Une journée nuageuse se pointe le matin de ce dimanche de décembre 2020. La première neige a déjà fait son apparition. Un peu de blanc enfin! Le stationnement est quasi vide. Je me souviens de ces dimanches où nous devions nous pointer tôt pour y avoir une place. Ce matin, encore, seulement 25 des 400 chaises seront occupées. Dans certaines régions, les offices sont interdits. Un dimanche désormais régulier à l’Église Espoir. Le service commence par un chant de louange qui nous amène en connexion avec notre Dieu, mais nous sommes distraits; confinés et distanciés, diffusés et impersonnalisés.
Depuis déjà 9 mois, la louange est malmenée. Assise, masquée, chuchotée, diffusée et quelquefois résignée, elle nous amène des émotions en dents de scie. Le plus fort sevrage que nous vivons est ce manque de louanges collectives. Nous n’en étions tout simplement pas conscients. La louange ne vient pas emplir le temps, mais plutôt un espace intérieur, celui de nos émotions qui se connectent avec notre Dieu. Encore plus : la louange n’est pas qu’un simple agent de remplissage, mais un mets succulent.
« C’est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l’Esprit ; entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur ; rendez continuellement grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ. » (Éphésiens 5:17-21)
Anémie dans la pandémie
Louer en temps de pandémie, c’est transcender l’épreuve et le stress du moment pour les substituer par des mots et des émotions véhiculées par les chants. C’est décider de laisser les paroles de nos louanges diriger le flot de nos sentiments. La pandémie peut avoir un effet désastreux sur nous, celui de nous laisser anémiques spirituellement.
« Ne soyez pas inconsidérés », c’est-à-dire stupides et téméraires en réagissant de façon à ne pas comprendre ce qu’est la volonté profonde de Jésus, une volonté qui est au cœur de notre cœur – Lui en nous, par son Esprit. Ne tentons pas d’engourdir la souffrance ou l’anxiété du moment de quelque façon que ce soit. Affrontons-les en face avec tout ce que nous sommes en Lui.
« Au contraire »
Plutôt que de s’enivrer et d’engourdir l’épreuve, l’exhortation est simple et claire : répondre volontairement et par une action concrète qui dévoilera celui qui nous habite et qui nous emplit. La plénitude du Saint-Esprit n’a rien d’irrationnel. C’est un état qui s’exprime. C’est un constat qui s’extériorise. C’est un combat contre la chair et la peur.
Fuir en anesthésiant la souffrance, c’est de la débauche! C’est une forme d’idolâtrie qui tente de remplacer l’expérience divine par un placebo temporaire, nous obligeant à une recherche sans fin et sans fond. Le remède à la pandémie est une prescription de joie : s’entretenir par la louange!
Un entretien
Le mot « entretenez » est lui-même récurrent dans le discours du Nouveau Testament. On le traduit par : parler, s’adresser, exprimer, dire, s’entretenir avec quelqu’un. La louange est un dialogue. L’expression des mots du cœur que nous adressons à Dieu.
La louange est une forme d’expression variée et colorée par les Psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels. Que ce soit des textes bibliques, des hymnes sacrés composés pour la gloire de notre Dieu ou des cantiques puisés au cœur du croyant, la louange est une communion avec Dieu, une forme de prière chantée, une réelle dévotion envers le Seigneur.
La louange n’est pas une simple chanson, tout comme la prière n’est pas qu’une simple discussion. La personne envers qui elle s’adresse et la source où nous la puisons font toute la différence. Tirant son inspiration de l’Esprit qui nous habite, elle pointe directement vers Dieu. C’est un soupir exprimé vers notre Créateur.
Le chant et la musique ont ceci de particulier : ils enrichissent par le rythme et l’harmonie, ajoutant à l’échange les émotions et le mouvement. Louer, c’est impliquer l’être entier. L’âme qui soupire, l’intelligence qui s’exprime, le cœur vivant les émotions et le corps entraîné par le rythme. L’être en entier se canalise dans une même direction : Jésus.
Ensemble
Devant la richesse de la louange, Augustin s’exclame : « Louer, c’est prier deux fois! ». En fait, louer, c’est prier autant de fois que nous sommes.
Il y a une louange intime où nous chantons en tête à tête avec Jésus, laissant notre bouche déverser la musique de notre cœur. Il y a aussi une louange corporative où tout le corps local manifeste envers Dieu des chants. C’est le contexte du passage. Un moment d’unité unique où nous dirigeons vers le Seigneur des mots, des émotions et des intentions communes. Un moment fort de nos réunions, une répétition de ce que nous vivrons éternellement lorsque nous serons dans Sa présence et lui adresserons nos louanges… les yeux dans les yeux.
Un moment d’amour collectif, d’engagement, d’édification et de glorification de Dieu. Ce n’est pas étonnant que le texte nous exhorte à le faire non pas mécaniquement, ou d’une façon routinière, mais en célébrant de tout notre cœur les louanges du Seigneur. La louange individuelle prépare nos cœurs à celle en assemblée.
Le soupir
Nous réalisons le précieux d’une chose que lorsque nous la perdons. L’église est en ce moment en exile et en recherche d’oasis. Ces temps de louange nous manquent, et nous réalisons que louer par écran interposé n’est rien de plus qu’un succédané à la véritable louange. Rendez continuellement grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, particulièrement en ces moments de désert où dans plusieurs régions, l’église ne peut expérimenter pleinement la communauté de louange qu’elle est censée vivre. Nous sommes confrontés devant la réalité de nos soupirs. L’église nous manque, la communion nous manque. Prenons ce temps de langueur comme une pause pour vivre une intimité renouvelée avec Jésus et réapprendre à louer personnellement. Ce sera une puissante préparation pour le jour où nous nous retrouverons ensemble.
Marié et père de deux grands adultes, Michel est pasteur depuis une vingtaine d'années. Il exerce un ministère de louange à l'Église Espoir de Longueuil près de Montréal. Passionné de Jésus, sa quête est une recherche grandissante d'adoration envers son Seigneur. Vous pouvez le suivre sur YouTube.