Un des textes capitaux du Nouveau Testament se trouve dans Matthieu 16.18. Jésus y déclare sans ambages qu’il bâtira son Église et que celle-ci – quel que soit son emplacement géographique – subira une violente opposition, mais que malgré tout « les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle ». Joseph Alexander présente l’expression « les portes du séjour des morts » comme étant « une métaphore qui illustre la mort, ou la destruction, de façon frappante […]. Le mot “portes” a été expliqué de plusieurs manières, comme signifiant l’entrée, les défenses, la force militaire et le pouvoir judiciaire. » Autrement dit, Christ promet de bâtir son Église au mépris de l’hostilité et de la puissance destructrice de la mort elle-même.
Au IIe siècle, cette opposition s’est incarnée de deux manières. La première a été une persécution ouverte ; une volonté humaine, qui camouflait sans aucun doute une intention diabolique, de détruire l’Église en en éliminant les membres. Paradoxalement, c’est entre autres par le témoignage et la mort des martyrs chrétiens que Christ a bâti son Église au fil des siècles, comme Tertullien l’a fait remarquer.
Au Ier siècle, le christianisme était, jusqu’à un certain point, protégé par le judaïsme auquel on l’assimilait. Rome tolérait en effet le judaïsme en tant que religion légale. Toutefois, à l’aube du IIe siècle, le gouffre séparant les juifs des chrétiens a paru au grand jour. Alors qu’on distinguait auparavant deux races d’hommes (juifs et païens), les chrétiens en ont constitué une troisième dès le IIe siècle.
À cette époque, la loi romaine a commencé à diviniser l’empereur. Le chrétien qui refusait d’adorer César, considérant plutôt Jésus comme Seigneur suprême, se rendait ainsi coupable d’un crime capital. Hommes et femmes, garçons et filles ont été tués en raison de leur foi en Jésus. Un des martyrs les plus célèbres, un vieil homme du nom de Polycarpe, a déclaré aux autorités : « Il y a quatre-vingt-six ans que je le sers, et [Jésus] ne m’a fait aucun mal ; comment pourrais-je blasphémer mon Roi qui m’a sauvé ? » Les Romains l’ont brûlé vif.
La deuxième forme d’opposition envers l’Église a été l’apparition de fausses doctrines. Au IIe siècle, le monde gréco-romain était dominé par la philosophie dualiste, selon laquelle le monde spirituel est pur et bon, tandis que le monde matériel est mauvais en soi. Il n’a pas fallu longtemps avant que cette philosophie commence à déformer les fondements mêmes du message de l’Évangile chrétien.
Tout d’abord, si le spirituel était bon et le matériel mauvais, ce monde de matière corrompu ne pouvait avoir été créé par Dieu, qui est un Esprit éternel et bon. Selon cette doctrine, notre monde devait donc tirer son origine d’une sorte de divinité inférieure, que les faux enseignants nommaient « le démiurge ». Ainsi a commencé l’effritement des enseignements de la Bible : le Dieu éternel n’était pas le Créateur du ciel et de la terre. Ensuite, jamais le Fils éternel de Dieu n’aurait pu se revêtir de notre nature humaine de chair et de sang pour devenir un homme. Ainsi, Jésus, loin de s’être incarné, avait simplement pris l’apparence d’un être humain. Enfin, une autre conséquence de cette fausse doctrine était le rejet de la résurrection corporelle. En effet, pourquoi Dieu ressusciterait-il le corps, puisqu’il est matériel et donc foncièrement mauvais ? Voilà en quoi cette philosophie erronée menaçait la foi chrétienne.*
Comment a réagit l’Église?
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*Sinclair B. Ferguson, Joel R. Beeke, et Michael A. G. Haykin, ABC de l’histoire de l’Église : Un survol des moments marquants des vingt derniers siècles, trad. Olivier Legendre, Trois-Rivières, Éditions Cruciforme, 2020, p. 15-17.