La bénédiction de Dieu est-elle dépendante de mon obéissance? C’est une question que je me suis souvent posée et qu’on m’a souvent posée. Dernièrement, j’ai vu une publication sur Facebook qui déclarait « l’obéissance est la source de la bénédiction divine ». La personne se basait sur l’histoire de Naaman et Élisée de 2 Rois 5.1-27. C’est loin d’être le cas!
Il était une fois: Naaman…
Dans 2 Rois 5 on nous conte l’histoire de Naaman, un commandant de l’armée syrienne ennemie d’Israël, qui souffre d’une maladie de peau grave. Suite aux conseilles d’une jeune prisonnière de guerre israëlite, que sa femme a prise comme servante, il se rend chez le prophète Élisée pour être guérit.
Au début du chapitre, l’auteur du livre nous fait savoir que si Naaman avait de la réussite dans sa vie (dans sa carrière), c’était parce que Dieu lui avait donné cette réussite. S’il jouissait de la faveur et de l’estime de la royauté Syrienne, c’était parce que Dieu l’avait utilisé pour des victoires militaires. Déjà on nous prépare à la compréhension de l’histoire : tout ce qui nous arrive de bien, ce qui nous donne de la valeur, c’est un cadeau découlant de la bienveillance de Dieu (1 Co 4.7; Ja 1.16-17).
Chercher midi à quatorze heures
Lorsque Naaman arrive en Israël, il semble présumer que l’autorité ou la puissance du prophète est lié à une position d’autorité humaine et il se rend auprès du roi d’Israël. Le roi est gêné par la demande de guérison; il ne peut rien faire pour lui. La bénédiction divine n’est jamais liée à un office ou une position humaine (1 Sa 16.7; Ja 2.5). Ce ne sont pas non plus les bons rituels ou une puissance innée qui permettent la bénédiction (Ps 50.8-13,16; Ac 19.13) car Élisée le prophète n’accomplit aucune des déclarations ou gestes sacrés dont s’attend le commandant syrien. Au contraire, il ne sort même pas de la maison et envoie plutôt quelqu’un relayer un message de sa part. Pourquoi Élisée l’a-t-il rabroué de la sorte?
Une parole guérissante
La puissance de guérison ou de bénédiction se trouve dans la personne de Dieu et dans son expression de lui-même manifestée par sa parole (Ps 63.2,3; Ps 119.65). Connaître Dieu et s’attacher à lui par sa parole est donc le moyen par lequel nous sommes bénis. Le rôle des prophètes comme Élisée était donc de parler les paroles que Dieu leur avait communiqué et rien de plus (Dt 18.20; 2 Pi 1.21). Élisée prescrit donc à Naaman de se laver sept fois dans le Jourdain pour être purifié.
Virage à 180 degrés
La foi c’est de croire ou mettre notre confiance dans ce que Dieu a dit de lui-même. Cela implique qu’il faut renoncer à ce que nous croyions faussement ou à ce que Dieu n’a pas dit (2 Ch 7.14; Ac 3.19). Le terme théologique pour cela est la “repentance”: un changement de direction dans nos pensées et actions en renonçant à ceux que nous tenions précédemment. Suite à la directive de se laver dans le Jourdain, Naaman, rempli de colère, avait tourné le dos au prophète et à son instruction. Avec l’encouragement de ses serviteurs, le chef de l’armée syrienne fait demi-tour et se plonge dans le Jourdain en conformité avec la parole de l’homme de Dieu.
La place de l’obéissance
L’histoire de Naaman enseigne l’incapacité du personnage principal à acquérir la bénédiction par lui-même. Lorsque l’obéissance de celui-ci est finalement requise, elle n’est pas la source de sa guérison mais la représentation de sa foi (Ja 2.18). Il ne va pas vers les eaux parce qu’il y voit une manière d’acquérir un bénéfice, ni parce qu’il croit que les eaux ont une propriété vivifiante. Il agit sur la parole d’un autre et sa foi simple est récompensée et fortifiée (Lc 5.5,8; Hé 11.6).
Il est important de souligner que non seulement avant sa guérison, mais aussi après, l’obéissance n’est pas un moyen pour marchander la bénédiction ni pour s’acquitter de celle-ci. Les dons apportés par Naaman pour payer pour sa guérison, et qui sont proposés en guise de remerciement pour la guérison, sont refusés catégoriquement par Élisée. Dieu ne peut être acheté ou repayé pour ses grâces (Ac 8.20; Ja 2.1). Guéhazi, le serviteur du prophète, sera grièvement puni lorsqu’il usera de subterfuges pour accepter les présents de Naaman. Toute tentative d’acheter Dieu ou de lui subtiliser sa gloire se soldera par un échec et une condamnation (És 42.8; Ac 12:23).
Nous sommes tous lépreux
Chacun d’entre nous souffrons à cause des autres, du monde qui nous entoure ou de nous-mêmes et nos propres actions. Jésus nous décrit comme étant pauvres, ayant le coeur brisé, prisonniers, aveugles ou opprimés (Lc 4.18-19). Ce qui nous afflige ne paraît pas toujours de manière visible sur notre peau, mais nous sommes tous aussi affectés que Naaman de sa lèpre (pourtant fort et vaillant). Si nous désirons être secourus, nous devons nous aussi renoncer à espérer dans un salut obtenu par notre propre obéissance (Ro 3.20).
Le dernier mot
Si par le passé Dieu a parlé par des prophètes, aujourd’hui Dieu nous a parlé par son Fils (Hé 1.1-2). Jésus est la parole de Dieu et la manifestation de sa personne incarnée (Jn 1.14; Hé 1.3). Ce qui pouvait être confus ou inexpliqué à propos de Dieu dans l’Ancien Testament devient clair et précis à travers la venue, la mort et la résurrection de Jésus Christ. Lorsqu’il s’est présenté comme source de bénédiction pour ceux qui l’ont entendu (Lc 4.18-21), il les a invité à croire en lui en prenant exemple sur Naaman (Lc 4.27).
Jésus, prophète excédant infiniment Élisée, ordonne aussi des commandements dont une immersion dans l’eau. Le baptême qui accompagne la confession de foi du croyant est l’identification à la personne de Jésus et son oeuvre (Ro 6.3). Ce baptême non plus ne purifie en rien nos corps mais représente notre engagement d’une bonne conscience envers Dieu (1 P 3.21). Dans cette période après Jésus Christ (anno domini), époque illuminée par la pleine révélation de Dieu en Jésus (Col 2.9), l’obéissance au commandement, d’être baptisé ou autre, n’est pas source de la faveur de Dieu.
Aaron Schroeder-Tabah est pasteur à l’Église La Bible parle, au Saguenay. Il travaille de concert avec le pasteur principal dans la prédication et l’accompagnement spirituel. Sa femme Cynthia et lui ont cinq enfants.