Gloria Furman, À la recherche de la grâce : chérir et vivre l’Évangile au cœur de notre foyer, trad. Olivia Zhang, Éditions Cruciforme, 2021, p. 29-31.
Et voilà, il l’a encore fait. Il a encore laissé son verre de smoothie traîner sur le plan de travail de la cuisine toute la nuit. Dave, mon mari, est un homme brillant et talentueux. Mais quand il s’agit de la cuisine, le bon sens semble parfois lui échapper.
Des myrtilles séchées et une attitude ingrate
Maintenant, il n’y aura plus moyen de faire partir ces myrtilles séchées au fond du verre sans un vigoureux travail de ma part. Je me suis mise à penser à haute voix. (Rassurez-moi, vous le faites aussi ?) « Je n’ai vraiment pas de temps pour ça », ai-je marmonné. Les dents serrées, j’ai commencé à frotter énergiquement le verre. Lorsque Dave est passé devant la cuisine, j’ai poussé un profond soupir d’exaspération et me suis mise à exagérer mes mouvements de nettoyage : « Bon sang, j’espère que ce verre finira par être propre ! Tu ne l’as pas rincé hier. »
Dave s’est excusé et a déclaré avoir simplement oublié.
« Quel ingrat, ai-je pensé. Il sait combien je suis débordée. Il aurait au moins pu rincer ce verre. Vraiment, quel ingrat… » Mais en vérité, c’était moi l’ingrate et j’en avais bien conscience. Le Saint-Esprit m’a mis en tête le célèbre passage sur l’amour dans 1 Corinthiens 13 : « L’amour est patient, il est plein de bonté ; l’amour n’est point envieux ; l’amour ne se vante point, il ne s’enfle point d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche point son intérêt, il ne s’irrite point, il ne soupçonne point le mal, il ne se réjouit point de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L’amour ne périt jamais » (v. 4-8).
J’avais clairement manqué d’amour. Une fois de plus. Tous les jours, j’échoue dans ce domaine. Comment puis-je abandonner ma vie à l’instar de Jésus, alors que je ne suis même pas capable d’aimer mon prochain en faisant quelque chose d’aussi ordinaire que la vaisselle ? Mon seul espoir se trouve dans la personne du Dieu « miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité » (Ex 34.6).
Dieu règne-t-il sur votre quotidien ?
L’exemple que je vous ai donné plus haut est vraiment caractéristique de ma vie. Je suis l’épouse d’un implanteur d’Église très occupé et la mère de trois enfants de moins de quatre ans. Nous vivons au Moyen-Orient, là où le sable s’immisce par l’interstice de toutes les portes et fenêtres, laissant sur le sol une épaisse et rugueuse couche de poussière que je dois balayer tous les jours. Chaque semaine, je fais la lessive huit fois et coupe les ongles des pieds et des mains de quatre personnes.
En somme, ma vie est bien ordinaire.
C’est pour cette raison que j’ai autant aimé écrire ce livre. J’ai besoin de ce message de grâce et d’espérance tous les jours de ma vie, sinon je n’en finirais plus de m’apitoyer sur mon sort, comme dans l’épisode du verre de smoothie. Il fut un temps où je croyais que ce genre d’attitude aigrie à propos des tâches domestiques était une chose nécessaire et acceptable, voire un rite de passage. N’est-il pas commun, après tout, d’encourager quelqu’un qui se sent dépassé par la gestion de son foyer et l’éducation de ses enfants en lui offrant des paroles de consolation ? « Ça va aller, ça va passer.» Alors les dents serrées derrière un sourire, nous rêvons de tout ce que nous ferons « un jour », lorsque « la vie redeviendra normale ».
Ce genre de phrases maintes fois entendues ont longtemps constitué tout mon espoir. Je croyais sincèrement qu’il me suffisait d’endurer temporairement cette affreuse période de ma vie, même si, sur le moment, elle me semblait interminable. Certes, j’en ressortirais marquée et totalement épuisée, mais au moins ce serait terminé. J’aurais peut-être même du temps pour servir le Seigneur avec joie et je serais alors pleinement satisfaite.
Mais je me fourvoyais.
Paul Tripp a dit un jour quelque chose qui m’a complètement bouleversée. C’était au cours d’une conférence sur le mariage à laquelle j’avais assisté. Il a dit : « Si Dieu ne règne pas sur votre quotidien, alors il ne règne pas sur vous, car c’est dans votre quotidien que se passe toute votre vie. » Les grands moments dramatiques et déterminants ne se produisent que rarement ; c’est d’ailleurs pour cela qu’on les qualifie de « dramatiques ». Le reste du temps, nous vivons notre vie dans un quotidien tout à fait anodin.
M’occuper de mon foyer, voilà mon quotidien. Et, quel que soit le vôtre, je suis certaine que, vous aussi, c’est là que vous vivez.
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Gloria Furman
Gloria Furman est à la fois une épouse, une mère, une doula et une blogueuse. En 2008, sa famille a déménagé au Moyen-Orient pour implanter la Redeemer Church of Dubai, dont son mari, Dave, est le pasteur. Elle écrit régulièrement des articles pour The Gospel Coalition et Desiring God. Elle est aussi coauteure des livres Le ministère féminin centré sur la Parole et Maman à la hauteur ?