Lorsque j’ai vu la notification Facebook, j’ai immédiatement eu un sentiment d’effroi. Un frère en Christ et partenaire dans le ministère en qui j’ai confiance remettait en question un texte politique que je venais de publier, suggérant dans son commentaire que celui-ci pouvait semer la discorde. J’avais peur d’avoir endommagé une amitié qui m’était précieuse. Que pouvais-je faire pour restaurer la paix?
Après une année comme nous avons eu en 2020, nos relations montrent des signes d’usure. Nous nous sommes fracturés sur toutes sortes de questions, et les restrictions de la santé publique ont limité notre capacité à nous rassembler, nous faire des câlins et adorer côte à côte. C’est la tempête parfaite pour avoir des malentendus, et pour éroder notre désir de persévérer dans le travail requis pour conserver l’unité chrétienne; un travail difficile et qui nécessite beaucoup de patience.
En ce début d’année 2021, je veux vous offrir trois lueurs d’espoir pour nos relations tendues.
1. Avoir des attentes raisonnables
Les relations tendues sont courantes même en temps normal, et même parmi des chrétiens qui cherchent à vivre une vie remplie de l’Esprit. Le Notre Père reconnaît cette réalité et ajuste également nos attentes face aux relations. Jésus a enseigné que nous devions rechercher et accorder le pardon aux autres aussi fréquemment que nous avons besoin de le demander à Dieu.
Nous sommes faits pour les relations (avec Dieu, et les uns avec les autres), mais le péché a corrompu cette capacité de relation. Être pêcheur signifie de vivre avec la possibilité que nos relations souffrent régulièrement à cause de notre jalousie (ou celle des autres), notre colère (ou celle des autres), notre orgueil (ou celle des autres), notre paresse (ou celle des autres). Ce n’est pas simplement que nos relations se brisent : c’est que nous les brisons nous-mêmes de façon régulière. Ce n’est probablement pas le monde que nous désirons, mais c’est le monde dans lequel nous vivons.
2. Se rappeler nos responsabilités
Admettre la réalité des relations tendues ne veut pas dire que nous nous résignons à celle-ci. Comme Jésus l’a dit à ses disciples quelques heures avant sa trahison et son arrestation, il était en train de construire une nouvelle communauté dont le témoignage prophétique au monde serait l’amour mutuel (Jean 13:35). Le péché peut causer des dommages réels et réguliers à nos relations, mais notre amour pour Christ et les uns pour les autres signifie que nous cherchons continuellement à les réparer.
Malheureusement, lorsqu’une relation souffre de tensions, une personne à elle seule ne peut pas porter le fardeau de la restauration. Notre seule responsabilité est de rechercher la paix, et cela à long terme (Rom 12:18). La grande ironie des écritures, lorsqu’elle nous appelle à la paix, est la suivante : le premier pas nous appartient toujours. Si nous croyons que notre frère ou notre sœur a péché contre nous, il est de notre responsabilité d’aller vers cette personne, directement et en privé, et de la reprendre (Matt 18:15). D’un autre côté, si nous pensons que notre frère ou notre sœur pourrait avoir été blessé par quelque chose que nous avons dit ou fait, nous devons rapidement prendre l’initiative de rétablir la paix (Matt 5:23–24). En d’autres termes, il n’y a jamais de bonne raison pour nourrir nos blessures et éviter les conversations difficiles.
Nous devons essayer de faire la paix. Nous devons le faire aujourd’hui.
3. Rechercher la croissance spirituelle
Bien qu’il soit possible d’être mature sur le plan relationnel et spirituellement immature, il n’est jamais possible d’être spirituellement mature et relationnellement immature. En d’autres termes, à mesure que nous grandissons dans la grâce et la connaissance de Jésus, le créateur ultime de la paix, nos relations peuvent subir des tensions périodiques, mais elles ont aussi le potentiel de s’épanouir alors que nous recherchons la voie et la sagesse du Seigneur.
Lire notre Bible, prier, s’engager dans la communauté chrétienne, servir, jeûner – ces pratiques nous aident à former deux habitudes du cœur qui contribuent aux relations harmonieuses. Premièrement, l’habitude d’un cœur qui dit la vérité : imaginez la différence que cela ferait dans nos relations si nous abandonnions les paroles peu sincères, la flatterie, les exagérations grossières et la tromperie. La vérité ne serait jamais une arme contondante pour blesser, mais plutôt un instrument chirurgical pour guérir. Les discussions difficiles seraient recherchées, non pour exprimer des griefs, mais pour adresser et guérir des blessures.
Deuxièmement, l’habitude d’un cœur humble : imaginez si nous doutions régulièrement de notre propre vertu, nous considérions régulièrement les autres comme étant meilleurs que nous, et admettions régulièrement notre complicité dans les relations tendues. Nous arrêterions de réciter nos longues explications et discours de justification, et nous accepterions finalement nos échecs face à nos responsabilités. Dans quelle mesure ces conversations difficiles, mais nécessaires, seraient-elles plus faciles?
« Voici, oh! qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble! » observe le psalmiste dans le psaume 133. Tragiquement, de ce côté de la Nouvelle Jérusalem, il n’est pas toujours possible de parvenir à la réconciliation. Pourtant, l’unité avec les frères et sœurs chrétiens est une bénédiction que l’on devrait désirer, et pour laquelle nous devrions travailler régulièrement dans les années à venir.
Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition. La traduction est publiée ici avec permission.
Jen Pollock Michel vit à Toronto avec sa famille. Elle est l'auteure de Surprised by Paradox: The Promise of ‘And’ in an Either-or World (IVP, 2019), Keeping Place: Reflections on the Meaning of Home (IVP, 2017), et Teach Us to Want: Longing, Ambition and the Life of Faith (IVP, 2014). Vous pouvez la suivre sur Twitter.