Calvin a-t-il popularisé la substitution pénale?

Certains ont avancé que la substitution pénale est un développement récent dans l’histoire de l’Église. Par exemple, j’ai récemment entendu l’argument que Jean Calvin a popularisé la doctrine (1509-1564). Ce qui me fait réfléchir est l’argument que Calvin était responsable pour avoir popularisé une perspective de la croix de Christ qui n’était pas précédemment tenu. Ce n’est pas tout à fait juste. L’idée est que Christ est mort à notre place et a reçu la pénalité pour nos péchés existait bien avant Calvin. 

La substitution pénale n’est pas nouvelle

Michael J. Vlach met l’emphase sur le sérieux de cette déclaration. Si les leaders chrétiens tiennent une position similaire sur la chronologie de cet enseignement, ils « ont raison, ceux qui croient dans l’expiation substitutionnelle pénale adoptent une doctrine qui est relativement nouvelle, et par implication, quelque chose d’étranger à l’Église des premières milles années. »

Vlach continue en disant, « pendant que les Chrétiens protestants ont souvent mis l’emphase que la Bible, et non l’histoire de l’Église, est leur autorité, ils ont habituellement estimé que des nouvelles doctrines devraient être scrutées. Ils croyaient aussi que les Chrétiens devraient être sceptiques de tenir des positions qui n’étaient pas cru ou adressé dans l’Église primitive. » Et alors il demande « la substitution pénale est-elle une de ces nouvelles perspectives? Est-ce vrai que plusieurs croient une doctrine de l’expiation qui a commencé avec la réformation protestante? » (Vlach, TMSJ1 20/2 [Automne 2009], 20)

Ces questions, devant de telles implications, requérait des réponses. Heureusement, des efforts ont été déployé pour les donner, et avec une telle aide, celles qui suivent constituent des pièces d’évidence, de sources primaires et secondaires, qui démontrent que plusieurs éléments de ce que nous reconnaissons comme l’expiation substitutive pénale ont existé depuis l’Église primitive. 

Le témoignage de l’Église primitive

Quelques lecteurs reconnaîtront ces noms et les références des autres sources. Le fait de les répéter ici semblent redondants. Mais ils passent inaperçus, alors il est utile de les répéter ici. Ils méritent d’être répétés. 

Avant de lire ce qui suit, il est important de noter que les écrits sur la substitution pénale dans cette ère de l’histoire de l’Église n’étaient pas du tout prolifique. Toutefois un auteur explique, « si un écrivain fait un passage, mais toutefois une référence explicite à la doctrine de la substitution pénale dans un travail largement dévoué à un autre sujet, ceci indique probablement que la substitution pénale était largement comprise et assez incontestable au milieu de ses contemporains. » (Percé pour nos transgressions, 163) Lisons maintenant attentivement et pensivement ce que certains d’entre eux ont dit. 

Clément de Rome (c. 35-99)

« La charité ne fait pas de schisme, ne fomente pas de révolte; elle accomplit toutes choses dans la concorde; c’est la charité qui fait la perfection de tous les élus de Dieu; sans la charité, rien n’est agréable à Dieu. C’est dans la charité que le Maître nous a tirés à lui; c’est à cause de la charité qu’il a eue pour nous, que Notre Seigneur Jésus-Christ a donné son sang pour nous, selon le dessein de Dieu, sa chair pour notre chair, son âme pour nos âmes. » (1ère épitre aux Corinthiens, 49.5-6)

Justin Martyr (c. 100-165)

« Car alors toute race humaine se trouvera sous le coup de la malédiction définie selon la Loi de Moïse, ‘Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi, et ne le met pas en pratique.’ Or personne n’a tout respecté à la perfection, vous-mêmes n’oseriez affirmer le contraire; mais certains ont, plus ou moins que d’autres, observé les choses prescrites. Et si ceux qui sont soumis à cette Loi, semblent tomber sous le coup de la malédiction, parce qu’ils n’ont pas tout observé, à cette malédiction toutes les nations ne sembleront-elles pas d’autant plus exposées qu’elles sont idolâtres, corrompent les enfants et commettent les autres crimes … Si donc le Père de l’univers a voulu que son Christ assume, pour ceux qui sont de toute race d’hommes, les malédictions de tous, sachant bien qu’il le ressusciterait après sa crucifixion et sa mort, pourquoi parlez-vous comme d’un emaudit de celui qui a accepté ces souffrances selon la volonté de son Père? Pourquoi ne pleurez-vous pas plutôt sur vous-mêmes ? » (Dialogue avec Tryphon, 95.1-2)

Épitre à Diognète (entre 100 et 200)

« Nous prenant en pitié, il a assumé lui-même nos propres péchés; il a livré lui-même son propre Fils en rançon pour nous, livrant le saint pour les criminels, l’innocent pour les méchants, le juste pour les injustes, l’incorruptible pour les corrompus, l’immortel pour les mortels. » (9.2)

Eusèbe de Césaré (c. 275-339)

« Et l’Agneau de Dieu non seulement a fait cela, mais il a été châtié pour nous, et il a subi une peine qu’il ne devait pas, mais que nous devions à cause de la multitude de nos péchés; et ainsi il est devenu la cause de la rémission de nos péchés, parce qu’il a reçu la mort pour nous, et qu’il a transféré sur lui la flagellation, les insultes et le déshonneur qui nous étaient dus, et qu’il a attiré sur lui la malédiction répartie, étant fait malédiction pour nous. » (Démonstration évangélique, Livre X, Chap. 1, traduction de l’anglais)

Athanase d’alexandrie (c. 300-373)

« Le Verbe a compris que la corruption ne pouvait être éliminée que par la mort; or, Lui-même, en tant que Verbe, étant immortel et Fils du Père, était tel qu’il ne pouvait mourir. C’est pourquoi il a assumé un corps capable de mourir, afin que celui-ci, par son appartenance au Verbe qui est au-dessus de tout, devienne en mourant un échange suffisant pour tous, et que, restant lui-même incorruptible par son habitation, il mette ensuite fin à la corruption pour tous les autres aussi, par la grâce de la résurrection. C’est en livrant à la mort le corps qu’Il avait pris, comme une offrande et un sacrifice sans tache, qu’Il a aussitôt aboli la mort pour Ses frères humains par l’offrande de l’équivalent. Car naturellement, puisque le Verbe de Dieu était au-dessus de tout, en offrant son propre temple et son instrument corporel comme substitut de la vie de tous, Il a accompli dans la mort tout ce qui était requis. » (Sur l’incarnation du Verbe, 2:9, traduction de l’anglais)

Grégoire de Nazianze (c. 330-390)

« De même qu’à cause de moi Il a été appelé malédiction, Lui qui a détruit ma malédiction ; et péché, Lui qui enlève le péché du monde ; et qu’Il est devenu un nouvel Adam pour prendre la place de l’ancien, de même Il fait sienne ma désobéissance comme Tête de tout le corps. Aussi longtemps donc que je suis désobéissant et rebelle, tant par le refus de Dieu que par mes passions, aussi longtemps aussi le Christ est appelé désobéissant à cause de moi. » (Orations, 30.5, traduction de l’anglais)

Ambroise de Milan (339-397)

« Ainsi donc, Jésus a pris chair afin de détruire la malédiction de la chair pécheresse, et il s’est fait pour nous malédiction afin que la bénédiction l’emporte sur la malédiction, que la droiture l’emporte sur le péché, que le pardon l’emporte sur la sentence, et que la vie l’emporte sur la mort. Il s’est aussi chargé de la mort afin que la sentence soit accomplie et que la satisfaction du jugement soit donnée, la malédiction pesant sur la chair pécheresse jusqu’à la mort. Par conséquent, rien n’a été fait contrairement à la sentence de Dieu lorsque les termes de cette sentence ont été accomplis, car la malédiction était jusqu’à la mort, mais la grâce est après la mort. » (Fuite du siècle, 7:44, traduction de l’anglais)

Jean Chrysostome (c. 349-407)

« Un roi vit un criminel que l’on menait au supplice; il livra son propre fils pour être immolé à la place du coupable; non content d’envoyer son fils à la mort, il transporta sur cette victime innocente le crime lui-même, afin de sauver le coupable, de l’arracher à l’infamie; bien plus, il l’éleva à une haute dignité. Or, après avoir été sauvé, de la sorte, après s’être vu combler d’honneurs, le misérable outragea son bienfaiteur. Eh bien, je vous le demande, si cet homme a encore sa raison; n’aimera-t-il pas mieux mourir mille fois, plutôt que de rester sous le poids d’une pareille ingratitude? Telle est précisément la question pour nous-mêmes. Nous avons outragé notre bienfaiteur; poussons d’amers gémissements. Et sous prétexte qu’il se montre plein de patience; n’allons pas nous rassurer; au contraire, que cette patience accroisse notre douleur. » (Homilie XI sur 2 Corinthiens)

Augustin d’Hippone (c. 354-430)

« Mais comme il a subi la mort en tant que Fils de l’homme et pour l’homme, c’est pour cela qu’il n’a pas dédaigné d’encourir, et comme Fils de l’homme et pour l’homme, la malédiction qui accompagne le péché: lui, le Fils de Dieu toujours vivant dans sa justice propre, mais aussi mort pour nos péchés, dans une chair qu’il a revêtue en expiation de notre péché. C’est ainsi qu’il est toujours béni dans sa justice, et maudit, à raison de nos péchés, dans la mort qu’il a subie en expiation de nos fautes. » (Contre Fauste, Livre XIV, Chap. 6)

Le témoignage de l’Église contemporaine 

À titre de résumé, dans son livre Violence, Hospitalité, et la Croix : La réappropriation de la tradition de l’expiation, Hans Boersma écrit, « L’idée de Christ qui souffre la malédiction de la Loi est souvent intimement associé avec la tradition scholastique réformée qui a commencé à se développer dans la fin du 16e siècle. Mais la substitution pénale en tant que tel n’était pas une invention calviniste [emphase la mienne]. Parmi les premiers Pères de l’Église, nous trouvons des références au caractère pénal de la croix (160). » Dans une note de page, il cite plusieurs des sources primaires cités ci-haut.

Pour ceux qui luttent avec la doctrine de l’expiation de la substitution pénale, il écrit ce qui suit et qui est digne de considération : 

« Il est important de reconnaître que les interprétations substitutives pénales ont une place depuis le commencement de la tradition de l’Église, alors les Réformateurs et leurs successeurs n’ont pas fait naître une compréhension complètement nouvelle de l’expiation. La présence constante des éléments juridiques de l’expiation dans l’histoire de l’Église devrait nous mettre en garde de ne pas s’en débarrasser hâtivement. La tradition possède des notions théologiques importantes à offrir alors que nous luttons avec les éléments pénaux de notre interprétation de la croix. Le pedigree historique des éléments de la théologie expiatoire veut dire que nous devrions peut-être jeter un autre coup d’œil sur les possibilités que de tels éléments peuvent offrir (163). »

Notez attentivement cette conclusion. Basé sur la présence d’une compréhension pénale de la croix avant la Réformation, nous ne devrions pas rapidement esquiver aujourd’hui la forme de doctrine qui a été tenu, selon les évidences, depuis le premier siècle. 

La conclusion qui suit vient d’une source secondaire additionnelle qui interagit avec les sources primaires ci-dessus mentionné en est une approprié : « le mythe du ‘développement tardif’ de la substitution pénale a suffisamment persisté. Le temps est venu de le mettre de côté pour de bon. » (Percé pour nos Transgressions, 163-164)

Les vraies implications

Si nous mettons de côté l’idée que la substitution pénale est une invention moderne, nous devrions alors demander: pourquoi ne pas croire quelque chose de l’Église primitive et que ceux d’avant faisait? Le rejet de la substitution pénale est un développement récent. Où est-ce que cela devrait nous laisser? Avec espoir, avec une résolution renouvelée de retourner aux Écritures, et aux sources originales, de chercher pour nous-mêmes ce que les Chrétiens ont cru à travers les siècles en ce qui concerne la croix où Christ a été pendu et condamné à notre place. 

Cet article a été initialement publié sur The Gospel Coalition Canada. La traduction est publiée ici avec permission. 

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Sean Sheeran est le pasteur principal de Hespeler Baptist Church. Il vit à Cambridge, en Ontario, avec sa femme Meredith. Ils sont mariés depuis 15 ans et ont quatre enfants, ainsi qu'un autre avec le Seigneur. Lorsqu'il n'est pas engagé dans le ministère pastoral, qu'il ne travaille pas sur une maîtrise ou qu'il ne lit pas, vous pouvez le trouver avec sa famille en train de jouer à des jeux vidéo ou de partir à l'aventure.

Published By: Sean Sheeran

Sean Sheeran est le pasteur principal de Hespeler Baptist Church. Il vit à Cambridge, en Ontario, avec sa femme Meredith. Ils sont mariés depuis 15 ans et ont quatre enfants, ainsi qu'un autre avec le Seigneur. Lorsqu'il n'est pas engagé dans le ministère pastoral, qu'il ne travaille pas sur une maîtrise ou qu'il ne lit pas, vous pouvez le trouver avec sa famille en train de jouer à des jeux vidéo ou de partir à l'aventure.