Dans la providence de Dieu, les dernières décennies ont témoigné d’une résurgence massive d’intérêt pour les Puritains, et au centre de cette résurgence se trouvent les œuvres de John Owen (1616-1683), qui a été décrit par certains de ses contemporains comme le « Calvin d’Angleterre. » [1] En effet, Owen doit être mis aux côtés de géants théologiens comme Augustin, Luther, Calvin, et Edwards comme l’un des grands mentors bibliques en termes de théologie et de spiritualité évangélique.
Né en 1616, Owen a grandi dans une famille pieuse et puritaine. Dans les années 1630, il est allé étudier à Oxford, d’abord pour son baccalauréat en arts, et ensuite pour sa maîtrise en arts. C’était une période tumultueuse pour tous ceux qui adhéraient à la cause puritaine, alors que les dirigeants puritains exprimaient de plus en plus leur critique des modèles non bibliques de la pensée théologique et de la vénération de leur Église mère, l’Église d’Angleterre. La réponse à cette critique de la part des dirigeants anglicans a été d’employer le pouvoir de l’État pour tenter de silencier les voix contraires et uniformiser les croyances. Le résultat ultime de ce choc de perspectives était les guerres civiles anglaises qui ont duré de 1642 à 1651. Les convictions puritaines de Owen l’ont naturellement mené à sympathiser avec ceux qui combattaient le monarque, Charles I, qui était un défenseur loyal de l’Église de l’État. Les premiers vainqueurs de ces luttes étaient les Puritains, qui ont régné sur une grande partie de la Grande-Bretagne dans les années 1650.
Pendant cette période de désarroi politique, Owen, lui-même, s’est fait offrir le pastorat dans le village de Fordham, à environ cinq miles de Colchester, dans l’Essex en 1643. Owen est resté ici jusqu’à environ 1646 lorsqu’il est devenu ministre de l’Église à Coggeshall, à environ cinq miles de distance. À cet endroit, jusqu’à deux milles personne se réunissait dans l’Église à chaque Jour du Seigneur pour écouter Owen prêcher, une indication claire de son habileté à prêcher. Les dons d’Owen comme prêcheur et aussi comme théologien étaient reconnus plus tard dans les années 1640 par nul autre qu’Oliver Cromwell (1599-1658), une étoile montante dans le monde des politiques puritaines, qui a éventuellement nommé Owen le Vice-Chancelier de l’Université d’Oxford. C’était au cours de cette décennie d’ascendance puritaine qu’Owen a rédigé deux de ses classiques spirituels : On the Mortification of Sin in Believers [La mortification du péché] (1656), et Of Temptation [Au sujet de la tentation] (1658), qui étaient tous deux basés sur le matériel de sermons prêchés dans les années 1650, et qui se trouvent tous deux aujourd’hui dans le volume 6 des œuvres complètes d’Owen.
Bien que nos circonstances technologiques et historiques soient très différentes de celles de l’ère puritaine, les cœurs des hommes et des femmes n’ont pas changé. Le péché interne, maintenant comme dans le temps, est une réalité omniprésente, tel que l’expose Owen dans ces œuvres. En fait, Owen soutient que le péché demeure au cœur même de la vie des croyants, et, s’il n’est pas résisté par la prière et la méditation, il ravagera lentement, mais certainement, leur zèle et leur joie pour les choses de Dieu.
Bien que nos circonstances technologiques et historiques soient très différentes de celles de l’ère puritaine, les cœurs des hommes et des femmes n’ont pas changé. Le péché interne, maintenant comme dans le temps, est une réalité omniprésente, tel que l’expose Owen dans ces œuvres. En fait, Owen soutient que le péché demeure au cœur même de la vie des croyants, et, s’il n’est pas résisté par la prière et la méditation, il ravagera lentement, mais certainement, leur zèle et leur joie pour les choses de Dieu.
Of Temptation [Au sujet de la tentation], la deuxième de ces œuvres, est essentiellement une exposition de Matthieu 26.41 (« Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation; […] ») Owen énumère quatre saisons au cours desquelles les croyants doivent particulièrement faire attention à ce que la tentation ne les conduise pas au péché : les temps de prospérité, les temps de froideur spirituelle et de formalité, les temps dans lesquels une personne jouit d’une riche communion avec Dieu, et les temps de confiance en soi, comme dans l’affirmation de Pierre au Christ, « […], je ne te renierai pas. » (Matthieu 26.35). Le remède sur lequel Owen insiste est la prière. Sa remarque à cet égard est typique de la concision puritaine : « Si nous ne demeurons pas dans la prière, nous demeurerons dans des tentations maudites. »
La première œuvre, Of the Mortification of Sin in Believers [La mortification du péché], est d’une certaine manière la discussion la plus riche d’Owen sur la mortification du péché. Ce traité était basé sur une série de sermons sur Romains 8.13 (« […]; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez, »). Pour Owen, ce texte a rendu abondamment que le croyant a le devoir continuel de mettre le péché qui habite encore son corps mortel à la mort. Mais tout aussi important pour Owen était le fait que ce verset révélait qu’un tel devoir n’était possible que par la puissance que l’Esprit Saint donne, car lui seul est « suffisant pour cette œuvre ». Essentiellement, l’Esprit Saint emploie tous nos pouvoirs humains dans le combat contre le péché. En nous sanctifiant, Owen insiste, l’Esprit travaille « en nous et avec nous, non pas contre nous ou sans nous. » Owen considérerait avec raison ceux qui parlent aujourd’hui de « lâcher prise et laisser Dieu » s’occuper des péchés du croyant comme non bibliques. Pourtant, il est très conscient que la sanctification est aussi un don. Ce devoir, insiste-t-il justement, ne s’accomplit que par l’Esprit Saint. Ce n’est pas sans raison qu’Owen décrit affectueusement l’Esprit comme « Celui qui embellit les âmes. »
Dans un temps où les secteurs importants de l’évangélisme sont caractérisés par la superficialité spirituelle et la léthargie, et que la sainteté n’est pas normalement un sujet majeur d’intérêt, ces livres sont comme un courant d’eau sur une terre sèche et assoiffée. Ils nous rappellent du grand héritage spirituel que nous possédons en tant qu’évangéliques. Plus importants encore, ils nous défient de retrouver la priorité biblique d’une vie pieuse.
[1] Une version plus récente de cet article apparait dans Tabletalk en avril 2012 et est utilisée ici avec permission.
Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.
Né en Angleterre de parents irlandais et kurdes, le Michael A. G. Haykin est professeur d'histoire de l'Église au Southern Baptist Theological Seminary, à Louisville, dans le Kentucky, et directeur du Andrew Fuller Center for Baptist Studies, qui est basé sur le campus du Southern mais qui a également un bureau en Ontario. Le Dr Haykin est l'auteur d'un certain nombre de livres traitant d'études patristiques et baptistes et est également le rédacteur en chef d'une édition en 16 volumes des œuvres d'Andrew Fuller (Walter de Gruyter). Lui et son épouse Alison habitent à Dundas, en Ontario, et sont membres de la West Highland Baptist Church, à Hamilton, en Ontario. Ils ont deux enfants adultes, Victoria et Nigel.