R. C. Sproul, La prière peut-elle changer les choses ?, La Rochelle, 2021, p. 7-10.
Quel est le but de la vie chrétienne ? C’est la piété née de l’obéissance au Christ. L’obéissance libère les richesses de l’expérience chrétienne. La prière suscite et nourrit cette obéissance, plaçant le cœur dans le bon « état d’esprit » pour qu’il soit enclin à obéir.
Il va de soi que la connaissance a également son importance, car sans elle, nous ne pouvons pas savoir ce que Dieu exige. Cependant, la connaissance et la vérité demeurent abstraites si nous ne communions pas avec Dieu dans la prière. Le SaintEsprit nous enseigne la Parole de Dieu, nous inspire et nous éclaire à travers elle. Il sert de médiateur de la Parole de Dieu et nous aide à répondre au Père par la prière.
En résumé, la prière a une place vitale dans la vie du chrétien. On peut prier sans être chrétien, mais on ne peut être chrétien sans prier. Romains 8.15 nous dit que l’adoption spirituelle, qui a fait de nous des fils de Dieu, nous pousse à nous écrier : « Abba ! Père ! » La prière est au chrétien ce que le souffle est à la vie, et pourtant aucun devoir du chrétien n’est autant négligé que celui de la prière.
La prière, du moins la prière intime, est difficile à exprimer si elle est basée sur de mauvaises motivations. Il est possible de prêcher en étant poussé par de mauvais motifs, comme le font les faux prophètes. On peut également s’impliquer dans des activités chrétiennes pour de mauvaises raisons. Cependant, il est difficile, voire impossible, de communier avec Dieu lorsqu’on a de mauvaises motivations.
Dieu nous invite à prier, et même nous ordonne de prier. La prière est à la fois un privilège et un devoir, et tout devoir peut devenir laborieux. La prière, comme tout autre moyen de croissance pour le chrétien, exige des efforts. La prière est en un sens contre nature pour nous. Bien que nous ayons été créés pour vivre en communion les uns avec les autres, et avec Dieu, les conséquences de la chute nous poussent à être paresseux et indifférents à l’égard de la prière, aussi importante soit-elle. La nouvelle naissance stimule un nouveau désir de communion avec Dieu, mais le péché résiste à l’Esprit.
Nous pouvons nous consoler en sachant que Dieu connaît nos cœurs et qu’il entend nos requêtes tacites ainsi que les mots qui émanent de nos lèvres. Chaque fois que nous ne sommes pas en mesure d’exprimer les sentiments et les émotions profondes de nos âmes, ou encore quand nous ne savons pas clairement ce pour quoi nous devrions prier, le Saint-Esprit intercède pour nous. Romains 8.26, 27 déclare : « De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit intercède par des soupirs inexprimables ; et celui qui sonde les cœurs connaît la pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. » Quand nous ne savons pas comment prier ou que dire dans nos prières dans une situation donnée, le Saint-Esprit nous vient en aide. D’après ce texte, tout porte à croire que si nous prions de manière incorrecte, le Saint-Esprit corrige les erreurs de nos prières avant de les déposer devant le Père. En effet, le verset 27 nous dit que « c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints ».
La prière est le secret de la sainteté – si tant est que la sainteté a quoi que ce soit de secret. Si nous examinons la vie des grands saints de l’Église, nous constatons qu’ils étaient de grands hommes de prière. John Wesley a un jour fait remarquer qu’il ne considérait pas beaucoup les pasteurs qui ne passaient pas au moins quatre heures quotidiennes dans la prière. Luther disait qu’en temps normal, il priait une heure par jour, sauf si sa journée était particulièrement chargée. Dans ce cas-là, il priait deux heures.
La négligence de la prière est une cause majeure de stagnation dans la vie du chrétien. Prenons l’exemple de Pierre dans Luc 22.39-62. Quand Jésus s’est rendu au mont des Oliviers pour prier, comme il avait coutume de le faire, il a dit à ses disciples : « Priez afin que vous ne tombiez pas en tentation. » Pourtant, les disciples se sont endormis. Par la suite, le premier réflexe de Pierre a été de tenter d’attaquer l’armée romaine avec une épée ; plus tard, il a nié connaître le Christ. Pierre n’a pas prié, et en conséquence, il est tombé dans la tentation. Ce qui était vrai pour Pierre est également vrai pour nous : nous devons tomber à genoux dans l’intimité avec Dieu pour ne pas chuter en public.
Y a-t-il un bon et un mauvais moment pour prier ? Ésaïe 50.4 désigne le matin comme le moment où Dieu donne quotidiennement le désir de prier. D’autres passages cependant évoquent des temps de prière à tout instant de la journée. Aucun moment de la journée n’est plus sanctifié qu’un autre. Jésus priait le matin, pendant la journée, et parfois toute la nuit. Il est évident qu’il réservait chaque jour un temps à la prière ; cependant, compte tenu de la relation qu’il entretenait avec le Père, nous savons que la communion entre eux n’était jamais vraiment interrompue.
Le passage de 1 Thessaloniciens 5.17 nous ordonne de prier sans cesse. Cela signifie que nous devons continuellement être en communion avec notre Père.
La prière est donc centrale et cruciale dans la vie du chrétien. Examinons à présent plus en détail cette discipline chrétienne incomprise et négligée.
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La prière peut-elle changer les choses ?
R. C. Sproul
R. C. Sproul (1939-2017) était un ancien enseignant ordonné dans la Presbyterian Church in America et a eu une brillante carrière d'enseignant universitaire dans divers collèges et séminaires, y compris le Reformed Theological Seminary à Orlando et Jackson, Mississippi. Il était également le fondateur de Ligonier Ministries, un ministère international d'éducation chrétienne situé près d'Orlando, en Floride.