Placer sa confiance en Dieu au milieu de la tragédie

« Jamie, peux-tu rentrer à la maison tout de suite? Un garçon a été heurté par une voiture en traversant la rue lorsqu’il revenait de l’école, et Jude n’est toujours pas rentré à la maison. » J’étais dans mon bureau à l’église lorsque j’ai reçu ce message de la part de mon épouse. J’ai immédiatement terminé ce que je faisais, j’ai demandé à quelques personnes au bureau de prier, et j’ai pris la voiture pour aller chez moi. Pendant que je conduisais, plusieurs pensées ont traversé mon esprit. Je n’étais pas encore certain si c’était Jude qui avait été frappé, mais j’avais cette sensation nauséabonde dans mon estomac qui me disait que ma vie était sur le point d’être bouleversée. Tragiquement, il s’agissait bien de notre fils Jude, âgé de 11 ans, qui avait été heurté par un pick-up ce jour-là. Il est décédé à l’hôpital pour enfants McMaster environ 33 heures plus tard.

Ce qui a commencé comme un mardi matin ordinaire de pelletage de neige avec Jude, mon fils de 11 ans, et ses frères avant d’aller à l’école s’est transformé en une journée de dévastation totale.

Comment surmonter ce genre d’épreuve? Comment continuer à vivre en tant qu’époux, père, pasteur? Il n’existe aucune préparation pour affronter un défi de cette taille.

Au service funéraire de Jude, nous avons fait la lecture des Écritures à partir de 1 Thessaloniciens 4.13-18. Le verset 13 dit : 

« Nous ne voulons pas, frères et sœurs, vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui sont décédés, afin que vous ne soyez pas tristes de la même manière que le reste des hommes, qui n’ont pas d’espérance. »

En tant que chrétiens, nous n’expérimentons pas le deuil comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Mais, qu’est-ce qui fait qu’en tant que chrétiens, nous vivons le deuil différemment du reste du monde? De quelle manière notre expérience du deuil et de la tragédie est-elle différente de ceux qui ne connaissent pas le Christ?

Les Psaumes sont probablement un des endroits les plus utiles de la Bible vers lesquels se tourner lorsque nous sommes en deuil. Le Psaume 139, en particulier, m’a guidé vers trois vérités sur le caractère de Dieu qui me sont d’un immense réconfort alors que j’essaie d’avancer en m’appuyant sur Dieu.

Dieu connaît tout de moi et m’aime toujours profondément

Les six premiers versets du Psaume 139 affirment l’omniscience de Dieu. Dieu sait tout.

Dieu connaît intimement chacun d’entre nous (Ps 139.1). Il connaît nos paroles et nos pensées avant même que nous les ayons prononcées (Ps 139.4).

Lorsque je traverse un moment de deuil, mes pensées peuvent devenir obscures. Il y a des choses auxquelles je ne penserais jamais de Dieu et de la vie au cours des bons moments, mais dont je pense dans mon désespoir. Ce sont des pensées qui me rendent inconfortable de partager avec les gens.

Mais avec Dieu, Il connaît déjà nos pensées. Il nous a sondés et nous connaît. « Bien avant qu’un mot vienne sur mes lèvres, Éternel, tu sais déjà tout ce que je vais dire » (Ps 139.4). Et donc, dans notre deuil, nous n’avons pas besoin de cacher nos pensées de Dieu. Nous pouvons aller au Seigneur dans la prière et déposer nos fardeaux devant Lui.

Dieu nous a donné les Psaumes pour nous enseigner à faire appel à Lui. Une grande partie de la Bible nous parle, mais les Psaumes parlent à notre place. Dieu veut que nous l’invitions dans notre deuil, et non pas que nous réprimions ce dernier. Ceci a été tellement libérateur pour moi. Je peux tout apporter à Dieu dans la prière, et Il le connaît déjà et est prêt à écouter.

Dieu est toujours avec moi. Il est proche de moi dans mon deuil. 

David confesse dans le Psaume 139.7-8 qu’il ne peut aller nulle part où Dieu ne pourrait pas être avec lui. Dieu est omniprésent.

Il n’y a littéralement aucun endroit où nous pourrions aller que Dieu ne serait pas là avec nous. Cela va au-delà des lieux physiques. David parle de sa propre attitude. Il dit que Dieu est avec lui peu importe où il se trouve physiquement, spirituellement et émotionnellement. 

Dieu n’est pas seulement proche de David, mais Dieu le tient de son bras droit. Le verbe « tenir » est un idiome. Cela veut dire s’attacher fermement à quelque chose. Le bras droit de Dieu nous tient fermement.

L’expérience du Christ qui me tient fermement a atteint un tout autre niveau de signification au cours de ces derniers mois de deuil. Le deuil m’a amené à me sentir constamment sans force de volonté pour continuer. En tant que chrétiens, nous disons souvent que Dieu est Celui qui maintient notre foi, mais je n’avais jamais profondément compris cela qu’en cette période de deuil.

Au service funéraire de Jude, un des chants que nous avons choisi de chanter était « He Will Hold Me Fast » [Il me tiendra fermement]. Le second verset décrit le Christ nous qui nous tient fermement, même si ces promesses Lui ont coûté cher. Malgré cela, Il nous (me!) tiendra fermement.

Je me suis attaché à cette promesse comme jamais auparavant! Jésus ne permettra pas que mon âme soit perdue. N’importe ce que nous traversons, le Christ ne nous abandonnera jamais! Jésus a donné sa vie pour notre rédemption, et donc le réconfort que nous avons en tant que croyants est que peu importe comment nous allons, le Christ ne nous laissera jamais.

Dieu est souverain. Il contrôle toutes les choses.

Que veux-je dire par Dieu est souverain? Je veux dire que parce que Dieu nous a créés, Il gouverne par-dessus nous. Il contrôle toutes les choses. Il gouverne, pas en tant que Créateur distant sans avoir d’interaction avec sa création, mais en tant que Roi plein de grâce qui contrôle chaque centimètre de chaque aspect de toute vie. 

Dans le verset 16 du Psaume 139, David dit « Tu me voyais et, dans ton registre, se trouvaient déjà inscrits tous les jours que tu m’avais destinés alors qu’aucun d’eux n’existait encore. »

Dieu est souverain par-dessus toute chose, incluant le nombre de jours que nous vivrons.

Lorsque Jude est décédé, une des réactions les plus communes était celle d’entendre les personnes dire qu’il était très tragique qu’il soit décédé à un si jeune âge. Il n’a pas pu vivre une vie complète. Et, humainement parlant, cela est vrai. Au Canada, nous supposons que nous vivrons environ 80 ans. Alors, qu’un garçon décède à l’âge d’à peine onze ans est une triste réalité.

D’une manière très réelle, cela est vrai. Je suis triste, car je ne verrai plus Jude se graduer de l’école secondaire, ou obtenir son premier emploi, ou le voir se marier, ou le voir devenir un père. 

Mais lorsque je pense à la vie de Jude de la perspective de Dieu, Jude a vécu une vie complète. Avant que Jude ne soit formé, Dieu savait qu’il vivrait onze ans et quatre mois sur cette terre. Dieu savait que la durée de sa vie serait de 4 143 jours. Sa vie n’a pas été écourtée par rapport à la durée de temps que Dieu avait prévu de donner à Jude depuis la fondation de la terre. J’ai pu prendre plaisir à tous les jours que Dieu avait choisi de lui accorder. 

Le décès de Jude n’a pas pris Dieu par surprise. Dans le plan souverain de Dieu, Il savait que cela arriverait.

Ceci est une vérité dure à avaler. Cependant, en tant que chrétien qui croit que la Bible est autoritaire par-dessus mes émotions, je me dois de reconnaître que Dieu aurait pu protéger Jude, mais que pour une raison qui m’est inconnue, Il a choisi de ne pas le faire.

Trois options

Et, lorsque vous y pensez, il y a vraiment seulement trois options que je puisse croire à propos de Dieu dans cette tragédie : 

  1. Dieu avait la capacité de protéger Jude, mais n’a pas voulu le faire.
  2. Dieu voulait protéger Jude, mais Il n’avait pas la capacité de le faire.
  3. Dieu avait la capacité de protéger Jude, mais Il souhaitait accomplir quelque chose, qui, dans le grand schéma de ses plans souverains, était encore plus grand que protéger Jude.

S’il s’agit de la première option, je crois en un Dieu qui est distant et indifférent. Si c’est la deuxième option, je crois en un Dieu qui aime, mais qui n’est pas suffisamment puissant pour faire quoi que ce soit.

Dans la troisième option, je crois en un Dieu qui aime Jude et qui aurait pu le protéger, mais qui a choisi de ne pas le faire. Je crois en un Dieu dont ses pensées et ses voies sont plus élevées que les miennes (Ésaïe 55.8-9).

Bibliquement parlant, c’est la troisième option qui est la vérité. Dieu peut tout faire. « Notre Dieu est au ciel, il fait tout ce qu’il veut » (Ps 115.3). Et, en œuvrant selon ses plans souverains, Il n’a « pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous » (Rom 8.32).

Il n’y a pas de pilule facile à avaler lorsque nous estimons la raison pour laquelle Dieu permet que des situations tragiques se produisent. Je ne comprends pas les détails du plan souverain de Dieu, mais je choisis de faire confiance : « le bourgeon pourrait avoir un goût amer, mais la fleur sera douce. » (William Cowper, God moves in a Mysterious Way [Dieu agit mystérieusement])

Notre position n’est pas celle de tout connaître à propos des plans de Dieu, mais de Lui faire confiance, même lorsque nous ne comprenons pas. Il est tentant de croire que si nous avions la réponse à toutes nos questions cela nous réconforterait. Mais, les explications ne réconfortent jamais, c’est la confiance en « le Père qui est plein de bonté, le Dieu qui réconforte dans toutes les situations » (2 Cor 1.3) qui réconforte.

Comment accompagner ceux qui traversent une tragédie?

Voici deux conseils rapides pour ceux qui voudraient accompagner une personne qui est en deuil.

Plus la tragédie est grande, moins que les mots doivent être nombreux. Dans nos moments les plus difficiles, nous n’avons pas besoin d’entendre des de phrases interminables. Il n’y a pas vraiment de mots qui pourraient aider. Dites plutôt : « je suis désolé de ce qui est arrivé »; « je suis là pour toi »; je t’aime et je prie pour toi ».

En complément des mots, offrez de l’aide pratique, mais spécifique. Envoyez un message texte disant, « je vais au supermarché, aimerais-tu quelque chose? » Offrez de faire la lessive, et retournez-la-leur propre et pliée le lendemain. Envoyez une carte-cadeau pour un restaurant par la poste. 

Dites de manière spécifique à la personne en deuil de quelle façon vous pourriez aider, mais soyez d’accord si elle refuse votre aide. Plusieurs personnes nous ont dit, « si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez compter sur nous ». Cela est bon, mais au milieu du deuil, il est difficile de savoir ce dont nous avons besoin.

Jésus est avec nous dans notre deuil

La perte de Jude a été, de loin, la chose la plus dévastatrice qui me soit arrivée. C’est plus difficile que je n’aurais jamais pu imaginer. Mais, au milieu de tout, je suis reconnaissant d’avoir un Dieu qui me connaît, qui est avec moi, et qui est souverain par-dessus tout. Dieu est présent avec moi dans ma souffrance. Il m’a tenu fermement. 

Jésus a dit, « Heureux ceux qui pleurent, car Dieu les consolera » (Matthieu 5.4). Et c’est à travers de Jésus, dans son œuvre accomplie sur la croix, que j’ai l’assurance que Jude est maintenant au ciel en train de vivre dans la présence de Dieu. Même dans mon deuil, je suis réconforté par Dieu que Jude est plus heureux aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été.


Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.

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Jamie Strickland est le pasteur de la formation de disciples de la West Highland Baptist Church à Hamilton, en Ontario. Il est marié à Vanessa, et ensemble ils ont quatre fils, dont l'un est au ciel. Il aime faire du sport et jouer aux jeux vidéo avec ses fils, et encourager les Maple Leafs de Toronto et Manchester United.

Published By: Jamie Strickland

Jamie Strickland est le pasteur de la formation de disciples de la West Highland Baptist Church à Hamilton, en Ontario. Il est marié à Vanessa, et ensemble ils ont quatre fils, dont l'un est au ciel. Il aime faire du sport et jouer aux jeux vidéo avec ses fils, et encourager les Maple Leafs de Toronto et Manchester United.