La promesse du renouveau : Ésaïe et la typologie

Christ dit dans Apocalypse 21.5 : « Voici, je fais toutes choses nouvelles. » À travers l’Écriture, Dieu œuvre pour le renouvellement de toutes choses. La création originelle est bonne, mais elle chute ensuite dans la corruption, et le reste du récit vétérotestamentaire présente le processus rédempteur qui s’inscrit dans l’histoire et qui vise la restauration de la création déchue. Depuis la chute de l’humanité dans les malheurs du péché, Dieu rétablit les liens, donne des instructions et se rapproche de son peuple. Tout cela en vue d’une culmination dans la personne de Jésus-Christ et d’un accomplissement encore plus complet lors de son retour.

De nos jours, nous nous précipitons souvent pour associer les paroles annonciatrices des prophètes à Jésus-Christ sans prêter attention à la progression du grand récit. Mais, imaginons un instant que nous vivons de l’autre côté de la croix, dans l’attente : pour le peuple de Dieu vivant au temps des prophètes, les discours de ceux-ci leur semblaient souvent insensés. Pourtant c’est à travers les écrits de ces prophètes qu’on voit la main de Dieu.

Les passages de l’Ancien Testament où les prophètes parlent du renouveau qui est à venir sont nombreux. Tournons notre attention vers un péricope dans Ésaïe. C’est en étudiant ces textes et en leur portant un nouveau regard que nous arrivons à voir la beauté de l’Évangile.

Le style littéraire des prophètes

L’approche dans la littérature ancienne hébraïque consiste parfois à soulever un sujet pour le traiter d’un point de vue en particulier et ensuite de reprendre le même thème d’une autre perspective. C’est pour cette raison que nous pouvons repérer un style littéraire dit cyclique dans les livres prophétiques. Il peut sembler que l’auteur saute d’un thème à un autre mais il ne fait que contempler la question sous des angles différents. C’est une manière de  mettre en valeur un sujet important.

L’interprétation typologique

La typologie est à la base une méthode d’interprétation pour la compréhension unifiée du récit de la Bible. La typologie suit les annonces, les promesses et les motifs qui reviennent dans l’Écriture jusqu’à leur accomplissement partiel ou complet. Cette pratique se fait normalement de l’Ancien Testament vers le Nouveau en établissant des liens importants qui permettent de repérer les fils conducteurs significatifs dans la Bible et de mettre l’emphase sur la souveraineté de Dieu. Un exemple simple est celui de l’agneau pascal d’Exode 12 qui trouve son accomplissement dans 1 Cor 5.17 lorsque Paul dit que « Christ, notre Pâque, a été immolé ».

Par contre, selon la perspective allégorique, l’humain fait face à la réalité en se libérant de la notion du temps et de l’histoire et en s’accrochant à ce qui est intemporel et éternel. L’histoire en question ne faisant pas partie du domaine de la réalité, il ne peut y avoir un souvenir du passé qui façonne le présent ou qui donne espoir pour le futur. La typologie regarde vers le futur et alimente notre espoir tandis qu’elle demeure fermement ancrée dans les promesses divines. De manière générale, les Réformateurs rejetaient l’allégorie comme outil herméneutique préférant plutôt la typologie avec une emphase sur les motifs historiques des œuvres salvatrices de Dieu.

La Bible est témoin du fait que la signification ultime de la vie humaine est rattachée aux événements dans lesquels Dieu s’est révélé et à partir desquels une communauté s’est formée afin de réaliser son but dans l’histoire, et la typologie y est très présente.

Ésaie 54-55

Dans Ésaïe 54.1-55.13, le thème principal est celui de la progression de la rédemption de la création déchue (sous-thèmes du péché et du jugement) vers la restauration dans la nouvelle création, y compris une Jérusalem future et transformée.  

Le contexte du passage montre Ésaïe qui souligne l’échec du peuple en ce qui concerne la justice sociale et annonce que l’alliance a été rompue et que la faute est irréparable. « La terre a été profanée par ceux qui y habitent car ils ont transgressé les lois, altéré les commandements et violé l’alliance éternelle » (És 24.5). Tout est dans l’ordre pour le culte mais le peuple ne satisfait pas les attentes de Dieu : « Ce peuple se tourne vers moi, mais ce n’est qu’en paroles, et il me rend hommage, mais c’est du bout des lèvres : car au fond de son cœur, il est bien loin de moi, et la vénération qu’il me témoigne n’est faite que de règles que des hommes lui ont enseignées » (És 29.13). Il ne reste maintenant qu’à accomplir la malédiction de Deutéronome 28 : l’exil.

Ésaïe interprète ce qui se passe à son époque à la lumière de la mémoire historique qui met l’emphase sur les événements-types du passé sacré d’Israël. Comme toujours, la parole de Dieu accomplit le but qu’il a fixé : « C’est moi qui dis, et mon dessein s’accomplira, oui, j’exécuterai tout ce que je désire. » (És 46.10b)

Les motifs ou la typologie de cette histoire sacrée, interprétée par Ésaïe sont :

  • La promesse faite aux patriarches : La naissance du peuple remonte à Abraham, béni et appelé par l’Éternel : « Mais toi, Israël, mon serviteur, Jacob, que j’ai choisi, Race d’Abraham, mon ami ! » (És 41.8 ; 51.1-2)
  • La délivrance d’Égypte : Yahvé libère son peuple avec puissance : « Revêts-toi de force, bras de l’Éternel ! Réveille-toi, comme aux jours d’autrefois, au temps des générations passées ! N’est-ce pas toi qui abattis l’Égypte, […] » (És 51.9 ; et aussi 40.10 ; 52.10)
  • Le voyage dans le désert : Yahvé a préparé un chemin dans le désert en guidant son peuple vers leur destination : « Je ferai marcher les aveugles sur un chemin qu’ils ne connaissaient pas, je les conduirai par des sentiers qu’ils ignoraient. » (És 40.3-5 ; 42.16)
  • L’arrivée à la terre promise : Yahvé guide son peuple vers Sion où la terre est partagée entre les tribus : « Je te protège et je t’établis pour (faire) alliance avec le peuple, pour relever le pays et pour distribuer les héritages désolés. » (És 49.8)

Le fil des récits de l’Ancien Testament tisse un portrait de la nouvelle création. Toute l’intrigue de la Bible est structurée autour du mouvement de « la création vers la nouvelle création au moyen d’interventions rédemptrices divines ». Tous les événements depuis la chute doivent être vus comme des éléments d’un processus qui mène vers l’objectif historico-rédempteur de Dieu qui est la nouvelle création. Cette nouvelle création est l’angle principal d’une théologie biblique qui repose souvent sur la typologie pour son interprétation comme nous l’avons vu dans Ésaïe.  

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Alaina diStaulo (B.Th., M.Th., Faculté de théologie évangélique de Montréal) a à coeur la diffusion de l'évangile au Québec. Elle s'intéresse particulièrement à la théologie biblique et à l'étude de l'Ancien Testament. Elle habite la région d'Ottawa avec son mari qui oeuvre dans l'église locale en tant qu'implanteur d'église en formation.

Published By: Alaina diStaulo

Alaina diStaulo (B.Th., M.Th., Faculté de théologie évangélique de Montréal) a à coeur la diffusion de l'évangile au Québec. Elle s'intéresse particulièrement à la théologie biblique et à l'étude de l'Ancien Testament. Elle habite la région d'Ottawa avec son mari qui oeuvre dans l'église locale en tant qu'implanteur d'église en formation.