L’envie de désavouer son adolescent ou jeune adulte peut être intense. Vous ne les repoussez peut-être pas, mais vous vous désengagez peut-être. Vous passez à côté d’eux sans leur parler. Vous ne limitez pas leur temps d’écran. Leurs « AirPods » font entrave à toute possibilité de conversation importante. Quand le dialogue tourne en rond, vous êtes accusé d’être « vieux jeu », et incapable d’établir une relation, que c’est impossible de nouer une relation, et ils vous expliquent comment vous les détestez sur la simple base que vous avez une opinion différente de la leur. Ainsi, comme moi, vous finissez par abandonner.
Qu’est-ce qui fait que tisser des relations avec la génération Z est si compliquée ?
Laissez-moi vous offrir trois raisons principales. Ils nouent des relations de manière déstabilisante. Les façons utilisées pour entrer en contact ne nous sont pas familières. Les valeurs qui leur sont si chères ne résonnent pas en nous. C’est ce qui rend le fait d’être parent compliqué.
Ils sont peut-être la plus petite génération de l’histoire occidentale, mais c’est la génération la plus connectée. Ils peuvent ainsi avoir un impact beaucoup plus grand, à un âge moins avancé que n’importe quelle génération précédente. Leur alignement virtuel leur permet de développer un langage commun, et une histoire malgré leur diversité. Ils se sont convaincus que cela ne nous intéressait pas tout en essayant de nous convaincre que nous ne voulons pas d’eux. Rien de ce que nous avons vécu auparavant n’est comparable à ce que nous vivons, et c’est pourquoi il est facile de perdre espoir.
La Cancel Culture
La génération Z est une «cancel culture ». Ils boycottent ou retirent leur soutien à toute personne ou ami qui dit ou fait quelque chose qui s’oppose aux valeurs de leur génération ou qui diverge de l’image reflétée au début. Ils les affichent et les désignent publiquement sur les réseaux sociaux.
« La Génération Z est une cancel culture »
Selon un article récent de Psychology Today, Dr. Grant Brenner souligne que 19% des jeunes appartenant à la génération Z ont tenté « d’exclure » quelqu’un. Par ailleurs, ceux-ci « rompent » tout contact avec des amis, de la famille et des employeurs. Ils expliquent que le « ghosting » est un phénomène commun parmi les membres de la génération Z, qui les amènent à couper abruptement toute communication avec les individus visés, et à cesser de se présenter au travail sans raison. Selon cette étude, 17% d’entre eux pourraient ne pas se présenter à une interview, 15% pour leur premier jour de travail, et 11% démissionner sans préavis. Ils sont à l’aise avec les notions de « ghosting » et du « cancel », mais en parallèle leur plus grande peur est d’être assujettis à une telle expérience.
Selon Mainstream Insights, 33% de ces jeunes sont plus à même de cacher leur perspective sur certaines questions, car ils ont peur de la manière dont les autres vont réagir, et 45% ont du mal à assumer ce qu’ils sont, par crainte du jugement et de l’exclusion. Cette hésitation à être soi-même pourrait émaner d’une exposition à la « Cancel Culture », parce qu’ils sont probablement conscients des conséquences qu’amène cette « Cancel Culture ».
Au cours de ces deux dernières années, nombre de jeunes et jeunes adultes ont observé des parents chrétiens participer à la « Cancel Culture », en évitant des amis, membres de la famille et églises. Beaucoup de parents et dirigeants ont « exclu » des frères et sœurs en Christ lorsqu’ils faisaient face à des désaccords quant aux protocoles COVID. La génération Z craint qu’elle soit la prochaine.
Ils assument, que si nous sommes prêts à agir de la sorte avec de la famille et des amis de toujours, et ce pour des questions de port du masque ou la taille des regroupements, nous n’hésiterons pas à en faire de même à leur égard pour des questions d’identité, de genre, d’identité ou de foi. Ils ont arrêté de nous faire confiance et sont devenus de plus en plus renfermés sur eux-mêmes. De nombreuses études ont mis de l’avant que leurs niveaux de dépression et d’anxiété ont atteint des pics historiques.
Les caractéristiques de la génération Z
Dialoguer avec la génération Z n’est pas chose simple. Parfois, cela semble impossible de converser avec elle. Être la première génération à être élevée avec un objet qui a une connexion virtuelle illimitée en main, elle préfère communiquer par message plutôt que face à face.
J’aime bien parler, j’adore le face à face, je parle par message quand c’est nécessaire, mais ce n’est pas mon moyen de communication principal ; pourtant, j’envoie un message à mon fils de 21 ans pour lui dire que le dîner est prêt (alors qu’il est en train de jouer sur l’ordinateur dans sa chambre). J’ai des conversations plus profondes, fortes et saines avec ma fille par message qu’en face à face. Beaucoup d’entre nous ont déjà observé un groupe de cette génération, assis en silence pendant que les membres se parlent par message. Il nous est difficile de nouer les uns avec les autres de cette manière. Je n’enverrais jamais un message à la personne qui se trouve en face de moi à une table, je lui parlerais.
Ils se retrouvent en ligne. Certains soirs après le travail, notre fils de 21 ans nous rapporte qu’il mange avec des amis ce soir, puis il ne quitte pas la maison. De la nourriture est rapidement livrée à notre porte (seulement pour une personne), et il retourne dans sa chambre pour jouer en ligne avec ses amis. C’est leur forme principale d’interaction sociale. Plusieurs études démontrent que la génération Z passe plus de 10 heures par jour sur son téléphone et sa tablette pour des raisons sociales (streaming ou réseaux sociaux). L’élan pour ses causes commence en ligne.
Les valeurs prioritaires de ce groupe ne sont pas toujours en accord avec les nôtres. Ces jeunes mettent de l’avant la diversité, la justice, l’environnementalisme; ils veulent aider les pauvres et défendent l’acceptation d’autrui. Nos valeurs sont le pragmatisme, l’éducation, un équilibre entre la vie privée et professionnelle, et l’investissement. (Vous devriez vous demander quel regroupement de valeurs vous paraît plus biblique?).
Comment engager la conversation ?
Nous prions. Je ne dis pas cela banalement. Nous venons devant Dieu en lui demandant d’ouvrir des portes dans la vie de nos enfants (Colossiens 4.2-6). Nous prions fréquemment et avec ferveur pour eux, et nous demandons à Dieu de les sauver.
Nous écoutons. 1 Jacques nous rappelle « Mes chers frères et sœurs, prenez note : Chacun doit être rapide à l’écoute et lent à la parole et lent à la colère, parce que la colère humaine ne produit pas la justice que Dieu désire ».
Nous voulons qu’ils parlent de ce à quoi ils pensent et de ce qu’ils ressentent. Nous avons besoin d’apprendre à écouter. J’ai besoin d’une vie qui n’est pas aussi pressée; besoin de pouvoir les inviter à parler quand ils en sont disposés plutôt que de leur faire sentir qu’ils ont besoin de « prendre » un rendez-vous avec Papa (et c’est difficile quand tu élèves 4 enfants, que tu travailles 50 heures par semaine, que tu es membre de 2 ou 3 conseils d’administration; en plus d’aider ma femme à faire fonctionner sa petite entreprise). Je suis un parleur, mais j’ai besoin d’apprendre à écouter.
Nous leur posons des questions attentionnées, comme Jésus l’a fait. Il a fréquemment répondu à une question par une autre question. Deux exemples de cela ont lieu quand Jésus rencontre le dirigeant jeune et riche de Marc 10.17-22, et qu’il rencontre l’expert de la loi dans Luc 10.25-37. Typiquement, je réponds la question qu’on me pose plutôt que d’essayer de comprendre ce qu’il se passe dans le cœur de celui qui me la pose; dans ce cas, mes propres enfants.
Nous leur montrons à quel point le Royaume de Dieu est bon. Je crois que lorsqu’ils voient que Son Royaume est tellement divers, juste et compassionné, où règne un Roi qui nous adopte tous et qui ne nous abandonnera jamais, ils ne pourront qu’être intrigués par la beauté de qui Il est, et ils commenceront à se demander si tout cela peut être vrai. Nous devons nous concentrer sur la bonté de Son Royaume. Prions pour qu’ils voient leur besoin d’une relation avec Lui. Prions pour qu’ils trouvent, dans la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, tout ce dont ils ont besoin.
Et nous apprenons à leur envoyer des MP (messages privés). Je préfère avoir des conversations en face à face avec eux. Je préfère parler. Cependant, s’ils préfèrent parler par message, j’ai besoin d’aller les rencontrer là où ils sont. Il est plus difficile de lire les émotions. Je finis par clarifier plus souvent le contenu. Nous sommes parfois dans la même maison, et cela peut paraître ridicule d’échanger de cette manière, mais si cela leur permet de rester engagés en utilisant un média avec lequel ils sont à l’aise, alors pourquoi ne pas leur envoyer des messages ?
Réengager et ne jamais abandonner
Nos enfants sont les cadeaux que Dieu nous a faits. Personne n’aura l’opportunité de les influencer plus que nous. Le Psaume 127.3-5 nous rappelle « Voici, des fils sont un héritage de l’Éternel, Le fruit des entrailles est une récompense. Comme les flèches dans la main d’un guerrier, Ainsi sont les fils de la jeunesse. Heureux l’homme qui en a rempli son carquois! ». Heureusement que Dieu s’est révélé comme notre Père. Nous avons besoin d’être intimes avec Lui. Jamais nous ne n’approchons notre Père humblement pour sa grâce, son pardon, ou son amour et pour qu’il se détourne de nous. Dieu, donne-nous la force de t’imiter !
Dieu nous a bénis avec nos enfants. C’est un cadeau de grâce de Sa part, mais nos enfants ont peur. Peur que ce que nous leur avons enseigné ne soit pas vrai. Peur que le monde les rejette. Peur que leurs amis les ignorent. Peur que leurs blessures ne puissent jamais guérir. Ils nous regardent pour voir si nous leur pardonnons, si nous les aimons, et si nous sommes là pour eux quoi qu’il arrive.
Ils veulent savoir si nous n’allons pas les rejeter. Ils peuvent dire qu’ils n’ont pas besoin de nous, mais ils ignorent que c’est tout le contraire. Même s’ils ne trouvent pas encore les mots, leur cœur crie « S’il te plaît papa, ne me désavoue pas, j’ai besoin de toi ! »
[1]Benner, Grant; DellaNeve, James; Nishizaki, Santor. ‘Gen Z and Workplace Bullying, Ghosting and Cancel Culture.’ Psychology Today, 26 July, 2021, https://www.psychologytoday.com/ca/blog/experimentations/202107/gen-z-and-workplace-bullying-ghosting-and-cancel-culture.
[2] Mccrindle. ‘Gen Z and cancel culture.’ Mccrindle, August, 2022, https://mccrindle.com.au/article/gen-z-and-cancel-culture/
Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.
Dwayne Cline est le pasteur principal de l'Église Hughson St. Baptist (maintenant appelée James North) à Hamilton, Ontario depuis janvier 1995. Le North End de Hamilton était la troisième communauté la plus pauvre du Canada lorsque Dwayne a commencé à être pasteur de l'Église. Dwayne siège au conseil d'administration de divers groupes et organisations à Hamilton. Il a épousé Aimée en 1998 et ils ont quatre enfants. Dwayne est conférencier dans les camps, les universités, les rencontres d’association d’Églises et les conférences à travers le pays. Il aime courir et lire tous les jours ainsi que passer des vacances en famille.