La formation de disciples : ce Jésus qui transforme nos pratiques

Quand j’ai commencé ma marche chrétienne, plusieurs aspects de la vie chrétienne m’étaient inconnus. Les pratiques qui la constituent m’étaient étrangères, quelques vagues préconceptions de ce que devait pratiquer un chrétien occupaient mon esprit, transmis par le sens commun. Je savais qu’un chrétien devait prier, mais comment le faire, à quoi cela servait-il vraiment? J’étais dans un flou étrange, un réel désir de faire les bonnes choses, d’avoir une relation vivante avec Jésus. Je désirais suivre Jésus de tout mon cœur, de tout mon être et de toute ma force, mais je ne savais pas comment, mise à part lire ma Bible et aller à l’église. La grâce de Dieu dépasse notre ignorance humaine, et j’ai eu la grâce de faire la rencontre d’un homme de foi qui m’a dit la chose suivante : « Si tu veux savoir comment vivre ta vie en bon disciple de Jésus, regarde à celui qui a parfaitement marché dans les voies de Dieu. Tu n’arriveras pas à être comme Jésus, mais tu peux t’entraîner. N’essaie pas la piété, entraîne-toi à la piété. » Ces mots ont changé ma façon de voir mes pratiques chrétiennes, je ne devais pas essayer de prier, jeûner, lire ma Bible ou d’adorer, je devais m’y entraîner.

Le but de cette série d’articles

Le but de cette série d’articles est de définir le concept de la formation de disciple. Bien plus que l’annonce de l’Évangile, la formation de disciple est un processus continu d’accompagnement, de formation et de transformation prenant place dans la vie active de celui qui a rencontré le Christ ressuscité. Dans l’article précédent, La formation de disciples : ce Jésus qui transforme nos pensées, nous avons défini une transformation fondamentale qui se produit lors de la marche chrétienne, la transformation de notre intellect. Dans cet article, nous aborderons une portion pratique de la formation de disciples, la transformation de nos pratiques.

Les pratiques de Jésus

Il n’est peut-être pas nécessaire de le mentionner, mais nous pouvons apprendre beaucoup lorsque nous portons un regard sérieux sur les pratiques de Jésus. Il est intentionnel dans tout ce qu’il fait; Il est notre précurseur et notre guide sur le chemin de la vie chrétienne. Il est donc impératif de porter un regard sur ses pratiques et de les adopter. Si cela était bon pour Jésus, cela serait bon pour vous et moi. Il est important de noter que ce n’est pas nos pratiques qui font de nous de meilleurs croyants. Ce n’est pas à force de pratiques spirituelles que nous recevons la grâce et la bénédiction de Dieu. C’est plutôt le contraire, c’est lorsque nous sommes régénérés par l’Esprit de Dieu que nous recevons la grâce et la bénédiction afin de trouver plaisir dans les pratiques spirituelles.

Nous pouvons faire une étude complète des Évangiles et scruter verset par verset les pratiques de Jésus, mais le processus serait trop ardu pour un article qui a pour but d’exhorter et de pointer dans la bonne direction. C’est pourquoi nous allons énumérer quelques pratiques importantes de Jésus, sans être une liste exhaustive.

Sans étonnement, une des principales pratiques spirituelles de Jésus est la prière. Plusieurs passages des Évangiles présentent Jésus en prière, celui qui était pleinement Dieu en relation parfaite avec le Père. Nous pouvons voir qu’il enseigne à ses disciples comment prier, par exemple dans la prière du Notre Père. La prière est un élément central de la vie de Jésus et par conséquent de la vie du disciple. Jésus pratique aussi le jeûne, discipline qu’il pratique lorsqu’il se retire dans le désert (Matt 4.1-11). Cette pratique est indissociable de la soumission, une pratique incroyablement importante et démontrée par l’ensemble de la vie de Jésus. Nous pouvons aussi souligner l’humilité (Phil 2.5-7), le sacrifice (Héb 10.9-10), la communion fraternelle que nous pouvons voir à plusieurs occasions, lorsque Jésus mange avec des pécheurs, mais aussi lorsqu’il prend un temps particulier avec ses disciples les plus proches (Luc 22.14). La liste pourrait continuer et être longue, mais le but est de démontrer que Jésus n’était pas passif dans sa relation avec le Père, il cherchait activement l’obéissance et l’accomplissait au travers ses différentes pratiques spirituelles.

S’entraîner et ne pas essayer

C’est l’auteur Bill Hull qui dit la chose suivante : « Je pense que nous devrions interdire d’essayer. L’essai a lieu lorsque les disciples essaient d’atteindre un objectif sans disposer des outils appropriés. S’entraîner, en revanche, signifie que nous nous engageons à réorganiser notre vie autour des pratiques de Jésus.1 » Il a raison. Dire que nous essayons les pratiques spirituelles c’est comme dire que nous n’avons pas les outils nécessaires.

Rien ne serait plus faux que d’affirmer cela, puisque nous avons la Parole de Dieu entre nos mains. Comme lorsque nous décidons d’intégrer un exercice physique dans notre routine de vie, nous devons prendre le temps d’organiser notre horaire pour y insérer nos pratiques spirituelles. Nous sommes tous très occupés, nous avons tous mille et une raisons de remettre à plus tard la prière, le jeûne ou l’étude de la Bible. Pourtant les pratiques spirituelles ont un effet direct sur notre marche chrétienne, sur notre santé spirituelle et sur notre relation que nous avons avec Jésus.

Trop souvent, nous percevons la prière et le jeûne comme des moyens par lesquels nous pouvons obtenir une bénédiction de la part de Dieu, comme un outil à notre disposition pour « forcer » Dieu à agir en notre faveur. Nous ne pourrions pas être plus dans l’erreur. Les pratiques spirituelles sont au bénéfice de celui qui les pratiques, comme lorsque nous commençons l’entraînement physique. Au début, nous n’apercevons pas que nos muscles prennent de la force, de la taille et de l’endurance. La transformation est pourtant bien réelle, avec le temps, nous remarquerons que notre corps change et que nos capacités physiques augmentent. L’analogie est la même pour les pratiques spirituelles. Elles nous exercent à la piété, fortifiant notre endurance à l’épreuve, notre force spirituelle, notre soumission et notre obéissance. Est-ce que cela demande des efforts? Certes. Est-ce que cela demande que nous devions sacrifier quelques activités plus divertissantes comme Netflix? Oui. Mais quel incroyable bénéfice gagnerons-nous à développer notre piété?

Enseigner nos pratiques

Nous comprenons souvent la Grande Commission de Jésus comme un appel à l’évangélisation, ce qui n’est pas faux, mais ce n’est qu’une portion de cette grande mission que nous avons.

Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et ENSEIGNEZ-LEUR à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. (Matt 28.19-20)

L’enseignement à observer ce que Jésus nous a prescrit est aussi une portion importante de la Grande Commission. Il serait facile de déposer cette charge sur les épaules des pasteurs et des anciens de l’Église, mais ces versets s’adressent à tous les disciples. Nous n’avons pas besoin d’être un expert de la prière ou du jeûne pour le pratiquer avec de jeunes disciples, des nouveaux dans la foi ou simplement des gens, qui, comme moi au début de ma marche chrétienne, sont un peu dépassés. Nous sommes appelés à vivre notre foi chrétienne en communauté, ensemble, prier avec d’autres frères et sœurs, pratiquer le jeûne en groupe, chercher à sonder les Écritures avec un petit groupe. L’expérience que nous avons acquise, dans les bons comme dans les mauvais jours, nous permettent d’être des guides, imparfait certes, mais utile pour ceux qui cherchent à s’entraîner à la piété.


  1. Hull, Bill, The complete Book of Discipleship, NavPress, 2006, p.143. 
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Jim Pereira est pasteur à l’Église le Portail, il est le responsable de la formation de disciples. Détenteur d’un baccalauréat en Théologie Pratique de l’ITF et candidat à la Maîtrise en étude théologique au Collège Presbytérien de Montréal (McGill), il est aussi membre du Concile SOLA.

Published By: Jimmy Pereira

Jim Pereira est pasteur à l’Église le Portail, il est le responsable de la formation de disciples. Détenteur d’un baccalauréat en Théologie Pratique de l’ITF et candidat à la Maîtrise en étude théologique au Collège Presbytérien de Montréal (McGill), il est aussi membre du Concile SOLA.