Dans son excellent livre The Imperfect Pastor (Le pasteur imparfait), Zack Eswine parle d’un pasteur et mentor qui s’est suicidé. Eswine est arrivé à l’église de ce pasteur comme aide pastorale pour traverser cette tragédie.
Ce pasteur-mentor aurait pu se retirer du ministère, déclare Eswine, et il aurait continué de compter pour plusieurs, mais ce pasteur ne pouvait pas se voir hors du ministère. « Il ne pouvait pas se percevoir comme étant utile s’il n’occupait pas le poste de pasteur, avec le soin d’autrui que le poste rendait possible. »
La suite des paroles d’Eswine est troublante : « Il me manquait. Pour la première fois de ma vie, je me posais la même question. Est-ce que je savais que je pouvais servir Christ humainement et de manière significative, que je sois ou non pasteur ou leader dans le ministère? »
« Même les plus grands théologiens ou prédicateurs parmi nous ne sont encore que des personnes ordinaires qui ont besoin de la grâce de Jésus », poursuit-il.
La question d’Eswine en est une à laquelle chaque pasteur doit répondre : Savons-nous qui nous sommes et que nous comptons toujours pour Dieu et pour les autres, que nous soyons pasteurs ou non? Ou, avons-nous transféré notre identité de ce que nous sommes en Christ à nos rôles dans le ministère?
J’y ai repensé en entendant Ray Ortlund, Jr. parler des dernières paroles de son père à son égard. Tôt le dimanche 22 juillet 2007, Ortlund Sr. s’est réveillé dans sa chambre d’hôpital à Newport Beach et savait, d’une manière ou d’une autre, que c’était son dernier jour. Cette journée-là, Ortlund, Jr. était en Irlande pour le ministère alors il ne pouvait pas être présent.
La famille s’est réunie au chevet d’Ortlund, Sr. Ils ont lu les Écritures et ont chanté des hymnes. « Papa a prononcé un mot de bénédiction patriarcal et d’avertissement à chacun, un message adapté pour encourager et guider. Il a prononcé sur eux toute la bénédiction d’Aaron : ‘Que L’Éternel te bénisse, et qu’il te garde! Que L’Éternel fasse luire sa face sur toi, et qu’il t’accorde sa grâce! Que l’Éternel tourne sa face vers toi, et qu’il te donne la paix!’ (Nombres 6.24-26) ».
Avant de mourir, il a laissé un message pour Ortlund, Jr. « Dites à Bud que le ministère n’est pas tout. Jésus l’est. » Ce message, dit Ortlund, Jr., résumait toute la vie de son père.
Le ministère ne suffit pas pour maintenir notre identité. Chaque pasteur passera à travers au moins une expérience horrible dans le ministère. Les meilleurs pasteurs ont été critiqués, dénigrés et même congédiés. Certains pasteurs connaîtront plusieurs affectations difficiles et passeront leur vies entières avec un faible sentiment d’échec dans le ministère. À son meilleur, le ministère exigera davantage que ce que vous avez à offrir.
Savez-vous que vous comptez en dehors de tout cela?
Si ce n’est pas le cas, il est temps de l’apprendre maintenant. Votre âme ne s’en portera que mieux. Votre famille bénéficiera de ce réalignement dans votre cœur. Je ne peux rien garantir, mais cela pourrait même aider votre assemblée. À tout le moins, vous serez libérés de trouver votre identité où vous n’étiez pas supposé la chercher.
Vous pourriez être congédié. Vous serez critiqué. Votre église ne va pas toujours bien aller. Le nombre de vos critiques peut augmenter. Savez-vous que vous pouvez servir Christ de manière significative et humaine même si votre vie pastorale s’effondre?
Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.
Darryl Dash est l'auteur de How to Grow: Applying the Gospel to ALL of Life. Il est pasteur de la Liberty Grace Church à Toronto. Il est également cofondateur de Gospel for Life et directeur de l'Advance Church Planting Institute. Il est titulaire d'un doctorat en ministère du Gordon-Conwell Theological Seminary et compte plus de 25 ans d'expérience dans le ministère. Darryl est marié à Charlene et a deux enfants adultes, Christy et Josiah. Vous pouvez trouver Darryl en ligne sur DashHouse.com.