Les défis de l’herméneutique (partie 9): Comment passer de l’herméneutique à l’homilétique?

Partie 1 : L’importance de la centralité de l’Évangile dans la prédication

Introduction

Il est parfois embêtant de parler de prédication. D’un côté, on constate le grand besoin en francophonie que Jésus soit pleinement proclamé et que se répandent davantage de bonnes Églises en santé. Il est bien vrai que la moisson est grande et qu’il manque souvent d’ouvriers. C’est donc à l’exemple du maître que nous prions et investissons pour former davantage de ministres de la Parole. Mais de l’autre côté, la Bible nous met sévèrement en garde de ne pas prendre la prédication à la légère: « Ne soyez pas nombreux à devenir des maîtres, mes frères: vous le savez, nous recevrons un jugement plus sévère » (Jc 3.1). On peut traduire maîtres par « enseignants ». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, lorsque nous parlions de l’importance de l’herméneutique, nous avions cité Gregg Matte qui dans son livre « Unstoppable Gospel » a écrit : « le prédicateur doit utiliser les mots avec autant de rigueur qu’un banquier qui compte l’argent et de finesse avec laquelle un médecin manie le scalpel1 ». Nous disions même avec plus encore de rigueur et de finesse, car il s’agit bien de la vie des gens que nous avons dans une main et la Parole d’un Dieu vivant dans l’autre.

Conséquemment, afin de respecter les textes bibliques, d’en extraire le véritable sens et de l’exposer clairement et avec puissance à un auditoire, il convient de favoriser plusieurs éléments essentiels: 1) Favoriser, par-dessus tout, une interprétation christocentrique du texte biblique; 2) Favoriser une bonne étude inductive du texte biblique; 3) Favoriser une prédication de type textuel; 4) Favoriser l’utilisation stricte de la structure homilétique et 5) Favoriser l’Esprit et la Prière dans tout le processus.

Nous allons examiner ce premier point dans cet article: Favoriser, par-dessus tout, une interprétation christocentrique.

Proclamer et enseigner la Bonne Nouvelle

Le ministère de la Parole, s’il désire être conforme aux Écritures, se doit d’être profondément christocentrique. La prédication christocentrique ne signifie pas qu’il ne faut prêcher que la thématique de Jésus à la croix et aucun autre sujet, mais plutôt que tous les sujets que l’on enseigne doivent être prêchés selon cette seule et unique perspective. Paul, par exemple, aborde une multitude de sujets et de thématiques avec des répercussions éthiques, mais ces sujets sont toujours orientés en fonction de la mort à la croix et de la résurrection de Jésus. Les témoignages du NT et de l’histoire de l’Église sont unanimes; la prédication de l’Évangile est le fondement principal de l’Église. Comme l’explique Richard Gelin: « L’Église proclame la Parole du Christ au monde et à elle-même. Cette proclamation engendre la foi, la construit et l’accompagne vers la maturité (Rm 10.14-17)2 ».

Dans le N.T., les verbes du registre : témoigner (μαρτυρέω Ac 23.11), exhorter et encourager (παρακαλέω 1Co 2.7), construire et édifier (οἰκοδομέω Ép 4.29)3, annoncer (εὐαγγελίζω Rm 1.5 et καταγγέλλω), proclamer (κηρύσσω Mc 1.4) et enseigner (διδάσκω 1Co 2.6), que l’histoire de l’Église a résumés à la prédication, sont presque toujours corrélés, dans le contexte immédiat, à la Bonne Nouvelle et cette même Bonne Nouvelle est, presque tout le temps, directement corrélée à Jésus4. Dans les rares cas où ils ne sont pas corrélés dans le contexte immédiat, ils le sont dans le contexte large. Qu’est-ce que cela implique ? Le théologien Richard Gelin nous dit que :

« La prédication est une parole de nature pastorale adressée à un auditoire par une personne habilitée dans le but de lui présenter l’Évangile de Jésus-Christ, ses enjeux, ses exigences et ses promesses. Dès les origines, une double perspective se manifeste. Une prédication dite “missionnaire”, destinée à convaincre les non-croyants […] et une prédication dite d’“édification”, qui encourage les croyants et les conduit vers une foi épanouie. Cette distinction est juste, mais n’est pas radicale. Toute prédication contient toujours inséparablement un appel à la foi qui sauve et une édification de la foi. […] Elle [la prédication] atteste la grâce du pardon manifestée dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, la vie reçue et conduite par l’Esprit et affirmant l’amour de Dieu, l’appel à aimer Dieu et le prochain. Elle a pour mission d’éclairer le croyant dans son discernement de la volonté de Dieu en Jésus-Christ en dévoilant la complexité et l’ambiguïté du monde. »5

Par conséquent, selon le NT, on conduit les gens au salut en évangélisant, ou en annonçant la Bonne Nouvelle de Jésus, mais on amène aussi le croyant à la maturité chrétienne en l’instruisant sur la manière dont la Bonne Nouvelle de Jésus devrait transformer et influencer sa vie au quotidien6. L’Évangile constitue donc le moyen d’acquérir le salut, mais aussi le moteur du développement du croyant tout au long de sa vie. Autrement dit, le croyant ne gradue jamais de l’Évangile. L’intention du Père est de se glorifier dans la vie des gens, mais cela passe toujours par la puissance transformatrice de l’Évangile.

Pourquoi est-il si important d’être christocentrique ? Est-ce que trouver une manière de parler de Jésus dans tous les textes de la Bible est une fin en soi ? Tout bon interprète de la Bible sera un jour ou l’autre confronté à des questions essentielles : Pourquoi les apôtres étaient-ils christocentriques ? Quelle est l’intention suprême des auteurs bibliques ? Aussi, qu’est-ce que Paul, par exemple, juge être « indispensable » dans sa propre prédication7 ? Voici la réponse : l’intention suprême des auteurs de la Bible est de glorifier Dieu, et Paul affirme que la proclamation de Christ est l’élément indispensable de sa prédication. Dieu est glorifié lorsque, par la proclamation de Christ, les gens sont transformés, renouvelés et vivent désormais par l’Esprit Saint. Parler de Jésus n’est pas l’aboutissement d’un message, mais le chemin par lequel il faut passer pour que les gens puissent glorifier Dieu et vivre par l’Esprit. C’est par la folie et la puissance de l’Évangile que Dieu transforme puissamment et spirituellement les êtres humains, et cet Évangile est proclamé lorsque Christ est exalté. Dieu veut se glorifier dans nos assemblées, mais cela passe par la proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus. L’objectif est donc toujours la gloire de Dieu dans la vie d’une assemblée qui marche et vit par l’Esprit Saint, mais le seul chemin par lequel nous y arriverons c’est la proclamation de l’Évangile. Comme l’explique bien John Piper : « Dieu est pleinement glorifié en moi quand je suis pleinement satisfait en lui8 ». C’est pourquoi, ultimement, la prédication est un acte de louange où, par la merveille étonnante de l’Évangile, nous tentons d’amener les gens à chérir pleinement le Christ afin de les mener à l’adoration. La prédication est donc un acte d’adoration qui a pour but de conduire les gens à l’adoration9.

Le but du prédicateur est donc que Dieu soit glorifié en esprit dans la vie de son auditoire. Pour y arriver, l’exaltation de Jésus sera nécessaire, parce que Dieu l’a voulu ainsi. L’objectif n’est donc pas de parler de Jésus à tout prix, mais que Dieu soit glorifié activement par l’Esprit au moyen de l’exaltation du Christ. Lorsqu’on a bien présenté la Bonne Nouvelle de Jésus, l’auditoire reçoit tout ce dont il a besoin pour pouvoir glorifier Dieu dans une marche de l’esprit qui lui plait.

Christ n’est donc pas l’aboutissement de notre prédication, mais le chemin dans notre prédication par lequel Dieu veut se glorifier spirituellement dans nos vies. Malheureusement, trop de prédicateurs optent pour un message qui ne se limite qu’à aboutir à Jésus, sans se rendre aux implications de Jésus dans nos vies, c’est l’erreur du réductionnisme; d’autres, en revanche, vont dire aux gens, faites ceci et faites cela, sans passer par Jésus qui est notre force et puissance, c’est l’erreur inverse du moralisme. Parfois, certains prédicateurs utilisent des friandises spirituelles (ex. Si tu jeûnes, tu vas vivre des percés dans ta vie…), de fausses promesses ou même l’égo et l’émotion de leur auditoire pour les défier, c’est l’erreur du triomphalisme, ou de l’évangile de prospérité ou de puissance _qu’on pourrait tous réduire à _l’évangile de l’égo. Hélas, c’est une grave erreur que d’agir de la sorte, car ils n’offrent pas la véritable puissance qui transforme vraiment10. Voilà pourquoi il faut apprendre à être christocentrique, car c’est la seule manière de glorifier Dieu dans notre prédication tout en respectant l’histoire de la prédication chrétienne.

Qu’est-ce qu’une herméneutique christocentrique ?

Il est pardonnable de ne pas être un expert en exégèse, tout comme il peut être pardonnable de ne pas être le meilleur des communicateurs. L’exégèse et la communication se travaillent avec le temps et la pratique. Cela étant dit, il est impardonnable de prêcher autre chose que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié, mort et ressuscité, victorieux de la mort et seule réponse viable à offrir à ce monde loin de Dieu. C’est pourquoi nous avons besoin de posséder une « herméneutique christocentrique » robuste.

L’herméneutique, c’est l’art et la science de l’interprétation, une herméneutique christocentrique est donc l’art et la science d’interpréter la Bible à la lumière de l’œuvre et de la personne de Jésus-Christ. Lorsque vous préparerez vos futurs sermons, faites cet exercice : si la mort et la résurrection de Jésus ne changent absolument rien à votre message, c’est probablement que ce que vous offrez n’est que de bons conseils philosophiques, religieux, psychologiques ou motivationnels. Autrement dit, ce que vous offrez, le monde et les autres religions peuvent aussi l’offrir. C’est Bryan Chapell qui a dit : « Je ne veux jamais prêcher un sermon qui serait encore vrai si Jésus n’était pas mort sur la croix », et il a bien raison. C’est la grâce de Dieu, qui trouve son accomplissement ultime à travers l’œuvre de Jésus à la croix, qui fait toute la différence. C’est le centre du christianisme, c’est ce thème qui est à l’origine des grandes révolutions de l’histoire de l’Église, et c’est le seul message que nous possédons réellement en fin de compte. Si un prédicateur est un exégète et un communicateur moyen, qui fait son possible, mais qui utilise tous ses moyens afin de proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus, son travail est fait !

Si nous ne sommes pas christocentriques, que sommes-nous ?

Si on le demande, presque tous les pasteurs et prédicateurs du monde diront qu’ils sont christocentriques. Dans les faits, c’est rarement le cas ! Si l’on porte une attention particulière à l’orientation des messages, on se rend vite compte que d’autres fondements viennent souvent décentraliser la croix dans leurs messages.

1) Nos messages sont, plus souvent qu’autre chose, « anthropocentriques ». C’est-à-dire que nous faisons de l’homme le héros de l’histoire biblique. Nous lui disons par quels moyens il peut atteindre Dieu. Hélas, la Bible ne nous enseigne pas comment monter vers Dieu, mais plutôt comment Dieu est descendu à nous. Le vrai besoin du peuple n’est pas d’entendre ce qu’il doit faire pour Dieu, mais ce que Dieu a déjà fait pour lui. C’est Tullian Tchividjan qui disait avec justesse : « On peut essentiellement lire la Bible de deux manières : nous sommes les personnages principaux qui essayent de monter vers Dieu ou Dieu est le personnage principal qui est descendu vers nous ». De ces deux manières, seulement la deuxième distingue le christianisme de toute autre forme de religion.

Un message anthropocentrique peut revêtir plusieurs formes. Parfois, il sera « légaliste ». Le légaliste dit : « Voici les standards de Dieu et voici ce que vous devez faire pour devenir chrétien, pour rester chrétien et pour être aimé et béni de Dieu ». Ces messages sont bien souvent culpabilisants et écrasants pour l’auditoire. La peur de l’enfer et d’être maudit poussent parfois les gens à fournir des efforts pour changer, mais bien souvent, les changements ne sont que superficiels et de courte durée. La motivation principale de ce genre de messages est la peur de perdre. On donne sa vie à Dieu, car on craint sa colère et l’enfer. On tente d’être pieux et de vivre sa vie de chrétien ensuite, car on craint de perdre des bénédictions, voire d’être maudit.

D’autres fois, le message sera plutôt « moraliste ». Lorsqu’un message est moraliste, il tente plutôt de capitaliser sur une motivation positive. Ce genre de messages dit : « Voici les clés de ton succès, comment vivre ton rêve et accomplir ta destinée! Si tu écoutes ces conseils et les mets en pratique, il ne t’arrivera que de bonnes choses ». Ce genre de messages donne l’impression que la Bible se résume simplement à un manuel de vie et qu’il ne fait que prodiguer de bons conseils, afin que nous arrivions à prendre de bonnes décisions pour qu’il ne nous arrive que de bonnes choses. Cette fois, le chrétien est motivé par le désir d’acquérir des bénéfices spirituels et physiques. En d’autres mots, le chrétien vient à Dieu, car il veut le paradis, une destinée teintée de succès, la prospérité et la santé. Le problème est que ces choses sont des dons de grâce et non des promesses terrestres. La véritable promesse de Dieu est le salut total de l’être humain, et celui-ci se trouve dans l’accomplissement de Jésus à la croix, qui sera pleinement effectif à son grand retour. D’ici là, toutes ces choses sont des grâces. Beaucoup de chrétiens sont découragés de ne pas vivre la prospérité qui est communiquée de la chaire le dimanche matin. Parfois, ils se culpabilisent, car on leur dit que Dieu veut et peut les bénir et que si cela n’arrive pas c’est à cause de la qualité de leur foi ou d’un combat spirituel qu’ils doivent encore remporter ; pourtant Christ est déjà victorieux et il a déjà reçu tout pouvoir sur la terre… En réalité, ce n’est ni la grandeur ni la qualité de la foi qui fait la différence, mais l’objet de la foi. La seule foi qui sauve, c’est celle qui se trouve en Jésus. Lorsque Jésus demande la foi dans les Évangiles, il demande en fait aux gens de changer de foi, de passer d’une foi juive à une foi chrétienne. Lorsque Jésus accuse l’incrédulité des villes, ce dont il les accuse c’est de leur rejet de cette foi en Jésus comme étant le Fils de Dieu. La foi qui plait à Dieu c’est une véritable foi bien placée en Jésus. Si notre foi fait défaut, c’est qu’elle est mal placée, ou pas totalement en Jésus, mais souvent en nos propres capacités, voilà tout ! L’insuccès, la maladie et la ruine peuvent amener de nombreux chrétiens à délaisser Dieu, car des prédicateurs ont provoqué en eux de fausses attentes. Il s’agit, en quelque sorte, d’une forme de fraude spirituelle. Timothy Keller décrit habilement quelques-unes des conséquences d’une prédication légaliste ou moraliste :

« Vivre en moraliste revient à se trouver au bout d’un yo-yo. Si je sens que j’atteins mes objectifs et que je respecte mes propres critères, je deviens arrogant, élitiste, moins patient et moins généreux envers les autres. Au moindre échec, je me dégoûte, parce que mon identité est basée sur l’image que j’ai de moi, quelqu’un de meilleur que les autres. […] Vous ne faites que renforcer [lorsque vous persévérez à prêcher de manière moraliste] l’idée, par défaut, que les gens peuvent se sauver eux-mêmes. Votre sermon encourage vos auditeurs à obtenir la bénédiction de Dieu en vivant de façon juste. »11

Un autre type de messages, c’est celui du « libéralisme ». Généralement moins présent dans les milieux évangéliques francophones, le libéralisme se présente souvent comme une réponse réactive au mouvement du légalisme. C’est en quelque sorte le retour du balancier. Ce genre de prédication proclame un message teinté de relativisme (tous les chemins mènent à Dieu) et d’universalisme (tous finiront, d’une manière ou d’une autre, par entrer au paradis). Cette position n’est pas sans embûches, car elle pose deux gros problèmes.

D’un, cette position fait de Jésus un menteur. Jésus déclare, rien de moins, être le chemin, la vie et la vérité (Jn 14.6) ; or, sans Jésus tu es perdu, prisonnier du mensonge et tu te diriges vers la mort. Son message n’est donc par relativiste.

De deux, Jésus endosse pleinement l’enseignement biblique concernant le jugement des injustes (Matthieu, chapitres 24 et 25). Il n’est donc pas universaliste. Plus encore, l’universalisme fait de la mort expiatoire de Jésus à la croix une simple option dont l’homme peut aisément se dispenser. Quel Père sacrifierait son fils unique bien-aimé s’il avait le choix de l’éviter ?

Finalement, comme dernier type de messages centrés sur l’homme, il y a le « pragmatisme ». De plus en plus en vogue dans nos Églises évangéliques modernes, le pragmatisme met la pertinence culturelle, le désir d’être attractif et la pratique comme valeurs suprêmes de son message. Ce genre d’Églises fonctionne souvent selon les objectifs à atteindre. Il faut à tout prix toucher plus de gens, il faut à tout prix que les gens donnent plus d’argent, il faut à tout prix que les gens donnent plus de temps et d’efforts pour le royaume. L’inquiétude première des prédicateurs est d’être le plus pratique possible. Ils deviennent des génies pour trouver des étapes, des clés et des méthodes dans n’importe quel passage biblique, malheureusement, ils passent bien souvent à côté de Jésus Lui-même. Ce genre d’Églises s’inquiète d’être à tout prix pertinent pour la culture ambiante, afin de remplir ses objectifs et non parce que le message de Jésus qui sauve les pécheurs est déjà, en lui-même, le seul message pertinent à partager.

Le but ultime de la prédication n’est pas d’offrir avant tout un spectacle afin d’attirer le plus de personnes ni d’être un moment où l’on doit nourrir, enseigner ou éduquer les gens à bien se comporter, mais la pure et simple présentation d’une personne : Jésus. Une prédication doit toujours servir à mettre le peuple en contact avec la personne de Jésus ; si elle ne sert pas cet objectif, elle est tout simplement inutile et sans puissance.

Mise en garde

Attention, il ne faut pas nous faire dire ce que nous n’avons pas dit. La Bible offre des enseignements pertinents et pratiques sur une multitude de sujets de notre quotidien, mais le succès biblique doit toujours être compris comme le fruit d’une relation intime avec la personne de Jésus. Nous n’avons pas besoin de plus d’éducation concernant Jésus, mais d’une meilleure relation avec Lui. Posséder une herméneutique christocentrique ne signifie pas qu’il faut parler toujours de Jésus à la croix et ce, toujours de la même manière. Mais plutôt que tous les sujets de la Bible doivent être présentés selon cette seule et unique perspective. Certains s’imaginent que la prédication christocentrique risque de devenir répétitive, car ils confondent le christocentrisme en tant « qu’orientation », et celui-ci en tant que « manière d’aborder et prêcher tous les sujets de la Bible ».

2) D’autres fois, plutôt que d’être anthropocentrique, la prédication est « théocentrique ». Être théocentrique signifie être centré sur Dieu. Certains diront : « Mais qu’y a-t-il de mal à avoir un message centré sur Dieu ? ». La réponse serait, justement, rien de plus que toutes les autres religions du monde ! C’est en son Fils Jésus que Dieu lui-même a voulu que Sa révélation culmine. On ne peut connaître Dieu que par la personne de Jésus uniquement. Un message centré sur Dieu sans Jésus présente donc un Dieu quasi inaccessible, sans visage et inconnu pour le peuple. Toutes les religions parlent de Dieu. Parler uniquement de Dieu est l’un des nombreux pièges qui font tomber de nombreux messages dans le relativisme et l’universalisme. La grâce de Dieu exprimée en la personne de Jésus est l’élément principal qui distingue le christianisme de toutes les autres confessions de foi du monde entier. Prêcher seulement Dieu n’est donc pas suffisant et cela ne rend tout simplement pas justice à Sa propre volonté de se révéler en Son Fils.

3) Il arrive aussi, dans de nombreux cercles évangéliques, que la prédication soit « pneumocentrique ». Le pneumocentrisme consiste à être centré sur la personne de l’Esprit Saint. Encore une fois, il y a ici un problème, car le Saint-Esprit est lui-même centré sur la personne de Jésus (Jn 16.14; Ac 1.8), tout comme la Pentecôte est aussi centrée sur la croix (Ac 2.22-24). Le Saint-Esprit est christocentrique, son œuvre tourne autour de celle de Jésus, l’actualise et la soutient dans nos vies :

1) Il régénère (Jn 6.63; Rm 8.11, Tt 3.5)

2) Il convainc de péché (Jn 18.18)

3) Il applique l’œuvre de Jésus qui fait de nous des enfants de Dieu (Jn 3.6-7; 6.63; 2Co 3.6)

4) Il témoigne de Jésus (Jn 15.26)

5) Il nous témoigne que nous sommes enfants de Dieu (Rm 8.16; 1Jn 4.13)

6) Il rappelle les paroles de Jésus, il ne parle pas de son propre chef (Jn 14.26; Jn 16.13)

7) Il enseigne, guide et conduit dans la vérité et la sagesse (Jn 16.13; Ac 15.18; 1Co. 2.12)

8) Il nous transforme à travers une marche (Rm 8.4, 14; Ga 5.16, 18)

9) Il fait de nous des témoins de Jésus (Ac 1.8)

10) Il nous remplit d’assurance pour faire de nous de bons témoins (Ac 2.4; 4.8, 31; 7.55; 8.17; 13.9)

11) Il accorde des dons pour édifier et agrandir le corps de Christ (1Co 12; Ga. 5)

12) Il exalte Jésus (Jn 16.14; 7.39; Rm. 8.17)

Si une Église est véritablement centrée sur l’Esprit Saint, elle sera forcément centrée sur Jésus, car l’Esprit a pour but de l’exalter en toute chose.

Pourquoi prêcher de manière christocentrique ?

L’intention n’est pas de répéter ce qui a été présenté lors de l’introduction, mais plutôt de fournir quelques fondements scripturaires au christocentrisme.

1) Premièrement, Jésus Lui-même était christocentrique. La Parole nous montre que Jésus enseignait aux disciples comment toutes les Écritures parlaient de lui (Lc 24.18-25). Jésus valide donc que c’est ainsi qu’il faut lire et comprendre la Bible.

2) Deuxièmement, tel que nous venons tout juste de le voir, l’Esprit Saint lui-même est christocentrique (Jn 16.14; Ac 1.8), ainsi que la Pentecôte (Ac 2.22-24).

3) Troisièmement, la Bible est elle-même christocentrique. L’Évangile de Jean déclare que la Bible sert de témoin à l’œuvre de Jésus (Jn 5.39). Si la Bible elle-même est christocentrique, cela signifie qu’elle se donne à lire de manière christocentrique et qu’elle veut être comprise de manière christocentrique. La lire autrement revient donc à produire un contresens. Il est donc possible de lire la Bible de manière non-biblique et, dans le cas présent, cela revient à toute forme de lecture non-christocentrique.

4) Quatrièmement, les apôtres eux-mêmes étaient christocentriques. Les apôtres ont eux aussi contribué à soutenir que la méthode de lecture christocentrique est l’unique qui soit valide (2 Co 3.14).

5) Finalement, l’histoire de l’Église est elle aussi christocentrique. Rapidement, les pères de l’Église ont constaté ce fait, qui est même devenu une loi d’herméneutique : on doit comprendre l’AT à la lumière du NT et comprendre le NT comme l’accomplissement de l’AT. D’ailleurs, l’épître aux Colossiens et celle aux Hébreux enseignent toutes deux explicitement ce principe (Col 2.17 ; Hb 10.1). Il est normal que ce principe soit devenu la principale règle d’interprétation de l’Église à côté de la règle de foi. On peut aussi facilement constater à quel point un retour aux fondamentaux de la Bonne Nouvelle de Jésus a souvent été la source de grands réveils. Il semble donc que Jésus, la Bible, les apôtres et l’histoire de l’Église tendent à confirmer la nécessité d’une lecture christocentrique des Écritures.

Comment interpréter la Bible de manière christocentrique ?

  1. Comprendre la Bonne Nouvelle de la grâce en Jésus

Comme Timothy Keller le mentionne dans son ouvrage « Une Église centrée sur l’Évangile », la première étape pour apprendre à prêcher de manière christocentrique consiste à bien comprendre soi-même la Bonne Nouvelle de Jésus. Ce n’est seulement que lorsqu’on comprend bien ce qu’est véritablement l’Évangile qu’on arrive à distinguer la Bonne Nouvelle de ses conséquences et effets. Et une fois qu’on y arrive, on peut mieux la saisir et la partager à partir de n’importe quel texte biblique.

Premièrement, il faut comprendre ce qu’est l’Évangile.

Tout d’abord, il faut comprendre le sens du mot « Évangile » (Bonne Nouvelle). L’Évangile de Jésus est une Bonne Nouvelle et non un bon conseil. Lorsque les gens sont confrontés à des choix et des tentations, ce ne sera jamais plus de conseils et d’éducation qui les aideront à prendre les bonnes décisions, mais la motivation qui transforme leur cœur et leur désir d’une Bonne Nouvelle. Plus encore, lorsqu’une personne traverse un moment difficile, ce n’est toujours pas plus de conseils et d’éducation qui changeront son état, mais une Bonne Nouvelle ! Celle-ci ne concerne pas ce que nous devons faire, mais plutôt ce qui a été fait pour nous12.

La Bonne Nouvelle de la Bible, c’est que nous avons été sauvés de la colère de Dieu à venir (Rm 1.18-32). Dieu a créé le monde parfaitement, mais la rébellion de l’être humain a ouvert la porte à la mort, à la souffrance et au péché. Un jour, Dieu entend bien jeter à terre ce monde imparfait et corrompu par le péché et en créer un nouveau comme il aurait dû l’être. Par chance, il a convenu d’un moyen de grâce pour nous préserver de cette colère à venir et ainsi pouvoir bénéficier de cette nouvelle création. Ce moyen de secours est annoncé et anticipé d’un couvert à l’autre de la Bible et il trouve son accomplissement final et absolu en Jésus. Ce dernier a vécu parfaitement la vie que nous devions vivre et a reçu la mort comme punition que nous méritions à cause de notre rébellion. Sa résurrection témoigne de sa victoire complète sur la mort, la souffrance et le péché et elle annonce une future création où ces calamités n’existeront plus. L’ère de l’Église, née avec la prédication des apôtres à la Pentecôte, est donc une ère missionnaire où notre mandat est de proclamer aux nations comment le salut de l’humanité, c’est-à-dire comment être épargné de la colère de Dieu et être préservé pour le paradis à venir, est possible au moyen de la foi dans l’œuvre parfaite de Jésus13.

Il n’y a pas une seule façon d’expliquer la Bonne Nouvelle de Jésus, mais tous les textes de la Bible portent en eux ce parcours qui vient d’être décrit. Ce qui est important de saisir, c’est que la Bonne Nouvelle annonce ce que Jésus a fait pour rétablir notre relation avec Dieu. Recevoir cette Bonne Nouvelle change notre statut formel devant Dieu. Nous devenons instantanément des enfants, déclarés justes et bien-aimés de Dieu à cause de Jésus. Il n’existe donc que deux catégories d’êtres humains devant Dieu, ceux qui lui appartiennent en Jésus et les autres14.

La Bible elle-même use de toute une grammaire variée pour rendre compte de l’expiation de Jésus: 1) Parfois, on y retrouve un langage de champ de bataille. Il a vaincu les puissances des ténèbres, du péché et de la mort pour nous; 2) Le langage du commerce est aussi utilisé. Christ a payé le prix de la rançon. En d’autres mots, il nous a rachetés; 3) On y retrouve le langage de l’exil. Christ a été chassé, trahi et exclu comme nous devrions normalement l’être face à Dieu. Le Fils, à la croix, a aussi connu la séparation d’avec le Père, séparation que nous méritions; 4) On retrouve aussi abondamment le langage du temple. Christ est à la fois le grand prêtre qui nous représente devant Dieu et le sacrifice parfait qui satisfait la colère divine; 5) Finalement, on y retrouve le langage du tribunal. Christ se tient devant le grand tribunal divin et reçoit la punition que nous méritions à cause de notre péché15.

Chacun de ces langages utilisés dans la Bible reflète une facette de l’œuvre parfaite de Christ dans nos vies. Cette grammaire variée constitue aussi une liste de thématiques que l’on retrouve d’un couvercle à l’autre de la Bible et nous permet de voir comment Christ était déjà annoncé et anticipé dans l’AT, bien avant son arrivée dans le NT.

Deuxièmement, il faut distinguer l’Évangile de ses conséquences.

Tel que mentionné, l’Évangile parle de ce que Jésus a fait pour nous, mais lorsque ce dernier est pleinement reçu dans la vie d’une personne, il engendre une toute nouvelle façon de vivre. Les implications et le message de l’Évangile dans la vie d’une personne doivent toujours être liés ensemble, mais jamais confondus16. Les conséquences de l’Évangile sur la vie d’une personne deviennent donc descriptives de son état régénéré et non prescriptives. Par exemple, on ne dira pas : « Si tu obéis à Dieu tu seras un véritable chrétien », mais plutôt : « un chrétien qui reçoit et comprend réellement l’œuvre de grâce de Dieu désire naturellement lui obéir » ; on pourrait aussi dire : « S’il n’y a aucun désir en toi d’obéir à Dieu, se pourrait-il que tu n’aies pas réellement reçu la Bonne Nouvelle de Jésus dans ta vie ? ».

En étude biblique, les théologiens parlent surtout de la distinction entre les « indicatifs » et les « impératifs » bibliques17. Par exemple, lorsque Paul traite de l’union des croyants avec des prostituées en 1Co 6.15, on retrouve l’indicatif “je suis uni au Christ” et ensuite l’impératif “donc, par conséquent, je ne puis avoir de rapport immoral avec des prostituées. La Bonne Nouvelle est une œuvre advenue qui est présentée et elle produit un fruit dans la vie du croyant qui la reçoit véritablement. En Col. 2.12, on retrouve l’indicatif “Par la foi, les hommes sont unis au Christ dans sa mort et ressuscitent à une vie nouvelle” et ensuite l’impératif “c’est pourquoi ils devraient marcher selon cette vie nouvelle”. Ou bien, Ep 2.10 nous dit “le croyant était mort dans ses péchés et vit maintenant avec le Christ” (indicatif) suivi de “c’est pourquoi sa vie doit produire de bonnes œuvres” (impératif)18. Même au niveau de la macrostructure des idées communiquées et également des livres bibliques, nous retrouvons cette tension entre l’indicatif et l’impératif, entre la Bonne Nouvelle et le fruit qu’elle produit. Prenez l’exemple de l’épître aux Romains. Elle s’étale sur 16 chapitres, Paul utilise les 11 premiers chapitres afin d’expliquer dans tous ses détails et implications l’Évangile (indicatif). Et ce n’est qu’au chapitre 12 qu’il commence à présenter les effets que cet Évangile devrait produire sur celui qui le comprend et le reçoit véritablement. Remarquez sur quel verset s’ouvre le chapitre 12 : “Je vous invite donc, frères, à cause de cette immense bonté de Dieu [Indicatif récapitulé durant 11 chapitres], à lui offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu. Ce sera là de votre part un culte spirituel [Impératif]” (Rm 12.1). Cette tension n’est pas propre au NT seulement, mais c’est aussi ce que l’on retrouve dans l’AT. Si la Pâque chrétienne, l’œuvre de délivrance et de réconciliation par laquelle Jésus fait de nous Son peuple et conclut ainsi une nouvelle alliance, est l’Évangile, eh bien retournons au proto-évangile, là où Dieu instaure la Pâque juive, délivre les Hébreux, les déclare Son peuple et conclut une première alliance avec eux : l’Exode. Dieu n’est pas venu visiter Son peuple pour lui dire, voici les 10 commandements, un contrat d’alliance. Je vais revenir dans quelques années et si Je juge que vous avez assez obéi aux commandements et respecté le contrat de l’alliance, Je vais vous libérer de votre esclavage, vous sortir de l’Égypte, vous adopter comme peuple et vous conduire dans une terre promise. Non, loin de là ! Dieu a délivré Son peuple de l’esclavage et du pays d’Égypte, Il lui a promis une terre et en a fait Son peuple (indicatif). Ensuite, Il leur donne les 10 commandements et conclut une alliance avec eux (impératif). Remarquez encore une fois comment les 10 commandements sont introduits : “Je suis l’Éternel ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Égypte, du pays où tu étais esclave [Indicatif récapitulatif de son œuvre]. Tu n’auras pas d’autre dieu que moi [Impératif]” (Ex 20.2).

Cette dernière considération doit nous amener aussi à distinguer justification et sanctification. La justification nous dit que par la foi dans l’œuvre de Jésus, Sa justice nous est imputée, Il devient notre substitut à la croix et par conséquent, Dieu nous perçoit automatiquement comme saints à Ses yeux. La sanctification, c’est notre marche progressive où le péché perd graduellement son emprise sur nos vies et où nous nous approchons de la stature de Jésus. La justification déclare que nous sommes épargnés de la conséquence du péché, alors que la sanctification est une marche où c’est l’influence et l’emprise du péché dans nos vies qui s’amenuisent. Ces deux éléments ne sont que le fruit de la grâce d’un Dieu actif au moment de la conversion et tout au long de notre vie. Sans grâce ni intervention de Dieu, aucun être humain ne peut être justifié, tout comme sans grâce ni intervention de Dieu, aucun être humain ne peut vivre dans la sanctification. De plus, la sanctification n’est que la repentance, fruit de la Bonne Nouvelle de Jésus, qui atteint progressivement tous les aspects de notre vie, et trouve de plus en plus d’implications et de conséquences dans notre quotidien. La vie chrétienne n’est donc pas un Dieu qui sauve pour ensuite dire, débrouille-toi tout seul. La Bonne Nouvelle de la grâce est l’antidote à la fois pour la justification et pour tout le processus de sanctification. En fait, nous sommes sauvés en croyant en l’Évangile, et par la suite, nous sommes de plus en plus transformés dans chaque partie de notre cœur, de notre esprit et de notre vie en comprenant l’Évangile de plus en plus profondément au fil de notre vie19.

Le christocentrisme, c’est littéralement un changement d’orientation. On ne dit plus aux gens ce qu’ils doivent faire pour régler un problème quelconque dans leur vie, mais plutôt ce qui a été fait pour eux par Jésus pour régler ce problème. Ensuite, on ne leur dit pas comment procéder pour recevoir ce don de grâce de la part de Jésus, mais plutôt ce que le fait de recevoir pleinement ce don pourrait avoir comme effets et conséquences dans leur vie. Lorsqu’on comprend le fonctionnement de l’Évangile, on ne désire plus prescrire aux gens quoi faire, mais plutôt décrire le fruit de la Bonne Nouvelle de Jésus. La motivation qui sera utilisée pour pousser les gens à l’action dans nos sermons ne sera donc plus le désir de gagner la faveur de Dieu ou la peur de la perdre, mais bien la joie qui est la réponse qui découle naturellement d’une personne qui entend et comprend vraiment la grâce de Dieu exprimée dans le véritable Évangile. Autrement dit, on ne dit plus aux gens, « voici ce que tu dois faire pour devenir un bon enfant de Dieu », mais plutôt « réalise la grandeur et le privilège extraordinaires que Dieu nous fait en nous déclarant déjà gracieusement ses enfants, et ce sans aucune attente ni mérite ». N’agissons pas pour devenir ses enfants, mais agissons parce que nous sommes ses enfants.

Ce changement radical d’orientation influence forcément la manière dont nous allons traiter plusieurs sujets de la vie et thématiques bibliques. Un bon message christocentrique s’efforce, pour chaque application, de mettre en lumière les deux ennemis opposés à l’Évangile avant de proposer la véritable Bonne Nouvelle de l’Évangile de Jésus. Le premier ennemi est la religion ou le légalisme et le deuxième est l’irréligion ou le libéralisme20. En fait, pour le dire plus simplement, l’auditeur doit arriver à faire la différence entre obéir à Dieu comme moyen de salut ou de faveur et obéir par reconnaissance pour la grâce, le salut et les faveurs acquises de Dieu en Jésus ; nous avons tout pleinement en Lui21. La véritable proclamation de l’Évangile produit la foi, qui produit l’amour et l’amour produit du fruit. Souvenez-vous de tout ce que vous étiez prêts à faire pour l’amour de votre vie. L’amour est la véritable motivation du chrétien.

Cinq principes peuvent vous aider à préparer un message christocentrique: 1) Prêcher pour faire apparaître la distinction entre la religion et l’Évangile; 2) Prêcher à la fois la sainteté et l’amour de Dieu, afin de transmettre la richesse de la grâce; 3) Prêcher pour rendre claire la vérité, mais aussi pour la rendre réelle et accessible; 4) Prêcher Jésus à partir de chaque texte biblique; 5) Prêcher à la fois aux chrétiens et aux non-chrétiens en même temps22.

  1. Trouver la Bonne Nouvelle de la grâce en Jésus

En résumé, une bonne prédication christocentrique doit: 1) amener le peuple à reconnaître qu’il est perdu sans l’œuvre de Jésus (mauvaise nouvelle); 2) présenter en quoi Jésus offre une Bonne Nouvelle surpassant toute autre bonne nouvelle; 3) puis inspirer le peuple à vivre quelque chose de différent qui découle naturellement de l’œuvre de Dieu dans leur vie. Il est capital de toujours garder en tête qu’une vie transformée est toujours le fruit surnaturel d’un homme ou d’une femme mis en contact avec la Bonne Nouvelle de la grâce en Jésus. Toute autre motivation qui tire son origine de la nature humaine fera naturellement défaut.

Par nature, nous sommes ennemis de Dieu et nous le rejetons. C’est seulement parce qu’il nous a aimés le premier que nous pouvons l’aimer en retour. Mieux le peuple sera en mesure de contempler la réelle beauté de la grâce à travers votre prédication, plus ils en voudront et en prendront soin. C’est lorsque tu réalises à quel point ce que tu as est précieux que tu désires en prendre grand soin. Mieux comprendre et vivre la Bonne Nouvelle de Jésus devrait toujours être notre seule et unique arme pour provoquer tout changement dans la vie des gens. La vie chrétienne n’est pas une performance, mais une louange en réponse à la gloire de Dieu manifestée dans nos vies par la grâce de Jésus. Les applications devraient être présentées comme la réponse logique d’une personne qui reçoit la Bonne Nouvelle de Jésus. La règle numéro un est donc de ne jamais supposer du salut des gens qui nous écoutent.

Conclusion

Dans la prochaine partie de cet article concernant l’homilétique, nous traiterons des quatre autres éléments essentiels à favoriser pour une bonne prédication, c’est-à-dire, favoriser une prédication inductive, textuelle, structurée et spirituelle.

Notes


  1. Gregg Matte, Unstoppable Gospel: Living Out the World-Changing Vision of Jesus’s First Followers, Baker Books, Grand Rapids, 2015, p. 60. 
  2. Richard Gelin, « La prédication », dans Christophe Paya et Bernard Huck, Dictionnaire de théologie pratique, (O.R.), Excelsis, Charols, 2011, p. 542. 
  3. Idem. 
  4. John Piper, L’adoration et la prédication : Prêcher avec un cœur qui exulte devant la Parole, Impact, Trois-Rivières, 2019, p. 64. 
  5. Richard Gelin, « La prédication », p. 542. 
  6. John Piper, L’adoration et la prédication, p. 71. 
  7. John Piper, L’adoration et la prédication, p. 25. 
  8. John Piper, L’adoration et la prédication, p. 37. 
  9. John Piper, L’adoration et la prédication, p. 61. 
  10. John Piper, L’adoration et la prédication, p. 224. 
  11. Timothy Keller, La prédication, p. 67. 
  12. Timothy Keller, Une Église centrée sur l’Évangile, p. 27. 
  13. Timothy Keller, Une Église centrée sur l’Évangile, p. 28. 
  14. Timothy Keller, Une Église centrée sur l’Évangile, p. 29. 
  15. Timothy Keller, Une Église centrée sur l’Évangile, p. 196. 
  16. Timothy Keller, Une Église centrée sur l’Évangile, p. 30. 
  17. George E. Ladd, Théologie du Nouveau Testament, p. 532-533. 
  18. _Idem. _ 
  19. Timothy Keller, Une église centrée sur l’Évangile, p. 58. 
  20. Timothy Keller, Une Église centrée sur l’Évangile, p. 32. 
  21. Timothy Keller, Une Église centrée sur l’Évangile, p. 88. 
  22. Timothy Keller, Une Église centrée sur l’Évangile, p. 108-112. 
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Simon Jean-Claude Archambault est pasteur des ados depuis 10 ans au Canada et depuis 5 ans à l’Église le Portail dans la ville de Laval ainsi que responsable des formations bibliques. Détenteur d’un baccalauréat en Théologie Biblique de l’ITF et d’une maîtrise en exégèse de l’UdeM, il est aussi membre du Concile SOLA et professeur d’herméneutique à l’Institut de Théologie pour la Francophonie (ITF).

Published By: Simon Archambault

Simon Jean-Claude Archambault est pasteur des ados depuis 10 ans au Canada et depuis 5 ans à l’Église le Portail dans la ville de Laval ainsi que responsable des formations bibliques. Détenteur d’un baccalauréat en Théologie Biblique de l’ITF et d’une maîtrise en exégèse de l’UdeM, il est aussi membre du Concile SOLA et professeur d’herméneutique à l’Institut de Théologie pour la Francophonie (ITF).