Parents, voici la meilleure façon de léguer votre foi

En premier, c’était Grand-maman Lois. Ensuite, c’était Maman Eunice. Et finalement, Timothée, le « fils dans la foi » de l ‘apôtre Paul. Dans Timothée 1.5, Paul célèbre Timothée et la lignée de « foi sincère » qui vivait premièrement dans sa grand-mère et sa mère. 

Chaque génération doit recevoir l’Évangile – la foi chrétienne « distribuée aux saints une fois pour toutes » (Jude 3) – et doit être fidèlement transmise sans aucune altération. Comment cette transmission prend-elle place? Quel est le rôle de l’Église dans ce processus? Le rôle de la famille? Quels genres de pratiques contribuent à une transmission plus fructueuse de la foi?

Il y a quelques années en arrière, j’ai résumé une étude de Lifeway Research qui effectuait des sondages auprès des familles dont les enfants sont demeurés dans la foi de leur adolescence jusqu’à la vingtaine. Plusieurs pratiques étaient communes dans ce type de famille: la lecture de la Bible, la prière, le service actif dans l’Église et l’écoute de la musique chrétienne. 

L’étude de Charles Smith et Amy Adamczyk, « Handing Down the Faith: How Parents Pass Their Religion on to the Next Generation » [Transmettre la foi: comment les parents transmettent leur religion à la prochaine génération] publié par Oxford University Press est plus récente. La recherche est largement basée sur des entrevues plus approfondies avec des Américains adhérents à différentes religions. Leur recherche a démontré une perspective beaucoup trop personnelle et privée sur la « foi » qui est largement répandue dans la société aujourd’hui. (Plus sur ce point dans la prochaine colonne.)

Que pouvons-nous en tirer? Dans notre culture moderne, presque tout le monde se tient d’accord que les parents sont les principales figures responsables de communiquer la foi religieuse à leurs enfants. L’église, la mosquée ou la synagogue sont des établissements qui jouent un rôle secondaire et de soutien spirituel auprès de ceux qui la côtoient. 

Que nous nous soyons positionnés sur la légitimité de cette idée ou pas, et même si nous contestons certains aspects du modèle culturel dominant, la plupart des parents adhèrent au fait de transmettre leurs principes religieux. Cependant, nous ferions mieux d’être vigilants envers ces observations, car elles illustrent une image de notre contexte culturel particulier ainsi que le rôle vital que les parents jouent dans la transmission des valeurs religieuses. 

Voici trois points marquants de la recherche:

1. Les parents religieux élèvent des enfants religieux. 

Par « parents religieux », nous ne faisons pas référence aux adultes qui se disent religieux ou qui ont un « côté spirituel ». Nous faisons allusion aux parents qui sont religieux en croyance et en pratique – des pères et des mères avec des vies qui témoignent de l’importance de la religion dans leurs vies. 

Les recherches de Smith et Adamczyk avancent que:

Plus la religion est importante pour les parents et plus les parents participent aux services religieux, plus la religion devient significative pour les enfants et plus ils participent aux services religieux, et ce, même des années après qu’ils ne soient plus chez leurs parents. (p. 38) 

Les parents avec une foi nominale sont plus sujets à avoir des enfants qui possèdent une foi nominale, si toutefois ils la possèdent. Par contre, les parents qui vivent leur foi au quotidien et qui ont des routines régulières véhiculent un sens d’importance religieuse. Quoi qu’il en soit, que les parents le réalisent ou pas, ils demeurent la plus grande force qui forme le futur religieux de leurs enfants. 

2. La chose la plus importante qu’un parent puisse faire est de parler de la foi à la maison.

La conclusion la plus surprenante dans ce livre met en lumière l’importance d’un acte simple: la discussion des parents avec les adolescents de questions religieuses à la maison durant la semaine. Il va de soi que les convictions personnelles des parents comptent. La fréquence de la participation aux services religieux compte également. Cependant, le facteur le plus influent demeure définitivement les conversations sur la foi dans le foyer (p. 53).

Pourquoi est-ce si crucial? Smith et Adamczyk ajoutent que ces conversations envoient « un puissant signal à l’importance personnelle qu’un enfant peut avoir à l’égard de la religion ». De toutes les façons, « les gens parlent souvent de ce dont ils se soucient » (p. 83). 

Dans un monde qui relègue constamment la religion à la sphère privée (semblable à un symbole d’identité personnelle), le compartimentage de la foi devient une norme. Le simple fait de discuter de la foi de manière hebdomadaire résiste à cette formule de compartimentage qui limite la foi à une simple croyance religieuse. Elle invite le croyant à intégrer la foi dans son quotidien plutôt qu’à une simple participation à une activité religieuse. 

Ici, nous pouvons trouver une affirmation sociologique d’un principe trouvé dans Deutéronome 6.6-7, « Et ces commandements, que je te donne aujourd’hui, seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. »

Dans ce sens, tous les israélites ont été appelés à être des enseignants. Ils étaient chargés de trouver des moyens d’instruire leurs enfants en cherchant de tous les moyens possibles des opportunités de léguer la foi dans le rythme quotidien de la vie. 

3. Les parents doivent parler le langage de la foi. 

Les auteurs Smith et Adamczyk mentionnent l’importance du langage religieux. Pendant que plusieurs assument que la manière de rejoindre la prochaine génération est de se débarrasser du vocabulaire religieux traditionnel en faveur de certaines doctrines et de termes plus facilement accessibles, il est beaucoup mieux de s’engager dans des conversations qui se basent sur le langage unique de la foi. Ils écrivent : 

Apprendre à croire et pratiquer une religion requiert essentiellement apprendre un second langage et cela nécessite toujours de pratiquer la discussion même lorsqu’on est entourés de gens qui parlent le langage natif. Lorsque les parents parlent régulièrement avec leurs enfants au sujet de la foi, cela donne exactement aux enfants le type de pratique soutenue d’apprentissage d’un second langage qui est nécessaire pour que la religion soit plausible et possiblement intéressante. (p. 71) 

Si vous emmenez vos enfants à l’Église en omettant d’avoir des conversations intentionnelles sur la foi, c’est pareil à les envoyer sur une île étrangère où ils entendent les gens parler un langage inaccoutumé. Peu importe le nombre d’années de participation constante à l’église, « la plupart seront toujours incapables de parler plus que quelques mots du langage. Nous ne devrions pas être surpris s’ils démontrent du désintérêt même après plusieurs visites. Le langage demeurerait incompréhensible et le terrain toujours inconnu. » (p. 71-72)

Cependant, si les parents parlent de la foi durant la semaine, les enfants ont plus de chance d’adopter le langage parce qu’ils auront plus de chances de le parler également. De plus, il est plus probable qu’ils soient davantage intéressés aux vérités dépeintes dans ces conversations, ce qui augmente la probabilité d’être attiré à la même foi plus tard dans la vie.

La puissance de Deutéronome 6 

Il y en a plus à dire sur les désavantages de cette étude – elle représente la perspective logique de la religion qui concorde bien avec la société donnée à l’individualisme expressif, mais elle manque à refléter la vue complète de « la foi » que nous retrouvons dans les Écritures. Toutefois, il y a quelque chose de satisfaisant et simple devant la grande influence d’une petite pratique – les conversations avec les adolescents à propos de la foi et l’impact qu’elles peuvent avoir sur la famille. C’est le pouvoir de Deutéronome 6, toujours effectif et tout aussi déterminant, même aujourd’hui.


Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition. La traduction est publiée ici avec permission.

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Trevin Wax est vice-président de la recherche et du développement des ressources au North American Mission Board et professeur invité au Wheaton College. Ancien missionnaire en Roumanie, Trevin est un chroniqueur régulier de The Gospel Coalition et a contribué au Washington Post, à Religion News Service, à World et à Christianity Today, qui l'a désigné comme l'un des 33 milléniaux qui façonnent la prochaine génération d'évangéliques. Il a été rédacteur en chef de The Gospel Project. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont The Multi-Directional Leader, Rethink Your Self, This Is Our Time, Eschatological Discipleship et Gospel Centered Teaching. Lui et sa femme Corina ont trois enfants.

Published By: Trevin Wax

Trevin Wax est vice-président de la recherche et du développement des ressources au North American Mission Board et professeur invité au Wheaton College. Ancien missionnaire en Roumanie, Trevin est un chroniqueur régulier de The Gospel Coalition et a contribué au Washington Post, à Religion News Service, à World et à Christianity Today, qui l'a désigné comme l'un des 33 milléniaux qui façonnent la prochaine génération d'évangéliques. Il a été rédacteur en chef de The Gospel Project. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont The Multi-Directional Leader, Rethink Your Self, This Is Our Time, Eschatological Discipleship et Gospel Centered Teaching. Lui et sa femme Corina ont trois enfants.