Adorons par la Parole (partie 1)

Dans les deux derniers articles1, nous avons écouté l’appel que Dieu fait à son peuple de se rassembler pour l’adorer. Par conséquent, autant l’Église primitive que toutes celles qui ont marché dans les mêmes voies se sont toujours rassemblées. Et comme le pasteur anglican Ligon Duncan l’écrit, le but principal de ses assemblées chrétiennes « n’est pas de l’évangélisation, ni même une communion mutuellement édifiante. C’est une rencontre familiale avec Dieu ; c’est la communauté de l’alliance qui s’engage avec Dieu, qui se réunit avec son peuple pour chercher la face de Dieu, pour le glorifier et s’en réjouir, pour écouter sa Parole, pour se réjouir de la gloire de l’union et de la communion avec lui, pour répondre à sa Parole, pour lui rendre la louange, pour lui rendre la gloire due à son nom2. »

L’adoration collective est une part cruciale et essentielle de la vie chrétienne par laquelle nous expérimentons Dieu et persévérons jusqu’au retour de son Fils. Les rassemblements de l’Église locale ont ainsi toujours été l’un des moyens de grâce les plus efficaces pour nous équiper et nous fortifier en tant que pèlerins sur terre. Comme Martin Luther l’a déjà dit : « Chez moi, dans ma propre maison, il n’y a ni chaleur ni vigueur en moi, mais dans l’église, quand la multitude est rassemblée, un feu est allumé3. »

Comment l’adorons-nous ?

L’importance du culte de l’Église réunie est donc claire. Mais ce n’est pas chose suffisante de savoir cela, car encore faut-il répondre à une question tout aussi importante : de quelle manière l’Église réunie doit adorer Dieu ? La réponse à cette question se fait encore plus pressante lorsqu’on réalise que dans beaucoup de milieux dits évangéliques, il semble y avoir autant de réponses qu’il y a de personnes.

Beaucoup disent que la meilleure adoration est celle faite dans le plus grand des silences, et d’autres disent que la meilleure adoration est celle où nous chantons et prions à haute voix. Certains vont dire qu’il faut adorer Dieu sans instruments, d’autres vont dire qu’il faut absolument des instruments. Pour certains, c’est accompagnés de musique douce et calme, et pour d’autres il n’y a pas de profonde adoration s’il n’y a pas d’acclamations, de musique forte et entrainante. Certains vont affirmer que l’adoration la plus fidèle est lorsque nous nous mettons à genoux, la tête courbée et les yeux fermés ; d’autres diront que c’est lorsque nous dansons avec les mains en l’air, qu’une véritable adoration est offerte à Dieu.

Et parfois, ces opinions sont tellement fortes dans le cœur de certains que j’ai déjà entendu des personnes qui allaient jusqu’à dire quelque chose d’aussi grave que : « C’est parce que le Saint-Esprit n’est pas présent dans votre église que vous adorez de cette manière ! » , impliquant par ces paroles que c’est parce que, eux, ils « ont le Saint-Esprit » qu’ils adorent comme ils le font.

Dans toutes ces opinions partagées, qui a raison ? C’est Dieu qui a raison. Voilà la seule bonne réponse. C’est pourquoi cet article et les prochains serviront à nous rappeler de quelle manière l’Église réunie doit adorer Dieu, selon Dieu lui-même.

Je crois que vous ne serez pas surpris de lire que le premier élément central de l’adoration collective est donc la Parole de Dieu, la Bible. Je vous propose deux raisons majeures pour lesquelles la Bible doit avoir une place aussi centrale lorsque nous nous réunissons.

La première raison, que j’affirmerai dans cet article, est parce que Dieu se révèle à travers la Parole. La deuxième, qui sera le sujet du prochain article, est parce que Dieu ne veut pas être adoré de n’importe quelle manière.

Dieu se révèle par sa parole

1 Samuel 3.21 : « L’Éternel continuait à apparaître dans Silo ; car l’Éternel se révélait à Samuel, dans Silo, par la parole de l’Éternel. »

Dans le dernier article, j’ai essayé, à partir du Psaume 95, de vous donner une définition simple de ce qu’est l’adoration. J’ai affirmé que l’adoration est « la réponse appropriée devant la grandeur et la valeur de Dieu. » D’un côté, il y a le Dieu resplendissant de gloire, et de l’autre, il y a des êtres humains ; et l’adoration est la réponse appropriée de ces êtres humains envers Dieu. Mais pour qu’il y ait une réponse appropriée de l’homme, il faut d’abord que l’Éternel se révèle à lui.

Voyez-vous, sans connaissance de Dieu, il ne peut pas y avoir de véritable adoration. Et comme ce fut le cas pour Samuel, cette révélation de Dieu se produit toujours par la Parole de l’Éternel. Certes, Dieu révèle quelque chose de sa divinité et de son éternité par la création, mais cela n’est pas suffisant pour réellement le connaître et l’adorer. Certes, Dieu révèle quelque chose de Sa Sainteté et de sa justice par le moyen de la conscience des hommes, mais cela n’est pas suffisant pour véritablement le connaître et l’adorer.

C’est au travers de sa Parole que Dieu s’est toujours révélé d’une manière salvatrice et personnel à l’homme. Autrement dit, c’est par sa Parole que Dieu s’approche de l’homme, et c’est aussi au travers d’elle que l’homme s’approche de Dieu. De plus, s’il y a quelque chose de clair dans la Bible, c’est que c’est toujours Dieu qui initie cet échange entre lui et les hommes : il se révèle à eux par la Parole, et eux lui répondent soit par incrédulité, soit en l’adorant.

Il a toujours été ainsi. Par quoi Dieu créa-t-il les cieux, la terre et les hommes ? Par sa Parole. Comment Dieu se révéla-t-il à l’homme et à la femme, même après qu’ils aient misérablement péché contre lui ? Il est écrit en Genèse 3.8-9, qu’après s’être assemblés des feuilles de figuier pour cacher leur honte, « ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit […] ». Comment Dieu se révéla-t-il à Noé ? En lui adressant sa Parole. Comment Dieu se fit-il connaître à Abraham ? En lui adressant sa Parole et ses promesses. Comment Dieu se révéla-t-il à Moïse ? Par sa Parole. Comment Dieu se révéla-t-il au peuple d’Israël dans le désert ? Par sa Parole. C’est toujours par sa Parole que Dieu s’est révélé de manière personnelle aux hommes qu’il appelait dans une relation d’alliance.

Il n’est donc pas surprenant que l’apôtre Jean décide d’utiliser cette expression pour nous décrire la révélation ultime de qui est Dieu, lorsqu’il écrit au début de son évangile : « Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu […] Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1.1, 18). Jésus-Christ est appelé la Parole de Dieu par ce qu’il est, a toujours été et sera toujours la révélation ultime de Dieu. Ainsi, comme l’écrit l’auteur de l’épître aux Hébreux : « Après avoir autrefois, à bien des reprises et de bien des manières, parlé aux pères par les prophètes, à la fin de ces jours-là, Dieu nous a parlé dans le Fils […] Lui, le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de ce qu’il est » (Héb 1.1-3).

Ma question est donc la suivante : si Dieu se révèle toujours par le moyen de sa Parole et si nous voulons grandir dans notre connaissance, notre expérience et notre adoration collective de l’Éternel, qu’est-ce qui devrait être au centre de nos assemblées ? Évidemment, la réponse est la Parole de Dieu.

L’échange mutuel entre Dieu et son peuple d’alliance est d’une part la révélation biblique que Dieu fait sur sa beauté, sa valeur, ses œuvres, sa loi et ses promesses ; et d’autre part, notre réponse appropriée – l’adoration – en face de la révélation de cette beauté et de cette valeur.

Par exemple, de croire et de faire confiance à Dieu est une part essentielle de ce qu’est l’adoration. Mais « comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment en entendront-ils parler sans quelqu’un qui prêche ? […] Ainsi la foi vient de ce qu’on entend – et ce qu’on entend de la parole de Dieu » (Rom 10.14, 17).

Voulons-nous être des églises qui croient Dieu ? Voulons-nous être des églises qui lui font confiance en toute circonstance ? Voulons-nous être des églises qui espèrent en lui ? Voilà pourquoi la Bible doit être une part intégrante de nos cultes d’adoration !

Simplement dit, pour adorer Dieu convenablement, que ce soit par la foi, l’amour, la joie, la repentance et l’obéissance, il faut d’abord que Dieu nous parle. Et il nous parle par sa Parole. Voilà pourquoi Paul exhorte Timothée : « Jusqu’à ce que je vienne, attache-toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement » (1 Ti 1.13). C’est aussi pour cette raison qu’il l’exhortera à ne pas prêcher la psychologie, ni ses propres pensées, ni ses songes, ni ses expériences, mais de la manière la plus solennelle et sérieuse qui soit, lui écrit en 2 Timothée 4.1-2 : « Je t’adjure devant Dieu et le Christ Jésus qui va juger vivant et morts – et par son apparition et par son règne : prêche la parole […]. »

La première raison pour laquelle nous voulons, lors de nos cultes, que la Bible soit lue, chantée et prêchée est donc simple : nous voulons entendre Dieu et le connaître, nous réjouir en lui et l’adorer, l’expérimenter et être convaincus de péché. Autrement dit, nous avons besoin de Dieu, et qu’il se fasse connaître à nous davantage.


  1. Voir « Assemblés pour adorer (1): introduction » et « Assemblés pour adorer (2) : l’adoration collective ». 
  2. Ligon Duncan, Does God care how we worship?, p.71. 
  3. Martin Luther, cité dans Worship by the Book, Kindle, p.159. 
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Vincent est pasteur principal de Assemblée Chrétienne de Rouyn-Noranda, où il sert depuis 2017. Lui et son épouse Caroline ont deux jeunes garçons.