Le chant de triomphe et l’espèce de défi que Paul met ici dans la bouche de l’Église sont empruntés au prophète Ésaïe, chapitre 50 ; il s’agit d’une prophétie dans laquelle il est évident que c’est Christ qui parle. Pour entrer dans l’esprit de cette dernière, il faut se représenter le Fils de l’homme devant le tribunal des hommes, en proie à d’insultantes humiliations, mais soumis à la volonté de son Père et fortifié par l’assurance que lui donnaient les promesses divines de sortir vainqueur du conflit dans lequel son amour l’avait engagé.
Le Seigneur, l’Éternel [dit-il], m’a ouvert l’oreille, et je n’ai point résisté, je ne me suis point retiré en arrière. J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas dérobé mon visage aux ignominies et aux crachats. Mais le Seigneur, l’Éternel, m’a secouru ; c’est pourquoi je n’ai point été déshonoré, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage semblable à un caillou, Sachant que je ne serais point confondu. Celui qui me justifie est proche : Qui disputera contre moi ? […] Voici, le Seigneur, l’Éternel, me secourra : Qui me condamnera ?
És 50.5-8a,9a.
Jésus exprime dans ces passages une double confiance : celle d’être aidé du Père dans la terrible lutte qu’il devait soutenir avec les puissances ténébreuses et celle d’être justifié (comme il le fut par sa résurrection [Ro 1.4]) des condamnations qui seraient prononcées contre lui.
La communion qui existe entre Jésus et les membres de son Corps, sa qualité de chef ou de tête au sein de son Église, le titre de « dernier Adam » qui lui est attribué en tant que représentant de l’humanité ainsi que l’imputation qui est faite aux croyants de ses souffrances et de sa gloire sont autant d’éléments expliquant pourquoi l’apôtre et les élus utilisent un langage analogue à celui de leur chef pour exprimer leur sainte confiance dans le fait qu’ils sont justifiés et que rien ne peut les séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. Comme l’honneur répandu sur le chef rejaillit sur les membres, ceux-ci possèdent le même privilège que lui. Leur justification étant indissociable de celle du Christ, ils peuvent triompher dans la certitude de leur justification comme le Christ a triomphé dans la certitude de la sienne.
Thomas Goodwin, Le triomphe de la foi justifiante : Méditations sur Romains 8.34, Publications Chretiennes, 2022, p. 13-14.
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Le triomphe de la foi justifiante
Thomas Goodwin
Thomas Goodwin (1600-1679) est né à Rollesby, en Angleterre. Ce théologien puritain anglais, qui était un contemporain de Richard Baxter et de John Owen, était connu sous le nom de « l’Ancien ». Il a été président du Magdalene College d’Oxford, membre de l’assemblée de Westminster et aumônier personnel d’Oliver Cromwell. Le ministère de Thomas Goodwin a eu un large impact tout au long de sa vie et il se poursuit aujourd’hui à travers ses écrits qui exaltent le Seigneur Jésus-Christ.