La Bible a été écrite bien avant l’invention d’Internet, des téléphones portables et de Twitter. Cependant, les Écritures ont beaucoup à dire sur la manière dont nous devrions nous engager sur la place publique. Elles sont, après tout, utiles pour nous enseigner et nous équiper pour vivre en tant que chrétiens (2 Tim 3.16-17). Une grande partie de ce que Pierre, Paul et Jacques ont écrit à l’Église du premier siècle est aussi pertinente pour les chrétiens sur Facebook aujourd’hui qu’elle l’était pour les chrétiens dans leurs interactions sociales à l’époque.
Avez-vous réalisé que vous êtes autant responsable de votre comportement en ligne que de votre comportement en personne ? Il n’y a aucune distinction entre le caractère de votre avatar en ligne et votre caractère en personne.
Si tel est le cas, que pouvons-nous glaner dans les Écritures sur la façon dont nous devons nous comporter sur la place publique en ligne ?
Ne provoquez pas de querelles
Il n’est pas surprenant qu’une grande partie de ce qui est publié en ligne vise à susciter la controverse afin d’attirer l’attention sur le contenu. L’un des objectifs des internautes est de générer du trafic sur les sites Web et de créer une présence en ligne. L’un des moyens les plus sûrs d’y parvenir est de susciter le débat. Cependant, saviez-vous que la Bible ordonne aux chrétiens d’éviter d’attiser la controverse ?
Tite 3.1-2 : « Rappelle-leur de se soumettre aux magistrats et aux autorités, de leur obéir, d’être prêts pour toute œuvre bonne, de ne calomnier personne, d’être pacifiques, conciliants, pleins de douceur envers tous les hommes. »
À maintes reprises, tout au long du Nouveau Testament, la querelle est considérée comme un comportement impie à laisser de côté. En fait, quelques versets plus loin, dans Tite 3.10, Paul encouragera Tite à mettre en garde les personnes qui suscitent la division et la controverse, et si nécessaire à les éviter parce qu’elles sont perverties et pécheresses !
La Bible n’a rien à voir avec les déclarations à chaud de Twitter.
La Bible ne s’associe pas aux divagations de Facebook.
Vos tweets suscitent-ils des débats ? Devez-vous souvent atténuer les retombées de vos publications ? Vous arrive-t-il fréquemment de reprendre les messages d’autres personnes ? Êtes-vous attiré par la controverse ? Si c’est le cas, demandez-vous ce qui motive vos publications. Dans de nombreux cas, il peut y avoir un péché derrière cela.
Vérifions donc nos motivations et réfléchissons-y sérieusement avant de publier. (Voir aussi 1 Tim 2.8; 3.3; 2 Tim 2.23.)
Ne soyez pas impulsif
Une grande partie de ce qui nous cause des ennuis en ligne est que nous publions à partir d’un moment de frustration, d’une accumulation d’irritations ou d’une réaction instinctive à quelque chose que nous percevons. Ce manque de maîtrise de soi et de discipline est identifié à plusieurs reprises comme un fruit de la chair, et non comme le fruit de l’Esprit (Gal 5.22-23). L’impulsivité est un symptôme du péché et ne devrait pas être notre façon d’agir en tant que chrétiens.
Jacques 1.19-21 : « Ainsi donc, mes frères et sœurs bien-aimés, que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère, car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. C’est pourquoi, rejetez toute souillure et tout débordement dû à la méchanceté, et accueillez avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver votre âme. »
Par exemple, j’ai une règle avec ma femme en ce qui concerne mes publications sur les réseaux sociaux. Comme ma femme travaille dans l’industrie et me connaît bien, je lui ai demandé de tout lire avant de les publier. Je n’ai pas toujours confiance en moi-même et en mes motivations, et j’ai donc mis en place un système de redevabilité. Si je veux poster quelque chose, je m’assure qu’elle a donné son accord, qu’elle s’est renseignée sur mes motivations, puis je me soumets à ses recommandations. Elle a même approuvé cet article !
J’ai aussi l’habitude de garder un document sur mon téléphone où j’écris d’abord ce que j’aimerais dire et je le laisse reposer un moment avant de le lui montrer. Il y a encore plusieurs tweets, messages et pensées non envoyés, dans ce document, que je n’ai pas encore publiés et que je ne publierai jamais. Cela m’aide à éviter l’impulsivité que les Écritures interdisent.
Si vous vous retrouvez à poster des messages sans aucune sorte de filtre ou de processus de responsabilité, vous risquez d’être gouverné par la chair et cela se verra dans les fruits. Les chrétiens doivent être connus pour leur engagement prudent, réfléchi, perspicace et maîtrisé. (Voir aussi Tite 2.2-8 ; 1 Pi 4.7 ; 2 Pi 1.5-8).
Ne soyez pas irrespectueux
Il est inévitable que les querelles et les calomnies en ligne entraînent de l’hostilité et des tensions. Les fruits des prises de bec et des divagations sont souvent la colère, le vitriol, les remarques ad-hominem et l’hostilité. En conséquence, un tel comportement est condamné par les apôtres, et les personnes qui participent à ces choses doivent être réprimandées. Ce genre de conversation peut facilement dégénérer en insultes et en sarcasmes.
Encore une fois, l’enseignement des apôtres à ce sujet est limpide.
2 Timothée 2.23-25 : « Repousse les spéculations folles et stupides, sachant qu’elles font naître des conflits. Or, il ne faut pas qu’un serviteur du Seigneur ait des conflits. Il doit au contraire être plein de bienveillance envers tous, capable d’enseigner et de supporter l’opposition. Il doit corriger avec douceur les adversaires: peut-être Dieu leur donnera-t-il de changer d’attitude pour connaître la vérité. »
J’entends déjà les réactions : « Mais les chrétiens doivent être remarqués par leur audace et leur courage ! Jésus a renversé les tables dans le temple ! » D’accord, mais les chrétiens doivent aussi être remarqués par leur gentillesse, la patience, la douceur et le respect ! N’est-ce pas?
Vous ne pouvez pas sacrifier la bonté et la douceur sur l’autel de l’audace ; les Écritures ne permettent pas de tels sauts herméneutiques.
Nous ne sommes pas Élie devant les prophètes de Baal !
Nous ne sommes pas les prophètes de l’Ancien Testament raillant sarcastiquement Israël !
Il s’agit d’histoires narratives, pas de commandements comportementaux.
Nous sommes le peuple à qui Paul s’adresse en écrivant « corriger ses adversaires avec douceur » (2 Tim 2.25). Le Nouveau Testament n’est pas obscur sur cette question.
Chrétien, sois respectueux et doux. Toujours ! Nous sommes censés être un exemple d’honneur parmi le monde qui nous observe, afin qu’« ils voient vos bonnes actions et glorifient Dieu le jour où il interviendra » (1 Pi 2.12). (Voir aussi 1 Tim 4.12 ; Tim 3.2 ; Jac 4.11).
Ne faites pas de commérages
Tout comme la Bible nous enseigne à éviter les querelles, les Écritures nous instruisent d’éviter les commérages, les rumeurs et les calomnies. En fait, il est écrit de « ne pas nous associer à l’homme trop bavard » (Prov 20.19). Une grande partie de ce qui est publié en ligne est éditoriale, et il y a peu ou pas de responsabilité, pour ce que nous publions. Le « bavardage », ou la conversation insensée, est souvent engagé sans entrave en ligne et peut fréquemment conduire à de sérieux dommages et à la confusion. La fascination actuelle des chrétiens pour les théories de la conspiration et les « chiens de garde » théologiques n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu en popularisant davantage le bavardage, les ragots et la calomnie.
Nous ne devrions pas avoir envie de nous engager dans la diffusion de rumeurs infondées, de théories mal étudiées et de fausses informations qui ne font que semer la division, la peur et la discorde. Faire des commérages sur des ministères dont nous ne savons rien, sur des personnes que nous n’avons jamais rencontrées, ou attribuer des étiquettes péjoratives à des gens que nous ne connaissons pas personnellement sont des comportements tout à fait déplorables pour le chrétien.
2 Timothée 2.16 : « Évite les bavardages profanes, car ceux qui s’y livrent avanceront toujours plus dans l’impiété… »
1 Timothée 4.7 : « Rejette les contes profanes de vieilles femmes. Exerce-toi plutôt à la piété. »
Jacques 1.26 : « Si quelqu’un [parmi vous] croit être religieux alors qu’il ne tient pas sa langue en bride mais trompe son propre cœur, sa religion est sans valeur. »
Réfléchissez à ce que vous avez posté récemment. Vous êtes-vous livré à de simples bavardages ? Les posts que vous avez faits, les articles que vous avez partagés, les rumeurs que vous avez perpétuées, les théories que vous avez approuvées ou les accusations que vous avez portées contre d’autres personnes ont-ils révélé que votre religion est sans valeur ? Jésus nous avertit que nous devrons rendre compte de chaque parole imprudente que nous prononçons (Mt 12.36).
Tenons compte de son avertissement et réfléchissons avant de publier un mot imprudent.
Ne cherchez pas à attirer l’attention
Le but de tout ce que nous faisons doit être pour le bien des autres, et non l’expansion de notre plate-forme ou la caresse de notre ego. Si mes motivations sont purement l’édification de l’Église ou l’encouragement de mes amis, alors une grande partie de ce que je publierai reflétera cela. Encore une fois, les Écritures regorgent de commandements selon lesquels, en tant que chrétiens, nous ne devons rechercher que ce qui est édifiant pour les autres.
Éphésiens 4.29 : « Qu’aucune parole malsaine ne sorte de votre bouche, mais seulement de bonnes paroles qui, en fonction des besoins, servent à l’édification et transmettent une grâce à ceux qui les entendent. »
1 Thessaloniciens 5.11 : « C’est pourquoi encouragez-vous les uns les autres et édifiez-vous mutuellement, comme vous le faites déjà. »
Romains 14.19 : « Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à entretenir la paix et à nous faire grandir mutuellement dans la foi. »
De nombreuses recherches scientifiques ont été menées sur les effets semblables à ceux d’une drogue que les médias sociaux ont sur le cerveau. Le récent documentaire de Netflix, « The Social Dilemma », a exploré l’effet quasi narcotique des médias sociaux et la manière dont les entreprises l’ont compris et l’utilisent à leur avantage. Pour l’être humain, l’augmentation de la dopamine qui résulte d’un « like » ou d’un commentaire peut être enivrante, et devenir la raison pour laquelle nous nous engageons en ligne.
Les médias sociaux apparaissent de plus en plus comme une drogue, et la dose dont nous avons besoin se trouve dans notre poche à chaque instant. De nombreux chrétiens utilisent désormais Twitter et Facebook pour trouver de l’affirmation, de l’attention et de l’importance. La nature enivrante des médias sociaux peut créer et alimenter un désir d’attention et de célébrité (ou d’infamie). Je ne dis pas que les médias sociaux sont purement mauvais ; ils peuvent être utilisés de manière saine, mais, comme le sexe (par exemple), ils peuvent aussi être utilisés pour trouver de l’estime de soi et de la valeur. L’effet semblable à de la drogue peut polluer nos motivations et obscurcir notre jugement.
Mais seul Christ peut vraiment remplir nos cœurs de raison d’être, d’identité et d’accomplissement. Donc, avant de publier, nous devrions vérifier nos motivations, le POURQUOI nous publions. Est-ce qu’on s’ennuie ? On a envie d’attention ? Vous cherchez ce coup de dopamine ? Vous êtes en quête d’affirmation ?
Alors, peut-être vaut-il mieux que nous fermions notre téléphone, ouvrions les Écritures et prêchions plutôt à nos cœurs nécessiteux les vérités de l’Évangile.
Dans 2 Corinthiens 5, Paul nous dira que puisque nous connaissons la crainte de Dieu (v. 11) par amour (v.14) nous cherchons à persuader les autres à être réconciliés avec Dieu (v. 19), agissant comme des ambassadeurs de Christ dans ce monde (v. 20), ayant un ministère de réconciliation !
Il n’y a rien que les médias sociaux puissent vous donner qui soit meilleur que l’Évangile !
Cela dit, je suis toujours convaincu que les médias sociaux peuvent être utilisés d’une manière qui honore Dieu et qui édifie. Cependant, j’ai aussi vu comment cela peut ruiner la réputation d’un disciple de Jésus-Christ. Nous devons vivre honorablement, tant aux yeux de Dieu qu’à ceux des hommes (2 Cor 8.21). Cela exige que nous soyons honnêtes concernant nos motivations derrière notre utilisation des médias sociaux.
Jésus nous avertit que si quelque chose vous pousse à pécher, débarrassez-vous-en (Mt 5.29). Vous pouvez gagner tous les adeptes, toute l’attention, toute la controverse, et pourtant en fin de compte apporter la honte et le discrédit sur Christ. Je prie pour que ces principes vous aident à honorer le Christ devant les hommes et, si nécessaire, à arracher l’œil qui vous pousse à pécher.
Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.
Rob Brockman est pasteur associé à la Cornerstone Baptist Church à Orillia, ON. Rob est marié à Sienna. Il aime Christ et son Église.