Le piège de la pertinence

J’ai débuté dans le ministère dans une ère qui mettait l’accent sur la pertinence au monde.

Des ministères antérieurs semblaient, bien, ecclésiastiques. La réponse : rendre l’église charmante pour les gens du dehors. Mettre l’accent sur la pertinence. Rendre les non-croyants confortables dans l’église. Marchander le message. Baisser les barrières autant que possible pour que les non-croyants entrent dans l’église.

J’ai appris de bonnes choses de cette approche. Nous devons certainement enlever les barrières qui ne sont pas nécessaires entre les gens et Jésus. Nous devons parler d’une manière qui soit compréhensible pour autant de gens que possible.

Mais la pertinence était un piège. D’une part, nous ne pouvons pas rendre les Écritures pertinentes aux gens. Elles le sont déjà. En plus, il n’y a aucune manière dans laquelle nous puissions minimiser l’aspect étrange de ce que nous croyons, ni l’aspect étrange de ce que nous faisons en tant que croyants.

L’aspect étrange de ce que nous croyons

Ce que nous croyons ne fait aucun sens pour le monde. Aucun marketing ou style de musique ne peut surmonter cet aspect étrange. Nous croyons que Jésus est Dieu, qu’il est né d’une vierge, qu’il a offert sa vie comme sacrifice pour nos péchés à notre place, qu’il est ressuscité des morts, qu’il est monté au ciel, et qu’il reviendra. Et ce n’est que le commencement.

Pour un temps, il semblait que nous devions enlever l’accent sur l’aspect étrange et présenter l’Évangile sans ses coins aigus. Dans certains sens, je crois que les gens d’aujourd’hui ne trébuchent pas sur le surnaturel. Ils sont prêts à accepter la prémisse d’un monde spirituel et l’idée que Dieu peut exister. Ils ne sont pas prêts pour un Dieu saint qui inspire la crainte et mérite l’adoration et la soumission.

Ce que nous croyons est en décalage par rapport à la culture. C’est censé être comme ça, et les différences deviennent encore plus prononcées.

Dieu est gracieux, mais nous venons toujours à lui sur ses termes, non pas les nôtres. Nous prêchons un message qui est insensé pour le monde, et nous ne devrions pas essayer de changer cela (1 Corinthiens 1.23). 

Tout modèle de ministère qui diminue l’aspect étrange de notre message pour les oreilles des non-croyants est un cul-de-sac. Notre message semble insensé et offensif pour le monde et, pourtant, « la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes » (1 Corinthiens 1.25).

Ce qui est étrange dans ce que nous faisons

Ce n’est pas seulement que nous croyons des choses étranges. Nous faisons certaines choses étranges aussi.

Je parlais avec des amis un jour dans un café. Nos chaises étaient à côté d’un trottoir. J’expliquais à quel point nous devons sembler étranges même aux nouveaux chrétiens dans notre église. Nous croyons que les hommes et les femmes sont égaux, mais non pas interchangeables. Nous croyons que le sexe est intentionné pour le mariage entre un homme et une femme. Nous croyons que le premier pas de la vie chrétienne est d’être submergé dans l’eau pour signifier sa mort et sa nouvelle vie en Christ. Tout cela est peu commun. Pendant que je parlais, une personne a entendu une partie de notre conversation et m’a lancé un regard furieux. Il semble qu’elle était d’accord avec moi que c’était vraiment difficile à avaler.

Il y a tant de choses que nous faisons qui est étrange. Le fait d’investir des milliers de dollars dans l’œuvre du Royaume est étrange. Baptiser les gens, c’est étrange. Chanter à Dieu, c’est étrange. Écouter quelqu’un qui prêche à partir d’un document écrit il y a des milliers d’années, c’est étrange. Cela devient plus difficile de faire semblant que ce que nous faisons est simplement une version chrétienne d’un concert et d’un « TED talk » avec garderie incluse. Les églises sembleront être de plus en plus en décalage avec la culture.

Corinthe était une ville sophistiquée, séculière, avec une préférence pour des présentations superficielles de génie humain. La formule aurait pu facilement être adaptée pour être utilisée dans l’église. Viens en ville. Conditionne tes idées. Obtiens une audience. Adopte un style de vie qui satisfait aux attentes. Gagne les gens à l’Évangile, et bénéficie des avantages financiers. Je peux m’imaginer à quel point cette formule aurait dû être attrayante comme moyen de communiquer l’Évangile de manière inoffensive pour la culture.

Paul ne voulait rien savoir de cela.

Paul savait que l’Évangile ne s’aligne jamais avec les valeurs du monde. Il savait que la vérité de l’évangile pouvait être compromise par la manière dont il communiquait l’Évangile. Il s’est attiré des critiques de la part de plusieurs dans l’église à Corinthe parce qu’il est allé à l’encontre de leurs attentes sur comment communiquer l’Évangile. Il savait que le message de l’Évangile était étrange aux yeux du monde (1 Corinthiens 1.20-25), et il était satisfait avec l’idée que ses méthodes semblaient étranges aussi (1 Corinthiens 2.1-5).

La voie à suivre

Je ne dis pas que nous devrions ériger des barrières qui ne sont pas nécessaires. Je dis, toutefois, que nous devrions embrasser ce qui est étrange dans notre message et nos méthodes, et nous confier que la folie de Dieu est en effet plus sage que la sagesse de ce monde.

Le monde n’a pas besoin de plus du monde. Nous ne pouvons pas commercialiser ni divertir mieux que le monde ne peut le faire, et nous ne devrions pas le faire. Utiliser les méthodes du monde pour communiquer un Évangile agréable est une distorsion de la foi chrétienne.

Durant des milliers d’années, le monde a été changé par des églises qui prêchent fidèlement un Évangile étrange et qui font des choses étranges en pointant vers un Sauveur crucifié. C’est ce dont le monde a toujours eu besoin.

Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.

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Darryl Dash est l'auteur de How to Grow: Applying the Gospel to ALL of Life. Il est pasteur de la Liberty Grace Church à Toronto. Il est également cofondateur de Gospel for Life et directeur de l'Advance Church Planting Institute. Il est titulaire d'un doctorat en ministère du Gordon-Conwell Theological Seminary et compte plus de 25 ans d'expérience dans le ministère. Darryl est marié à Charlene et a deux enfants adultes, Christy et Josiah. Vous pouvez trouver Darryl en ligne sur DashHouse.com.

Published By: Darryl Dash

Darryl Dash est l'auteur de How to Grow: Applying the Gospel to ALL of Life. Il est pasteur de la Liberty Grace Church à Toronto. Il est également cofondateur de Gospel for Life et directeur de l'Advance Church Planting Institute. Il est titulaire d'un doctorat en ministère du Gordon-Conwell Theological Seminary et compte plus de 25 ans d'expérience dans le ministère. Darryl est marié à Charlene et a deux enfants adultes, Christy et Josiah. Vous pouvez trouver Darryl en ligne sur DashHouse.com.