toujours prendre possession du trône de David et devient donc un ennemi mortel pour Salomon.
Outils :
- L’étudiant profitera très certainement du merveilleux livre illustré J. Briend et M. Quesnel*, La vie quotidienne aux temps bibliques,* Bayard,
ainsi que du classique Craig S. Keener, John H. Walton, NIV Cultural Backgrounds Study Bible: Bringing to Life the Ancient World of Scripture, Zondervan.
ii) Le cadre spatial
Le deuxième cadre à analyser est celui du « spatial ». Mieux comprendre la géographie comporte plusieurs avantages comme, par exemple, débloquer le sens d’une tactique militaire dans un récit. Cela peut aussi nous permettre de mieux saisir les distances lors des différents itinéraires bibliques. Comprendre les noms des lieux permet aussi de saisir les différentes significations qui leur sont attachées31.
Le cadre spatial constitue une catégorie qui contient cinq éléments dont il faut rendre compte :
1) La cartographie : bien souvent, le nom des différents lieux bibliques est le dernier de nos soucis, pourtant, ils sont souvent une importante clé de compréhension de la théologie du récit biblique. C’est notamment grâce à la cartographie qu’on peut comprendre la stratégie de Jéroboam qui veut s’élever comme roi adversaire de la royauté légitime de Roboam (fils de Salomon), et comprendre aussi pourquoi cette stratégie est si odieuse pour Dieu à un tel point que Dieu finira par ravager complètement le royaume du nord (1R. 12.25-33). En effet, dans le livre des Rois, on voit un schisme apparaître entre le royaume de Juda avec le roi légitime Roboam et le royaume du sud, celui d’Israël avec le prétendant rebelle Jéroboam. Voici son plan pour conserver le plein pouvoir sur son peuple. Sachant très bien que le peuple doit descendre régulièrement dans le royaume de Juda pour adorer Dieu à Jérusalem, il décide de construire deux hauts lieux de culte, l’un dans la ville de Dan (extrémité nord de son royaume) et l’autre dans la ville de Béthel (extrémité sud de son royaume), afin de remplacer le temple, lieu unique d’adoration32. Sa stratégie est odieuse, car il utilise le détournement de l’adoration du Dieu unique comme un outil de propagande politique.
2) La topographie : nous permet de comprendre, par exemple, que Jérusalem est en hauteur et que certains psaumes sont appelés des Psaumes de montée, parce qu’on les récite en montant vers Jérusalem, se préparant et anticipant le sacrifice qui s’en vient. Maîtriser les différents environnements peut aussi être porteur de sens. Les oppositions topographiques peuvent s’avérer révélatrices, parfois, un récit opposera mer et terre, terre habitée et étendues désertiques, ville et campagne33.
3) Les mouvements : les déplacements dans le récit sont aussi révélateurs que la topographie ou les noms des lieux. Par exemple, dans l’évangile de Matthieu, il y a un déplacement de la Galilée vers Jérusalem qui structure même une partie du macro-récit. Jésus s’est choisi des apôtres non éduqués dans une région méprisée et il descend progressivement vers Jérusalem, la capitale du savoir rabbinique. Il y a un renversement ironique des autorités spirituelles en place. On retrouve aussi ce genre d’importance attribuée à la structure du livre des Actes. Le programme du livre est donné au premier chapitre, « vous recevrez l’Esprit et vous serez mes témoins, à Jérusalem, en Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités du monde » (1.8). L’ensemble du livre des Actes obéit scrupuleusement à cet impératif programmatique qui révèle non seulement la réussite de la proclamation de l’Évangile, mais aussi la providence de Dieu qui œuvre fidèlement dans l’Église, à travers son Esprit.
4) L’intérieur et l’extérieur : souvent le jeu d’intériorité et d’extériorité joue un grand rôle dans l’interprétation. Il faut observer ce qui se passe dans ces différents lieux et si une logique quelconque s’en dégage. Par exemple, dans le macro-récit de l’évangile de Marc, Jésus a tendance à parler de manière cryptée aux gens de l’extérieur (la foule), mais partage les secrets du Royaume seulement à ses disciples lorsqu’ils sont à l’intérieur d’une maison (ceux du dedans). L’extérieur représente la foule qui rejette le Seigneur et les gens de l’intérieur représentent l’Église. On retrouve aussi une théologie de l’intérieur et de l’extérieur dans l’Évangile de Jean. Pas étonnant puisque l’évangéliste semble faire probablement face au désistement de son église, et cherche donc à convaincre sa communauté que le salut n’est pas dans la synagogue avec Moïse, mais dans l’Église avec Jésus.
5) Finalement, l’observation de la verticalité et de l’horizontalité joue un rôle similaire à l’intérieur et à l’extérieur. Jetez un coup d’œil aux dimensions exagérées de la statue de Nabucadonosor en Daniel mise en opposition avec l’agenouillement de la grande foule.
Outils :
- L’étudiant profitera très certainement du merveilleux livre illustré Simon Jenkins, 20 Siècles d’itinéraires, d’Abraham à Paul : atlas cartographique des événements majeurs de la Bible, Excelsis.
Sinon il peut se tourner vers P. Lawrence, Atlas de l’histoire biblique, Excelsis.
iii) Le cadre temporel
Le cadre « temporel » constitue la troisième catégorie de cadre à observer. Trois éléments relèvent de la catégorie temporelle :
1) Le temps mortel sert à situer l’action dans un temps régulier et concret. Lorsque que la femme samaritaine vient puiser de l’eau à la sixième heure (midi), cette précision du temps nous indiquer que sa démarche est suspicieuse, car rappelons-le bien, personne au Moyen-Orient ne vient puiser lorsque le soleil est à son plus fort.
2) Le temps monumental, quant à lui, renvoie à un temps aux proportions mythiques. Lorsque l’évangile de Jean débute avec l’expression : « Au commencement » (Jn 1.1a), il fait référence aux temps immémoriaux. De même, l’expression prophétique « le jour du Seigneur » fait référence à la fin des temps.
3) Finalement, le temps symbolique fait référence à toute mention de temps qui n’est pas à prendre au premier degré. Comme nous le faisons lorsque nous disons : « un jour je m’inscrirais au Gym ». Lorsque Jésus annonce « son heure » dans l’évangile de Jean, l’heure n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais comme un symbole du moment de l’accomplissement ultime de sa mission, c’est-à-dire, la croix. Le temps symbolique peut aussi vouloir communiquer quelque chose de bien plus significatif qu’une description factuelle. Par exemple, lorsque Nicodème s’approche de Jésus en pleine nuit, il contraste avec la femme samaritaine qui s’avance en plein jour. L’un est dans les ténèbres et ne sait discerner en Jésus le Fils de Dieu, l’une, par contre, réussit à faire lumière sur ce mystérieux étranger et proclame dans toute la Samarie que Jésus est bel et bien le sauveur du monde, le messie.
4) La temporalité
La temporalité ou l’analyse des temps narratifs ne doit pas être confondue avec l’observation du cadre temporel. En effet, la temporalité narrative n’étudie pas les marqueurs temporels contenus dans le texte comme l’analyse du cadre le fait, mais bien les variations de narration. Durant cette étape, on questionne le déploiement du récit dans le temps. Trois catégories d’éléments à observer sont à prendre en compte lors de cette étape : 1) La vitesse de narration, 2) la fréquence de narration ainsi que 3) l’ordre de la narration34.
i) La vitesse de narration
On peut distinguer quatre types de vitesse de narration.
- Le sommaire, qui représente un résumé relativement rapide des événements.
- La scène, qui s’observe lorsque l’action y est décrite en temps réel ou presque. Par exemple, un dialogue en discours direct représente le temps zéro d’un récit.
- La pause, qui est identifiable lorsque le temps est complètement arrêté. Souvent, il s’agit d’une description qui maintient le déroulement de l’histoire en suspens.
L’ellipse, qui constitue littéralement un saut dans le temps35.
Voici un tableau qui représente la vitesse de narration dans le récit de la femme samaritaine en Jean 4.
Les ralentissements sont toujours significatifs et révèlent les endroits où l’on doit porter attention. Autrement dit, le dialogue entre Jésus et la femme, interprété par Jésus par la suite dans son monologue, puis la réponse des samaritains exprimée sous la forme d’une doxologie finale. Plus encore, Il semble évident que le cœur du récit est la rencontre entre Jésus et la femme au puits (v9-v27). Cette portion compte 18 versets et représente près de 43% du contenu total du récit. Cette scène n’est jamais interrompue directement par une pause descriptive ou explicative et se construit entièrement autour du dialogue de révélation messianique.
ii) L’ordre de narration
Comme son nom l’indique, « l’ordre de narration » étudie l’ordre des événements dans un récit. Il y a par exemple analepse lorsqu’on retrouve dans le texte une référence directe ou indirecte au passé. Un flashback peut être aussi considéré comme une analepse. À l’inverse, une prolepse est une projection dans le futur36. Par exemple, le macro-récit de l’Évangile de Jean est construit comme une bombe à retardement menant progressivement à l’événement de la croix. Plusieurs indices laissent graduellement la croix se profiler à l’horizon. Le lecteur est donc préparé à cet événement clé.
iii) La fréquence de narration
La « fréquence » de narration observe la fréquence des événements dans un récit. Trois éléments sont à distinguer dans l’analyse de la fréquence37. 1) Les événements singulatifs sont des actions uniques racontées une seule fois. En d’autres mots, un événement dans la vie serait arrivé en une seule fois et le récit le raconte comme tel. C’est la norme en général. 2) Il y a les événements répétitifs, une action arrivée dans les faits une seule fois, mais qui est racontée plusieurs fois par le narrateur. Cette stratégie sert notamment à souligner l’importance d’un événement. Finalement, il y a les événements itératifs. On retrouve un événement itératif lorsqu’une action s’est déroulée plusieurs fois dans les faits, mais qu’elle est racontée une seule fois par le narrateur. Cette stratégie entend produire l’effet contraire de l’événement répétitif.
Par exemple, le narrateur prend la peine de répéter à plusieurs reprises la venue des habitants à Jésus, leur conversion ainsi que leur déclaration de foi (v30, v39, v40, v42). Cette action, qui s’est probablement déroulée en un seul moment, y est tellement répétée en peu de versets qu’on ne peut cacher l’importance que le narrateur lui accorde. Le succès de la Samarie est triplement souligné, autant que l’échec de Nicodème est passé sous silence. Autant l’un est élevé et exposé que l’autre est abaissé et disparait. Le récit, qui se conclut par un succès de la femme samaritaine, contraste énormément avec le silence de la finale de l’entretien avec Nicodème qui le précède. Normalement, le lecteur mériterait que le narrateur raconte la situation finale de l’entretien avec Nicodème. Or, de la part de ce personnage, qui aurait dû savoir conduire son peuple à Jésus comme l’a fait la samaritaine, est rapidement esquivé par cette femme qui a justement su reconnaître le messie et réagir de la bonne manière.
5) La voix narrative
L’analyse des voix narratives constitue le cœur de l’analyse narrative. C’est ici qu’on peut attacher toutes les ficelles ensemble et interpréter les stratégies narratives de l’auteur implicite. L’observation de la voix narrative tente de répondre aux questions : « qui parle dans le texte ? » et « comment s’y prend-il ? ». Lors de cette étape, on se demande ce que l’auteur implicite veut nous communiquer et comment il se débrouille pour le faire. Parfois, il est plus direct, d’autres fois, c’est de manière plus indirecte qu’il arrivera à ses fins. On commence d’abord en identifiant les « commentaires explicites », puis viennent les commentaires les plus subtils que l’on nomme « commentaires implicites ». Une fois ces derniers bien identifiés, on peut commencer à « évaluer les valeurs du narrateur »38.
i) Les commentaires explicites
Il arrive parfois que le narrateur n’utilise pas de gant blanc pour faire passer une information et qu’il soit frontal. Plusieurs dispositifs explicites peuvent alors être utilisés.
1) L’apostrophe constitue la forme la plus directe d’intrusion du narrateur. On n’a qu’à penser au fameux : « Que le lecteur comprenne ! » de Mc 13 et Mt. 24.
2) Parfois, le narrateur peut faire le point sur une situation. Moins direct que l’apostrophe, le narrateur parle de son époque au lecteur. D’ailleurs, on retrouve souvent la formule : « à ce jour… » (ex. Dt. 34).
3) Un autre moyen de l’auteur est celui de traverser l’épaisseur du temps. Il arrive que le narrateur donne l’interprétation d’un évènement passé dont le sens pourrait être éloigné historiquement du lectorat (ex. le signe du corps-sanctuaire Jn 2).
4) On retrouve aussi parfois des gloses explicatives. Il y a d’abord les gloses qui servent d’arguments scripturaires. Notons, entre autres, l’évangile de Matthieu avec ses nombreuses prophéties (« afin que s’accomplisse… »). Il y a aussi les gloses de types explicatifs. On y retrouve une structure semblable à celle-ci : « En ce temps-là … car … » (ex. 2R. 20.12). La causalité des évènements est identifiée, car le narrateur juge que le lecteur pourrait ne pas la saisir.
5) Assez similaire à la glose explicative, il y a la traduction. On se souvient de l’exemple que l’on retrouve en Mt. 1.23 : « Emmanuel, qui se traduit, Dieu avec nous ».
6) Il y a aussi la présentation d’une vision de l’intérieur et d’une vision par-derrière les personnages. Il s’agit des endroits du texte où le narrateur donne accès aux intentions du personnage. Pouvoir lire le cœur des personnages n’est pas sans conséquence sur le sens que l’on va attribuer à leurs actions par la suite. Le narrateur veut forcément induire notre interprétation.
7) Finalement, il reste l’évaluation. Comme son nom l’indique, il s’agit des endroits où le narrateur fournit un commentaire évaluatif de la situation ou du moral des personnages (2Ch. 32.24-25).
ii) Les commentaires implicites
Les « commentaires implicites » sont des dispositifs littéraires à la solde de l’auteur implicite afin d’orienter subtilement l’interprétation du lecteur. À travers ces commentaires, l’auteur laisse entendre comment nous devrions juger ce qui se déroule dans le texte.
1) L’intertextualité39 fait référence à toute citation directe, indirecte voire même une allusion à un ou plusieurs textes dont les interprétations s’influencent réciproquement. Le Nouveau Testament est littéralement saturé par l’intertextualité vétérotestamentaire. L’intérêt de détecter une intertextualité est double. D’abord, le fait de repérer une citation ou allusion à un texte antérieur fournit bien souvent une clé d’interprétation du passage. Puis, parfois, la citation permet de jeter un nouveau regard sur le texte ancien40. Par exemple, en Jean 3, il y a une relecture de Nombres 21.8-9.
2) La mise en abyme est un micro-récit dont l’intrigue renvoie à celui du macro. C’est un peu comme un dessin dans un dessin. Reprenons l’exemple de l’introduction et de l’analyse structurelle du livre des Juges. La finale du récit de Gédéon et celle de Jephté annonce déjà les couleurs du livre. Gédéon bascule dans la luxure, l’idolâtrie et les tiraillements entre frères israélites commencent. De son côté, Jephté va encore plus loin, car il est le premier à prendre les armes contre les siens. Or, dans la finale du livre des Juges, les israélites sont devenus idolâtres et pervers et terminent dans une guerre civile frère contre frère.
3) Un paradoxe répond à une sorte de stratégie d’asymétrie de l’œuvre. Le lecteur cherche comment cette asymétrie sera résolue dans le récit. Par exemple, dans la Genèse, Dieu promet une postérité à Abraham, mais le signe de sa réponse doit être celui de sacrifier son fils unique (Gn. 18). Au final, ce paradoxe permet de mettre l’emphase sur la promesse d’une postérité. Pierre se fait couper la parole par l’Esprit pour ensuite mieux la retrouver (Ac. 10), d’où cette belle citation de Louis Marin « C’est en perdant la parole de vérité que Pierre retrouve la vérité de la Parole »41.
4) Très présente dans la Bible, il y a l’ironie. L’ironie consiste à dire le faux pour faire comprendre le vrai. Il existe deux types d’ironie dans les récits. Il y a d’abord l’ironie verbale, semblable au sarcasme. Puis, il y a l’ironie dramatique qui se définit comme un revirement de situation42. Par exemple, dans le livre d’Esther, la potence qui était destinée à Mardochée (le gentil de l’histoire), devient au final celle d’Aggag (le méchant de l’histoire). C’est la situation de l’arroseur arrosé. Une autre ironie savoureuse de la Bible est celle du récit de Jonas. Il est surprenant de constater comment l’activité non missionnelle de Jonas a finalement conduit au salut d’une ville ennemie de Judas43.
5) Presqu’autant répandu que l’ironie, il y a le malentendu. Un malentendu est à l’origine un quiproquo entre deux personnages qui permet ainsi d’évacuer les mauvaises interprétations et de conduire tranquillement le lecteur à la bonne interprétation. En Jn 3, lorsque Nicodème interprète la nouvelle naissance spirituelle, comme une deuxième naissance charnelle, la table est mise pour laisser Jésus parler de la véritable naissance d’en haut.
6) Le symbolisme est caractérisé par l’emploi d’un langage imagé. Le symbolisant (l’objet de référence ou de comparaison utilisé) agit comme une sorte de métaphore qui permet de mieux comprendre celui qui est symbolisé. Par exemple, Jean utilise de nombreux symboles tels l’eau vive, la lumière du monde, le pain du ciel, l’agneau de Dieu, de bon berger, le vrai cep et plusieurs autres afin de mieux faire comprendre à son lecteur comment il doit interpréter l’événement christologique.
7) Bien que cela puisse paraître étonnant, l’humour est un puissant outil littéraire afin d’orienter l’interprétation d’une œuvre. Le rire sollicité par le lecteur cache une visée théologique subversive de la part du narrateur. Encore une fois, le récit de Jonas en fournit un bon exemple. On a qu’à penser à l’exagération de la réponse de Ninive suite à la prophétie de Jonas où il est dit que même les animaux durent se repentir (3.7-8). Cette attention particulière et exagérée vient souligner avec humour la grâce de Dieu envers un peuple qui a su se détourner radicalement de son comportement, malgré le fait que Jonas n’a même pas daigné proclamer un possible pardon. Jésus aussi utilise l’humour dans ses enseignements. Lorsque ce dernier affirme que les pharisiens filtrent le moucheron (le plus petit des animaux impurs), mais avalent le chameau (le plus gros des animaux impurs), il se moque du système rigoureux des religieux qui au final les porte à produire plus de mal que de bien (Matt. 23.24).
8) La polysémie arrive lorsqu’un mot possède une pluralité de significations potentielles afin de produire un effet d’imprécision et d’ambivalence. Reprenons le cas de la femme samaritaine, il est intéressant de noter l’ambigüité à propos du sujet de l’adoration des ancêtres de la Samaritaine dont elle fait référence à Jésus (4.20) ; parle-t-elle des ancêtres selon le pentateuque, Jacob et Bethel ? Parle-t-elle des ancêtres de la cité de Salim, des tribus formant le royaume du Nord avec l’adoration idolâtre des hauts lieux, tels que présentés en 2 Roi ? Ou parle-t-on plutôt de l’adoration mixte des déportés de la Samarie par les Babyloniens, telle que présentée en Esdras ? Probablement une polysémie consciemment utilisée par le narrateur afin de souligner la constellation d’origines liturgiques pouvant malgré tout aboutir à Jésus comme solution à tout problème d’adoration.
9) On parle de l’opacité lorsqu’il y a rétention d’information au détriment du lecteur ou d’un personnage. L’introduction du livre de Job insiste pour que l’on sache que Job est un homme juste. Conséquemment, détenir cette information influence notre interprétation. Le lecteur sait quelque chose que les amis de Job ne savent pas. Même si la réflexion des amis de Job peut sembler sage, le lecteur sait qu’elle ne peut être vraie, car nous le savons totalement innocent. Dans ce cas, une information est distillée par le narrateur en vue du lecteur, mais cette information ne concerne pas les personnages de l’histoire. Les évangiles nous permettent parfois de savoir ce que Jésus pense d’une situation, plus encore, Jésus est capable de connaître les pensées et intentions de certains personnages. Le lecteur partage donc un lien très intime avec Jésus et cela lui permet d’évaluer la situation telle que l’auteur implicite le désire.
10) Le contraste oppose des situations afin d’en tirer des conclusions morales. On a qu’à penser à notre exemple qui opposait la naissance de Samuel à celle de tous les autres juges, en particulier Samson. Mais ce contraste n’est pas le seul que l’on retrouve dans le livre des juges. Il est intéressant de constater comment le père de Samson se préoccupera davantage des responsabilités qu’implique sa naissance, qu’à la célébrer. Par contraste, Samson passera sa vie à flirter avec les limites des règles qui définissent son rôle. Comme Matthieu Richelle l’indique dans son analyse, nous avons ici un contraste très éloquent entre « deux personnalités et deux tendances humaines classiques44 ».
Méthode
- Observer l’intrigue
- Catégoriser les personnages
- Identifier les cadres
- Observer la temporalité
- Relever les voix narratives ; et
- Tenter d’évaluer le point de vue du narrateur.
Exemple biblique : Le fils de l’officier royal (Jean 4.43-54)
L’intrigue
Clôturer l’épisode
- Intrigue en tuilage avec la séquence 1.19-4.54
- Les versets 43-46 constituent une conclusion, transition et introduction
Structure narrative
- Première scène : Jésus visite la Galilée (vss 43-46)
- Tableau 1 : Jésus passe de la Judée à la Galilée (vss 43-46a)
- Tableau 2 : L’officier royal et son fils malade (vss 46b-47)
- Deuxième scène : Jésus produit la foi par sa Parole (vss 48-53)
- Tableau 1 : Le dialogue (vss 48-50a)
- Tableau 2 : Foi et retour (vss 50b)
- Tableau 3 : Miracle constaté et foi-Salut (vss 51-53)
- Troisième scène : Jésus touche la Galilée (vs 54)
Le schéma quinaire
Type d’intrigue
Intrigue de résolution qui se transforme en intrigue de révélation :
- Du besoin initial de guérison, Jésus souligne un besoin plus grand, celui de la foi et qui ne touche pas seulement l’enfant mourant, mais tous et chacun. Au finale, c’est toute la maison qui est guérie, guérie de la mort en recevant la foi salutaire.
- C’est Jésus qui introduit une problématique autre que celle du père. Cette problématique trouve une résolution bien plus grande en finale. Jésus installe une plus grande tension au récit avant le dénouement. L’intrigue installe une problématique qui se résume ainsi, Jésus est concerné par quelque chose de plus important que le miracle qu’il lui est demandé. Ce qui est important pour le demandeur n’a pas la même importance pour Jésus.
Les personnages
Types de personnages
Jésus et l’officier sont des protagonistes relativement ronds, alors que les esclaves et le fils sont des personnages plats. Les esclaves peuvent être considérés comme des ficelles permettant de faire avancer l’intrigue dans son dénouement. Le vous de Jésus, qu’on peut comprendre comme un personnage groupe comme la foule, s’oppose à celui de l’officier et sa maison, offrant alors au lecteur deux choix de parcours pragmatique.
Showing et telling
Le récit introduit le protagoniste comme un haut fonctionnaire dont le fils est malade avant de le laisser parler par lui-même. Suite au dialogue il nous permet d’avoir accès à son cœur puisqu’il nous rapporte à deux reprises qu’il croit.
Le point de vue du lecteur
Le lecteur initial peut sembler suspicieux à l’égard de l’officier probablement païen, dans le pire des cas, la maladie du fils pourrait même être attribuée à un juste jugement de la part de Dieu. Et pourtant, il y a la tension présentée par le père qui insiste pour la survie de son fils, tant à faire passer le lecteur du point antipathique à celui d’empathique. Une fois que le narrateur donne accès au cœur du père et sur sa double foi en Jésus, le lecteur ne peut que l’associer au succès de la samaritaine et l’opposer à l’insuccès de Nicodème. À ce moment, l’officier devient sympathique. Il devient un symbole de foi.
Le position du lecteur
Le lecteur est en position légèrement supérieure en information à celle du personnage. 1) Le retour à Cana lui permet de se rappeler ce qui s’y est passé. 2) Le prologue en tête lui permet de concevoir Jésus comme la Parole de vie. 3) Et le contraste entre Nicodème et la samaritaine sert maintenant de canevas pour interpréter la scène. Le lecteur découvre néanmoins la finalité au même stade que le personnage, sauf qu’il est déjà aussi convaincu que l’officier que le fils est probablement guérit. Ce qui fait le génie du narrateur dans cette scène, c’est que nous expérimentons la foi élémentaire du miracle tout comme le personnage du récit afin de pouvoir cheminer, comme le souhaite le narrateur, vers une foi salutaire.
La temporalité
- Le récit présente d’abord un sommaire du passage de Jésus de la Judée à la Galilée
- Ensuite est présentée la situation de l’officier, toujours sous la forme d’un sommaire
- Puis vient un dialogue en discours direct entre l’officier et Jésus
- Puis le tout se termine aussi par un sommaire de l’officier et sa maison (on est passé du fils à la maison)
- Ensuite est présentée la situation de l’officier, toujours sous la forme d’un sommaire
Le tout se termine par un sommaire de l’activité de Jésus en Galilée
Les deux sommaires initiaux et finals permettent de produire le dispositif de tuilage. L’introduction permet de souder ce récit à la séquence alors que la finale vient clôturer l’ensemble de toute la séquence. Les deux sommaires concernant le père concernent uniquement le micro-récit. Le cœur du récit est en vitesse réelle, c’est-à-dire, le dialogue. Le cœur étant le propos de Jésus. Celui d’une foi qui sait dépasser le signe.
La voix narrative
- La mention de Cana : Jésus retourne là où il y a eu un miracle, mais surtout là où il y eut un commentaire explicite du narrateur concernant la foi et le signe, terme aussi répété dans cette histoire. C’est là que les disciples commencèrent à distinguer la gloire de Jésus. Or, en Nicodème, Jésus ne croit pas en ceux qui croient en lui seulement sur la base des signes. Un vrai disciple doit savoir interpréter, distinguer et voir plus loin. Ce récit vient donc clôturer cette thématique.
- Le retour sur le signe : Jésus pose donc le drame ultime de ce récit, à quoi sert le signe, produire un miracle ? Produire une foi dans les miracles ? Non, produire une foi qui discerne en Jésus la Parole de Dieu qui conduit à la vie éternelle. Le véritable besoin de l’officier n’est pas d’être non-juif, ni d’avoir un enfant malade, mais de ne pas être une enfant de Dieu né de l’esprit et de la vraie foi salutaire.
- La foi répétée : La première foi est fondée sur la parole de Jésus que l’enfant sera guéri. Alors que la deuxième foi n’est plus fondée sur la parole de Jésus, mais en Jésus comme la Parole. Jésus est la Parole incarnée de Dieu et celui qui croit cette Parole aura la vie, lui et toute sa maison.
- Le symbolisme de la septième heure : Le symbolisme ultime de la croix qui se profile à l’horizon.
- La mise en abyme : Cette conclusion est une mise en abyme de la conclusion même du récit : « heureux ceux qui auront cru sans voir ». La foi ne découle pas du voir, mais du croire. Plus encore, le croire ne suffit pas, avoir la foi ne suffit pas, c’est la foi en Jésus, Parole de Dieu incarné, mort sur la croix par mission d’amour, qui fait de nous un enfant de Dieu.
Conclusion
C’est ainsi que se conclut ce bref tour d’horizon concernant l’analyse narrative. Pour aller plus loin, l’étudiant peut se tourner vers l’excellent Pour lire les récits bibliques de Daniel Marguerat et Yvan Bourquin. Dans le prochain article, nous allons conclure les méthodes littéraires avec le dernier outil synchronique, c’est-à-dire l’analyse de la rhétorique gréco-romaine.
Cet article fait partie d’une série. Vous pouvez lire les articles précédents en suivant ces liens :
1. Pourquoi interpréter?
2.1 D’où vient l’herméneutique moderne (partie 1)
2.2 D’où vient l’herméneutique moderne (partie 2)
3. Les critères d’une herméneutique proprement évangélique
4. Existe-t-il une bonne méthode d’interprétation ?
5.1 Les méthodes historiques d’interprétation de la Bible (partie 1)
5.2 Les méthodes historiques d’interprétation de la Bible (partie 2)
6.1 Les méthodes littéraires d’interprétation de la Bible (partie 1)
6.2 Les méthodes littéraires d’interprétation de la Bible (partie 2)
6.3 Les méthodes littéraires d’interprétation de la Bible (partie 3)
- Christophe Nihan et Michael Bauk, Manuel d’exégèse de l’Ancien Testament, p. 47. ↩
- Collectif SBEV, « L’analyse narrative des récits de l’Ancien Testament », Cahier Évangile no. 107, Éditions du Cerf, 1999, p. 6. ↩
- Collectif SBEV, « L’analyse narrative des récits de l’Ancien Testament », p. 7. ↩
- Voir l’article « Les critères d’une herméneutique proprement évangélique » dans cette série. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 19. ↩
- Mark Allan Powell, What Is Narrative Criticism?, Fortress Press, 1991, p. 27. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 21-22. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 20. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 25. ↩
- Christophe Nihan et Michael Bauk, Manuel d’exégèse de l’Ancien Testament, p. 53. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 24. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 37. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 40-42. ↩
- Marguerat et Bourquin, Pour lire les récits bibliques, p. 44. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 56-58. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 71. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 72. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 67-71. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 35. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 75-77. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 54-55. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 78. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 52. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 89. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 91-92. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 56-57. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 86-87. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 35. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 70-75. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 99-108. ↩
- Matthieu Richelle, Guide de l’exégèse de l’Ancien Testament, p. 67. ↩
- Simon Jenkins, 20 Siècles d’itinéraires, d’Abraham à Paul : atlas cartographique des événements majeurs de la Bible, Excelsis, 1998, p. 59. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 103. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 109-127. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 38 ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 37. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 39. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 129-152. ↩
- L’intertextualité est un domaine de l’herméneutique qui prend de plus en plus de place dans le paysage de l’exégèse. Il semble que cet objet d’analyse soit très prometteur au plan de l’interprétation. C’est pourquoi nous vous recommandons particulièrement le manuel présent G.K. Beal, Manuel pour la lecture de l’Ancien Testament par le Nouveau Testament, Het-Pro, St-Légier, 2020 ainsi que l’ouvrage de référence G. K. Beale et D. A. Carson (dir.), Commentary on the New Testament Use of the Old Testament, Apollos ; Baker Academic, Grand Rapids, 2007. ↩
- Matthieu Richelle, Guide pour l’exégèse de l’Ancien Testament, p. 150. ↩
- Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits biblique, p. 139-140. ↩
- Mark Allan Powell, What is Narrative Criticism?, p. 30. ↩
- Daniel C. Timmer, Gracious and Compassionate God: Mission, Salvation and Spirituality in the Book of Jonah, IVP Academic, 2011, p75. ↩
- Matthieu Richelle, Guide de l’exégèse de l’Ancien Testament, p. 142. ↩
Simon Jean-Claude Archambault est pasteur des ados depuis 10 ans au Canada et depuis 5 ans à l’Église le Portail dans la ville de Laval ainsi que responsable des formations bibliques. Détenteur d’un baccalauréat en Théologie Biblique de l’ITF et d’une maîtrise en exégèse de l’UdeM, il est aussi membre du Concile SOLA et professeur d’herméneutique à l’Institut de Théologie pour la Francophonie (ITF).