Trois erreurs que nous faisons dans les funérailles

Une de mes tâches préférées en tant que pasteur, c’est de présider des funérailles.  Je ne peux pas penser à un seul service funèbre dans lequel j’ai servi qui n’a pas été gratifiant. Ce n’est pas parce que je suis morbide (au moins, je l’espère). C’est à cause des profondes leçons apprises en accompagnant une famille en deuil et en considérant le poids de la vie qui a été laissée, en contraste avec l’éternité.

À cause de cela, il est difficile d’écrire un article qui souligne les erreurs que nous faisons dans les funérailles. Des funérailles pourraient contenir les trois erreurs discutées ci-dessous et, en dépit de cela, être toutefois profondes, belles, et honorant Dieu. Un des pires résultats que je puisse imaginer d’un article comme celui-ci est que quelqu’un entre dans la douleur d’une famille et utilise ce moment sacré pour offrir une critique théologique en cherchant la petite bête.

D’autre part, j’espère que cet article vous aidera, le lecteur, à éviter ces mêmes erreurs. Plus important, j’espère que cet article renforce notre réflexion collective concernant la mort et la vie à venir, parce que je suis maintenant convaincu que la chrétienté nord-américaine est devenue plutôt anémique quand il s’agit de penser à ces questions.

Ayant affirmé et qualifié mon but ainsi, j’offre pour votre réflexion trois erreurs que nous faisons lors des funérailles.

1. Nous minimisons l’horreur de la mort

La mort est un résultat direct du péché dans ce monde. Un monde sans péché serait ainsi libre de la mort (Genèse 2.17; 3.19; Romains 5.12-17). À cause de cela, la mort est l’ennemi de Dieu. En fait, la Bible dit que « Le dernier ennemi qui sera réduit à l’impuissance, c’est la mort. » (1 Corinthiens 15.26). En d’autres mots, Dieu hait la mort.

La mort est si horrible que Jésus a réagi devant elle avec un dégout viscéral. Dans Jean 11, Jésus arrive face à face avec la mort. Même s’il sait qu’il ressuscitera Lazare d’entre les morts, la présence même de la mort le secoue. Les Écritures disent, « Jésus … frémit en son esprit, et fut tout ému » (Jean 11:33b). Elles nous disent, « Jésus pleura » (Jean 11:35). C’est un langage puissant et évocateur. Jésus sait au fond de lui-même à quel point la mort est horrible.

Mais ici dans l’Occident, nous aimons faire semblable que la mort n’y est même pas. Nous cachons la réalité de la mort du mieux que nous pouvons. Certainement, éviter un cercueil ouvert. Peut-être qu’il n’y a même pas de cercueil dans la salle. Nous l’appelons une « célébration de la vie », non pas des funérailles. Nous nous concentrons sur le positif; nous essayons d’ignorer le voile menaçant de la mort qui pend sur la salle.

Ce n’est pas comme ça que ça devrait être. Les chrétiens devraient regarder la mort en face et pleurer. Des funérailles ne concernent pas simplement la vie du bien-aimé; c’est aussi un moment pour penser à la mort. N’essayez pas de la cacher ou la diminuer. Pleurez la mort. Dieu hait la mort. Et nous devons la haïr aussi.

La première erreur que nous faisons dans les funérailles est quand nous diminuons l’horreur de la mort.

2. Nous minimisons l’importance du corps

Au centre de ce que la Bible enseigne concernant les personnes est que nous sommes corps et esprit. Paul reprend les Corinthiens pour avoir pensé que le corps a peu d’importance. (1 Corinthiens 6.12-20). Les deux fêtes centrales pour les chrétiens sont quand Jésus a pris un corps et quand il est ressuscité corporellement de la mort. Une des grandes espérances chrétiennes est la résurrection corporelle de tous les croyants (1 Corinthiens 15). Mon corps n’est pas moins « moi » que mon âme ne l’est.

Donc, quand l’âme a « quitté ce corps » (2 Corinthiens 5:8), c’est une situation qui n’est pas naturelle et qui est en attente de sa résolution. Le corps et l’âme étaient intentionnés pour être ensemble. Et ce corps, semé dans la terre comme une chose périssable, sera ressuscité comme un nouveau corps impérissable, uni de nouveau avec l’âme pour l’éternité.

Ce genre de pensée biblique est en grande partie absent de nos funérailles. Nous disons à nos enfants quand ils passent à côté du corps, « Cela n’est pas Grand-maman; Grand-maman est avec Jésus. » Mais ce n’est pas vrai. C’est autant Grand-maman que son âme est Grand-maman; ni un ni l’autre est parfaitement Grand-maman. Son corps parait faux et troublant parce que son corps est mort, séparé de son âme. Mais quand Jésus reviendra, c’est ce même corps qui ressuscitera, renouvelé, réuni avec son âme.

Ce qui nous en dit encore plus, les chrétiens choisissent de plus en plus l’incinération. Puisque le corps est vu comme n’ayant aucune importance, nous le mettons en cendres. Mais l’enterrement chrétien est une tradition riche et importante qui reflète notre vision élevée du corps. Ça ne fait pas si longtemps que les édifices d’église étaient en proximité des cimetières où se trouvaient les corps des membres d’église qui étaient décédés, attendant le jour de la résurrection. Pour voir un peu plus à ce sujet, chercher ici [vidéo en anglais].

Une deuxième erreur que nous faisons dans les funérailles est de diminuer l’importance du corps de la personne décédée.

3. Nous perdons de vue le retour de Christ

En assistant à la plupart des funérailles chrétiennes, vous serez conduits à penser que le but final de l’expérience chrétienne est que ton âme quitte ton corps pour entrer dans la présence de Dieu. Malgré combien glorieux sera ce moment, nous avons complètement perdu le fil. Dans l’Apocalypse, qu’est-ce que les âmes des martyrs font dans la présence de Dieu? Est-ce qu’ils jouissent des rues en or? Nagent-ils dans des rivières de cristal? Pas du tout. Ils sont en train de plaider avec Dieu dans la prière, « Jusqu’à quand? » (Apocalypse 6.10). Ils désirent le jour quand Jésus revient et met toute chose en ordre.

De même, dans le passage souvent cité de 1 Thessaloniciens 4 (« que vous ne vous affligiez pas comme les autres qui n’ont point d’espérance. »), quelle est la question de l’église que Paul est en train de traiter? Serait-ce que l’âme de celui qu’ils aiment ne serait peut-être pas avec Dieu au paradis? Non, pas du tout. Leur préoccupation est que la mort de leur bien-aimé pourrait manquer le jour du retour de Jésus. Ils sont inquiets que ceux qui meurent perdent le plus grand jour de l’histoire. Mais Paul les console en disant que, « les morts en Christ ressusciteront premièrement.  Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs » (1 Thessaloniciens 4.16b-17a).

Des textes comme ceci ne devraient pas nous surprendre. Parce que la tendance de la Bible n’est pas au sujet de toutes les âmes étant avec Dieu au ciel; la tendance de la Bible vise toujours le retour de Jésus, quand il établit les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Dans cette place, une nouvelle humanité avec corps et âme jouit de la bonté de la présence de Dieu pour toute l’éternité.

Bien sûr, si le corps n’a pas d’importance, alors les funérailles peuvent simplement célébrer le fait que l’âme de Grand-maman est maintenant avec Jésus. Nous n’avons pas besoin de désirer le jour quand Jésus revient et que le corps de Grand-maman est ressuscité.

Et bien sûr, si la mort n’a pas d’importance, alors les funérailles peuvent simplement célébrer la vie de Grand-maman. Nous n’avons pas besoin de désirer le jour quand Jésus revient et que la mort sera engloutie dans la victoire.

Mais oui, le corps a de l’importance. Donc, les funérailles devraient être un temps où nous languissons après le retour de Jésus.

Et la mort est horrible. Donc, les funérailles devraient être un temps où nous languissons après le retour de Jésus.

Plus que n’importe quoi, les funérailles chrétiennes devraient être des évènements « maranatha ». Ils devraient se centrer sur notre désir ardent pour le retour de Christ et tout ce que cela apporte.

Nous faisons erreur dans les funérailles chrétiennes si nous perdons de vue le retour de Christ.

Dernières réflexions

Bien sûr, le vrai problème n’est pas des funérailles avec une mauvaise théologie. Le vrai problème est une mauvaise théologie pour commencer. De notre côté de l’éternité, notre théologie aura toujours des lacunes jusqu’à un certain point. Et les funérailles continueront à être une de mes tâches préférées en tant que pasteur, même avec leurs lacunes. Il s’agit simplement que les funérailles soient la place où nos lacunes actuelles ont tendance à paraître. Donc, dans toute la vie, non pas seulement dans les funérailles, continuons à laisser la Parole de Dieu raffiner notre pensée. Et, si un petit article provocateur concernant les funérailles peut servir à cela, que Dieu soit loué.

Semper Reformanda


Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission.

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James Seward est le Pasteur principal de Maple Avenue Baptist Church à Georgetown, ON. Il est un instructeur régulier avec le Charles Simeon Trust. Lui et son épouse Karen ont cinq enfants.