Thomas Wilcox, Le miel découlant du rocher qui est Christ, rév. Vincent Lemieux, Impact Héritage, 2021, p. 29-32.
Quand vous vous plaignez de vous-même, voyez si votre misère vous conduit à regarder moins sur vous-même que sur le Seigneur Jésus. Si cela est, vos plaintes découlent d’une bonne source.
Les âmes ne sont jamais plus à plaindre que lorsqu’elles s’arrêtent à considérer avec contentement leurs bonnes œuvres, leurs propres actions et les consolations qu’elles peuvent avoir reçues, alors que seul Jésus devrait avoir toute leur attention. La considération de tous ces avantages ne sert qu’à vous enfler, au lieu qu’un regard constant sur Jésus vous garde dans les frontières de l’humilité. C’est par grâce que vous êtes sauvé (Éph 2.3).
Que votre courage ne se ralentisse point dans les adversités (Jac 1.2). Ces épreuves, selon l’intention du Seigneur, ne tendent pas à vous terrasser, mais elles ont pour but de vous faire perdre toute confiance en vous-même, pour ne chercher d’appui qu’en Jésus-Christ, le rocher inébranlable.
Vous pouvez être abaissé jusqu’à vous voir sur le bord de l’abîme et sur le point d’y être précipité ; qu’y aurait-il d’étonnant en cela ? Plus d’un saint s’est trouvé dans cet état et s’est vu criblé par Satan. Supposant que vous soyez aussi réduit à cette extrémité, rien ne vous empêche de crier au Seigneur et de tourner vos yeux vers le temple de sa sainteté (Jonas 2.4). Personne ne pouvait entrer dans l’ancien temple, sauf celui qui était purifié et qui y apportait une victime. Or, Jésus-Christ est notre temple, notre victime, notre autel et notre souverain sacrificateur; et ce qu’il y a de consolant dans l’Évangile, c’est que les plus grands des pécheurs y sont invités à s’approcher de Jésus. Ils peuvent oser le faire, alors qu’ils renoncent à présenter toute autre offrande que le sang qu’il a lui-même offert en sacrifice (Héb 7.27).
Peut-être pensez-vous en vous-même : « La grâce pourrait-elle opérer un miracle aussi surprenant que le serait celui de ma conversion ? » Mais représentez-vous l’assemblée des bienheureux dans le ciel, vous y trouverez sûrement parmi eux des milliers d’exemples de la grâce du Seigneur la plus éclatante. Vous n’êtes pas trop misérable pour en devenir un pareil monument ; le Sauveur ne connaît point de pécheur à qui il ne puisse faire la même grâce.
Ne vous abandonnez pas au désespoir, mais persévérez dans l’espérance. Lorsque les plus épais nuages environneront votre âme, que votre foi perce à travers pour découvrir Christ ; c’est lui qui est cette colonne de grâce et d’amour, que le Père céleste a érigée et qui va de la terre jusqu’au ciel, afin que tous les pauvres pécheurs y aient leur recours.
Quelque accusation que Satan et votre propre conscience puissent intenter contre vous, n’en tirez pas un jugement définitif contre vous-même ; c’est à Jésus-Christ de prononcer un jugement. Or sa parole demeurera la seule valable. Comme il est le juge des vivants et des morts, il n’appartient qu’à lui de dicter la sentence définitive. Or, son sang plaide pour notre réconciliation (Col 1.20), pour notre purification (1 Jean 1.7), pour notre rançon (Actes 20.28), pour notre rédemption (1 Pierre 1.9), pour notre sanctification (1 Cor 1.30), pour notre justification (Rom 5.9) et pour nous procurer un libre accès auprès de Dieu (Éph 2.18). Il est impossible qu’une seule goutte de ce divin sang perdre sa valeur.
Arrêtez-vous pour écouter ce que le Seigneur dit ; David nous assure qu’il prononce la paix sur son peuple et sur ses bien-aimés, de peur qu’ils ne retournent à leur première folie (Ps 85.9) ; il promet grâce, miséricorde et paix (2 Tim 1.2). C’est là le langage du Père et celui de Jésus-Christ.
Attendez la manifestation de Jésus-Christ dans votre cœur, comme le garde attend le soleil du matin (Ps 130.3,6). Il se lèvera comme l’aurore et il viendra à vous comme la rosée qui arrose la terre (Osée 6.3).
Comme rien ne peut retarder le lever du soleil, rien ne peut empêcher que Jésus, le Soleil de justice, ne vienne vous éclairer (Malachie 4.2). Que rien ne vienne détourner vos regards de lui. C’est au Sauveur que vous devez regarder en premier. Quand la douleur d’avoir péché ne vous permet pas de regarder à Christ, votre repentance est vaine.
En tout ce que vous faites, regardez à Jésus : avant l’action, pour lui demander grâce; pendant l’action, pour implorer son assistance ; et après l’action, pour supplier qu’il agrée votre service et qu’il en pardonne les défauts. Ne pas prendre garde à cela, c’est agir à la légère et en homme charnel.
Ne faites pas de l’Évangile une seconde loi, comme s’il vous restait quelque chose à faire et à souffrir pour l’expiation de vos péchés, après ce que le Sauveur a fait et souffert pour vous. Si vous vous croyiez obligés de porter et d’expier une partie de vos péchés, alors Jésus-Christ ne serait pour vous qu’un médiateur imparfait. Que le péché attriste et brise votre cœur, mais qu’il n’abatte point votre confiance en la grâce de l’Évangile présentée au pécheur.
Assurez-vous avant tout de votre justification devant Dieu. Dans votre observation des commandements les plus importants, qu’il ne vous arrive pas d’envisager Jésus-Christ comme un Moïse qui a toujours le bâton levé quand il commande, mais considérez-le comme celui qui s’est chargé de faire lui-même en vous l’œuvre qu’il vous commande. S’il vous arrive de mettre plus d’importance sur vos œuvres, sur vos vertus et sur la pratique de vos devoirs, que sur les mérites de Christ, vous vous préparez de grands regrets pour l’avenir.
Il n’est pas étonnant que vous vous plaigniez de votre état, malgré tous les attraits de la grâce que vous avez sentis dans votre cœur. Ces opérations de la grâce prévenante ne doivent pas être le fondement de votre espérance ; ce n’est que sur le mérite de Jésus que vous devez vous reposer. Lui seul est l’espérance de la gloire (Col 1.27).
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Le miel découlant du rocher qui est Christ
Thomas Wilcox
Thomas Wilcox (1621-1687) était pasteur d’une petite congrégation de baptistes particuliers située à Londres. Bien que connu pour sa modération, il fut emprisonné plus d’une fois, et souffrit beaucoup en voulant défendre la pureté de l’Église.