Dollarama-cher?! D’habitude, je parle de Dollarama-cheap. Je ne prends pas le mot cher dans le sens d’un prix élevé. Nous savons tous que les prix de Dollarama ne le sont pas. Pour moi, cher veut dire précieux. Chez Dollarama, j’ai trouvé un trésor pour enrichir mon amour fraternel, surtout pendant ce temps de confinement.
Loin des yeux, loin du cœur. Cela peut devenir tristement vrai quand nos assemblées ne se réunissent pas, et nous ne voyons plus (ou peu) les frères et sœurs de notre église. Notre amour les uns pour les autres pourrait refroidir (voir Matt 24.12).
Chez Dollarama, j’ai découvert une façon d’aimer nos frères et sœurs.
Dollarama-cheap, je connais grâce à ma belle-mère. Quand elle venait pour une visite, elle donnait à ses petits-enfants des jouets achetés chez Dollarama. Mes enfants étaient tous excités ! Ils jouaient avec plaisir. Mais, trois jours après le départ de leur grand-mère, ils venaient me voir avec leur nouveau jouet brisé. Une roue du camion est tombée. Un bras de la poupée s’est arraché. La pelle à sable s’est cassée en deux. « Papa, peux-tu le réparer ! » plaidaient mes enfants avec des larmes aux yeux. Ayant déjà de l’expérience dans la réparation des jouets Dollarama, j’ai dû secouer ma tête, « Désolé mon grand, les jouets de Dollarama ne se réparent pas. C’est Dollarama-cheap. » (En défense de ma belle-mère, elle ne les achète plus.)
Or, comme vous le savez, chez Dollarama, on peut trouver de bons deals. Mon bon deal ce sont des cartes de souhaits. Ces cartes, que l’on peut acheter en paquet de cinq, sont devenues mon Dollarama-cher.
Avant, j’envoyais des cartes aux visiteurs de notre assemblée. Je leur remerciais pour leur présence et exprimais ma prière qu’ils soient bénis par l’Éternel Dieu.
Avec le confinement, et surtout le prolongement du confinement, j’ai commencé à écrire des cartes non pas aux visiteurs – il y en avait très peu à cause du confinement – mais aux membres, aux adhérents de notre assemblée. Cela avait un effet très positif sur mes frères et sœurs en Christ, et aussi sur moi.
Avant la pandémie, je rendais visite régulièrement aux membres de l’église. M’assoir avec un frère ou une sœur, boire un verre d’eau (je refusais souvent le café pour ne pas dépasser la limite de trois par jour), partager sur la vie chrétienne, lire et exposer un texte biblique, et surtout prier ensemble, voilà ce qui enrichissait la foi et l’amour de chacun présent, moi en premier.
Les restrictions du confinement ont arrêté sèchement ces visites pastorales. Comment maintenir le contact, et surtout l’encouragement fraternel ?
Certes je priais pour mes frères et sœurs, mais tout seul chez moi ou à l’église. Eux, ils n’entendaient pas mes prières pour eux, même s’ils savaient que j’intercédais pour eux.
Je profitais de la technologie pour « rencontrer » plusieurs par Zoom, Skype, WhatsApp, Hangouts, et même Jitsi. Je suis reconnaissant pour ces plateformes. Toutefois, cela restait intangible. Il nous faut quelque chose de tangible, de 3D que nous pouvons toucher. Même si une carte de souhaits n’est pas plus épaisse qu’un écran, on peut la toucher, la manipuler et la caresser pour nous rappeler que celui qui l’a écrite est une vraie personne, même un frère en Christ.
Écrire et poster des cartes aux membres de l’église est devenue une manière tangible pour exprimer mon amour fraternel. Presque chaque semaine, j’écris quatre à six cartes et les poste avec un timbre, même si je pourrais les livrer moi-même. Recevoir de la poste – du vrai courrier, surtout une carte de souhaits (pas une autre facture) –, nous aimons tous cela. Nous nous dépêchons à l’ouvrir.
J’aime bien les cartes de Dollarama parce qu’il n’y a aucun texte à l’intérieur. Je dois composer mon texte, au lieu de simplement signer mon nom après un texte imprimé sur des milliers de cartes. Dans un monde où presque tout est produit en masse, c’est précieux de recevoir une carte avec un texte écrit à la main, même si mon écriture n’est pas toujours facile à déchiffrer.
Plusieurs membres de l’Église m’ont remercié pour la carte. Cela m’encourage de savoir qu’ils avaient apprécié ce petit geste fraternel. Qu’est-ce qu’ils ont fait avec les cartes après ? Les courriels, même personnels, sont faciles à flusher. Les cartes écrites à la main sont plus difficiles à rejeter à la poubelle. S’ils l’ont fait, cela ne me concerne pas trop. (J’aimerais quand même qu’ils la mettent dans le recyclage.) Cependant, garder la carte de souhaits donne une plus longue vie au message. On peut le relire.
Écrire ces cartes m’est très utile, à moi ! En écrivant, même rapidement, quelques mots de remerciement et de prières pour le frère ou la sœur en Christ, je prenais un temps pour penser à lui ou à elle. Mes affections chrétiennes étaient dirigées vers cette personne-là pour quelques instants. Mes prières étaient dites pour ce membre du corps de Christ. Nous étions en communion, tous les deux, devant le trône de notre Père céleste.
Pour cela, je parle de mes cartes Dollarama-cher. Ces cartes de souhaits, pas très chères à acheter, ont rendu ces frères et sœurs plus chers à mon cœur. Mon amour fraternel pour eux est enrichi.
Bernard Westerveld (M.Div, Westminster Theological Seminary) est pasteur de l’église réformée Saint-Marc, à Québec. Son épouse Melanie et lui ont huit enfants.