Boîte à outils du prédicateur : Sur quel sujet devrais-je prêcher ensuite ?

Comment choisir le texte ou le livre que je dois prêcher ensuite ? Y a-t-il des facteurs importants à prendre en compte dans le choix d’un texte ? 

Le choix du texte fait partie du processus de préparation des sermons expositifs. Bien que cela semble aller de soi, il y a des facteurs importants à considérer lors de la sélection d’un passage à prêcher, dont le moindre n’est pas le discernement de l’état spirituel et des besoins de votre congrégation unique.

Pour de nombreux prédicateurs, cependant, le choix du texte se fait le lundi ou le mardi précédant le dimanche à venir. Cela n’est ni utile ni judicieux. Vous ne disposerez pas du temps nécessaire pour étudier le texte et son contexte, méditer sur ses vérités pour vous et vos auditeurs, trouver des illustrations convaincantes et identifier des applications significatives. 

De plus, la dernière chose dont vous avez besoin est d’être stressé parce que vous n’êtes pas sûr que le texte que vous avez choisi est le bon au bon moment. Pour contrer cette tendance et cette tentation, je propose deux hypothèses sur la prédication, suivies de trois suggestions sur le choix d’un texte à prêcher.

Deux hypothèses

1. Vous êtes d’abord pasteur, ensuite prédicateur.

Je suppose que votre identité et votre rôle principaux dans l’Église sont d’être pasteur. Vous êtes donc avant tout un berger, et non un enseignant. Bien que la prédication et l’enseignement soient l’une des parties les plus importantes de votre ministère, ils sont subordonnés à votre rôle de berger d’un troupeau.

Plus précisément, vous êtes un sous-pasteur du Christ, le principal berger de son peuple (1 P 5.1-4). Par conséquent, tout ce que vous faites en tant que pasteur/berger – qu’il s’agisse de prêcher, d’enseigner, de discipliner, de conseiller ou de discipliner – fait partie intégrante de ce que Jésus a fait et continue de le faire dans la vie de votre peuple, c’est-à-dire connaître, nourrir, diriger et protéger le troupeau.

Le choix d’un texte fait partie de votre ministère de berger, qui consiste à discerner dans la prière les besoins et les préoccupations uniques du troupeau qui vous a été confié par le chef des bergers. Tout ce que vous faites dans votre ministère découle de cette réalité : vous êtes un pasteur. 

2. Vous êtes appelé à prêcher tout le conseil de Dieu.

Je suppose que vous êtes convaincu que le ministère de la Parole – principalement en prêchant des sermons exposés, centrés sur l’Évangile et tirés de toutes les Écritures – est une partie vitale de votre ministère.

Dans une perspective à long terme, vous vous engagez à prêcher et à enseigner tout ce que dit la Bible, et pas seulement certains textes qui soutiennent vos chevaux de bataille.

Vous vous engagez à présenter le Christ à partir de l’ensemble des Écritures, sachant que ce n’est qu’à travers lui que les vies peuvent être recréées et renouvelées. C’est pourquoi vous l’annoncez, en avertissant tout le monde et en les enseignant en toute sagesse, afin de les faire mûrir (Col 1.28). 

Trois suggestions

En gardant à l’esprit ces deux hypothèses, voici trois suggestions pour la sélection des textes.  

1. Commencez par la prière.

La Bible rapporte que les premiers responsables de l’Église naissante du Nouveau Testament se consacraient à deux tâches principales : la prédication et la prière (Actes 6.4). Suivant l’exemple de leur rabbin, ils savaient que la prière était un élément essentiel de leur ministère (Marc 1.35-39).

Paul a également compris la nécessité de la prière pour son ministère. Ses lettres révèlent la priorité qu’il accordait à la prière, non seulement pour la croissance et la maturité des croyants (Éph 1.15-23), mais aussi pour son propre ministère de prédication (Col 3.2-4). Il savait que sans la puissance de Dieu, sa prédication serait stérile.

Prenez donc le temps de demander au Seigneur, par la prière, de vous donner la sagesse de choisir les textes. Les pasteurs avisés savent que le discernement des besoins de leur assemblée nécessite l’aide du Dieu de toute sagesse. Nous ne pouvons pas discerner les cœurs de nos auditeurs sans l’aide de l’Esprit qui sonde les cœurs.

Certains pasteurs voudront passer du temps à prier et à réfléchir seuls, tandis que d’autres voudront prier avec d’autres responsables de l’Église. Certains voudront consacrer quelques jours à la prière avant de planifier la série de sermons pour l’année. D’autres voudront consacrer un jour par trimestre à la prière et au discernement.

Quelle que soit la méthode choisie, réservez intentionnellement du temps pour prier dans le cadre de votre processus de sélection.

2. Essayez différents modèles.

Il y a deux modèles que vous pouvez envisager. 

Tout d’abord, essayez la lectio continua. Littéralement « lecture continue », ce mode de sélection du texte suit essentiellement le texte biblique tel qu’il a été donné. Cette pratique qui consiste à lire et à prêcher dans l’ordre des passages contigus de l’Écriture, généralement à travers un livre entier, existe depuis les débuts du christianisme.

Pour la plupart des prédicateurs, cela signifie prêcher à travers un livre biblique entier ou de petites sections d’un livre plus long (par exemple, les récits de Joseph dans Genèse 37-50 ; les Psaumes d’ascension dans Psaumes 120-134). De nombreux prédicateurs, tout au long de l’histoire, ont suivi ce modèle afin que leurs fidèles puissent entendre et se nourrir de tout le conseil de Dieu.  

Bien qu’il faille toujours déterminer judicieusement la longueur de la portion de l’Écriture en fonction de questions telles que le genre, cette méthode n’élimine pas seulement le stress de décider quoi prêcher ensuite, mais fournit également un modèle utile pour votre congrégation lorsqu’elle lit, interprète et applique l’Écriture pour elle-même. De plus, les questions et les sujets émergent naturellement du texte, au lieu de donner l’impression que vous avez des axes théologiques spécifiques à moudre ou des chevaux de bataille à chevaucher.

Ce modèle vous permet de présenter tout ce que la Bible a à offrir à votre assemblée en prêchant fidèlement semaine après semaine et année après année. Le problème est que certaines séries peuvent devenir trop longues et difficiles à gérer si l’on n’y prend pas garde.

Vous devez déterminer avec sagesse quand et si une pause dans une série est nécessaire pour répondre à un besoin urgent de la congrégation. Veillez également à fournir suffisamment de contexte à ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’assister à la série jusqu’à présent. 

Deuxièmement, essayez le modèle topique/textuel. Dans ce cas, le prédicateur se concentre sur une idée ou un sujet et prêche à partir d’un texte ou de plusieurs textes qui l’abordent. Ce schéma donne à un prédicateur avisé la possibilité d’aborder des sujets spécifiques et des questions auxquelles l’assemblée peut être confrontée dans sa propre vie ou dans la société en général.

Il est toutefois impératif que le prédicateur s’assure qu’il est fidèle au(x) texte(s) et qu’il permet la communication des vérités premières. Ainsi, si après avoir étudié le texte, le prédicateur découvre qu’il n’aborde pas le sujet souhaité, il devra trouver un texte en rapport avec le sujet.

Cette méthode présente certains avantages. Tout d’abord, elle offre au prédicateur une certaine souplesse dans le choix des sujets à partir de passages qui répondent aux besoins de sa congrégation. Deuxièmement, elle confère une unité au sermon, puisque le sujet principal sera au centre de tout le sermon. Troisièmement, il aide les fidèles à voir comment la Bible dans son ensemble aborde des sujets importants pour leur vie spirituelle.

Les prédicateurs doivent veiller à ne pas laisser certains sujets dominer leurs emphases et leurs séries de prédications. On peut facilement tomber dans la tentation de prêcher des sujets qui n’intéressent que soi. L’utilisation stricte de l’approche topique/textuelle peut ne pas permettre à la congrégation de grandir par la prédication de tout le conseil de Dieu. Une approche équilibrée utilisant de multiples modèles de sélection peut compenser cela.  

3. Poser une série de questions.

Comme un parent qui discerne soigneusement les meilleurs aliments à donner à ses enfants pour leur croissance et leur développement, les pasteurs doivent déterminer avec sagesse les besoins de leur Église en matière de nourriture et de maturation spirituelles. Les pasteurs doivent analyser des facteurs tels que les différents niveaux d’alphabétisation biblique de leur congrégation, ainsi que les besoins généraux et les problèmes spécifiques qui font partie de l’histoire et de la culture de l’Église.

Comme chaque paroisse a des caractéristiques et des besoins uniques, cette tâche est à la fois un art et une science qui requiert beaucoup de sagesse. En particulier pour les pasteurs qui débutent leur ministère dans une nouvelle Église, il est vital de réfléchir soigneusement non seulement à ce qu’il faut prêcher, mais aussi à la raison qui pousse à le faire. Voici quelques questions qui peuvent vous aider : 

Quelles parties de la Bible ont déjà été prêchées ? Quelles sont celles qui ne l’ont pas été ? 

Y a-t-il eu un équilibre entre les prédications de l’Ancien et du Nouveau Testament ? 

Y a-t-il eu une diversité de genres (narration, poésie, etc.) ? 

Quels sont les textes ou les thèmes recommandés par vos collègues ?

Y a-t-il des sujets spécifiques qui pourraient être utiles à la congrégation en ce moment (par exemple, la souffrance, l’intendance) ?

Y a-t-il des schémas de péché émergeant de votre ministère de conseil qui pourraient nécessiter une série spéciale ? 

Y a-t-il un équilibre entre les sujets concernant l’exaltation de Dieu (culte), l’édification des croyants (formation des disciples) et l’évangélisation des non-croyants (témoignage) ? 

Y a-t-il un équilibre entre les sujets doctrinaux couvrant les principaux domaines de la théologie ?

Choisissez ce que vous allez prêcher ensuite avec sagesse, en réfléchissant et en priant. Votre congrégation bénéficiera de cet aspect souvent négligé du travail de berger. 

Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition. La traduction est publiée ici avec permission.