Les faux prophètes
Les Saintes Écritures avertissent ses lecteurs de ne pas écouter de faux prophètes. Elles établissent l’importance de distinguer ceux qui parlent de la part de Dieu, et ceux qui parlent de la part de leurs propres cœurs tordus.
Dans l’Ancien Testament, on dépeint souvent le peuple de Dieu trompé par divers faux enseignants amenant celui-ci à abandonner Dieu et ses promesses. Ces hommes parlent avec autorité sur des sujets dont ils ne savent rien (Jd 1.10). Le peuple qui les écoute récolte alors le fruit de leur incrédulité et parfois même des conséquences punitives de Dieu. En fait, il n’en résulte jamais moins que la tristesse, la honte et la douleur (Éz 13:22).
Le peuple de Dieu est donc appelé à rejeter les faux messagers. Sous l’Ancienne Alliance, le peuple d’Israël devait même les mettre à mort (Dt 18.20)! S’éloigner de la vérité, de ce que Dieu a dit, est la source de la ruine de l’humanité dans le récit des origines. La mort spirituelle et même physique en découle.
Dans le Nouveau Testament, les avertissements contre les faux enseignants sont tout aussi sévères (2 Pi 2.1-3). De plus, leurs paroles trompeuses sont encore plus viles, parce qu’elles bafouent la vérité de la révélation de l’évangile de Christ.
L’habit fait-il le moine?
Dans l’imaginaire collectif chrétien, les faux prophètes sont faciles à distinguer. Comme les pharisiens et Judas dans certains films de Jésus ou comme les méchants dans les bandes dessinées pour enfants, ils ont des traits sévères, ils ont les yeux qui louchent, ils se tordent les mains pendant qu’ils parlent en sifflant comme des serpents.
Dans la réalité, les faux prophètes d’aujourd’hui, comme d’antan, ressemblent à monsieur et à madame tout le monde.
Ceux qui sont les plus insidieux sont ceux que l’on soupçonne le moins. En fait, celui que nous rencontrons le plus fréquemment nous ressemble drôlement. J’en dévisage un à tous les matins dans le miroir. Celui qui me « prophétise faussement » (j’utilise l’expression au sens large et figuré) le bonheur ou le malheur, c’est souvent moi!
Je peux être un faux prophète envers moi-même, positivement ou négativement.
« “Paix! Paix!” disent-ils, et il n’y a pas de paix. » (Jr 6.14b)
Dans son épître, l’apôtre Jacques avertit les croyants que toute fierté du lendemain est mauvaise. Il les encourage à s’en remettre à Dieu sans orgueil et à lui confier tout projet futur : « Si Dieu le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela » (Jc 4.15). Le contraire est une forme de fausse prophétie, je déclare qu’une chose « est » ou qu’elle « sera ». C’est de la présomption.
Lorsque nous agissons de la sorte, nous n’affirmons pas explicitement que notre avenir projeté est voulu par Dieu, mais nous le déclarons avec tant de témérité et de certitude que notre dessein prend des allures de volonté divine à ceux à qui nous le proclamons (nous inclus)! Quelle honte devrait être la nôtre lorsque nous prophétisons un dénouement précis ou prenons autorité sur une situation qui ne nous appartient pas (La 3.37). Pouvons-nous contester avec Dieu (És 45.9)? Il vaut bien mieux s’humilier et s’attendre à lui qui décide véritablement (Pr 16.33).
Artisans de notre propre malheur
Si la section précédente traitait d’une « fausse prophétie » positive, on doit aussi examiner la possibilité de « fausse prophétie » négative. Dans Proverbes 6.16-19, l’auteur énumère une liste de choses qui sont haïes par Dieu:
16 Il y a six choses que l’Éternel déteste,
et même sept qui lui sont en horreur :
17 les yeux qui regardent les autres de haut,
la langue qui répand des mensonges,
les mains qui font couler le sang des innocents,
18 le cœur qui médite des projets coupables,
les pieds qui se hâtent de courir vers le mal,
19 le faux témoin qui dit des mensonges
et l’homme qui sème la discorde entre des frères.
Ce texte illumine le penchant le plus sombre de notre vie intérieure. Les scénarios que l’on peut fabriquer sont parfois terribles.
Il nous est tous arrivé de recevoir un commentaire désobligeant et de s’imaginer en train de répondre de manière cinglante. Il nous est peut-être arrivé de passer des heures à imaginer une future discussion entière, mais « la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. » (Jc 1.20) Les médias sociaux sont propices à ce genre de montée de lait mentale, parce que nous avons le temps de voir un commentaire puis d’y réfléchir avant de répondre. Ne maudissons pas, même en pensée, ceux que Dieu n’a pas maudits (Nb 22). Dans le théâtre de la vie, l’amertume est bien mauvais souffleur. Les paroles d’une âme aigrie reflètent rarement les Écritures soufflées par l’Esprit.
Les scénarios dans notre esprit peuvent aussi tourner leurs attaques contre nous-mêmes. Nous pouvons avoir des pensées défaitistes ou broyer du noir. Nous y sommes particulièrement susceptibles en temps de pandémie. Nous oublions les promesses de Dieu et sa main directrice lorsque les temps sont troubles. Nous imaginons et déclarons que les lendemains seront toujours sombres. Nous prédisons que notre état sera toujours le même ou que ce qui est espéré ne se réalisera jamais.
Cependant, il faut retourner aux paroles du Seigneur Jésus qui nous recommande de taire nos présages inquiets de l’avenir (Mt 6.31) et de « laisser le lendemain se soucier de lui-même » (Mt 6.34).
Témoins de celui qui parle
L’apôtre Pierre exhorte celui qui parle à parler les paroles révélées de Dieu (1 Pi 4.11). Ce que nous dirons à propos des circonstances ou de l’avenir doit être ce que Dieu a déjà révélé.
La révélation parfaite de Dieu est son amour manifesté en Jésus mort pour nous à la croix. Ceux qui s’attachent à son témoignage et y mettent foi ont un futur transformé. Pour ceux qui se confient en Christ, à la croix, il supprime les pires jugements cauchemardesques qui nous attendaient (És 53.4-5)! Ce futur ne peut être gâché, ni brisé, ni pourri (1 Pi 1.4). Par sa résurrection, nos plus beaux rêves deviennent bien pâles en comparaison des gloires incommensurables que Dieu a en réserve pour nous (2 Co 4.17). Il peut faire bien plus que nous sommes capables d’imaginer (Ep 3.20).
Ne nous improvisons donc pas prophètes! Nous ne sommes ni devins, ni diseurs de bonne aventure. Ne soyons pas faux prophètes, soyons témoins! Notre devoir est de raconter et de se remémorer ce que Dieu a dit (Lc 2.17-20). Ce sont ses promesses qui sont sûres et ses jugements qui sont certains.
10 C’est vous qui êtes mes témoins, déclare l’Éternel,
ainsi que mon serviteur, celui que j’ai choisi
afin que vous sachiez,
croyiez et reconnaissiez qui je suis:
avant moi jamais aucun dieu n’a été formé
et après moi jamais aucun autre n’existera.
11 C’est moi, moi seul qui suis l’Éternel,
et il n’y a aucun sauveur en dehors de moi.
12 C’est moi qui ai fait des révélations,
qui ai sauvé, qui ai annoncé les événements,
ce n’est pas un de vos dieux étrangers.
Vous êtes donc mes témoins, déclare l’Éternel,
que c’est moi qui suis Dieu. (Ésaïe 43.10-12)
Aaron Schroeder-Tabah est pasteur à l’Église La Bible parle, au Saguenay. Il travaille de concert avec le pasteur principal dans la prédication et l’accompagnement spirituel. Sa femme Cynthia et lui ont cinq enfants.