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Anwar, âgé d’une cinquantaine d’années et père de trois enfants, est l’un de nos anciens. Il dirige des études bibliques en anglais et en arabe, enseigne aux adultes, et se réunit avec un groupe d’hommes tous les dimanches matin dès 6h30 dans un contexte de partages et de discipulat. Ce frère est un véritable berger. Il ne craint pas de faire face à des situations pastorales délicates; il impose le respect et la confiance de la congrégation.

Deborah marche avec son sauveur depuis 58 ans. Elle écoute mes prédications avec sa Bible ouverte, un stylo à la main. Elle utilise les trésors de la Parole pendant la semaine pour accompagner d’autres personnes. Deborah prie comme si elle avait une ligne directe avec Dieu. Elle a rencontré de nombreuses difficultés au fil des ans, mais ces luttes ne font que renforcer le fondement de sa foi en Jésus. Ses cheveux blancs sont une couronne glorieuse de sagesse et de maturité.

Les saints d’âge mûr comme Anwar et Deborah ont-ils besoin d’une prédication centrée sur l’Évangile? N’ont-ils pas progressé bien au-delà des vérités fondamentales de la mort et de la résurrection de Jésus? Leur annoncer le Christ crucifié semaine après semaine ne revient-il pas à dire à un chef cuisinier comment faire frire un œuf, ou à rappeler à un médecin urgentiste comment vérifier les signes vitaux? Ne sommes-nous pas censés « abandonner la doctrine élémentaire du Christ et parvenir à la maturité » (Hébreux 6.1)? [1]

D’après mon expérience, les croyants matures ont non seulement besoin d’une prédication centrée sur l’Évangile, mais ils la savourent et la mettent en pratique. Voici quatre choses que ce type de prédication fait pour ceux qui croissent dans leur foi.

1. Elle établit le lien entre tous les textes bibliques.

Les chrétiens d’âge mûr aiment les Écritures. À l’église, vous pouvez parfois repérer les croyants de longue date par les bibles usées qu’ils portent; elles sont remplies de pages surlignées. Mais ces fidèles, qui étudient depuis toujours les Écritures, ont encore besoin d’aide pour relier les pages de leur Bible entre elles. Ils connaissent les histoires, mais souvent on ne leur a pas montré comment celles-ci se relient pour former un récit unique, qui converge vers Jésus-Christ.

Ils ont, par exemple, entendu des messages sur la manière d’imiter l’intégrité de Joseph en fuyant la tentation sexuelle. Mais la plupart du temps, on ne leur a pas montré comment Joseph préfigure la trahison, la souffrance innocente, la mort, la résurrection, l’ascension et le salut universel de Jésus. Ils peuvent vous raconter l’histoire d’Adam dans le jardin et en tirer de bonnes leçons morales. Mais ils ne sont probablement pas en mesure d’articuler la vocation royale et sacerdotale d’Adam ou de décrire les restaurations adamiques successives, mais infructueuses, de Dieu à travers Noé, Abraham, Israël et David. Ils ne peuvent pas expliquer comment tout cela converge vers Jésus, le dernier Adam, le vrai Fils de Dieu.

La prédication centrée sur l’Évangile rassemble les textes précieux de la Bible en un collier étincelant, dont Jésus est le joyau central. Elle crée des moments d’émerveillement biblique et théologique qui font vibrer les chrétiens matures comme Anwar et Deborah. Voir Jésus dans toute l’Écriture, c’est comme fouiller dans le grenier et trouver des lettres ou des vieilles photos de votre grand-mère bien-aimée, que vous connaissez depuis des années. Elles vous aident à la connaître et à la chérir encore plus, car vous en apprenez davantage sur son histoire

2. Elle contribue à la croissance spirituelle.

Anwar et Deborah vous diraient volontiers qu’ils ne sont pas encore parvenus à la maturité spirituelle. Ils ont encore un long chemin à parcourir. « Maturité » et « sanctification» ne sont pas des catégories qui s’excluent mutuellement. Même l’apôtre Paul a dit de lui-même :

« Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection (teleioo); mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ. Frères, je ne pense pas l’avoir saisi; mais je fais une chose: oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. Nous tous donc qui sommes des hommes faits (teleios), ayons cette même pensée; et si vous êtes en quelque point d’un autre avis, Dieu vous éclairera aussi là-dessus » (Phil. 3.12–15).

Selon Paul, les chrétiens mûrs (teleios) comme lui s’efforcent d’être parfaits (teleioo). Qu’est-ce que la perfection? La perfection, c’est de connaître le Christ et d’avoir une vie transformée par sa mort et sa résurrection. Paul le répète :

« Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l’excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j’ai renoncé à tout; je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d’être trouvé en lui, non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi. Ainsi je connaîtrai Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, pour parvenir, si je puis, à la résurrection d’entre les morts. » (Phil 3.8–11).

Même les croyants matures font l’expérience de la dérive. Le monde, la chair et le diable nous détournent du grand objectif qu’est la connaissance du Christ. La prédication centrée sur l’Évangile favorise précisément un état d’esprit axé sur la poursuite du Christ et la sanctification dont parle Paul, en plaçant le Christ au premier plan devant des saints tels qu’Anwar et Deborah. Nous avons tous besoin de quelqu’un sur une base hebdomadaire qui nous encourage à fixer nos yeux sur Jésus, l’auteur et le modèle parfait de notre foi. En fin de compte, la Bible n’est pas un livre d’instructions pour la vie, ni une encyclopédie morale de choses à faire et à ne pas faire. C’est un grand récit, une saga épique dans laquelle Jésus-Christ est le héros principal, dont la mort et la résurrection nous permettent de le connaître et de lui ressembler

3. Elle favorise l’unité.

Les chrétiens romains semblaient matures. Leur foi était renommée dans le monde entier (Romains 1.8) et Paul était convaincu qu’ils étaient « pleins de bonnes dispositions, remplis de toute connaissance, et capables de vous exhorter les uns les autres. » (Romains 15.14). Pourtant, il avait « un vif désir de vous annoncer aussi l’Évangile, à vous qui êtes à Rome. » (Romains 1.15), et il a passé les 11 premiers chapitres à le faire.

Pourquoi?

Si Paul a envoyé cette lettre remplie des principes de l’Évangile, c’est en partie parce que l’Église romaine était confrontée à des problèmes d’unité. Les divisions entre juifs et païens, entre forts et faibles (Romains 14), mettaient à rude épreuve leur association. Oui, même les chrétiens mûrs peuvent avoir du mal à maintenir l’unité. Même des évangélistes confirmés comme Evodie et Syntyche ont eu besoin d’aide pour se mettre d’accord (Philippiens 4.2-3). J’ai remarqué au fil des ans que les scissions d’églises les plus horribles tournent souvent autour d’un conflit entre des membres de longue date, des piliers.

Une prédication régulière centrée sur l’Évangile rappelle aux chrétiens matures leur unité en Christ. Ceux qui ont été réconciliés avec Dieu par la mort et la résurrection de Jésus n’ont aucune raison d’être en désaccord les uns avec les autres, car l’Évangile est une puissance de salut pour les Juifs et les Païens (Romains 1.16). L’Évangile détruit les murs d’hostilité et fait de deux hommes un homme nouveau (Éphésiens 2.13-18). La prédication hebdomadaire du Christ crucifié nous rappelle que Jésus a renoncé à ses droits pour nous servir et nous sauver. C’est pourquoi Paul a rappelé aux Romains que les chrétiens forts et faibles devaient respecter la conscience des uns et des autres dans les questions discutables. Le Christ a vécu et est mort pour eux, et les forts comme les faibles essayaient de vivre pour le Christ selon leur conscience (Romains 14.1-9).

4. Elle suscite l’adoration.

Plus important encore, la prédication centrée sur l’Évangile nourrit l’admiration pour Jésus. Nos cœurs se gonflent d’affection pour le Christ lorsque nous le voyons, lui et son Évangile, comme le centre de l’histoire, le fondement et le modèle de notre sanctification, la source de notre unité dans l’Église.

Les croyants matures en ont désespérément besoin. Notre chair a toujours envie d’idoles, même après des décennies de marche avec Dieu. Notre crainte de Dieu s’évanouit. Le feu de la dévotion faiblit. Nous, les sacrifices vivants, continuons à ramper hors de l’autel. Même le croyant le plus mature peut devenir insensible à la beauté de Jésus et considérer son merveilleux salut comme acquis. Nous avons besoin d’être régulièrement exposés à la gloire de Dieu, telle qu’elle est révélée à travers la croix.

C’est précisément ce que fait la prédication centrée sur l’Évangile. Si le Christ et son œuvre salvatrice sont comme un diamant parfait d’un million de carats avec des milliers de facettes, alors la prédication centrée sur l’Évangile vise à soulever et à tourner lentement ce diamant devant l’assemblée, afin que chacun puisse être ébloui, encore et encore, en découvrant l’excellence de Jésus sous différents angles.

Nous, prédicateurs de l’Évangile, avons un grand privilège. Nous avons l’occasion de marcher chaque semaine avec le peuple de Dieu acquis par le sang, qu’il s’agisse de bébés ou d’adultes spirituels, tout comme Jésus a marché avec les deux disciples sur la route d’Emmaüs. Et comme Jésus, nous ouvrons nos Bibles aux livres de Moïse et de tous les prophètes, et nous interprétons à nos auditeurs, à partir de toutes les Écritures, les choses qui concernent Jésus. Et lorsque nous le faisons, Jésus s’élève dans leur cœur et leur esprit, et ils exultent en lui. Et par la grâce de Dieu, ils diront : « Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures? » (Luc 24.32).

 

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