Qu’est-ce qui vient de se passer?
Plus de 3 400 chrétiens ont été assassinés dans les derniers 200 jours par des jihadistes nigériens, selon un rapport par un groupe nigérien pour les droits humains. Ceci fait une moyenne de 17 chrétiens tués en Nigéria chaque jour cette année.
La International Society for Civil Liberties and the Rule of Law [Société internationale pour les libertés civiles et l’état de droit] aussi appelé Intersociety affirme que durant les 200 premiers jours de 2021 (du 1er janvier au 18 juillet), on estime que 3 462 chrétiens ont été tués par des groupes jihadistes, incluant Boko Haram et des bergers Fulani. On estime aussi que 3 000 chrétiens en plus ont été enlevés par ces groupes durant ces sept derniers mois. Intersociety affirme qu’environ 300 églises ont été menacées, attaquées, ou fermées par les jihadistes durant cette même période.
Plus tôt ce mois-ci, les jihadistes ont attaqué Bethel Baptist High School et ont enlevé plus de 100 enfants. Les ravisseurs ont libéré 28 élèves, mais 81 demeurent en captivité. Ceci était le dixième enlèvement en masse dans les écoles dans le nord-ouest de Nigéria depuis décembre. En réponse, les autorités nigériennes dans l’état nord-ouest de Kaduna ont fermé plus d’une douzaine d’écoles à cause des menaces de sécurité. Les autorités nigériennes affirment que de tels enlèvements ont été auparavant menés par Boko Haram, et plus tard par son dérivé Islamic State West Africa Province, mais la tactique a maintenant été adoptée par d’autres bandes criminelles.
Il y a combien de chrétiens en Nigéria?
Nigéria est le septième pays plus peuplé au monde, avec une population de 206 millions, dont presque la moitié (48.1 pour cent) s’identifient comme chrétiens. Avec environ 86 millions de croyants, le Nigéria a la plus grande population chrétienne en Afrique et la sixième plus grande population dans le monde. Environ 4 pour cent de la totalité de la population chrétienne du monde demeure au Nigéria.
Qu’est-ce que Boko Haram?
Boko Haram est le surnom dans la langue Hausa pour Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’awati wal-Jihad [Congrégation du peuple de la Tradition pour le Prosélytisme et la Jihad]. Le surnom, qui se traduit « l’éducation occidentale est immorale », a vu sa croissance à partir de la concentration originale du groupe sur l’opposition à l’éducation occidentale dans les pays africains.
Fondé en 2002, le groupe terroriste est composé d’islamistes radicaux qui s’opposent autant aux Occidentaux qu’aux musulmans « apostats ». Basée au Nigéria, au Cameroun et au Niger, l’organisation cherche à établir un état islamique « pur » gouverné par la loi Sharia, mettant fin à ce qu’il considère comme étant « occidentalisation ». On dit que ses adeptes sont influencés par une phrase dans le Coran qui dit « Quiconque n’est pas gouverné par ce qu’Allah a révélé, est parmi les transgresseurs. »
Malgré le surnom du groupe, l’agenda de Boko Haram est beaucoup plus large que seulement l’éducation. Le groupe fait la promotion d’une version de l’Islam radical qui rend « haram », ou « défendu », pour les musulmans de participer dans une activité politique ou sociale quelconque qui soit associée avec la société occidentale. Ceci inclut le fait de voter dans les élections, porter des chemises et pantalons, ou recevoir une éducation non musulmane.
(Pour plus de renseignements sur ce groupe, voir « 9 Things You Should Know About Boko Haram ».)
Qui sont les bergers Jihadiste Fulani?
Les Fulanis sont le plus grand groupe de nomades au monde, comprenant environ 25 millions de personnes à travers 21 pays de l’Afrique. Puisque les Fulani traditionnels considèrent n’importe quelle occupation à part de la conduite de troupeaux comme étant socialement inférieure, la conduite des troupeaux est une des occupations primaires du groupe. Depuis plus de 100 ans, ils sont impliqués dans des activités de jihad sur tout le continent africain.
Malgré le fait de partager la mission et l’animosité envers les chrétiens, ces conducteurs de troupeaux Fulani ne sont probablement pas en train de coordonner avec Boko Haram.
Que fait-on?
En décembre passé, le Département d’État des États-Unis a déclaré le Nigéria comme étant un pays spécialement préoccupant en vue de l’Acte de liberté religieuse internationale. Mais la communauté internationale n’a pas pris des mesures adéquates pour faire cesser la persécution des chrétiens dans le pays.
« Plus de chrétiens ont été visés et massacrés par des extrémistes en Nigéria que dans tout le moyen orient durant ces dernières années, » affirme , directrice du Centre pour la Liberté religieuse de l’Institut Hudson. « Ces communautés chrétiennes vulnérables qui sont en train d’être attaquées sur deux fronts par les terroristes islamiques et les jihadis ont besoin d’aide. »
Eric Patterson, vice-président de l’Institut pour la Liberté religieuse, craint que Nigéria puisse être en chemin vers une guerre civile qui causerait un génocide. « Imaginez une débâcle bosnienne ou ruandaise dans un pays ayant 10 fois leurs populations, » dit Patterson. « En d’autres mots, imaginez une guerre civile génocidaire, combattue dans une population qui est environ deux tiers de la population des États-Unis, pressée à l’intérieur des frontières du Texas, de l’Oklahoma, et de la Louisiane. »
L’ancien représentant américain Frank Wolf partage cette préoccupation. « Je crois … que le Nigéria implosera, » Wolf a affirmé dans une audience récente de la Commission sur la Liberté Relieuse internationale. « Si ceci se passait en Scandinavie, si ça se passait en Europe de l’Est, pensez-vous que le monde demeurerait dans le silence? Le monde serait engagé, et en ce moment, le monde n’est pas engagé. »
Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition. La traduction est publiée ici avec permission.
Joe Carter est éditeur pour The Gospel Coalition, auteur de The Life and Faith Field Guide for Parents, l’éditeur de la NIV Lifehacks Bible et co-auteur de How to Argue Like Jesus: Learning Persuasion from History’s Greatest Communicator. Il sert aussi comme pasteur associé à McLean Bible Church à Arlington, Virginie.