La « culture de l’annulation »

La « culture de l’annulation » est un phénomène social récent. Le terme a été utilisé pour la première fois en 2016 et il décrit la pratique de plus en plus populaire consistant à retirer son soutien ou boycotter publiquement des personnes ou des groupes particuliers, en raison de leurs opinions et actions sociales ou morales inacceptables.

La « culture de l’annulation » s’est retrouvée sous le feu des projecteurs lors des manifestations du mouvement « Black Lives Matter » qui ont suivi le meurtre de George Floyd. Dans le cadre de cette agitation, des statues de personnalités publiques ayant autrefois tiré profit de l’esclavage, ou ayant été jugées racistes, ont été renversées. Certains demandaient même que soit interdite l’émission télévisée pour enfants « Pat’ Patrouille », en raison de son lien avec les forces de l’ordre.

La « culture de l’annulation » révèle plusieurs convictions humaines profondes qui concordent avec ce que dit la Bible.

Des productions telles que : « Gone with the wind », un épisode de « Fawlty Towers », « Summer Heights High » (et d’autres œuvres de Chris Lilley); « 30 Rock» et « Cops » ont été retirées des plateformes de diffusion en continu, en considération du racisme perçu.

Plus récemment, J.K. Rowling est devenue l’une des grandes célébrités à être ostracisée pour avoir insisté sur le fait que les différences de sexe restent des indicateurs importants de ce que signifie être une femme. En 2021, Richard Dawkins, un éminent biologiste britannique et athée notoire, s’est vu retirer son prix de l’humaniste de l’année par la « American Humanist Association », pour avoir proféré des insultes envers certaines minorités marginalisées.

Bien sûr, il y a toujours eu des protestations, des boycottages, des personnalités controversées, mais la « culture de l’annulation » semble différente – plus corrosive. Toutefois, qu’est-ce qui la motive et qu’est-ce qu’elle nous apprend sur notre culture ?

Je voudrais suggérer qu’elle révèle plusieurs convictions humaines profondes qui concordent avec ce que dit la Bible.

Les humains croient vraiment au « péché »

Certains penseurs laïques affirment que le péché est simplement une invention et un moyen pour les chrétiens de vendre leur « remède ». En effet, le grand défenseur de l’athéisme Dan Barker affirme : « nous, les athées, n’avons pas besoin d’aller chez le médecin. Il n’y a rien qui cloche chez nous ». Il s’exprimait en réaction à l’idée d’être dépeint comme un « pécheur ». Il affirme que « le péché est une maladie imaginaire, inventée pour nous vendre un remède imaginaire ».

Pourtant, le fait que certaines personnes soient « exclues », parce qu’elles ont des opinions moralement répréhensibles, indique que les humains croient réellement en cette notion de « péché ». Il existe dans notre culture des points de vue, des perspectives, des mots et des opinions qui sont moralement condamnables – et en les exprimant (ou même en les approuvant), vous devenez un pécheur aux yeux des autres. La « culture de l’annulation » révèle que notre monde croit très certainement à la réalité des transgressions.

Les humains désirent la pureté morale et l’élimination du péché

« La culture de l’annulation » dénonce certains péchés, puis montre à quel point nous désirons en être séparés, les faire disparaître de notre vie. Cela reflète un profond désir humain d’être moralement pur, d’être libéré de tout rapport avec le péché.

J’ai remarqué cela dans un tweet que quelqu’un a écrit sur le compte de JK Rowling :

Ce sentiment douteux que tu as quand quelqu’un te suit ici et que sa signature est : « Je suis avec @jk_rowling. » Ma fille, tu ne comprends vraiment pas ce qui se passe !

Tout comme dans l’Ancien Testament, les gens pensent que le fait d’être lié à une personne « impure », ou de la toucher, vous rend impur. Il est difficile de côtoyer des « pécheurs », alors les personnes aux idées inacceptables doivent être exclues.

La difficulté de dissocier le péché des pécheurs

« La culture de l’annulation » montre également combien il est difficile de dissocier le péché des pécheurs. Dans notre société actuelle, les pécheurs semblent irrécupérables, même si le péché a été commis il y a longtemps, dans un environnement social différent ou s’il semble anodin (j’ai récemment entendu parler d’un groupe, spécialisé dans les reprises de chansons célèbres, rejetant celles de Van Morrison en raison de ses opinions sur la COVID). Les excuses ne font pas une grande différence – le pécheur est toujours marqué. La seule façon de purifier le groupe, métaphoriquement parlant, est de faire sortir cette personne du groupe, de la bannir.

« La culture de l’annulation » cherche à éradiquer le péché, mais détruit les gens au passage.

Cela est dû au fait que notre culture ne dispose d’aucun mécanisme permettant de dissocier le péché des pécheurs, et donc d’aucun pardon.

« La culture de l’annulation » cherche à éradiquer le péché, mais détruit les gens au passage; elle crée des épurations incessantes et inacceptables, ne permettant qu’à « ceux qui n’ont pas péché » de participer au dialogue social.

La réponse que donne la Bible

Dans l’Ancien Testament, le péché pouvait être effacé par un sacrifice. Le jour des expiations, le péché était symboliquement transféré sur un bouc émissaire, qui était chassé du camp. Le camp pouvait être purifié sans tuer chaque pécheur.

C’était bien mieux que ce que nous avons maintenant, mais ce n’était que symbolique. Cela ne pouvait pas vraiment résoudre nos différends avec Dieu ou entre nous. Mais maintenant, le Nouveau Testament nous fait découvrir un vrai sacrifice :

Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le souverain sacrificateur pour le péché, sont brûlés hors du camp. C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. Car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. (Hébreux 13.11-14)

Le monde est toujours en train de chasser les gens, comme autrefois. Mais Jésus a la réponse. Il a été chassé et rejeté pour que nous puissions être épargnés par Dieu. Il a été banni de ce monde pour que nous puissions être accueillis dans le royaume de Dieu à venir.

Alors approchons-nous de Jésus, laissons-nous inspirer par lui et présentons au monde entier comment son œuvre peut tout changer.

Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Australia. La traduction est publiée ici avec permission.

Robert Martin
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Robert Martin est le pasteur de la congrégation anglophone de l'église baptiste de Northcote, dans le nord de Melbourne. Robert est diplômé en commerce et en théologie. Il se penche régulièrement sur les questions liées à la vie chrétienne au travail et anime également l'émission de radio et le balado « Bigger Questions ». Robert est marié à Di et ils ont trois enfants.



Published By: Robert Martin

Robert Martin est le pasteur de la congrégation anglophone de l'église baptiste de Northcote, dans le nord de Melbourne. Robert est diplômé en commerce et en théologie. Il se penche régulièrement sur les questions liées à la vie chrétienne au travail et anime également l'émission de radio et le balado « Bigger Questions ». Robert est marié à Di et ils ont trois enfants.