Note de l’éditeur : Cet article sur la Confession de foi de Westminster, un document anglais du 17e siècle, vous est proposé parce qu’il y a déjà des églises francophones au Québec qui se basent sur cette confession (ex. L’Église Réformée du Québec). Vous pouvez lire la confession en français ici.
Après presque 400 ans de service, la Confession de foi de Westminster continue d’offrir un résumé dynamique des principaux enseignements de l’Écriture aux églises réformées et presbytériennes du monde entier. Mais comment ce document, tiré d’une époque remarquablement différente, est-il demeuré si pertinent pour l’église d’aujourd’hui?
En explorant cette question, nous considérerons neuf éléments essentiels de la Confession, selon lesquels l’Église réformée du 17e siècle peut être perçue comme étant en pleine continuité avec l’église du 21e siècle, et bien au-delà.
1. La Confession de Westminster a été conçue comme une boussole doctrinale pour garder la véracité des repères doctrinaux de l’église, même lorsque secouée par l’erreur et les divisions. La guerre civile avait plongé l’Église d’Angleterre dans un bouleversement politique, social et ecclésiastique, et comme premier pas vers la reconstruction de l’église, le Parlement a convoqué une assemblée nationale du clergé pour conseiller sur les guides les plus fidèles aux écritures en matière de doctrines, de culte et de gouvernement. De 1643 à 1648, l’Assemblée de Westminster a créé six documents distincts pour équiper l’église à nouveau, mais, parmi ceux-ci, la Confession de Foi était le plus important. À elle seule, cette dernière exprimait la pensée de l’église concernant les vérités des Écritures, et elle harmonisait les documents sur l’adoration et le gouvernement en un système unifié.
2. Depuis sa création, la Confession était subordonnée à la Parole de Dieu. En écrivant la Confession de Foi, l’assemblée est demeurée passionnément attachée au dictum de sola Scriptura de la Réforme, qui signifie que l’Écriture seule parle avec autorité finale dans tous les domaines de la foi et de la vie. En effet, la déclaration de la Confession « L’Écriture Sainte » est le premier et le plus long chapitre du document. On y déclare que l’Écriture est inspirée, infaillible, suffisante, compréhensible et le juge suprême de tous les débats. Tout au long du travail de l’assemblée, les membres étaient tenus par serment d’affirmer uniquement les propositions appuyées par les Écritures. Reflétant cet engagement envers la Parole, les 33 chapitres de la Confession sont inondés de plus de 4000 versets.
3. Pour présenter les vérités fondamentales des Écritures, la Confession a respecté un système de foi exhaustif et unifié qui remonte aussi loin qu’au symbole (credo) des apôtres. En effet, les principales confessions protestantes de la Réforme (Augsbourg, Belgique, Française, Deuxième Helvétique), avaient non seulement les vérités principales des Écritures en commun, mais ces doctrines étaient classées selon les mêmes grands systèmes de foi en Dieu et devoir à Dieu. Tout en suivant ses prédécesseurs, l’assemblée de Westminster a soigneusement préservé cette division doctrinale de la foi et du service — une distinction qui était représentée de manière expressive dans le petit catéchisme en tant que « Ce que nous devons croire concernant Dieu » et « Quelles obligations Dieu exige-t-il des hommes » .
4. Dans ses premiers chapitres, la Confession représente le cœur de l’orthodoxie réformée et du christianisme historique. Ici, les doctrines de la foi émergent en trois parties : l’œuvre créatrice de Dieu et la chute de l’homme (chapitres 1-6), l’œuvre du Christ en tant que rédempteur (chapitres 7-8), et l’œuvre du Saint-Esprit dans l’application de la rédemption (chapitres 9-19).
5. Le reste de la Confession (chapitres 20-33) décrit la responsabilité du croyant à servir Dieu, un service qui englobe notre prochain, l’état et l’Église. Cependant, l’Église est le milieu principal où nous servons Dieu. Tout au long des chapitres 25 à 31, la Confession développe les doctrines de l’église, la communion des saints, les sacrements, et la vaste portée de la discipline de l’Église. Et le point culminant de la vie de service à Dieu d’un saint est l’entrée dans l’Église glorieuse, décrite par la résurrection des morts et le jugement dernier (Chapitres 32-33).
6. « La liberté chrétienne et la liberté de conscience » affirme que la conscience individuelle du croyant est libre de servir Christ exclusivement. Mais cette liberté de conscience est en outre soumise aux autorités civiles et ecclésiastiques légitimes instituées par Christ. L’équilibre entre les diverses autorités ordonnées par Dieu ayant préséance sur la conscience personnelle a été l’un des plus grands défis de l’assemblée en élaborant la Confession, en particulier face à l’autonomie grandissante des paroissiens et aux autorités civiles et ecclésiastiques concurrentes.
7. La Confession offre un forum exceptionnel pour exprimer un consensus sur les doctrines de l’Écriture et construire l’unité de l’Église dans son ensemble. Lorsque l’Assemblée de Westminster a travaillé à la reconstruction de l’Église au 17e siècle, l’Angleterre — tout comme l’Écosse et plusieurs autres régions du continent — ne reconnaissait qu’une seule Église, ce qui faisait de l’unité un impératif sociétal et tout autant ecclésiastique. De nos jours, bien que de multiples dénominations ont remplacé le modèle d’Église unique de la Réforme, la Confession conserve sa place en favorisant l’unité au sein et entre les églises réformées et presbytériennes du monde entier.
8. Dans chacun des neuf éléments essentiels de la Confession se retrouve la centralité de l’Église du Christ. Guidée uniquement par l’Écriture, la Confession offre une ancre doctrinale qui exprime l’étendue de la foi dans le cadre de l’Église historique. Les saints sont soigneusement guidés pour rendre leur service le plus complet à Dieu, particulièrement au sein de l’Église visible, où ils sont fortifiés dans l’unité de la foi. En fait, même si la Confession peut être vue comme enveloppant tous les grands solas de la Réforme, elle a excellé dans l’avancement du « sola oublié », le sola ecclesia, l’Église seule.
9. La Confession n’était pas destinée à servir comme archive de doctrine, mais à être communiquée à chaque membre de l’Église. Le grand et le petit catéchisme ont été composés à cette fin. Ainsi, l’assemblée a gardé un « œil sur la Confession » en rédigeant ces catéchismes. Mais cette attention allait bien au-delà que de simplement recopier le contenu; les catéchismes véhiculaient la raison d’être de la Confession avec efficacité, car à mesure que les principes de la foi, de la vie et de l’église étaient enseignés et mémorisés, ils construisaient l’unité de la foi à partir de la base.
Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition. La traduction est publiée ici avec permission.
John R. Bower (MD, ThM) est ancien dans la Reformed Presbyterian Church of North America (RPCNA) et professeur adjoint d'histoire de l'Église au Reformed Presbyterian Theological Seminary à Pittsburgh. Il est également chargé de recherche au Craig Center for Westminster Studies et éditeur, avec Chad Van Dixhoorn, de la série d'ouvrages et de documents relatifs à l'Assemblée du Westminster Assembly Project. Il s'intéresse particulièrement à l'histoire et à la bibliographie de l'Assemblée de Westminster et de ses membres. Il est l'auteur de The Confession of Faith : A Critical Text and Introduction (Reformation Heritage Books, 2020).