Qui (ou quoi) est l’Antéchrist ?

L’apôtre Jean est le seul auteur du Nouveau Testament à utiliser le terme « antéchrist » ou un dérivé de celui-ci. Jean utilise les termes « antéchrist », « antichrists » et « l’esprit de l’antéchrist » pour un total de 5 références dans ses épîtres.

De nombreux spécialistes pensent que la personne à laquelle l’apôtre Paul fait référence comme « l’homme de l’illégalité » dans 2 Thessaloniciens 2 est la même personne ou le même phénomène auquel Jean fait référence comme « l’antichrist ». Ces deux personnages répondent à un modèle qui trouve son origine dans le Livre de Daniel et qui réapparaît dans la vision que Jean a de la Bête dans Apocalypse 13, ce qui nous donne un certain nombre de passages à prendre en considération dans cette tentative de produire une esquisse composite.

La première chose que nous pouvons dire avec une certaine confiance est la suivante :

1.  Il sera actif tout au long de « la dernière heure ».

Dans 1 Jean 2.18, l’apôtre écrit à son peuple en disant :

« Petits enfants, c’est la dernière heure. Vous avez appris que l’antéchrist vient. Or, déjà maintenant, il y a plusieurs antéchrists ; par là nous reconnaissons que c’est la dernière heure » (1 Jean 2.18).

Les Apôtres ont compris que toute la période entre l’ascension du Christ et son retour constituait « les derniers jours » ou « la dernière heure ». L’œuvre de la rédemption ayant été accomplie au moyen de tous les grands événements associés à la première venue de Jésus, il ne restait plus rien à faire en dehors des quelques et derniers événements associés à la seconde venue du Christ et donc, dans ce sens, c’était et c’est toujours la dernière heure.

Jean s’attendait à ce que « l’antichrist » soit très actif pendant toute cette période – la période qui n’existe que par la grâce et la miséricorde de Dieu dans le but d’étendre l’invitation de l’Évangile aux personnes de toute tribu, langue et nation sur la planète terre.

2. Il est un esprit, un modèle et occasionnellement une ou plusieurs personnes

Dans le même verset cité ci-dessus, Jean fait référence à « l’antichrist » et aux « antéchrists », puis dans 1 Jean 4.3 il dit :

« Et si un esprit ne reconnaît pas que Jésus est le Messie venu en homme, il n’est pas de Dieu, c’est l’esprit de l’Antichrist. Vous avez appris sa venue, et maintenant déjà il est dans le monde » (1 Jean 4.3).

Jean conçoit une personne, des personnes et un esprit général d’animation. De même, Paul, dans 2 Thessaloniciens 2, parle d’un homme qui venait, qui était maintenant retenu, tandis qu’un mystère d’illégalité était perpétuellement actif dans le monde :

« En effet, il faut que l’apostasie arrive d’abord et qu’apparaisse l’homme de péché, le fils de la perdition… En effet, le mystère de l’impiété agit déjà. Il faut seulement que celui qui le retient encore ait disparu » (2 Thessaloniciens 2.3-7).

Cet esprit, qui se manifeste sous la forme d’une ou plusieurs personnes, opère selon un modèle reconnu. Tremper Longman III fait remarquer que :

« Antiochus devient un symbole approprié pour celui que les chrétiens connaissent comme l’Antéchrist »[1].

Les histoires d’Antiochus IV Épiphane dans Daniel 7-10 sont mises en évidence parce qu’elles établissent pour nous les objectifs généraux et l’approche de l’antéchrist, quel que soit le moment ou le lieu où il se manifeste dans le monde. Si l’on met tout cela en commun, je pense que l’on peut suggérer qu’il existe un esprit d’antéchrist qui opère perpétuellement dans les derniers jours, qui se manifeste occasionnellement sous une forme humaine et qui se manifestera finalement comme une personne dotée d’un pouvoir et d’une autorité énormes lorsque l’entité qui freine ce développement aura supprimé les restrictions actuelles à son activité dans le monde.

3. Il s’oppose à l’enseignement apostolique sur le Christ

Dans 1 Jean 2.22 l’Apôtre dit :

« Qui est menteur ? N’est-ce pas celui qui nie que Jésus est le Messie ? Tel est l’Antéchrist, celui qui nie le Père et le Fils » (1 Jean 2.22).

Plus loin dans la même épître, Jean précise encore que :

« Voici comment identifier l’Esprit de Dieu : tout esprit qui reconnaît que Jésus est le Messie venu en homme est de Dieu. Et si un esprit ne reconnaît pas que Jésus est le Messie venu en homme, il n’est pas de Dieu : c’est l’esprit de l’Antichrist. Vous avez appris sa venue, et maintenant déjà il est dans le monde » (1 Jean 4.2-3).

L’esprit de l’antéchrist, qu’il se manifeste dans une personne ou dans un groupe de personnes comme ceux qui « sont sortis d’entre nous » dans 1 Jean 2.19, a l’intention d’obscurcir et de s’opposer à l’enseignement apostolique sur le Christ. Il s’oppose à des doctrines telles que l’incarnation, la Trinité et la Divinité du Christ. Il veut que les gens reconnaissent Jésus comme un grand maître, un leader moral, un prophète politique, mais pas comme le Messie et le Fils de Dieu incarné.

4. Il exerce une grande autorité

Conformément au modèle général établi dans l’histoire d’Antiochus Epiphanes IV, nous nous attendons à ce que l’antéchrist tente de s’emparer du pouvoir de l’État afin de harceler et de s’opposer aux saints de Dieu. Antiochus s’est emparé du pouvoir par la tromperie et la ruse et est devenu, pendant une saison, le souverain le plus puissant du monde connu. De même, dans Apocalypse 13, il est dit de la Bête qui surgit de la mer :

« Le dragon lui donna sa puissance, son trône et une grande autorité » (Apocalypse 13.2).

Cette autorité semble s’étendre au-delà des frontières d’un seul pays :

« Il lui fut permis de faire la guerre aux saints et de les vaincre » (Apocalypse 13.7).

Au moyen de cette autorité donnée par le démon, il tentera d’opérer des changements larges et complets au sein de la société ; Daniel dit qu’il :

« projettera de changer les temps et la loi » (Daniel 7.25).

La vision de Jean suggère qu’il exercera également un contrôle sur l’économie :

« Elle fit en sorte qu’on impose à tous les hommes, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, une marque sur leur main droite ou sur leur front. Ainsi, personne ne pouvait acheter ni vendre sans avoir la marque, c’est-à-dire le nom de la bête ou le nombre de son nom » (Apocalypse 13.16-17).

Il semble que si une personne ne se conforme pas aux changements institués par l’antichrist, alors cette personne sera effectivement exclue du marché, incapable d’acheter ou de vendre.

5. Il s’exalte comme un objet d’adoration

Dans la lignée du modèle d’Antiochus et aussi du modèle plus récent de Néron César (selon l’identification 666 dans Apocalypse 13.18), il semble que la manifestation finale de l’antéchrist tentera d’insister sur une sorte de « culte de l’empereur ». Dans Daniel 8.10-11, parlant d’Antiochus comme d’une « petite corne », il est dit :

« Elle a grandi jusqu’au niveau des corps célestes. Elle a fait tomber par terre une partie de ces corps et des étoiles, et elle les a piétinés. 11Elle a grandi jusqu’au niveau du chef de l’armée. Elle lui a enlevé le sacrifice perpétuel et a bouleversé les fondations de son sanctuaire » (Daniel 8.10-11).

C’est une façon de dire que, après avoir conquis toutes les puissances sur la terre, Antiochus a commencé à se croire capable de faire la guerre au ciel lui-même. Cet aspect du « modèle de l’antichrist » est repris par Paul dans 2 Thessaloniciens 2. Il dit, à propos de « l’homme de l’illégalité » :

« Que personne ne vous trompe d’aucune manière. En effet, il faut que l’apostasie arrive d’abord et qu’apparaisse l’homme de péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève contre tout ce qu’on appelle Dieu ou qu’on adore ; il va jusqu’à s’asseoir [comme Dieu] dans le temple de Dieu en se proclama« t lui-même Dieu » (2 Thessaloniciens 2.3-4).

Ainsi, en mettant Daniel et Paul ensemble, il semble que lorsque les restrictions actuelles imposées par Dieu seront supprimées, l’antichrist final ou l’homme de l’illégalité obtiendra une domination totale et incontestée sur la terre et commencera à se croire capable de faire la guerre à Dieu. Il interdira toute forme d’adoration autre que l’adoration de lui-même.

6. Il épuise les saints pour une saison prédéterminée

Faire la guerre à Dieu impliquera inévitablement de faire la guerre au peuple de Dieu, selon le modèle établi dans Daniel :

« Par ses paroles il s’opposera au Très-Haut. Il opprimera les saints du Très-Haut et projettera de changer les temps et la loi. Les saints seront livrés à son pouvoir pendant un temps, deux temps et la moitié d’un temps » (Daniel 7.25).

Le « temps, les temps et la moitié d’un temps » semble faire référence à une période raisonnablement courte – 3,5 ans dans le cas d’Antiochus Epiphanes. Pendant 3,5 ans, Antiochus Epiphane a eu une longue laisse pour harceler et opprimer le peuple de Dieu. La bête d’Apocalypse 13 est décrite de manière similaire :

« Il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes, et elle reçut le pouvoir de faire la guerre pendant 42 mois. Elle ouvrit la bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour insulter son nom et son tabernacle, ceux qui habitent dans le ciel. Il lui fut permis de faire la guerre aux saints et de les vaincre. Elle reçut l’autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute nation  » (Apocalypse 13.5-7).

42 mois correspondent à 3,5 ans, donc Daniel et Jean sont tous deux d’accord pour dire que, pendant une courte période, l’antéchrist aura le contrôle total des rouages d’un État mondial et utilisera ce pouvoir pour se déchaîner contre le ciel et opprimer et persécuter les saints. Il les écrasera. Il les conquerra. Selon Apocalypse 11, il les tuera et leur cadavre (le nom grec dans Apocalypse 11.8 est au singulier) reposera dans la rue pendant 3 jours.

« Après les trois jours et demi, un esprit de vie venu de Dieu entra en eux et ils se tinrent debout sur leurs pieds; une grande crainte s’empara alors de ceux qui les voyaient. 12J’entendis une voix forte qui, du ciel, leur disait : «Montez ici!» Et ils montèrent au ciel dans la nuée sous les yeux de leurs ennemis  » (Apocalypse 11.11-12).

L’antichrist est privé de sa victoire. L’Église est sauvée, ressuscitée et glorieusement rachetée. Le retournement de situation pour l’antéchrist est remarquable. Daniel dit :

« Puis le jugement viendra et on lui retirera sa domination : elle sera définitivement détruite et anéantie. Le royaume, la domination et la grandeur de tous les royaumes présents sous le ciel seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son règne est un règne éternel et tous les dominateurs le serviront et lui obéiront. Ici prend fin le message. Moi, Daniel, j’ai été si terrifié par mes pensées que j’en ai changé de couleur. J’ai gardé cette parole dans mon cœur » (Daniel 7.26-28).

Au sommet de sa puissance, au milieu de ses tentatives pour éradiquer la foi du peuple de l’alliance, des décisions sont prises dans le ciel, son royaume prend fin soudainement et son domaine est transféré aux saints qui régneront avec Dieu pour les siècles des siècles amen.

Voilà le dénouement de l’affaire.

Merci à Dieu !

Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.

[1] Tremper Longman III, Daniel dans The NIV Application Commentary (Grand Rapids : Zondervan, 1999), 209.