Revue du livre « Dieu est l’Évangile »

La question est percutante : « Si vous pouviez aller au ciel…, y seriez-vous heureux et satisfaits si Christ n’y était pas ? » (p.14-15) Cela fait réfléchir chaque chrétien sur ses désirs ultimes. 

Avec son cœur de pasteur, John Piper nous amène dans cette réflexion dans son livre, Dieu est l’Évangile. Au milieu du livre, au septième chapitre (« L’Évangile : la gloire du Dieu bienheureux »), Piper développe la réponse qui me touche le plus. Ce chapitre est aussi le plus court. Il est comme le sommet d’une montagne. Quoique petit par rapport à la masse de la montagne, le sommet donne une vision glorieuse du paysage. Sur les hauteurs de l’Évangile, Piper nous ouvre les yeux : « (C)’est une chose glorieuse pour Dieu que d’être heureux » (p.119). 

Pour renchérir la réponse à la question cruciale qui ouvre son livre, Piper note ce qui est une évidence : « Personne ne voudrait vivre pour toujours avec un Dieu malheureux » (p.119). Heureusement, les Écritures nous font connaitre « l’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux » (1 Tm.1.11). Puisque Dieu est une joie infinie, nous désirons avant tout vivre toujours avec lui. 

La gloire de l’Évangile

Dans son livre, John Piper cherche à centrer notre compréhension de la Bonne Nouvelle en nous ramenant constamment à la gloire de Dieu. Il tourne autour de la question, comme un bijoutier qui examine chaque facette d’un diamant, démontrant comment chaque facette de l’Évangile nous ramène à Dieu, notre bien suprême. Dans ses propres mots, Piper définit l’Évangile de Jésus-Christ comme étant « la bonne nouvelle de notre jouissance entière et complète en la gloire de Dieu sur la face de Christ » (p.14).

Centrale à cette définition de l’Évangile est la description du ministère de l’apôtre Paul. Il annonce, « l’Évangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu […] pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ. » (2 Cor 4.4-6) Dans onze chapitres, Piper développe cette vision divine de l’Évangile abordant plusieurs questions autant théologiques (ex. la conversion; chapitre 5), que missiologiques (ex. l’évangélisation; chapitre 6) et aussi psychologiques (ex. estime de soi; chapitre 11). 

Dans chaque chapitre, Piper ne cesse de souligner que « l’Évangile, c’est Dieu lui-même » (p.17). Il y a deux ans, j’ai lu Light from the Christian East, un survol de la théologie orthodoxe. Un point qui m’a marqué, et qui rejoint la thèse de Piper, était la déclaration que la grâce est Dieu. Notre tendance est de définir la grâce selon tous les bienfaits que Dieu accorde à son peuple. Or, le bienfait essentiel, c’est Dieu lui-même dans notre vie pour nous transformer à son image. Piper y ajoute un élément psychologique en décrivant l’Évangile comme la réjouissance de Dieu : « le don de Dieu lui‑même, pour notre joie éternelle » (p.175).

La joie de l’Évangile

Puisque notre réjouissance en Dieu doit être notre désir ultime, Piper insiste que l’annonce de l’Évangile « n’est pas le moyen de conduire des humains au ciel, mais de les amener à Dieu » (p.53). Pour appuyer ce point, Piper cite le résumé de l’œuvre rédemptrice de Christ donné par l’apôtre Pierre : « Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu » (1 Pi 3.18). Dans mon ministère pastoral, j’ai souvent cité ce texte sans jamais poser la question : Pourquoi ? Pourquoi vouloir nous approcher de ce Dieu ?

Piper y répond par une vision plus glorieuse du Dieu que l’Évangile nous fait connaitre. « La meilleure nouvelle de l’Évangile est celle‑ci : étant suprêmement glorieux, le Créateur de l’univers a levé, au moyen de la mort et de la résurrection de Jésus‑Christ, tout obstacle se dressant entre lui et nous, de sorte que nous puissions découvrir une joie sans fin en contemplant sa beauté infinie » (p.175; accent ajouté).

Le traitement de notre approche de Dieu est tissé dans le fond de l’étoffe de ce livre. Reprenant la Bonne Nouvelle résumée par Pierre, Piper conclut : 

Mais la question capitale est la suivante : Se réjouiront‑ils en Dieu ou simplement à cause des dons du ciel ?

Dans ce livre, je cherche à démontrer que l’Évangile ne se résume pas à la mort et à la résurrection de Jésus qui ont apaisé la colère de Dieu, qui nous ont acquis le pardon des péchés et qui ont justifié des pécheurs. La Bonne Nouvelle ne se réduit pas, non plus, au fait que la rédemption nous épargne l’enfer et nous ouvre le ciel. Toutes ces choses nous amènent en présence de Dieu, où nous pouvons contempler sa gloire sur la face de Christ, notre trésor suprême et éternellement satisfaisant.

John Piper, Dieu est l’Évangile, p.199-200.

« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! » promet notre Sauveur (Mt.5.8).

Quelques remarques pêle-mêle 

Il y a un nombre incroyable de sous-titres, presque à chaque page et parfois deux fois sur la même page. Personnellement cela coupe ma lecture. Je suis cependant de la vieille génération. Peut-être pour d’autres, cela facilitera leur lecture. Certainement cela permettra une lecture en diagonale très rapide du livre, qui n’est toutefois pas très long. 

Jonathan Edwards a la malheureuse réputation d’être l’auteur de la prédication la plus réimprimée en anglais : Sinners in the Hands of an Angry God (Entre les mains d’un Dieu en colère). Par ses nombreuses citations d’Edwards, Piper nous fait connaitre un autre côté de ce prédicateur du réveil du 18e siècle. Edwards n’est pas seulement profondément réfléchi. Il est aussi rempli d’une affection pour le Dieu Sauveur, comme il écrit : « Certes, les rachetés jouiront de bien des choses, ils tireront plaisir les uns des autres, des anges et de plus encore, mais dans tout cela, ce qui leur procurera le plus de bonheur ou de délices sera Dieu » (p.173).

La fin de la conclusion est une série de compositions intitulée « Quatorze siècles de chants qui exaltent Christ ». Glorifier le Dieu de l’Évangile par le chant est le désir de chaque cœur transformé par l’Évangile. En même temps, la louange est plus douce dans sa langue maternelle. Les traducteurs auraient dû insérer quelques textes francophones pour nous aider à terminer notre lecture en offrant « sans cesse à Dieu un sacrifice de louange. » (Hb.13.15) 

À lire, et même à relire avec d’autres

J’avoue que Piper n’est pas mon auteur de préférence. Beaucoup de croyants évangéliques aiment lire et écouter Piper, et ils ont raison de le faire. Je suis reconnaissant pour cette occasion de le lire. Je suis surtout reconnaissant pour la fraicheur, et même la profondeur, avec lesquelles Piper présente l’Évangile. C’est la même confession – Soli Deo gloria – mais vue dans toutes ses richesses. 

Je recommande ce livre très chaleureusement, surtout à ceux qui, comme moi, n’ont pas trop lu Piper, ou même pas du tout. Vous goûterez à son enseignement solidement ancré dans les Écritures, fortifié par les citations venant d’hommes de Dieu. Vous arrêterez sur ses illustrations touchantes et ses questions introspectives. Vous sentirez son cœur enflammé pour Dieu son Sauveur, ainsi que pour l’âme de chaque lecteur. De plus, vous aurez un aperçu d’autres livres écrits par Piper pour enrichir votre foi.

J’ai bien hâte de relire Dieu est l’Évangile, surtout en format imprimé quand il sera disponible (Lire en PDF fatigue mes yeux.). J’espère surtout le lire avec quelques frères et sœurs de mon assemblée. La lecture en petit groupe, avec discussion et prière, éveillera notre vision de la gloire de notre Dieu bienheureux !

Participez gratuitement à la conférence du 24 avril avec John Piper !

En vous inscrivant à la conférence, vous recevrez une version eBook gratuite du livre !

Les versions en papier seront aussi en vente pour 2$ !

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Bernard Westerveld (M.Div, Westminster Theological Seminary) est pasteur de l’église réformée Saint-Marc, à Québec. Son épouse Melanie et lui ont huit enfants.