Les premiers chrétiens se réunissaient le premier jour de la semaine pour la fraction du pain et l’enseignement des Écritures (Ac 20.7; cf. Justin Martyr 1 Apol. 67). Cette fraction du pain était conforme aux instructions du Seigneur Jésus, qui avait demandé à ses disciples de le faire en souvenir de lui.
En célébrant le repas de la Pâque lors de la dernière Cène (Mc 14.14), Jésus avait pris le pain sans levain commémorant le départ précipité du peuple d’Israël d’Égypte et déclaré qu’il ne représentait plus l’exode d’Égypte mais symbolisait désormais son corps. Cela s’est passé « dans la nuit où il a été livré » (1 Co 11.23). Il devait être crucifié le lendemain, et c’est cette réalité qui a motivé sa façon de rompre le pain et de dire ces mots : « Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous » (11.24).
Jérémie avait prophétisé que Dieu sauverait son peuple de telle manière qu’à l’avenir il n’identifierait plus Yahvé comme le Dieu qui l’a fait sortir d’Égypte mais comme le Dieu qui avait accompli pour eux ce nouveau salut définitif qui les ferait entrer dans la terre de la promesse (Jr 16.14-15; 23.7-8). Les auteurs du Nouveau Testament présentent Jésus accomplissant ce salut définitif de l’exode nouveau, par sa mort et sa résurrection, ramenant son peuple de l’exil afin qu’il puisse habiter un nouveau ciel et une nouvelle terre pour toujours. La nuit où il a été trahi, Jésus a transformé la fête commémorant l’exode d’Égypte en une fête qui célébrait l’exode qu’il allait accomplir à Jérusalem (Lc 9.31).
Lorsque Paul a écrit ces mots : « J’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis » (1 Co 11.23), il établit que la célébration de la Cène lui a été donnée en tant qu’apôtre par Jésus, dans l’intention que lui et les autres apôtres instituent cette tradition partout où les disciples de Jésus se réunissent pour le célébrer. Le pain que Jésus a pris (11.23) était le pain sans levain qui symbolisait le départ précipité d’Israël d’Égypte (cf. Ex 12.7-12). L’action de grâce mentionnée par Paul (11.24) était probablement l’une des prières traditionnelles qui accompagnaient le repas de la Pâque.
Dans cette perspective, lorsque Jésus dit : « Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous », il veut dire quelque chose comme ceci : le fait de manger le pain sans levain de la Pâque nous a aidés à nous souvenir et à célébrer notre départ précipité d’Égypte lorsque Dieu nous a délivrés de l’esclavage. Mais j’institue une nouvelle fête qui remplace l’ancienne. Dans cette nouvelle fête, le pain rompu doit vous aider à vous souvenir et à célébrer mon corps brisé par lequel Dieu vous délivre de l’esclavage du péché. Ainsi, lorsque Jésus dit : « Faites ceci en mémoire de moi » (1 Co 11.24), il veut que ses disciples se souviennent de sa mort en leur nom. La déclaration de Paul dans 1 Co 11.26, « En effet, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne », vient étayer ce point de vue. Le pain est un symbole du corps brisé de Jésus. Celui qui mange le pain le fait pour se souvenir de la mort de Jésus à sa place. Celui qui mange le pain proclame cette mort aux autres.
Paul présente Jésus reprenant la commémoration de l’exode d’Égypte et le transforme en une commémoration de sa mort au nom de son peuple : « Faites ceci en mémoire de moi » (11.24). Le peuple de Dieu ne célébrerait plus la Pâque pour se souvenir de l’exode. Il allait désormais célébrer la Cène pour se souvenir de la croix, qui était l’accomplissement du type de l’exode.
Tout comme l’Israël de l’Ancien Testament avait reçu l’ordre de célébrer la Pâque pour commémorer l’exode d’Égypte, Jésus a demandé à ses disciples de « faire ceci en mémoire de moi » (1 Co 11.24). Tout comme la sortie d’Égypte s’est accompagnée de l’initiation par Yahvé à l’alliance mosaïque avec son peuple au Sinaï, le nouvel exode accompli par Jésus s’est accompagné de l’initiation de la nouvelle alliance, comme le montre ce que Paul écrit dans 1 Co 11.25 : « De même, après le repas, il prit la coupe, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang. Faites ceci, chaque fois que vous en boirez, en mémoire de moi. » La coupe, bien sûr, n’est pas littéralement l’alliance (et la coupe ne devient pas d’une certaine manière l’alliance). Le fruit de la vigne contenu dans la coupe symbolise plutôt le sang de Jésus versé sur la croix : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang » (11.25). Tout comme l’ancienne alliance a été inaugurée par le sang (Ex 24.8), Jésus a annoncé que la nouvelle alliance dans son propre sang serait inaugurée par sa mort sur la croix (cf. Hé 9.11-28). Ceux qui boivent la coupe savourent la communion de la nouvelle alliance dans l’attente du retour du Christ et de la consommation de son royaume (Lc 22.18).
Dans ses commentaires sur la Cène dans 1 Corinthiens, Paul enseigne que la Cène reflète l’unité des croyants avec le Christ et entre eux, exigeant leur séparation de l’idolâtrie (1 Co 10.14-22). Il détruit ainsi les divisions socio-économiques (11.17-22), répétant le sacrifice rédempteur du Christ qui se donne lui-même (11.23-26), et exhortant ainsi les croyants à suivre le Christ en donnant leur vie pour les autres (1 Co 11.27-34).
Cet article a été initialement publié sur JimHamilton. La traduction est publiée ici avec permission.
Jim Hamilton
James M. Hamilton Jr. (PhD, The Southern Baptist Theological Seminary) est professeur de théologie biblique à The Southern Baptist Theological Seminary et pasteur-prédicateur à Kenwood Baptist Church. Il est l'auteur de « God's Glory in Salvation through Judgment » et du volume « Revelation » de la série de commentaires « Preaching the Word ». Il tient un blog sur www.jimhamilton.info, et vous pouvez le suivre sur Twitter @DrJimHamilton.