Les pasteurs et les églises ne peuvent porter une attention minutieuse à chaque législation présentée au Parlement, ni s’engager avec chaque question de justice qui confronte notre nation. Après tout, nous voulons être attentifs à l’évangélisation et le discipulat. C’est là notre grande passion et notre vocation centrale. Toutefois, je crois que la Loi C-6 mérite notre attention et notre préoccupation spéciales. C’est probablement la première loi fédérale qui pourrait (si elle passe) criminaliser l’enseignement de certains aspects de vérité biblique et faire en sorte que des pasteurs, conseillers et parents chrétiens fidèles risquent des poursuites judiciaires.
La Loi C-6 peut bien avoir échappé à votre attention au milieu de la pandémie et la prorogation du parlement. Elle a été introduite avec l’intention déclarée de criminaliser la « thérapie de conversion », ce qu’elle fait certainement. Le souci des parlementaires de protéger des Canadiens vulnérables de toute sorte de pratique thérapeutique coercitive ou nuisible est correct et louable. Toutefois, comme plusieurs ont remarqué, la définition de « thérapie de conversion » dans la Loi est si large qu’elle capte toute une gamme de pratiques non cliniques.
Voici la définition qui est présentée dans la Loi: n’importe quelle « pratique, d’un traitement ou d’un service qui vise soit à rendre une personne hétérosexuelle ou cisgenre, soit à réprimer ou à réduire toute attirance ou tout comportement sexuel non hétérosexuels. » (parl.ca)
Parmi d’autres pénalités établies sous cette Loi, une personne qui fait qu’un enfant subisse une « thérapie de conversion » est passable de cinq ans de prison. Donc, si un prédicateur, un conseiller, ou un parent s’engage dans une « pratique » quelconque (ce qui pourrait signifier des conversations répétées à la maison ou à l’église, ou une série de sermons sur la sexualité biblique, pour prendre seulement deux exemples) qui encouragerait un mineur à se repentir d’un comportement sexuel non hétérosexuel quelconque, ou de reconnaître leur corps comme étant un bon don de Dieu, cette personne pourrait faire face à l’emprisonnement.
Je crois que c’était J. I. Packer qui a remarqué une fois que, puisque l’appel de l’Évangile est de « se repentir et croire » (Marc 1:15), si nous changeons la définition de ce dont nous devons nous repentir, nous sommes en effet en train de changer l’appel de l’évangile. Quand nous parlons de la définition du péché, nous parlons toujours d’une question de l’évangile, et non pas d’une chose périphérique ou négociable. La Loi C-6 pourrait nous obliger à changer notre évangile et à réduire notre ministère dans des manières que nous ne pourrions pas accepter en bonne conscience. Ainsi plusieurs personnes seraient laissées sans pouvoir entendre et recevoir la bonne nouvelle.
Ceci est une question de préoccupation légitime et devrait être un sujet de prière urgente pour l’église canadienne.
Pour en savoir plus, envisagez de participer au premier Sommet canadien sur la liberté de religion (en anglais : Canadian Religious Freedom Summit) en ligne le 30 janvier.
Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition. La traduction est publiée ici avec permission.
Jonathan Griffiths est pasteur principal de la Metropolitan Bible Church à Ottawa, après avoir fait partie du personnel du Proclamation Trust à Londres, en Angleterre. Il a étudié la théologie dans les universités d'Oxford et de Cambridge et est l'auteur d'un certain nombre de livres - par exemple, Preaching in the New Testament (IVP, 2017). Jonathan est profondément engagé dans la prédication explicative et aime former et encadrer les autres dans le ministère de la Parole. Lui et sa femme, Gemma, ont trois jeunes enfants. Suivez-le sur Twitter: @drjigriffiths.