En septembre dernier, mon mari et moi avons ramené à la maison notre petite fille après une longue saison d’attente avant d’avoir eu un enfant.
Mis à part la joie et la douceur que notre bébé a amenées à notre maison, nous avons vite remarqué que notre routine quotidienne s’est tournée à l’envers. En réponse, nous nous sommes trouvés à évaluer sa nutrition, son sommeil et son comportement général dans la catégorie « bon » ou « mauvais ». La famille, les amis ou des étrangers à l’épicerie nous demandaient assez souvent, « Est-elle un bon bébé? ». Mes réponses étaient mêlées : certains jours étaient bons; certains étaient mauvais.
Les bons jours étaient ceux parmi lesquels j’ai pu avoir plusieurs heures de sommeil consécutives, une sieste non interrompue et une longue liste de tâches ménagères accomplies. Les mauvais jours étaient ceux où le bébé s’agitait, n’avait pas un horaire discernable de nutrition ou de sommeil et où elle perturbait généralement mes plans. Dans ces jours, je me sentais mécontente et grincheuse en servant ma famille.
Pendant une des mauvaises journées, alors que je répétais dans mes pensées toutes les choses qui ne s’étaient pas bien passées, l’Esprit a amené une conviction à deux sens dans mon cœur : premièrement, que mon bébé (avec tous ses besoins) est un cadeau parfait du Seigneur et une raison pour être reconnaissante et satisfaite chaque jour; et deuxièmement, que de donner ma vie pour elle avec joie est exactement comment Dieu en Christ m’a aimé.
Redéfinir la bonté
Alors que je méditais sur cette correction, j’ai réalisé que les mots que j’utilisais étaient intrinsèquement centrés sur moi. En vérité, mon bébé n’était pas plus « bon » lorsqu’elle avait dormi à travers la nuit que lorsqu’elle s’est souvent réveillée et qu’elle a eu besoin de moi. Elle n’était pas plus « mauvaise » lorsqu’elle voulait qu’on la tienne au lieu d’être couchée. Dire que son comportement était bon ou mauvais à ce stade de sa vie révélait l’égocentrisme de mon cœur plus qu’il décrivait adéquatement son comportement. Lorsqu’elle grandira, il y aura certains (« mauvais ») comportements à corriger, mais ces besoins de nouveau-nés ne tombent pas encore dans cette catégorie.
Alors que le Seigneur m’a convaincu de mon attitude pécheresse, j’étais frappé par la réalisation d’à quel point cette manière de penser est imprégnée dans notre culture. Ce n’est pas très surprenant dans un temps où plusieurs couples évitent de se marier ou même d’avoir des enfants pour plutôt se concentrer sur une carrière ou sur l’indépendance financière. L’idolâtrie du moi dicte souvent la planification de famille et forme aussi la fondation du fait d’appeler nos bébés « bons » ou « mauvais », dépendant du degré dans lequel ils nous déraillent de notre confort personnel et de nos buts. Cette perspective est commune, mais aussi profondément antichrétienne.
Le chemin de Christ
Les prochains mots de l’Apôtre Paul ont servi comme antidote évangélique à mon attitude et mon discours égoïste :
Si donc il y a quelque consolation en Christ, s’il y a quelque soulagement dans l’amour, s’il y a quelque communion d’esprit, s’il y a quelque compassion et quelque miséricorde, rendez ma joie parfaite, ayant un même sentiment, un même amour, une même âme, une même pensée. Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ: existant en forme de Dieu, il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; et il a paru comme un vrai homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. (Philippiens 2.1-8)
Avoir la pensée humble et servante de Christ en tant que parent d’un nouveau-né se manifeste dans une volonté enjouée de changer plusieurs couches, sortir du lit pour la quatrième fois dans la nuit ou de bercer un enfant agité. Sûrement, ces besoins incessants testent la patience et l’énergie d’un parent, mais Paul nous dit que le système de pensée qui honore Dieu nous a déjà été donné en Christ. À cause de Christ, nous sommes rendus capables de nous dépouiller de nos vieilles façons de penser égocentriques qui caractérisent les besoins des autres comme étant « mauvais », et de nous revêtir de nouvelles, de façons qui sont basées sur des pensées axées sur le service et qui répondent aux besoins des autres avec empressement et joie.
Être parent sera toujours physiquement et émotionnellement demandant, mais ce rappel biblique peut transformer comment nous répondons à chaque couche sale, à chaque pleurnichement et acte de désobéissance. C’est l’humilité semblable à celle de Christ qui nous permet d’être parents, que nos enfants dorment sur leur horaire ou pas ou que nous accomplissions notre « liste de tâches ». Nous avons un Sauveur qui a donné sa vie pour nous : comment ne pouvons-nous pas donner nos propres vies pour les enfants avec lesquels le Seigneur nous a bénis?
La vérité est que pour ceux qui sont en Christ, les « bons » jours sont ceux qui nous donnent l’opportunité de donner notre vie pour celles des autres, incluant ceux qui n’ont aucune idée de combien ils ont besoin de nous.
Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.
Courtney Vera est une conseillère biblique et une expatriée canadienne qui vit à Beaumont, en Californie, avec son mari et ses deux filles.